Filtrations ET Membranes DE FILTRATION
Gérard Gomez
avec la collaboration de
Jacques Baron
Plan de l'étude
1) Définitions
2) Les différents types de filtrations
2-3) Filtration sous vide
3) Incidence de la taille des pores de la membrane sur la filtration
3-1) La
microfiltration
3-2) L'ultrafiltration
3-3) La nanofiltration
3-4) L'osmose
inverse
4) Elimination par osmose inverse
5-2)
Les matières des membranes organiques
5-3) Les matières des membranes
inorganiques
5-4) Les membranes en mélanges polymères/minéraux
5-5) Les
membranes plasmiques, un cas particulier
Annexe 1 La cellulose régénérée
Annexe 2 Le frittage
La
filtration est un processus utilisé pour séparer les particules solides en suspension
dans un liquide ou un gaz, en les faisant passer à travers un milieu poreux
appelé filtre. Il existe plusieurs types de filtrations et de filtres, chacun
adapté à des applications particulières en fonction de la taille des particules
à filtrer et des propriétés du liquide ou du gaz.
On peut
citer par exemple :
v la
filtration sur lit de sable
Le
liquide à purifier traverse une couche de sable et se fraye un chemin en
utilisant les espaces entre les grains. Les impuretés de taille supérieure aux
interstices sont retenues par ce filtre.
v la
filtration sur charbon actif (le charbon actif est un matériau à base de
carbone obtenu par chauffage
d'une matière végétale, par exemple de l'écorce de noix de coco, qui a été
activée afin d'accroître sa porosité et donc son pouvoir adsorbant)
Les
impuretés sont essentiellement retenues par adsorption (c'est-à-dire qu'elles
"s'accrochent" à la surface du charbon actif : forces de Van der Waals, interactions
hydrophobes, interactions p-p, interactions
dipôle-dipôle).
Les
performances des filtres à charbon actif sont fonction de la température et du
polluant traité ; ils doivent être changés périodiquement.
v
la filtration
membranaire
Elle
est basée sur la mise en œuvre d’une interface (barrière) physique, appelée
membrane. Sa porosité qui correspond à la taille des canaux (pores) qu'elle
possède est calibrée de façon très précise et assure une perméabilité sélective
de certains solutés en dessous d’une taille donnée.
Remarque :
- La taille des solutés n'est pas le
seul paramètre dont dépend leur rétention par une membrane.
- Leur charge électrique peut
intervenir aussi ; une membrane peut être chargée et interagir
électro-statiquement avec des composés chargés.
- Leur hydratation peut aussi
participer à leur rétention.
2)
Les différents types de filtrations :
2-1) Filtration
par gravité :
C'est
le type de filtration le plus simple où la force de gravité est utilisée pour
faire passer le liquide à travers un filtre. Il est souvent utilisé pour
éliminer les particules grossières et les sédiments.
|
Principe
d'une filtration simple en laboratoire |
2-2) Filtration
sous pression :
Dans ce
type de filtration, une pression externe est appliquée pour forcer le liquide à
travers une membrane filtrante. Cela permet une séparation plus rapide et
efficace.
Deux
types de filtration sous pression :
Elle
consiste à faire passer le fluide à purifier perpendiculairement à la surface
du filtre :
Les
particules à éliminer sont retenues par le filtre.
Un
inconvénient de cette méthode est que l'accumulation progressive des particules
à la surface du filtre finit par colmater les pores de celui-ci.
Le
maintien d’une circulation parallèle à la surface de filtration permet de
contrôler l’accumulation de matières, limiter le colmatage de la membrane et
optimiser le débit de filtration.
En
sortie, on récupère deux flux : une fraction concentrée, le rétentat, enrichie
en éléments retenus par la membrane, et une fraction plus diluée, le perméat
(ou filtrat) ne contenant que les composés pouvant traverser la membrane. Le
débit de filtration est le résultat de l’équilibre entre la pression
transmembranaire et la vitesse tangentielle.
