VERRES PHOTOCHROMIQUES
GOMEZ Gérard
Plan de l'étude :
1-1) Définition
1-2) Généralités
1-2-1)
Verres minéraux
1-2-2)
Verres organiques
1-2-3)
Qualités respectives des deux types de verre
2-2) Avec les verres organiques
1) Définition – généralités :
1-1) Définition :
On utilise parfois pour
protéger les yeux des rayons solaires, des lunettes dont les verres se teintent
sous l'effet des rayons Ultra Violets (UV). On dit que ces verres sont
photochromiques. Cet effet est réversible et à l'obscurité ils retrouvent leur
état initial.
1-2) Généralités :
Il existe des verres
d'optique dits minéraux, les plus anciens connus et utilisés et des verres
organiques plus récents.
1-2-1) Verres minéraux
:
Les verres minéraux
utilisés en optique sont obtenus par fusion de différents oxydes parmi lesquels
SiO2 (oxyde de silicium ou
silice), PbO (oxyde de plomb), B2O3 (oxyde de bore), BaO
(oxyde de baryum), Na2O (oxyde de sodium), K2O (oxyde de
potassium), ZnO (oxyde de zinc), Sb2O3 (oxyde
d'antimoine), Al2O3 (oxyde d'aluminium) ….
Selon les oxydes utilisés
et leurs quantités respectives, on obtient une grande variété de verres de
réfringence mais aussi de densité, de dureté et autres propriétés physiques
assez différentes les unes des autres.
Comme exemple on donnera
la composition d'un verre de lunette dit "flint borosilicaté" :
SiO2 |
40% |
PbO |
28% |
B2O3 |
21% |
Al2O3 |
7% |
K2O |
3% |
Na2O |
1% |
dont l'indice de
réfraction est 1,57 et la densité 3,21.
1-2-2) Verres
organiques :
Il existe de nombreux
polymères ayant les qualités (transparence, réfringence) permettant de les
utiliser pour réaliser des verres de lunettes ; on citera deux d'entr'eux :
- CR39 (pour Colombia Resin n° 39) de densité 1,32
(on remarquera cette faible valeur en comparaison de celle du verre minéral
cité précédemment) et d'indice de réfraction 1,50. C'est le plus courant des
verres organiques.
· Son nom chimique : poly(diéthylèneglycolbisallylcarbonate)
· Le motif de ce polymère tridimensionnel (résine) :
- le verre polycarbonate :
La densité de ce matériau est 1,2 et son indice de réfraction 1,59.
La formule de ce polymère :
On trouvera en annexe deux synthèses de ce polymère.
1-2-3)
Qualités respectives
des deux types de verre :
Les verres organiques sont
plus légers, "incassables" mais peuvent se rayer assez facilement (un
traitement de surface est généralement nécessaire pour pallier cet
inconvénient) ; au contraire, les verres minéraux sont plus résistants aux
rayures, mais ils résistent moins bien aux chocs et conduisent à des lunettes
plus lourdes.
2) Le
photochromisme :
2-1) Avec les verres minéraux :
L'apparition de la teinte
pour les verres minéraux est obtenue comme suit :
Un précipité d'halogénure d'argent
(chlorure ou bromure) à très petites particules, dopé par des ions Cu(I) jouant
le rôle de photosensibilisant, est dispersé dans le verre lors de sa
fabrication.
Sous l'effet des rayons UV
a lieu la réaction d'oxydo-réduction suivante :
La couleur foncée que
prend alors le verre est due à l'argent colloïdal (atomes d'argent qui
s'associent) à la surface des particules d'halogénure d'argent.
A l'obscurité l'agitation
thermique ambiante entraîne plus ou moins lentement la réaction inverse :
et le verre retrouve son
aspect initial.
2-2) Avec les verres organiques :
Une molécule A absorbant
un photon peut se transformer réversiblement en une molécule B ; si A et B ont
des spectres d'absorption de la lumière différents, on dit qu'il y a
photochromisme.
La réaction inverse, B se
transformant en A, peut avoir lieu soit sous l'effet de l'agitation thermique
(photochromisme T) comme dans le cas des verres minéraux ou sous l'effet d'un
autre photon (photochromisme P).
On peut résumer cela de la
façon suivante :
associé à la courbe
d'absorption des deux molécules :
La longueur d'onde
d'absorption maximale de la molécule A (λA) se situe en dehors ou en lisière du spectre visible
(A apparaît incolore), tandis que λB se situe à l'intérieur du spectre visible et B a
une couleur.
On connaît plusieurs
familles de molécules photochromiques :
- Les spiropyranes :
Ce sont des composés
photochromiques qui sont facilement photodégradables notamment lorsqu'ils
subissent des expositions prolongées à la lumière solaire ou bien lorsqu'ils
subissent de nombreux cycles coloration/décoloration. Ils ne conviennent donc
pas parfaitement pour des verres de lunettes.
Un exemple : le 6-NO2-BIPS (Benzo Indolino Pyrano
Spirane)
De formule C19H18N2O3
(Masse
molaire 322,358 g.mol-1) ce
composé
passe d'une forme incolore
(N) à un isomère coloré appelé mérocyanine (MC) :
Les courbes d'absoption
des deux isomères en solution sont représentées ci-dessous :
- Les spirooxazines :
Leurs propriétés
photochromiques sont proches de celles des spiropyranes mais elles ont une
meilleure résistance à la photodégradation notamment lors de nombreux cycles
coloration/décoloration. Leur forme colorée absorbe entre 560 et 650 nm.
- Les chromènes :
C'est ainsi qu'on appelle
·
les benzopyranes :
·
Les naphtopyranes :
Le
mécanisme par lequel toutes ces molécules se transforment réversiblement en
molécules colorées est le même ; on va prendre comme exemple ce qui se passe
pour un chromène (benzopyrane) :
Sous irradiation UV, il y a
ouverture d'un cycle par rupture en moins d'une picoseconde de la liaison C-O
avec formation d'un dipôle qui évolue très rapidement :
L'introduction de ces
composés dans un verre organique, est réalisée soit avant polymérisation, par
mélange avec le monomère liquide, soit après polymérisation par imprégnation en
surface.
C'est sous l'effet des
UV-A ou des radiations du spectre visible à courtes longueurs d'onde que le
photochromisme a lieu.
Le changement de couleur
des verres organiques est sensible à la température ; à basse température le
temps de réaction augmente et les verres ne deviennent pas aussi sombres qu'à
température plus élevée.
Les verres organiques
photochromiques datent de 1990 (Transitions
Optical).
Des verres
"électrochimiques" voient le jour (lunettes à piles) ; ils permettent
à l'utilisateur d'assombrir ou d'éclaircir à souhait les verres de lunettes,
grâce à des boutons situés sur les charnières de la monture.
Annexe :
synthèses du verre polycarbonate
- On peut l'obtenir en faisant réagir le chlorure de
carbonyle (ou phosgène, COCl2) avec le bisphénol A :
- ou en faisant réagir le carbonate de diphényle sur le
bisphénol A :