SILANES
– SILANOLS – SILOXANES - SILICONES
Le Silicium :
Le
silicium est l’élément le plus abondant de la croûte terrestre (25,7% en masse)
après l’oxygène ; il présente quelques similitudes chimiques avec le
carbone ; placé dans la même colonne de la classification
périodique et juste en dessous, il est comme lui tétravalent. L’atome de
silicium est cependant plus volumineux que l’atome de carbone et les liaisons
qu’il établit avec différents atomes (C, O ….) sont plus longues. Il est moins
électronégatif que le carbone (1,7 contre 2,5 dans l’échelle de Pauling) et
possède des orbitales 3d vacantes.
On
constate dans ces conditions que la liaison Si-Si est nettement plus faible que
la liaison C-C (221,5kJ/mol contre 345,3 kJ/mol) et qu’au contraire la liaison
Si-O est plus forte que la liaison C-O (respectivement 451,5kJ/mol et
357,4 kJ/mol); par ailleurs, les doubles liaisons du type sont
difficiles à former. Il n’y a pas de composés analogues aux alcènes, alcynes,
arènes, cétones, aldéhydes, acides carboxyliques, esters, imines avec le
silicium.
Comme
autre différence notable, les silanediols R2Si(OH)2 n’ont
pas tendance à perdre de l’eau pour donner R2Si=O comme cela est le
cas pour les alcanediols R2C(OH)2 qui donnent
spontanément des cétones. La perte d’eau pour les silanediols est
intermoléculaire et conduit aux silicones.
Les
composés du silicium sont nombreux et variés, nombre d’entr’eux étant
d’ailleurs utilisés en chimie organique de synthèse, mais les silicones sont
d’un point de vue industriel les composés les plus abondants contenant du silicium.
Terminologie :
-
On appelle silanes les composés
du silicium les plus simples ne comportant aucune liaison Si-O ; par
exemple :
·
Des molécules renfermant silicium et
hydrogène : SiH4
monosilane Si2H6
disilane
·
Des molécules chlorées : SiH3Cl monochlorosilane Si2Cl6
hexachlorodisilane
·
Des dérivés organiques du silicium : Si(C6H5)4
tétraphénylsilane SiH2(CH3)2
diméthylsilane
·
Des dérivés organiques chlorés : Si(C2H5)2Cl2
dichlorodiéthylsilane Si(C6H5)HCl2
dichlorophénylsilane
-
On appelle silanols les composés
du silicium contenant un ou plusieurs groupements hydroxyles (OH) :
·
Si(CH3)3OH est
le triméthylsilanol Si(C6H5)2(OH)2
est le diphénylsilanediol
-
On appelle siloxanes les
composés renfermant dans leur molécule une ou plusieurs liaisons Si-O-Si
·
(CH3)3Si-O-Si(CH3)3
hexaméthyldisiloxane
-
On appelle silicones des polysiloxanes
c'est-à-dire des polymères ayant un grand nombre de liaisons Si-O-Si.
Historique :
Les
silicones découverts par Friedel,
Crafts et Ladenburg, furent préparés à
partir de 1904 par Frederic Stanley Kipping (1863-1949) Professeur à Nothingham
(Angleterre) et Walther Dilthey Professeur à Bonn (Allemagne) ; ils
utilisèrent le procédé de Grignard.
L’ importance des silicones fut reconnue aux Etats-Unis pendant la seconde
guerre mondiale ; James Franklin Hyde Ingénieur et Eugene George Rochow
Professeur à Cambridge (Massachusetts) mirent au point, la fabrication
industrielle. Rochow trouva pratiquement en même temps que Richard Müller
Professeur à la faculté technique de Dresde un procédé de synthèse des monomères
conduisant aux silicones. La synthèse de Rochow et Müller est toujours
d’actualité.
Les synthèses :
-
Les silicones sont des polymères
(polysiloxanes) obtenus par déshydratations intermoléculaires du
diméthylsilanediol (ou dihydroxydiméthylsilane) , cette molécule dérivant
elle-même du dichlorodiméthylsilane. Le schéma de synthèse des silicones peut
se résumer par la suite de réactions ci-dessous :
Si
l’on veut isoler le diméthylsilanediol il faut opérer en milieu neutre et en
forte dilution.
La
dernière étape est une polymérisation par déshydratation en milieu acide ou
basique du diméthylsilanediol :
Ces
synthèses ne sont pas aisées à mener et les rendements de la deuxième et de la
quatrième étape sont assez faibles. Les polymères ainsi obtenus sont dits linéaires.
Les
polymères linéaires sont liquides et ont une viscosité qui dépend de la
longueur des chaînes. Ils restent fluides à basses températures et sont très
stables à la chaleur.
-
Si l’on chauffe ces polymères
linéaires avec des peroxydes ils sont transformés en polymères bidimensionnels
(chaînes reliées par des ponts) grâce à des liaisons Si-C-C-SI et Si-C-Si qui
se forment entre les chaînes. On obtient alors des « caoutchoucs »
méthylsilicones qui sont plus stables thermiquement que les caoutchoucs et plus élastiques à basse température.
-
Si lors de l’hydrolyse du
dichlorodiméthylsilane il y a aussi du trichlorométhylsilane, il se forme aussi
du trihydroxyméthylsilane qui est très instable et perd rapidement de l’eau. Un
polymère se forme avec des chaînes reliées entr’elles par des ponts oxygène
(voir ci-dessous). On obtient des résines fragiles, cassantes.
Propriétés des silicones
et utilisations :
Ils
ont une remarquable inertie chimique, la liaison Si-O leur conférant une
excellente résistance à l’oxydation et à l’hydrolyse.
Ils
sont également résistants aux radiations, aux agents atmosphériques, aux
moisissures et aux bactéries.
Ils
sont étonnamment stables thermiquement et utilisables de -50°C à +250°C sans
modification de leurs propriétés.
Les
silicones sont d’excellents isolants électriques, insensibles à la chaleur et à
l’humidité.
Ils
ne sont pas toxiques et trouvent des applications dans de nombreux
domaines : médecine et chirurgie (prothèses mammaires, tubes de
transfusion, membranes souples, tétines de biberons), cosmétologie, secteur
dentaire, secteur alimentaire (moules pour la pâtisserie), secteur des encres, peintures,
vernis, cirages….
On
les utilise comme fluides hydrauliques et comme lubrifiants (huiles ou
graisses) ; ils servent de base aux agents anti-mousse ; on les
utilise aussi pour imperméabiliser les textiles et comme substance les rendant
rebelles aux tâches.