DIODES ELECTROLUMINESCENTES ORGANIQUES

ou OLED


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Jacques Baron

Gérard Gomez


Plan d'étude

1) Diodes et diodes électroluminescentes à semi-conducteur inorganique

                1-1) Diode à semi-conducteur inorganique

                1-2) Diode électroluminescentes à semi-conducteur inorganique

2) Diode électroluminescente à semi-conducteur organique

                2-1) Semi-conducteurs organiques

                2-2) Structure d'une Oled

                2-3) Un exemple d'OLED émettant dans le bleu

                2-4) Une OLED émettant dans le blanc

                2-5) Techniques d'obtention des OLED

Annexe 1 Dopage – Trou – Déplacement électrons-trous


1) Diodes et diodes électroluminescentes à semi-conducteur inorganique

- On considère un cristal de silicium très pur ; c'est un semi-conducteur dont l'atome a 4 électrons périphériques.

- On dissémine quelques atomes de Bore (3 électrons périphériques) dans une partie de ce cristal. On dit que cette partie a été dopée P.

- On dissémine quelques atomes de Phosphore (5 électrons périphériques) dans une autre partie du cristal. On dit que cette autre partie a été dopée N.

- La frontière entre ces deux zones constitue une jonction PN.

 

JONCTIONPN.gif

            1-1) Diode à semi-conducteur inorganique

- Si on applique une tension de part et d'autre de cette jonction comme indiqué sur la figure 1, on s'aperçoit que le cristal ne se laisse pas traverser par un courant (hormis un courant de très faible intensité, quelques microampères).

- Si on applique une tension de part et d'autre de la jonction comme indiqué sur la figure 2, on s'aperçoit qu'à partir d'une certaine tension dite tension seuil (≈ 0,7 V pour le silicium) le cristal se laisse traverser par un courant.

Remarque : Le courant électrique n'est pas dû ici, comme cela est le cas dans un conducteur (métal) au seul déplacement des électrons, mais à un déplacement conjoint d'électrons et de trous (voir annexe 1).

- Le cristal est devenu une diode que l'on dit polarisée en direct dans le cas de la figure 2 (on dit qu'elle est passante) et polarisée en inverse dans le cas de la figure 1 (on dit qu'elle est non passante).

 

NONP.gif

OUIP.gif

            1-2) Diode électroluminescentes à semi-conducteur inorganique

Si au lieu d'utiliser le silicium comme semi-conducteur, on utilise par exemple le nitrure de gallium-indium (InGaN, InxGa1-xN) on s'aperçoit qu'au moment où la diode ainsi constituée devient passante, elle émet de la lumière au niveau de la jonction ; on parle alors de LED (Light-Emitting Diode) ; un électron est venu combler un trou au niveau de la jonction PN et l'énergie résultante est restituée sous forme d'un photon.

La fréquence de la radiation émise (donc la couleur perçue) dépend du matériau utilisé comme semi-conducteur.

Ainsi dans le cas du nitrure de gallium-indium cette couleur dépend de la valeur de x c'est-à-dire de la proportion entre Indium et Gallium. Elle varie du bleu au vert.

En utilisant d'autres semi-conducteurs on peut accéder à d'autres couleurs :

- rouge avec l'arséniure de gallium- aluminium (AlGaAs)

- jaune avec le phosphure d'arsenic et de gallium (GaAsP)

- ……

Remarques :

- De la lumière blanche est émise par couplage d'une LED bleue et d'un luminophore jaune Y3Al5O12 : Ce dit YAG : Ce

- Des diodes émettant dans le visible sont aujourd'hui fabriquées avec des semi-conducteurs sur support de silicium.

 

2) Diode électroluminescente à semi-conducteur organique

On les désigne très souvent par l'acronyme OLED (Organic Light-Emitting Diode)

            2-1) Semi-conducteurs organiques

La plupart des composés organiques sont des isolants électriques.

Certains d'entre eux cependant se comportent comme des semi-conducteurs. C'est le cas par exemple de molécules polycycliques aromatiques. C'est aussi le cas pour certains polymères ayant des liaisons p conjuguées.

Les semi-conducteurs organiques ont des caractéristiques très similaires à celles des semi-conducteurs inorganiques.

En particulier

- Une conduction électrique à partir d'une certaine tension assurée par des électrons et des trous.

- Des bandes de valence et de conduction.

- Des bandes interdites.

La théorie des orbitales frontières attribue aux molécules organiques des orbitales moléculaires, avec parmi elles :

- Celles désignées par HOMO (Highest Occupied Molecular Orbital) (en français HO (Haute Occupée)) ; ce sont les orbitales de plus haute énergie occupées par au moins un électron.