Contrairement
à la filtration sous pression, la filtration sous vide utilise une dépression pour
aspirer le liquide à travers la membrane filtrante. Le résultat est le même que
précédemment.
Elle
est souvent utilisée pour des applications où on filtre des échantillons
fragiles qui ne supportent pas les fortes pressions.
3) Incidence de la
taille des pores de la membrane sur la filtration
La
taille des pores est un paramètre crucial à considérer lors de la sélection d'une
membrane pour une application de filtration, car elle détermine à la fois la
sélectivité de l'opération (des pores plus petits retiendront des particules
plus petites), le débit de filtration (des pores plus larges permettent un
débit de filtration plus élevé) et la sensibilité aux colmatages (des pores
plus petits peuvent se colmater plus facilement, ce qui réduit le débit de
filtration au fil du temps).
En
fonction de la taille des pores (par ordre décroissant), on peut distinguer :
Elle est utilisée pour retenir des
bactéries, des macromolécules, des colloïdes ou des particules solides en
suspension.
Elle est utilisée
pour retenir les virus, les macroprotéines, les antibiotiques….
Elle est utilisée
pour retenir la majorité des molécules, les colorants, certains ions….. Elle
permet l'élimination des phytopharmaceutiques, des nitrates des eaux
souterraines, les métaux lourds des eaux usées.
Remarques :
- En général, on utilise une
succession de filtres de plus en plus fins avant d'arriver à celui qui va
arrêter les substances les plus fines qu'on souhaite éliminer.
Par
exemple pour une nanofiltration, il est courant de mettre en amont de la
membrane de nanofiltration, un lit de sable, du charbon actif puis des
membranes de microfiltration et d'ultrafiltration ; cela permet d'éviter le
colmatage le la membrane la plus fine par de grosses particules.
- La taille des pores n'est pas le
seul facteur qui intervient dans la sélectivité des membranes ; y contribuent
également :
v
La distribution des pores et la
structure poreuse globale de la membrane
|
Pores
d'une membrane de
microfiltration. |
v
La charge électrique : Certains types
de membranes peuvent être chargées électriquement, ce qui peut influencer la
sélectivité en permettant l'adsorption de particules de charges opposées.
v
La composition chimique de la membrane
qui peut interagir sélectivement avec certaines substances à filtrer.
v
D'autres propriétés spécifiques telles
que leur hydrophilie/hydrophobicité, leur polarité, la forme des molécules.…
4)
Elimination par osmose inverse :
L'osmose
inverse qui s'adresse surtout à des milieux aqueux, est le premier procédé
membranaire utilisé à l'échelle industrielle dans les années 1960 ; il utilise
des membranes denses (non poreuses). La séparation des espèces ne se fait pas
donc pas par leur taille mais en fonction de leur affinité vis-à-vis du
matériau membranaire.
Le
transfert de matière se fait par le modèle dissolution-diffusion. L'eau se
déplace en diffusant dans la structure même du polymère qui dans tous les cas
est hydrophile et "gonflé" par l'eau.
Dans le
cas d'une substance semi-perméable parfaite, seule l'eau rejoint le
compartiment perméat.
Le
phénomène d'osmose
Une
membrane dite semi-perméable est placée entre deux compartiments, l'un
contenant de l'eau et l'autre une solution saline ; au départ les surfaces
libres des liquides dans les deux compartiments sont au même niveau.
On
aperçoit progressivement qu'il se crée spontanément, un décalage entre les deux
niveaux, celui du compartiment contenant la solution saline s'élève et l'autre
descend. Après un certain temps on arrive à un équilibre. De l'eau a traversé
la membrane pour rejoindre la solution saline.
Il
existe alors une dénivellation qui traduit une différence de pression que l'on
appelle la pression osmotique. Afin d'avoir un ordre de grandeur de cette
pression, on peut donner celle de l'eau de mer : environ 25 à 30 bars.
L'osmose
inverse
Si on
exerce sur la solution saline une
pression égale à la pression osmotique, on revient à la situation initiale, les solutions dans les deux
compartiments sont au même niveau ; de l'eau a traversé la membrane, venant du
compartiment contenant la solution saline.
