LE BOIS
RUDIMENTS SUR SA
COMPOSITION ET SON UTILISATION POUR LA PÂTE A PAPIER.
Plan de l'étude :
1) Généralités
1-2)
Composition chimique
1-3)
Modélisation
2) Les polymères
présents dans le bois
2-1)
La cellulose
2-2)
Les hémicelluloses
2-3)
La lignine
3) Les matières
extractibles du bois
4) Utilisation
du bois pour le chauffage
4-1)
Introduction
4-2)
Déroulement de la combustion
4-3)
Le pouvoir calorifique de quelques essences d'arbres
4-4)
Fumées, cendres et pollution
5-1)
Historique
5-3)
Obtention du papier
1) Généralités
:
1-1) Echelle macroscopique
:
La coupe d'un
tronc d'arbre ou d'une branche, fait apparaître de l'extérieur vers le coeur :
- L'écorce externe (liège) encore
appelée rhytidome ; ce sont des cellules mortes ayant un rôle de protection.
- L'écorce interne ou liber.
- Une assise
génératrice ou cambium qui produit des cellules du liber vers l'extérieur et
des cellules du bois vers l'intérieur.
- Le bois (ou xylème) qui se forme
par couches concentriques (cernes) correspondant à une croissance périodique.
1-2) Composition chimique :
1-3) Modélisation : |
2) Les polymères présents dans le bois :
a) composition
: La
cellulose est une macromolécule formée de cycles enchaînés linéairement,
c'est-à-dire environ 500 à 5000 unités monomères de glucose reliées les unes
aux autres par des liaisons b-1,4-glycosidiques
; le motif est un motif de cellobiose.
Les différentes chaînes placées côte à côte sont liées par de nombreuses
liaisons hydrogène ce qui donne à ce matériau une très grande rigidité et qui
explique qu'elle est la substance de soutien (parois) des cellules jeunes des
végétaux (elle n'est pas seulement présente dans le bois).
Motif de cellobiose (cello-bi-ose)
b) Utilisation
:
Le glucose présent
dans la cellulose ne peut cependant être utilisé en tant que tel, ni par les
plantes ni par les animaux. Dans l’alimentation humaine, la cellulose est
présente sous forme de fibres. Seuls les ruminants peuvent profiter de la
cellulose, car durant leur digestion des microorganismes parviennent à diviser
les macromolécules, qui deviennent alors assimilables par l’organisme.
Elle
est insoluble dans l'eau et la plupart des solvants organiques et n'est
solubilisée que par une solution ammoniacale d'hydroxyde de cuivre(II) : la
liqueur de Schweitzer.
D’un point de
vue chimique on peut, dans des conditions très particulières, parvenir à
transformer du bois en sucres fermentescibles (L'
hydrolyse acide de la cellulose conduit au glucose) comme le fait par exemple
la Suède, afin de produire du bioéthanol utilisé ensuite comme carburant.
La cellulose a
toujours été largement utilisée industriellement dans la fabrication du papier
et des tissus en coton.
2-2) Les hémicelluloses ou pentosanes :
a)
Composition :
Les
hémicelluloses sont des polymères plus courts (masse molaire inférieure) ou
ramifiés formés à partir de pentoses (oses à cinq atomes de carbone comme le
xylose), ou d'hexoses autres que le glucose (galactose par exemple). Quelle que
soit l'espèce d’arbre on retrouve la même structure pour la cellulose alors que
les hémicelluloses ont des compositions et des structures qui varient
considérablement selon qu'elles proviennent de feuillus ou de résineux. Les
hémicelluloses de feuillus sont généralement plus riches en pentoses, que
celles des résineux qui habituellement contiennent davantage d'hexoses.
b) Exemples d'hémicelluloses
présentes dans le bois :
Les xylanes par
exemple que l'on trouve en abondance dans le bois de bouleau (Betula pendula
et betula lenta) correspondent à des unités de xylopyrannose unies
entr'elles par des liaisons b-1->4-glycosidiques
; le schéma simplifié ci-dessous montre ces enchaînements de xylose.
