REACTIF DE SCHIFF


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1) Définition et préparation :
Fuchsine décolorée par SO2 ou un sulfite.
La fuchsine (et non fuschine, car fabriquée par les frères Renard, renard en allemand se dit Fuchs) s’obtient en chauffant ensemble, en présence de SnCl4 comme oxydant, un mélange d’aniline, d’o.toluidine et de p.toluidine, appelé " aniline pour rouge ", " rotanilin " en allemand, déformé en " rosaniline ".
Les mots " fuchsine " et " rosaniline " sont devenus synonymes (La molécule est aussi appelée parfois "magenta")
L’oxydation se fait en milieu acide (SnCl4 , dissous dans HCl, est une solution toujours très acide).

Les formes colorées se reconnaissent à la présence des doubles liaisons conjuguées
- = - = - .
 2) Décoloration de la fuchsine par SO2 ou un sulfite :

associée à

 3) Coloration du réactif de Schiff :
- Sous l’effet de la chaleur : SO2 se dégage, les réactions B évoluent en sens inverse ; consommation d’e- en B et production d’e- en A...il y a coloration.
Un simple chauffage recolore le réactif de Schiff ; on obtient la teinte d’origine.
- Sous l’effet du barbotage d’un gaz inerte SO2 se dégage, même raisonnement.
- Sous l’effet des bases (OH-, anions d’acides faibles) concentrées, il y a consommation de H+ en B, donc aussi d’e- ; production d’e- en A....coloration (teinte d’origine).
- Par les aldéhydes
Ils donnent la combinaison bisulfitique

Il y a consommation de sulfite ; c’est une cause d’évolution des réactions B en sens inverse donc en A aussi, toujours par le même raisonnement.
En outre, les aldéhydes donnent, avec les fonctions amines, des " bases de Schiff " (= imines substituées)

R influence le spectre: on obtient des teintes rose mauve,légèrement différentes de la teinte d’origine.
Il y a risque de coloration du réactif de Schiff, ramenant à la teinte d’origine, par les aldéhydes et les cétones qui donnent facilement la combinaison bisulfitique ; c’est le cas des cétones aliphatiques méthylées CH3-CO-R et des cyclanones. Ce n’est pas le cas des cétones aliphatiques non méthylées R-CO-R’ et des cétones aromatiques (ex: CH3-CO-C6H5).Ces réactions aboutissent à des équilibres et il semble que l’équilibre soit sous l’influence de la masse molaire ; on peut, peut-être invoquer cette raison même pour les aldéhydes...C6H5-CHO ne consomme pratiquement pas de sulfite (pas de combinaison bisulfitique), il ne déplace pratiquement pas les équilibres B ; il ne colore pratiquement pas le réactif de Schiff. Il y a concurrence entre la coloration du réactif de Schiff et la combinaison bisulfitique. Donc, si le réactif de Schiff est "éventé " (vieux, appauvri en SO2), la cétone peut prendre un peu de SO2 ou de sulfite qui reste, et le réactif, privé de SO2 sa teinte d’origine, mais pas la coloration rose un peu plus foncé comme celle que donnent les aldéhydes.
Remarque:
comment apprécier la teinte ? Les concentrations interviennent ; il faudrait faire une étude spectroscopique !

Ne pas oublier également que s’il y a des vapeurs d’aldéhyde dans la salle, si le tube à essais à déjà servi pour un aldéhyde, s’il y a des traces d’aldéhyde dans une cétone, il y aura coloration car le réactif est très sensible.

 

4) La Fuchsine :

Elle sert à colorer la soie, la laine et le cuir. Le chimiste I.Natanson (1832-1884) obtient ce colorant en 1855 par chauffage de l'aniline avec le dichloroéthane tandis que  August Wilhelm von Hofmann (1818-1892) le prépare en 1856 en faisant agir du tétrachlorométhane sur de l'aniline contenant des traces d'ortho-toluidine. Mais c'est le chimiste lyonnais François Emmanuel Verguin (1806-1865) qui en 1859 met au point sa préparation à  l'échelle industrielle (en utilisant du chlorure de zinc comme catalyseur) et vend son brevet aux frères Renard, industriels de Mulhouse spécialisés dans les teintures et qui fabriquent la fuchsine à Vaise.