En exerçant
une pression plus importante un déséquilibre se produit, le niveau dans le
compartiment de la solution saline s'abaisse et celui de l'autre compartiment
s'élève. On a obligé de l'eau qui était dans la solution saline à traverser la
membrane. Les sels eux n'ont pas pu traverser ; la solution saline voit sa
concentration augmenter.
C'est
l'osmose inverse.
La
filtration par osmose inverse est largement utilisée pour la purification de
l'eau potable et le dessalement de l'eau de mer.
5) Les membranes filtrantes :
Les membranes filtrantes sont fabriquées à partir de matériaux poreux
- soit d'origine organique :
Citons
par exemple le polypropylène (PP), le polyéthylène(PE), le polytétrafluoroéthylène
(PTFE), le polyfluorure de vinylidène ( PVDF), le polyacrylonitrile (PAN), le
polystyrène (PS), le polysulfone (PSU), le polyéthersulfone (PES), la cellulose
régénérée, l'acétate de cellulose, les polymères d'éther de cellulose, le chitosane,
les alginates...
- soit d'origine inorganique
:
Comme
la zircone (dioxyde de zirconium ZrO2), l'alumine (Al2O3),
le dioxyde de titane (TiO2) mais aussi des carbures (carbure de
silicium, carbure de titane ..), des nitrures (nitrures de silicium, nitrure de
bore …).
- soit des mélanges
polymères/minéraux
La
structure d'un ensemble de filtration se compose de :
5-1) Propriétés
des membranes :
On
compare les performances des membranes en fonction de leur :
- Sélectivité :
Elle se
mesure par un paramètre appelé facteur de séparation.
Il
s'agit de leur capacité à permettre le passage de certaines substances tout en
empêchant le passage d'autres substances.
Cela
dépend des propriétés physiques et chimiques de la membrane ainsi que des
propriétés des substances en question. Par exemple, une membrane sélective peut
laisser passer certains ions ou molécules tout en bloquant d'autres en fonction
de leur taille, de leur charge électrique, de leur solubilité ou d'autres
caractéristiques.
- Flux de perméation :
Il
s'agit de la quantité de liquide ou de gaz qui traverse la membrane par unité
de temps et de surface.
- Rétention :
C'est la
capacité de la membrane à retenir les matières indésirables.
- Pores :
La
taille des ouvertures dans la membrane détermine quelles substances peuvent
passer à travers.
La
taille des pores que l'on doit choisir pour une bonne filtration est environ
deux fois plus petite que la plus petite espèce à retenir
- Stabilité chimique et thermique
:
Il
s'agit de la résistance de la membrane aux conditions chimiques et thermiques
dans lesquelles elle sera utilisée.
- Durabilité :
Elle
correspond à la résistance mécanique de la membrane, à l'usure et à la
dégradation au fil du temps.
- Coût :
En
tenant compte du coût initial d'achat ainsi que des coûts d'exploitation et de
maintenance associés à l'utilisation de la membrane.
5-2) Les
matières des membranes organiques
Ces membranes offrent une grande résistance chimique et thermique,
ce qui les rend adaptées à un large éventail d'applications industrielles et
médicales.