Dans les xylanes il y a aussi des
substituants latéraux d'acide glucuronique
et des fonctions alcool (-OH) sont méthoxylées (transformées en –OCH3):
Les
glucomannanes ou les galactomannanes existent en plus grande quantité dans les
résineux.
a)
Composition et biosynthèse :
C'est le
troisième constituant de la paroi cellulaire (constituant de la paroi
secondaire des cellules des végétaux) ; c'est un polymère réticulé
(tridimensionnel) dont la structure complexe varie, comme pour les
hémicelluloses, en fonction de l'espèce, de l'âge du végétal et des
conditions climatiques.
On peut
cependant dégager une structure de base commune dite "phénol propane"
:
- pour les plantes annuelles
: |
|
- pour les bois résineux : |
|
- pour les bois feuillus : |
|
La représentation ci-dessous donne un modèle de la structure de lignine de pin, d'après Adler (1977) :
Insistons sur le fait que la représentation
ci-dessus n'est qu'un modèle statistique issu de données analytiques
fragmentaires pour le pin ; on ne peut en effet considérer la structure de ce
polymère comme résultant de la répétition régulière d'un motif.
La biosynthèse des lignines se fait à partir
de la phénylalanine
dont dérivent des précurseurs appelés monolignols (alcools p-coumarylique, coniférylique et sinapylique qui
sont des alcools p-hydroxycinnamiques différant par leur degré de
méthoxylation) par trois groupes de réactions :
·
La désamination de la chaîne latérale
avec formation d'une double liaison, puis l'hydroxylation du cycle benzénique
en position para de la chaîne latérale et enfin la thioestérification du groupe
carboxyle par le coenzyme A avec formation du p-coumaroyl-CoA.
·
Réduction de la fonction thioester en
aldéhyde (grâce à l'enzyme cinnamoyl-CoA réductase : CCR) puis en alcool (par
l'enzyme cinnamylalcool déshydrogénase : CAD) :
(alcool
p-coumarylique)
·
Introduction d'un ou deux groupements
méthoxyle :
(alcool
coniférylique)
(alcool sinapylique)
La lignine se forme ensuite par
polymérisation de ces monolignols.
b) Rôle :
La lignine agit
comme un ciment entre les fibres du bois et comme élément rigidifiant à l'intérieur
des fibres.
Les lignines de
feuillus ayant plus de groupements méthoxy, présentent moins de liaisons
intermoléculaires (liaisons hydrogène) et sont par conséquent plus facilement
dissoutes.
3) Les matières extractibles
du bois :
On désigne ainsi
d'autres matières présentes dans les différents bois en quantités plus ou moins
importantes :
- Des résines par exemple, molécules formées à partir d'acides gras et de
terpènes, comme par exemple la térébenthine, l'acide abiétique (ou colophane),
l'huile de pin.
- Les tanins qui sont des composés
phénoliques que l'on extrait notamment de l'écorce des pins des mimosas, des
chênes et des châtaigners.
- Des huiles aromatiques (huile de cèdre, huile de cade).
- Des sucres hydrosolubles (sucre d'érable).
- Du latex qui devient du caoutchouc (latex de l'hévéa).
4) Utilisation du bois pour
le chauffage :
Il est intéressant d'envisager les phénomènes
mis en jeu, les caractéristiques de différentes essences d'arbres et les
problèmes qui se posent lors de l'utilisation du bois comme combustible, pour
la production de chaleur.
4-1)
Introduction :
La combustion de la biomasse en général et du
bois en particulier met en jeu trois éléments :
·
Un combustible, ici le bois.
·
Un comburant qui est l'oxygène de
l'air.
·
Un déclencheur qui fournit l'énergie
d'activation c'est-à-dire de la chaleur obtenue en faisant brûler préalablement
du papier ou du "petit bois" ou de l'alcool…
4-2) Le déroulement
de la combustion :
L'énergie d'activation apportée par le
déclencheur va permettre à la combustion d'une petite partie du bois de se
dérouler en plusieurs stades que l'on va décrire ; c'est une partie de la
chaleur produite par la combustion qui prendra le relais pour perpétuer les
étapes.
¾ Vers
100°C le bois sèche (élimination de l'humidité qu'il contient).
Remarque : Un bois vert
contient plus de la moitié de sa masse en eau ; Un bois qui a séché environ
deux ans en contient encore 20%.
¾ A
partir de 250°C et jusqu'à 500°C environ, il y a pyrolyse des polymères
naturels constituants du bois (cellulose, hémicellulose et lignine) avec
production de produits gazeux, de goudrons sous forme de gouttelettes et de
carbone solide, ces goudrons, les créosotes contiennent du gaïacol, du
4-éthylgaïacol, des xylénols, de l'orthocrésol et divers autres phénols (voir figure 1).