- Celles désignées par LUMO (Lowest Unoccupied Molecular Orbital) (en français BV (Basse Vacante)) ; ce sont les orbitales de plus basse énergie non occupées par un électron.

Ø  On peut assimiler les HOMO aux bandes de valence des semi-conducteurs inorganiques.

Ø  On peut assimiler les LUMO aux bandes de conduction des semi-conducteurs inorganiques.

Ø  La différence d'énergie entre HOMO et LUMO correspond à la bande interdite.

Exemple :

Dans le cas d'un composé aromatique

- Le niveau HOMO contient les électrons p  (électrons mobiles partagés par les atomes de la molécule).

- Le niveau LUMO contient les électrons p excités (p*).

 

 

C60.gif

 

 

PENTACENE.gif

RUBRENE.gif

Le fullerène C60

Pentacène

Rubrène

PTCDA

 

MEOTPD.gif

CBP.gif

PTCDA (Dianhydride de pérylène 3,4,9,10-tétracarboxylique)

MeO-TPD (N,N,N',N' – Tétrakis (4-méthoxyphényl) benzidine

CBP (4,4' – Bis (N – carbazolyl) – 1,1' - diphényl

 

AL3Q.gif

PHTALOCUIVRE.gif

 

 

PMC.gif

Alq3 (Tris (8-hydroxyquinoléine) Aluminium (III)

CuPc (Phtalocyanine de cuivre)

PMC

PentaMéthylCarbazole

DCJTB.gif

 

DCJTB

2-tert-butyl-4-dicyanométhylène-6[2-(1,1,7,7-tétraméthyljulolidin-9-yl)vinyl]-4H pyrane

 

 

 

P3HT.gif

PCDTBT.gif

 

 

 

 

PEDOT.gif

P3HT

poly(3-hexylthiophène)

PCDTBT

Poly[N-9'-heptadécanyl-2,7-carbazole-alt-5,5-(4',7'-di-2-thienyl-2',1',3'-benzothiadiazole)]

PEDOT

poly (3,4-Ethylènedioxythiophène)

MEHPPV.gif

MDMO.gif

PTB7

MEH-PPV

Poly[2-méthoxy-5-(2-éthyl-hexyloxy)-1,4-phénylène-vinylène]

MDMO-PPV

Poly[2-méthoxy-5-(3,7-diméthyloctyloxy)-1,4-phénylène vinylène].

 

PTB7

Poly[[4,8-bis[(2-éthylhexyl)oxy]benzo[1,2-b : 4,5-b']dithiophène-2,6-diyl][3-fluoro-2-[(2-éthylhexyl)carbonyl]thieno[3,4-b]thiophénediyl]]

 

            2-2) Structure d'une Oled

 

OLEDB.gif

OLEDA.gif

Entre une cathode conductrice (Aluminium, magnésium …) et une anode transparente semi-conductrice (Oxyde d'indium et d'étain) on assemble une série de couches semi-conductrices organiques ayant chacune une fonction :

 

Par exemple le 8-quinolinolato- lithium (Liq)

LIQ.gif

Il est couplé à l'aluminium de la cathode ; mais l'aluminium peut être suffisant parce qu'il a un faible travail de sortie.

 

Exemples :

                        - CuPc la phtalocyanine de cuivre

PHTALOCUIVRE.gif

                        - PEDOT-PSS

C'est un mélange de deux polymères :

* Le poly(3,4-éthylène dioxythiophène) ou PEDOT, chargé positivement

PEDOT.gif

 

* Le polystyrène sulfoné ou Poly(styrène sulfonate) ou PSS, chargé négativement.

PSS.gif

 

Le PSS augmente la solubilité du PEDOT dans l'eau.

 

                       

On peut citer

                        - Alq3  Tris (8-hydroxyquinoléine) aluminium (III)

AL3Q.gif

 

                        - 4,7-diphényl-1,10-phénantroline ou Bathophénantroline (BPhen)

BPHEN.gif

 

                        - Des composés à base de

 

TRIAZOLE.gif

OXADIAZOLE.gif

TRIAZINE.gif

triazole

oxadiazole

triazine

 

 

 

Exemples :

                        - PBD ou 2-(4-t-butylphényl-5-(4-biphénylyl)-1,3,4-oxadiazole

 

PBD.gif

 

                        - TAZ ou 3-(Biphényl-4-yl)-5-(4-tbutylphényl)-4-phényl-4H-1,2,4-triazole

 

TAZ.gif

 

 

On peut citer

                        - CBP   4,4' – Bis (N – carbazolyl) – 1,1' - diphényle

 

CBP.gif

 

                        - NPB   N,N'-bis (naphtalène-1-yl) – N,N' –bis (phényl) benzidine

 

NPB 

 

Nous expliquerons qu'elle est le siège d'une électroluminescence.

