LA QUININE ET D'AUTRES ANTIPALUDEENS

Gérard Gomez

avec la collaboration de

Jacques Baron


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Plan de l'étude

1) Le paludisme

2) La quinine

                2-1) Présentation

                2-2) Mécanisme d'action

3) L'artémisine et les trioxaquines

                3-1) L'artémisinine

                3-2) Mécanisme d'action de l'artémisinine

                3-3) Les trioxaquines

4) Quelques autres antipaludéens

Annexe 1 : La malaria

Annexe 2 : Hémoglobine –hème

Annexe 3 : Les pharmacophores


1) Le paludisme

L'OMS nous apprend "qu'en 2022 on estimait à 249 millions le nombre de cas de paludisme dans le monde et à 608 000 le nombre de décès dus à cette maladie dans 85 pays".

C'est en Afrique qu'on enregistre le plus grand nombre de cas (94%) et 95% des décès.

Un peu plus de la moitié des décès sont enregistrés dans quatre pays africains : le Nigéria(26,8%), la République démocratique du Congo (12,3%), l'Ouganda (5,1%) et le Mozambique (4,2%). (Source OMS).

Egalement connu sous le nom de malaria (voir annexe 1), le paludisme est une maladie parasitaire potentiellement mortelle.
               
- Il  existe depuis des millénaires et a été décrit dans des textes anciens, notamment en Chine et en Égypte.
                -
Les premières preuves de paludisme remontent à plus de 4 000 ans.
                -
Il a été reconnu comme une maladie transmise par les moustiques (femelles du genre Anopheles) à la fin du XIXe siècle (1898) par le médecin britannique Sir Ronald Ross (Prix Nobel de physiologie ou médecine en 1902).

Agents pathogènes :
            - Le paludisme est causé par des protozoaires parasites du genre Plasmodium (le nom courant est "hématozoaire du paludisme").
            - Les espèces les plus courantes incluent Plasmodium falciparum, Plasmodium vivax, Plasmodium ovale et Plasmodium malariae.
            - Plasmodium falciparum et Plasmodium vivax sont les plus dangereux ; Plasmodium falciparum est responsable de la plupart des décès dus à cette maladie.

Symptômes :
            - Les symptômes du paludisme comprennent de la fièvre, des frissons, des maux de tête, des douleurs musculaires, de la fatigue et des vomissements.
            - Dans les cas graves, il peut entraîner des complications telles que l'anémie, des troubles neurologiques, une insuffisance rénale, voire le décès.

Prévention
:
                -
La prévention du paludisme repose sur plusieurs mesures, notamment l'utilisation de moustiquaires imprégnées d'insecticide, l'élimination des eaux stagnantes où les moustiques se reproduisent, et l'utilisation de médicaments prophylactiques dans les zones à risque.

Traitements :
            - Le traitement du paludisme dépend du type de parasite impliqué et de la gravité de l'infection.
            - Les médicaments antipaludiques qui ont été ou sont actuellement utilisés  comprennent entre autres, outre la quinine, la chloroquine, l'artémisinine combinée à d'autres médicaments selon les directives de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
            - Dans les cas graves, une hospitalisation et un traitement intraveineux peuvent être nécessaires.
2) La quinine

            2-1) Présentation

Le premier médicament efficace contre le paludisme a été la quinine, dérivée de l'écorce de quinquina, un arbre originaire d'Amérique du Sud. Les peuples indigènes utilisaient traditionnellement l'écorce de quinquina pour traiter la fièvre. Les Européens ont découvert ses propriétés antipaludiques au XVIIe siècle lorsqu'ils ont été exposés au paludisme en Amérique du Sud.

 

(-)-Quinine

ou

6’-méthoxycinchonan-9-ol, (8α,9R)

 

QUININE2.gif

C20H24N2O2
Masse molaire :

324,417 g.mol-1
Fusion :

177 °C (anhydre)

57 °C (hydraté)

Indice de réfraction :
nD= 1,625 (à 15°C)

Pouvoir rotatoire :

[α]28820 /°.mL.g-1.dm = -178°

Densité :

1,2

IR (nombre d'onde σ /cm-1)

3295,1621,1507,1461, 1325, 1235, 1093, 1031.
Solubilité :

Très soluble dans l’éthanol, la pyridine ; soluble dans l’éther, le chloroforme ; légèrement soluble dans l’eau et l’acétone.

N° CAS :

130-95-0

C'est un alcaloïde extrait de la poudre d'écorce du quinquina rouge (dans laquelle elle est présente à raison de 2 à 15%), Cinchona ledgeriana, plante de la famille des rubiacées, vivant dans la cordillère des Andes à des altitudes d'environ 2000m et actuellement cultivée en Asie. C'est Linné qui donnera le nom Cinchona en souvenir de la Comtesse El Cinchon épouse du vice-roi du Pérou, guérie grâce à cette drogue)
Sa découverte en 1820 est liée au pharmacien français Pierre Joseph Pelletier et au chimiste Joseph Bienaimé Caventou.

C'est un agent antimalarique (antipaludéen).

C'est également une base utilisée pour la résolution des inverses optiques à partir du racémique d'un acide.