- Polyéthylène – Polypropylène – Polytétrafluoroéthylène
- Poly(difluorure de vinylidène) – Polyacrylonitrile
– Polystyrène – Polysulfones – Polyéthersulfones - Cellulose régénérée
–
Acétate de cellulose - Polymères d'éther de cellulose - Chitosane – Alginates -
Polyéthylène(PE) |
Polypropylène (PP) |
Il existe deux variétés : Elles sont
couramment désignées par les sigles PEbd et PEhd. - Inertie chimique remarquable
(structure d’alcane) - Facilité de mise en forme - Excellent isolant
électrique. Le
polyéthylène est l'un des polymères utilisés dans des procédés de filtration
n'impliquant qu'une faible différence de pression (moins d'un bar),
notamment pour les membranes de
microfiltration. |
Ressemble au polyéthylène haute densité. Comme le
polyéthylène, il est l'un des polymères utilisés dans des procédés de
filtration n'impliquant qu'une faible différence de pression (moins d'un
bar), notamment pour les membranes de
microfiltration. Ces
membranes en polypropylène peuvent être détruites par
le chlore dont l'usage est proscrit. Matériau assez hydrophobe qui le rend sensible au colmatage. |
Polytétrafluoroéthylène (PTFE) |
|
C’est
le polytétrafluoroéthylène (PTFE) ; Son nom commercial : Téflon. - Peut supporter 200°C - Anti-adhésif. Il
convient pour des procédés de filtration
dans lesquels un caractère hautement hydrophobe est exigé, notamment
pour filtrer les gaz. . |
Polymère thermoplastique du difluorure de
vinylidène (VDF), qui possède une structure semi-cristalline. C'est le plus
cristallin des thermoplastiques. -
Excellentes propriétés physiques et mécaniques (comme la plupart des
polymères fluorés au rang desquels le PTFE) notamment une grande rigidité, une grande résistance
thermique. -
Il possède aussi, une bonne résistance aux agents chimiques les plus durs,
les plus corrosifs (notamment les acides vis-à-vis desquels il est inerte
jusqu'à des températures de 140°C ; sa résistance aux bases est moindre au
delà d'un pH de 11). -
Bonne résistance aux UV, il est difficilement inflammable. Son prix de fabrication est important et une
grande consommation d'énergie est nécessaire pour son extrusion (à cause de
son point de fusion élevé, aux alentours de 175°C) ; son prix de production
limite donc ses applications aux domaines de moyenne ou haute technologie et
en particulier en
biotechnologie pour les membranes de transfert des protéines. |
Polyacrylonitrile (PAN) |
Polystyrène (PS) |
L'
acrylonitrile CH2=CH-CN donne
lieu à la polymérisation :
Applications : Le
polyacrylonitrile est un précurseur pour l'obtention de fibres de carbone. Les
ultrafiltres dont les pores sont plus fins que les microfiltres et qui
travaillent à des pressions élevées sont élaborés à partir de dérivés de
polyacrylonitrile. Le
PAN est aussi utilisé pour fabriquer des membranes de microfiltration ou
d'ultrafiltration pour les hémodialyses (voir acétate
de cellulose) |
encore appelé styrène donne lieu à la
polymérisation : - Il se prête
bien à l’expansion, on obtient le polystyrène expansé, aux qualités isolantes
(thermiques) remarquables. - le PS "cristal" est un
homopolymère amorphe, dur et cassant. Il est transparent et thermoplastique. - le PS "choc" qui est constitué
d'une phase polystyrène dans laquelle sont noyés des nodules de polybutadiène
qui sont capables d'absorber une partie de l'énergie d'un choc éventuel. Il est
parfois utilisé dans des filtres à tamis ou des filtres à média granulaires. |
Polysulfones (PSU) |
Polyéthersulfones (PES) |
Les
polysulfones (PSU) sont des polymères thermoplastiques appartenant à
la famille des polyaryléthers. Exemple : L'Udel ® Ils
sont connus pour leur dureté et leur stabilité à haute température. On
en fait des membranes poreuses semi-perméables utilisées dans les
applications basées sur le phénomène d'osmose. On
les utilise notamment pour fabriquer les membranes d'hémodialyse (voir Acétate de cellulose) |
Les
polyéthersulfones (PES) sont des polymères thermoplastiques
appartenant à la famille des polyaryléthers. - Ils sont très résistants à
la chaleur (on les utilise à des températures de -100°C à + 200°C) - Ils sont très résistants aux chocs - Ils résistent aussi à
l'oxydation ainsi qu'à l'hydrolyse dans une large gamme de pH (2 à 13). Une synthèse possible : Ils sont utilisés comme matériaux pour la fabrication des structures
asymétriques de base pour des membranes de nanofiltration ou d'osmose
inverse, devant supporter de fortes pressions (plusieurs dizaines de bars). |
(voir annexe 1) On
peut citer la Viscose, le Modal, le Lyocell, le Cupro. Ces
matériaux sont utilisés, entre autres,
pour fabriquer des membranes de microfiltration ou d'ultrafiltration. |
Une ou plusieurs molécules de CH3COOH peuvent
estérifier des -OH du motif de la cellulose.