¾ A
partir de 500°C le carbone solide s'unit à l'oxygène de l'air pour donner du
monoxyde de carbone CO (composé gazeux).
¾ Entre
350°C et 1500°C, l'ensemble des gaz produits lors des étapes précédentes (cela
représente selon l'essence du bois entre 80 et 90% de la masse initiale)
s'oxydent en donnant du dioxyde de carbone et de l'eau ainsi que de la chaleur
que l'on récupère pour se chauffer et dont une partie va chauffer le bois non
encore atteint par la combustion et ainsi de suite…
Lorsque le processus de pyrolyse se termine
et qu'il n'y a plus de substances volatiles, il subsiste un résidu charbonneux
rougeoyant qui produit encore beaucoup de chaleur, sa surface extérieure
atteignant 800°C.
4-3)
Le pouvoir calorifique de quelques essences d'arbres
:
Il représente par définition, la quantité
d'énergie contenue dans l'unité de masse du combustible en kilojoules par
kilogramme. On distingue le pouvoir calorifique supérieur ou PCS qui désigne la
chaleur sensible (perçue) à laquelle s'ajoute la chaleur latente nécessaire à
la vaporisation de l'eau, et le pouvoir calorifique inférieur ou PCI qui
représente uniquement la chaleur sensible ; ce dernier se décompose en deux, le
PCI (sec) qui se base sur le kilogramme de bois sec et qui ne prend pas en
compte l'humidité du combustible et permet ainsi la comparaison entre
échantillons différents et le PCI (humide) qui prend en compte l'humidité du
combustible et permet de connaître réellement l'énergie récupérée.
Le tableau ci-contre donne une valeur moyenne
du pouvoir calorifique inférieur sec ou PCI (sec).
Pins |
19228 kJ/kg |
Chêne |
19019 kJ/kg |
Hêtre |
18810 kJ/kg |
Châtaignier |
17765 kJ/kg |
Frêne |
16720 kJ/kg |
Sapin |
16720 kJ/kg |
Le hêtre est le bois de chauffage par
excellence car il donne une belle
flamme, de belles braises et a un pouvoir calorifique élevé.
Le chêne a un fort pouvoir calorifique ; il
brûle lentement ; mais il contient des tanins et en cheminée ouverte une bonne
aération est souhaitable.
Les pins ont un fort pouvoir calorifique mais
ils brûlent rapidement ; de plus ils dégagent d'importantes quantités de gommes
fournissant des créosotes.
Le châtaignier nécessite l'utilisation d'un
pare-feu car il produit beaucoup d'étincelles et il éclate.
4-4)
Fumées, cendres et pollution dues à la combustion des
bois :
-
La
fumée : Elle se produit, au moment de la pyrolyse des polymères ; elle
est constituée de produits solides ou liquides (goudrons résultants de la
pyrolyse) mélangés à des produits gazeux. Après quelques minutes de fonctionnement
de la chambre de combustion, si l'apport d'air est suffisant les produits
constituant la fumée subissent une combustion complète, la flamme devient
brillante et plus claire.
La fumée non brûlée se condense et forme des
dépôts de créosotes dans le conduit de la cheminée ou bien s'échappe dans
l'atmosphère (pollution).
La fumée non brûlée dans la chambre de
combustion emporte une grande partie de l'énergie fournie par le bois.
-
Les
cendres :
En moyenne la composition centésimale massique
du bois s'établit comme suit :
C 50% ; O 42% ; H 6% ; N 1% ; composés
minéraux 1% (Ca, K, Na, Mg, Fe, Mn, S, Cl, Si, P).
Les cendres concentrent les matières
minérales contenues dans le bois. Leur composition dépend du bois utilisé, mais
d'une façon générale on trouve des phosphates et des carbonates de calcium, de
magnésium, mais aussi de la silice, des oxydes de fer et de manganèse.
Remarque : Les cendres sont basiques et cette
propriété a été mise à profit à certaines époques pour fabriquer du savon ; on
s'en servait en effet pour saponifier des matières grasses.