Elle peut être formée de molécules ou de polymères.

On peut citer par exemple

                        - DPVBi ou 4,4'-bis(2,2-diphénylvinyl)-1,1-diphényl

DPVBi.gif

qui émet une lumière bleue.

 

                        - On peut y retrouver Alq3 ou Tris (8-hydroxyquinoléine) aluminium (III)

AL3Q.gif

qui émet une luminescence verte et qui sert aussi de transporteur d'électrons.

Mais il y a beaucoup de matériaux à base de

 

                        - PPV [poly(p-phénylène vinylène)]

 

PPV.gif

                        - Polyfluorène

 

POLYFLUORENE.gif

 

Exemples

 

*  MEH-PPV ou  Poly[2-méthoxy-5-(2-éthyl-hexyloxy)-1,4-phénylène-vinylène]

MEHPPV.gif

 

ce matériau a une luminescence dans le rouge.

 

* En modifiant la composition à partir d'un polymère simple on peut agir sur la couleur obtenue

           

            Ainsi PF8 ou Poly(9,9-dioctyl fluorène)

PF8.gif

émet dans le bleu alors que PF8-BT ou Poly(9,9-dioctyl fluorène-alt-benzothiazole)

F8BT.gif

émet une lumière verte.

Remarque : Le nombre 8 indique que les deux chaînes sont des groupements octyle.

 

Dans une EML on peut également produire de la lumière grâce à un dopant qui accompagne une matrice.

La couleur dépend du dopant dans une matrice donnée.

 

* Dans ce domaine on emploie de très nombreux complexes de l'iridium qui donnent diverses couleurs rouge, vert, jaune, ….

Par exemple :

ACAC1.gif

le bis [2-(2'-benzothiényl) pyridinato-N, C3'] iridium acétylacétonate qui émet une lumière rouge dans le CBP comme matériau d'EML.

Pour alléger l'écriture de telles formules, on fait usage de la représentation

ACAC2.gif

et de la notation (acac) signifiant "acétylacétonate.

Par exemple ici

ACAC3.gif

nous avons le [btp]2 Ir (acac)

 

Au-delà de l'anode le support est un substrat en verre ou en PET (Poly(téréphtalate d'éthylène glycol)) transparent pour laisser passer la lumière.

Le principe de fonctionnement de cet ensemble est schématisé ci-dessus :

Des trous provenant de l'anode rencontrent des électrons provenant de la cathode au niveau de la couche émettrice. On dit que la rencontre d'un électron avec un trou produit un exciton dont une partie de l'énergie (environ 25%) est évacuée sous forme radiative c'est-à dire par émission d'un photon. L'énergie de ce photon donc sa fréquence et donc la couleur de la lumière reçue dépend bien sûr du dispositif utilisé et notamment de la nature de la couche émettrice.

On cherche à améliorer sans cesse le rendement des OLEDs. Pour cela on peut doper les semi-conducteurs organiques en leur apportant un supplément d'électrons ou de trous.

Les dopants sont très nombreux.

Deux exemples :

            Le rubrène (5,6,11,12-tétraphénylnaphtacène) riche en électrons très mobiles (système p étendu) est un donneur d'électrons.

            Le F4-TCNQ (2,3,5,6-tétrafluoro-7,7,8,8-tétracyano quino diméthane) qui peut créer facilement des trous car c'est un puissant accepteur d'électrons.

 

RUBRENE.gif

 

F4TCNQ

Rubrène

F4-TCNQ

 

Compléments

            -1- Certains matériaux des OLED sont capables de jouer plusieurs rôles.

Nous venons de rencontrer Alq3, transporteur d'électrons et émetteur ; CBP transporteur de trous et émetteur.

            -2- Les électrons et les trous (en réalité des électrons qui étaient liés et qui ont quitté leur site) ne cheminent pas à la même vitesse, ce qui n'est pas favorable à l'apparition d'excitons. Des perfectionnements permettent de remédier à cet inconvénient.

Certains matériaux ont la capacité de confiner les trous, c'est-à-dire de les rassembler pour qu'ils soient plus nombreux en présence des électrons arrivés plus vite ; c'est par exemple le cas de la TFB : Poly(9,9-dioctylfluorène-alt-N-(4-sec-butylphényl)-diphénylamine

 

TFB.gif

Ce sont des bloqueurs de trous HBL (pour Hole Blocking Layer)

 

Donnons quelques exemples d'OLED. On écrit une chaîne de composants dans l'ordre des couches. Les formules se trouveront dans le texte ou le tableau 1.