Dans les filtrations, l'acétate de cellulose sert à fabriquer des membranes de microfiltration ou
d'ultrafiltration
pour
les hémodialyses. "90% des personnes dialysées en
France le sont par la technique d'hémodialyse. Il s'agit d'un procédé
d'ultrafiltration entre le sang de la personne et une solution, le dialysat.
Cet échange permet de retirer du sang les déchets produits par
l'alimentation, de rééquilibrer la teneur du sang en minéraux tels que le
sodium ou le bicarbonate , d'éliminer le surplus d'eau. Les membranes
utilisées sont généralement en acétate de cellulose." (Agrégation
interne 2023). |
La
famille des cellulosiques comporte un grand nombre de matières qui sont des
dérivés de substitution des fonctions alcools. -
Avec R = CH3 méthylcellulose, C2H5
éthylcellulose, CH2-CH2OH hydroxyéthylcellulose, CH2COOH
carboxyméthylcellulose. On
les utilise pour fabriquer des membranes filtrantes pour microfiltration,
ultrafiltration, mais aussi pour des nanofiltrations et même pour des
filtrations par osmose inverse. Ces
matériaux présentent une forte hydrophilicité garantissant une faible tendance
au colmatage. |
Le
chitosane trouve de nombreuses et importantes applications dans les domaines
de l'agriculture, la santé.... d'autant qu'il est biodégradable grâce aux
chitosanases et aux chitinases présents dans de nombreuses cellules. Les
membranes en chitosane sont utilisées en microfiltration, ultrafiltration et
nanofiltration. Le
chitosane est très peu répandu dans la nature. Il est obtenu par
désacétylation de la chitine par hydrolyse en milieu basique (solution de
soude à 40% environ) à chaud et pendant plusieurs heures. Malheureusement ce
traitement conduit aussi à des ruptures des liaisons glycosidiques diminuant
les longueurs des chaînes. |
|
|
Les
alginates sont des polysaccharides extraits des algues brunes. Ils peuvent
être utilisés pour fabriquer des membranes filtrantes adaptées à la
microfiltration, à l'ultrafiltration et éventuellement à la nanofiltration.
Les membranes d'alginate sont appréciées pour leur capacité à former des gels
en présence d'ions calcium, ce qui peut les rendre utiles dans certaines
applications de filtration où la formation de gel est souhaitée. Les
alginates sont largement utilisés dans le domaine alimentaire, pharmaceutique
et médical en raison de leur biocompatibilité et de leur non-toxicité. |
|
5-3) Les
matières des membranes inorganiques
Ces
membranes sont souvent appelées disques.
Ce sont
des membranes céramiques fabriquées à partir de matériaux tels que la zircone
(dioxyde de zirconium ZrO2), l'alumine (Al2O3),
le dioxyde de titane (TiO2) mais aussi des carbures (carbure de
silicium, carbure de titane ..), des nitrures (nitrures de silicium, nitrure de
bore …).
Ces
membranes sont connues pour leur robustesse et leur durabilité, les rendant
adaptées à des conditions extrêmes et à des applications telles que la
filtration des eaux usées industrielles.
Ce sont
essentiellement des filtres de microfiltration ou d'ultrafiltration.
Ils
sont formés :
- d'un noyau poreux (structure de
support) obtenu par extrusion d'oxyde d'aluminium par exemple.
- d'une membrane qui est un
revêtement appliqué sur la face filtrante ; il est constitué de particules
d'oxyde d'aluminium dans l'exemple que nous avons choisi.
Après
application sur le noyau le matériau de revêtement est fritté (voir annexe 2) à une température élevée, dans un four, rendant la
couche membrane solidaire de la structure de support du noyau.
