LE DIOXYDE DE CARBONE, UN SYNTHON (Voir annexe 2)

Différentes synthèses des polycarbonates

 

Extrait du sujet du concours Agro-Veto de 2015


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Plan de l'étude

1) Synthèse des polycarbonates par la voie phosgène

2) Synthèse de polycarbonates par copolymérisation du dioxyde de carbone avec les époxydes

3) Synthèse des polycarbonates par le procédé Asahi Kasei

Annexe 1 Le phosgène

Annexe 2 Notion de synthon

Annexe 3 Précisions sur la copolymérisation  par insertion de l'époxyde et du dioxyde de carbone

Annexe 4 Une réaction parasite

Annexe 5 Equation de réaction d'un organo-magnésien mixte sur un époxyde


            La synthèse de polymères utilisant le dioxyde de carbone comme matière première représente une voie originale qui s’inscrit dans une démarche de chimie durable : en raison de son faible coût et de sa faible toxicité, le dioxyde de carbone est en effet une source de carbone intéressante pour les procédés de synthèse industriels, d’autant plus qu’étant un composé gazeux il présente l’avantage d’être compatible avec de nombreux procédés de polymérisation existant. L’un des débouchés qui fait actuellement l’objet de nombreux travaux de recherche concerne l’utilisation du dioxyde de carbone en tant que réactif dans la synthèse des polycarbonates.

 

1) Synthèse des polycarbonates par la voie phosgène

Le principal polycarbonate commercial est le polycarbonate de bisphénol A. C’est une matière plastique transparente, résistante aux chocs et utilisable dans une large gamme de températures ce qui en fait un matériau de choix dans la fabrication de nombreux objets : verres de vue, fenêtres, CD et DVD, vitres de phares automobiles, etc. La méthode la plus utilisée actuellement pour la fabrication du polycarbonate de bisphénol A est la polycondensation du bisphénol A et du phosgène COCl2 (voir annexe 1) en présence de soude : le procédé industriel fait réagir le sel disodique de bisphénol A avec le phosgène dissous dans un solvant organique chloré comme le dichlorométhane CH2Cl2. Ce procédé comporte de nombreux inconvénients parmi lesquelles l’extrême toxicité du phosgène, l’utilisation de solvant à faible point d’ébullition et l’obtention d’une grande quantité d’eau usée contenant du dichlorométhane et du sel qui doit ensuite être traitée.

POLYCARBONBISPHA

 

La molécule de phosgène COCl2 présente une réactivité chimique similaire à celles de la famille des chlorures d’acyle.

 

2) Synthèse de polycarbonates par copolymérisation du dioxyde de carbone avec les époxydes

L’utilisation du dioxyde de carbone comme réactif dans la synthèse des polycarbonates fournit une alternative plus économique et moins toxique à l’utilisation du phosgène ; de plus cette voie de synthèse est susceptible de valoriser des quantités importantes de dioxyde de carbone. La copolymérisation du dioxyde de carbone avec les époxydes se déroule selon un mécanisme de coordination-insertion qui met généralement en œuvre un catalyseur de type complexe organométallique (LM-X) jouant le rôle d’un acide de Lewis.

POLYCARBONETHYLE

 

Le catalyseur noté salen-Cr-Cl est représenté ci-dessous

 

SALEN1

 

La formation du polymère est généralement accompagnée de la production de carbonate cyclique à cinq centres. Les catalyseurs mis en œuvre pour la copolymérisation époxyde-CO2 sont essentiels à la fois pour contrôler la sélectivité de la réaction (selon le catalyseur utilisé, la proportion de carbonate cyclique fabriqué peut varier de 1 à 99%) et pour limiter les réactions parasites (voir annexe 4) afin d’obtenir des polymères de masse molaire élevée. Le mécanisme de copolymérisation époxyde-CO2 est représenté ci-dessous. La réactivité du catalyseur LM-X et des intermédiaires de type LM-OR (voir annexe 3) est analogue à la réactivité d’un organomagnésien mixte. Par exemple, le mécanisme de la première étape de l’amorçage est analogue à celui de l’action d’un organomagnésien sur l’oxirane (voir annexe 5).

 

RADIC9

 

3) Synthèse des polycarbonates par le procédé Asahi Kasei

Le carbonate cyclique n’est pas uniquement un produit indésirable de la réaction de polymérisation. Un procédé développé par la société japonaise Asahi Kasei utilise justement le carbonate cyclique obtenu par addition du dioxyde de carbone sur l’oxirane comme matière première pour produire du diphénylcarbonate (PhO)2CO, qui remplace avantageusement le phosgène COCl2 dans la production du polycarbonate du bisphénol A.

POLYCARBONBISPHA2.gif

Les avantages du procédé Asahi Kasei sont nombreux : premièrement il permet de s’affranchir de l’utilisation du phosgène COCl2 et de dichlorométhane pour la synthèse du polycarbonate, deuxièmement les produits obtenus – polycarbonate et éthylène glycol – sont extrêmement purs car non contaminés par les dérivés halogénés issus de l’utilisation du phosgène, et troisièmement les intermédiaires de synthèse utilisés – le méthanol MeOH et le phénol PhOH – sont entièrement recyclés au cours du processus ci-dessous :

                                                                      


            Formation du carbonate cyclique

POLYCARBONATE1.gif


            Formation du diméthylcarbonate

POLYCARBONATE2.gif


            Formation du diphénylcarbonate (DPC)

- I -

POLYCARBONATE3.gif

- II –

POLYCARBONATE4.gif


Annexe 1

Le phosgène ou chlorure de carbonyle ou dichlorure de méthanoyle (COCl2)

PHOSGENE.gif

est un gaz très toxique, utilisé dans certaines synthèses (polyuréthanes, isocyanates et ici polycarbonates) qui se forme par réaction du dichlore sur le monoxyde de carbone

PHOSGENE2.gif

Il a été utilisé comme arme chimique notamment pendant la première guerre mondiale.


Annexe 2

Notion de synthon (building block en anglais)

Il s'agit d'une entité moléculaire mise en oeuvre dans la synthèse d’une molécule afin d’y introduire un motif structural donné.

Le terme trouve son origine dans la méthode dite de l’« analyse rétrosynthétique », qui consiste à concevoir un chemin de synthèse d’une molécule en la considérant comme la combinaison de fragments plus simples, réels ou hypothétiques, appelés « synthons », qui sont traduits ensuite en réactifs servant de points de départ à la synthèse réelle, souvent une synthèse combinatoire.


Annexe 3

Précisions sur la copolymérisation  par insertion de l'époxyde et du dioxyde de carbone entre le métal et l'atome d'oxygène.

 

RADICAL8.gif


Annexe 4

Une réaction parasite

En présence d'un composé protique (R'-OH) par exemple de l'eau ou un alcool, il peut se produire une réaction parasite qui influe sur la longueur de la chaîne du polymère obtenu :

RADIC10


Annexe 5

Equation de réaction d'un organo-magnésien mixte sur un époxyde

 

RADIC11