-
La
pollution :
La pollution engendrée par les fumées
résultant de la combustion du bois consiste en une émission plus ou moins
importante, en fonction du bois et des conditions de la combustion, de CO, NOx,
SOx, de poussières et de composés organiques volatils (COV).
5) Une industrie du bois : élaboration du papier .
5-1)
Historique :
C'est en Chine
que le papier voit le jour, au deuxième siècle de l'ère chrétienne ; On
attribue (mais rien n'est prouvé) à Cai Lun (Ts'ai-louen) l'idée de mêler
diverses fibres végétales dont le bambou, que l'on traite par de la chaux ; cet
ensemble est ensuite lavé, écrasé ; on obtient une pâte qui après séchage donne
une feuille de papier. Mille ans après, les arabes transmettent à l'occident
l'art d'élaborer le papier qu'ils ont appris en Chine.
La mise au
point de la typographie (procédé d'imprimerie imaginé par les chinois au XIème
siécle) vers 1440 par Johannes Gensfleisch dit Gutenberg produit une
augmentation de la demande en papier. C'est en fait au XIXème siècle que
l'industrie du papier prend son essor, jusqu'à aujourd'hui où l'on mesure son
importance.
5-2) Méthodes
industrielles : obtention de la pâte à papier.
Les traitements
des bois en vue d'en extraire les fibres ligno-cellulosiques sont multiples:
- Procédés mécaniques : Après avoir déchiqueté mécaniquement le bois, on peut
faire subir aux copeaux un traitement avec de la vapeur saturée sous pression,
et à des températures comprises entre 170°C et 210°C, suivi d'une détente
explosive donnant des fragments de bois ; c'est le défibrage du bois.
- Procédés chimiques : Il s'agit de dissoudre la lignine ; le plus utilisé est
le procédé Kraft qui consiste à traiter le bois vers 170 - 175°C par de la
soude et du sulfure de sodium (Les ions S2- et HS- très
nucléophiles réagissent avec la lignine et coupent les liaisons éther) ; les
pâtes ainsi obtenues sont blanchies par des produits chlorés (ClO2)
ou par le peroxyde d'hydrogène (H2O2). On peut aussi
utiliser l'hydrogénosulfite de sodium, de magnésium ou de calcium, et le
sulfite de sodium.
Dans les deux
cas on obtient de la pâte à papier ; celle obtenue mécaniquement sert à
fabriquer le papier journal (presse, magazines) et le carton, la pâte chimique
qui a une plus grande résistance sert à la fabrication des papiers pour
impression ou écriture ainsi que ceux pour les sanitaires, pour l'emballage et
aussi pour certains cartons.
5-3) Obtention
du papier :
Les pâtes
obtenues sont mises en suspension dans l'eau et soumises à une rotation
destinée à la séparation des fibres. Puis on ajoute des composés minéraux (CaCO3,
talc, TiO2...) et des adjuvants (colles, antimousse....) pour
améliorer les caractéristiques du papier.
On répand cette
pâte sur la longueur d'une toile sans fin (dite table de formation) et on forme
une feuille de papier qui contient près de 80% d'eau. On réduit ce pourcentage
en faisant passer la feuille entre deux cylindres tournants garnis de feutre
absorbant ; on arrive ainsi à 65% d'eau.
On plaque
ensuite cette feuille sur le feutre d'un tambour en fonte chauffé
intérieurement pour finir de la sécher.
Pour améliorer
ses qualités de surface, on l'enduit d'une solution d'amidon et on y dépose
d'autres composés minéraux, carbonate de calcium, talc...C'est le
"couchage".
Une dernière
opération consiste à l'écraser entre des rouleaux d'acier poli pour égaliser sa
surface par compression.
Pour avoir une idée de la cadence à laquelle le papier est produit il faut savoir qu'en l'an 2000 on a atteint la vitesse de 1800m par minute pour du papier journal.
Gaïacol 4-Ethylgaïacol Orthocrésol (ou o.crésol) |
2,3-xylénol ou 2,3-diméthylphénol Il existe 5 autres isomères
correspondant à la désignation xylénol : - 2,4-xylénol ou
2,4-diméthylphénol - 2,5-xylénol ou
2,5-diméthylphénol - 2,6-xylénol ou
2,6-diméthylphénol - 3,4-xylénol ou
3,4-diméthylphénol - 3,5-xylénol ou
3,5-diméthylphénol |