Exemple :
La
zircone ZrO2
- Elle existe naturellement
sous forme d'un minéral, la baddeleyite ; elle est alors accompagnée de moins
de 0,1% d'oxyde de hafnium.
- On peut la fabriquer à
partir de silicate de zirconium (le zircon ZrSiO4), par traitement
thermique à haute température ; on trouve alors environ 2% d'oxyde de hafnium.
ZrC est
ensuite grillé à l'air vers 700°c
pour donner
ZrO2.
La
zircone est un matériau très dur à point de fusion élevé qui résiste à
l'abrasion et à la corrosion et qui est utilisé dans diverses industries :
- Production de céramiques
techniques (filtres ….) et des céramiques à usage dentaire.
- Plaquettes de freins.
- Pots catalytiques.
Les
zircones sont mises en forme par des procédés classiques de pressage puis
frittées entre 1400°C et 1700°C.
5-4) Les
membranes en mélanges polymères/minéraux
Les
membranes composites sont formées de plusieurs couches de matériaux différents,
elles combinent les avantages de différents types de membranes pour offrir des
performances optimisées dans des applications spécifiques.
On peut
donner comme exemple :
- Le polyéthylène téréphtalate (PET)
avec des charges minérales
- Des polymères mélangés avec des
nanoparticules d'argile ….
- Polyéthersulfone (PES)/Oxyde
d'aluminium
- Fluorure de polyvinylidène
(PVDF)/dioxyde de titane (TiO2)
- Polysulfone (PSU)/ nanoparticules
de zéolite
- Polyamide/nanoparticules d'oxyde
de graphène (GO)
- Polyacrylonitrile
(PAN)/nanoparticules de silice (SiO2)
5-5) Les
membranes plasmiques, un cas particulier
Une
cellule humaine est délimitée par une membrane plasmique qui sépare le cytoplasme
du milieu extérieur.
Certaines
molécules ne peuvent traverser les membranes gastro-intestinale ou
hémato-encéphalique car elles sont ionisées ou peu lipophiles.
Une
protéine de transport membranaire va sélectivement reconnaître une de ces
molécules comme étant proche de son substrat endogène et l'aider à traverser la
membrane.
On peut
donc considérer qu'une membrane plasmique joue le rôle de membrane de filtration
dans certains contextes ; elle contrôle le passage sélectif des substances à
travers la membrane, permettant à certaines molécules de passer tandis qu'elle
en bloque d'autres. Cette capacité de sélectivité permet à la membrane
plasmique de fonctionner comme une sorte de filtre pour réguler les échanges de
substances entre l'intérieur et l'extérieur de la cellule.
On
trouvera une étude détaillée du fonctionnement de ces membranes dans l'article
"Les prodrogues".
La cellulose régénérée
(Viscose,Modal, Lyocell, Cupro)
-
La cellulose est le résultat de la polycondensation de glucose (C6H12O6),CH2OH-CHOH-CHOH-CHOH-CHOH-C(H)=O
sous forme de β-D-glucopyranose
On obtient des chaînes dîtes
"linéaires".
Les différentes chaînes placées
côte à côte sont liées par de nombreuses liaisons hydrogène ce qui donne à ce
matériau une très grande rigidité et qui explique qu'elle est la substance de
soutien (parois) des cellules jeunes des végétaux :
Liaisons intramoléculaires :
|
|
Selon Liang et Marchessault
- 1959 |
Selon Blackwell et al. - 1977 |
Liaisons intermoléculaires :
|
Klemm et
al - 1998 |
La cellulose pratiquement pure
est tirée du fruit du cotonnier; il contient des graines recouvertes d’un duvet
formé de fibres de 2 à 7 cm de long; débarrassées des impuretés, ces fibres constituent
le coton hydrophile.
La cellulose s’obtient également à partir du bois; le bois
est essentiellement constitué de cellulose et de lignine; un traitement à
l’hydrogénosulfite de calcium détruit la lignine; il reste la pâte de bois; on
en fait le papier, le carton, ....