 

                2-3) Une OLED émettant dans le bleu

Avec la diode organique suivante on obtient de la lumière bleue

ITO/CuPc/NPB/DPVBi/Alq3/ LiF/Al

Dans ce cas la couche émissive est constituée de DPVBi dopée au PentaMéthylCarbazole (PMC)

 

            2-4) Une OLED émettant dans le blanc

Pour obtenir de la lumière blanche on peut par exemple utiliser l'une des deux techniques suivantes

Le dispositif suivant conduit à une émission de couleur blanche

ITO/CuPc/NPB/DPVBi : DCJTB/Alq3/LiF/Al

Le blanc a été obtenu par superposition de 3 couleurs : Bleu, Vert et Rouge

La fluorescence de la molécule DPVBi est dans le bleu ; celle de Alq3 dans le vert et celle de DCJTB dans le rouge.

 

La technique des couleurs complémentaires pour aboutir à des OLED blanches dopées est souvent mise en œuvre.

On utilise une matrice DPVBi qui conduit à une fluorescence bleue et on la dope au Rubrène, émetteur jaune ayant un excellent rendement photoluminescent.

En contrôlant le taux de dopage on obtient une sensation de blanc.

 

            2-5) Techniques d'obtention des OLED

On distingue deux types d'OLED :

 

SMOLED.gif

 

Remarque : On peut aussi déposer les molécules par entraînement par gaz inerte

 

                        - L'enduction centrifuge (spin coating en anglais)

Il s'agit de la formation d'une couche mince et uniforme par étalement d'une goutte déposée au centre d'un plateau portant le substrat, qui tourne à vitesse élevée.

SPINCOATING.gif

                       

                        - l'impression par jet d'encre.

 

GOUTTES

 

Dans les deux types d'OLED les différentes couches déposées sont minces : de 1 à quelques dizaines de nanomètres (nm).


Annexe 1

Dopage – Trou – Déplacement électrons-trous.

 

SIDOPEAS.gif

SIDOPEB.gif

Silicium dopé N

Des atomes de phosphore (5 électrons périphériques) sont introduits dans un cristal de silicium

Silicium dopé P

Des atomes de bore (3 électrons périphériques) sont introduits dans un cristal de silicium

 

Aspect énergétique de la question :

On peut considérer que dans tout cristal, il existe

            - des électrons qui participent aux liaisons interatomiques, on les qualifie d'électrons liés ; ils assurent la cohésion du solide ; ils ont une énergie située dans une bande d'énergie dite bande de valence (BV)

            - des électrons qui sont en excès et non utilisés pour lier les atomes ; on les qualifie d'électrons libres car ils ont perdu toute attache avec leurs atomes ; ils ont une énergie située dans une bande d'énergie dite bande de conduction (BC).

Entre ces deux bandes, il en existe une troisième dite bande interdite (BI) qui peut être plus ou moins large. C'est la largeur de cette bande qui permet de comprendre pourquoi certains solides sont conducteurs, d'autres semi-conducteurs et d'autres encore isolants.

BANDES

Dans un isolant l'énergie qui sépare la bande de valence de la bande de conduction est d'environ 7 eV.

Dans un semi-conducteur c'est environ 1 eV.

Dans un conducteur il n'existe pas de bande interdite et les deux bandes BV et BC se chevauchent.

Cas d'un semi-conducteur dopé :

            - Le dopage N introduit dans le semi-conducteur un niveau dit niveau donneur très proche de la bande de conduction. Il suffit donc de très peu d'énergie (quelques centièmes d'eV) pour que les électrons excédentaires soient libérés et rejoignent la bande de conduction et ce faisant ils laissent une charge positive (celle du noyau) mais pas de trou (puisqu'ils ne participaient pas à une liaison).

            - Le dopage P introduit dans le semi-conducteur un niveau dit accepteur très proche de la bande de valence. Un électron lié du semi-conducteur  situé dans la bande de valence peut facilement rejoindre un trou du dopeur et former un ion négatif. En quittant sa place l'électron a laissé une charge positive (noyau) et un trou puisqu'il participait à une liaison. On dit qu'il a laissé un trou positif.

 

La diode créée à partir d'un cristal de silicium dopé N d'un côté et P de l'autre, à laquelle on applique, dans le bon sens, une tension suffisante, se laisse traverser par un courant électrique dû au déplacement de deux types de charges, les électrons et des charges positives (des trous positifs).