Elle n'est pas attaquable par les sucs digestifs de l'homme. C'est une matière
première de tout premier ordre dans l'industrie chimique.
Elle est insoluble dans l'eau et la plupart des solvants organiques et n'est
solubilisée que par une solution ammoniacale d'hydroxyde de cuivre(II) : la
liqueur de Schweitzer. Son hydrolyse acide conduit au glucose.
- La viscose :
On l'obtient à partir de pâte de
bois, le bois provenant principalement de l'eucalyptus ou du hêtre.
Lorsqu'on traite la cellulose par
de la soude concentrée, on obtient un "alcali-cellulose" qui,
réagissant avec du sulfure de carbone CS2, conduit au xanthate de
cellulose.
Le
xanthate de cellulose se dissout dans la soude en donnant un liquide sirupeux, la
viscose, qui se coagule au contact des acides en donnant une substance
transparente et brillante qui peut
donner des fils appelés rayonne, par extrusion.
Les tissus de rayonne ressemblent
à ceux en soie.
C'est le chimiste Chardonnet qui mit
au point en 1890 à Besançon, le procédé de fabrication de la rayonne en
reprenant l'idée du chimiste Suisse Audemars.
-
Le lyocell :
Contrairement à la viscose, il
n'est pas nécessaire de passer par le stade xanthate de cellulose pour obtenir
une solution.
On dissout la cellulose obtenue à partir de pulpe de
bois (feuillus, eucalyptus, bambou ….) dans un solvant non toxique, le
N-méthyle-morpholine-N-oxyde (NMMO) :
|
|
NMMO |
Interaction
entre la cellulose et le solvant NMMO |
La solution très visqueuse
obtenue est ensuite filtrée et plongée dans de l'eau chaude où la cellulose
reprécipite ; elle est ensuite extrudée par des filières ; on obtient des
fibres, le Lyocell.
-
Le modal :
On l'obtient à partir de pâte de
bois, provenant essentiellement du hêtre.
La cellulose est dissoute dans un
solvant mélange de soude et de sulfure de sodium.
On file cette solution à travers
des filières et l'on obtient des fils.
On plonge ensuite ces fils dans
un bain de coagulation pour les solidifier.
-
Le cupro :
La cellulose est extraite du
linter de coton, c'est-à-dire du duvet qui recouvre les graines de cotonniers
cultivés ; ce duvet contient 70 à 80% de cellulose.
La fibre est obtenue par
dissolution de la cellulose dans une solution ammoniacale d'hydroxyde de cuivre
(II).
Remarque :
Tous les procédés de dissolution
de la cellulose ont pour but de briser les fortes liaisons hydrogènes
maintenant la structure des fibres.
Le frittage
Le frittage est un processus de
fabrication utilisé dans l'industrie pour créer des pièces solides à partir de poudre
métallique ou céramique. Voici les étapes principales :
1. Préparation de la poudre :
La poudre métallique ou céramique
est sélectionnée en fonction des propriétés désirées de la pièce finale. Elle
est souvent traitée pour obtenir une granulométrie spécifique et des propriétés
de surface appropriées.
2. Formation de la pièce :
La poudre est placée dans un
moule ou compactée pour former une préforme avec la forme approximative de la
pièce finale.
3. Frittage :
La préforme est chauffée à une
température juste en dessous de son point de fusion dans un four spécialisé.
Pendant ce processus, les particules de poudre fusionnent entre elles pour
former une pièce solide. Ce processus permet également d'éliminer les porosités
et de consolider la structure de la pièce.
4. Refroidissement et finition :
Une fois le frittage terminé, la
pièce est refroidie lentement pour éviter les contraintes excessives. Ensuite,
elle peut être usinée ou subir d'autres traitements pour obtenir les dimensions
et les propriétés finales requises.
Le frittage est largement utilisé dans des industries telles que l'automobile,
l'aérospatiale, la métallurgie des poudres et la fabrication d'équipements
médicaux, en raison de sa capacité à produire des pièces complexes avec une
grande précision et des propriétés matérielles spécifiques.