Elle est utilisée comme agent d’amertume dans certaines boissons («tonics»).

 

 

Une solution de quinine est normalement transparente et incolore. Quand on l'éclaire avec un laser UV, on voit la lumière bleue émise par fluorescence de la molécule de quinine (λ fluorescence = 450 nm) sur le trajet du faisceau UV.

 

QININEFLUO.jpg

Les spectres d'absorption et d'émission de fluorescence des différentes formes de la (-)quinine en solution aqueuse, pour une longueur d'onde d'excitation λexc= 333nm sont donnés ci-dessous :

SPECTREQUININE3

La structure de la quinine que nous rappelons ci-dessous

QUININE4.gif

correspond à un composé basique constitué d'hétérocycles azotés :

            - l'un de type quinoléine portant un groupement méthoxy

QUINOLEINE.gif

Quinoléine

            - l'autre de type quinuclidine portant un groupement fonctionnel vinyle

QUINUCLIDINE2.gif

Quinuclidine

 

QH+ et QH22+ correspondent aux formules ci-dessous :

 

QH+.gif

QH2+.gif

QH+

QH22+

 

            2-2) Mécanisme d'action de la quinine (d'après Anne Robert : "Le fer de l'hème : cible pour la chimiothérapie du paludisme". https://culturesciences.chimie.ens.fr/thematiques/chimie-organique/chimie-pharmaceutique/le-fer-de-l-heme-cible-pour-la-chimiotherapie-du).

Le plasmodium pénètre dans les hématies où il accomplit un cycle parasitaire responsable des symptômes du paludisme.

Le plasmodium possède les enzymes nécessaires au fractionnement de l'hémoglobine (voir annexe 2) en acides aminés qui lui serviront à construire ses propres protéines.

Au cours de cette opération, il libère le noyau hème qui possède un atome de fer. Aussitôt libéré, le fer réduit le dioxygène en superoxyde, radical O2-*qui constitue la première étape d'un stress oxydant fatal au parasite.

Afin d'échapper à la toxicité engendrée par ce déchet (noyau hème) qu'il a contribué à libérer, le plasmodium polymérise l'hème-Fe(II) en un pigment noir, insoluble, l'hémozoïne :

HEMOZOINE.jpg

Ce dimère de l'hème ne peut plus réduire l'oxygène et n'est donc plus toxique pour le parasite.

On administre de la quinine ; la quinine possède, on l'a vu, un noyau quinoléine plan qui s'interpose entre deux noyaux hème et empêche leur dimérisation en hémozoïne ce qui permet le stress oxydant fatal au plasmodium.

 

3) L'artémisine et les trioxaquines :

            3-1) L'artémisinine :

La quinine est restée le principal traitement du paludisme pendant des siècles jusqu'à ce que d'autres médicaments deviennent plus couramment utilisés en raison de leur efficacité accrue et de leur meilleure tolérance.

Dans les années 1930, on s'est aperçu qu'une résistance des agents pathogènes à la quinine et à ses homologues apparaissait.

Au début des années 1970, l'artémisinine est extraite des feuilles d'armoise annuelle (Artemisia annua). En 2015, la physiologiste chinoise Youyou Tu obtient le Prix Nobel de médecine et de physiologie (conjointement avec William Campbell et Satachi Omura) pour sa découverte de l'efficacité de l'artémisinine pour traiter le paludisme.

La formule de l'artémisinine et ses principales caractéristiques sont les suivantes :

 

Artémisinine

ARTEMISININE.gif

C15H22O5
Masse molaire :
282,333g.mol-1
Fusion :
152 à 157°C
Densité :
1,24
N° CAS :
63968-64-9
Pouvoir rotatoire spécifique :
[
a] = +76°(C = 0,5 CH3OH)
à 20°C pour la raie D du sodium.

 

C'est une lactone, sesquiterpénique portant un groupe peroxyde (C-O-O-C) (endoperoxyde), dont un des nombreux stéréoisomères (la molécule présente sept carbones asymétriques) synthétisé par l'armoise annuelle (Artemisia annua) s'est révélé actif contre le parasite du paludisme, Plasmodium falciparum.

C'est le cycle 1,2,4-trioxane qui porte le groupe peroxyde, groupe qui entraîne l'activité biologique de la molécule.


TRIOXANE2.gif

Industriellement on peut obtenir cette molécule par hémisynthèse à partir de l'acide artémisinique, lui-même fabriqué par génie génétique.

 

            3-2) Mécanisme d'action de l'artémisinine : (d'après Anne Robert : "Le fer de l'hème : cible pour la chimiothérapie du paludisme". https://culturesciences.chimie.ens.fr/thematiques/chimie-organique/chimie-pharmaceutique/le-fer-de-l-heme-cible-pour-la-chimiotherapie-du).

QUININE15.gif

           

Réaction A : Il y a homolyse du peroxyde entre les oxygènes 1 et 2, création d'une liaison entre l'atome d'oxygène 1 et le groupe fer--hème ; le fer passe de Fe(II) à Fe(III). On aboutit à un radical alkoxy.

Réaction B : Il y a homolyse en 4 entre les carbones 3 et 4, formation d'un radical alkyle issu de l'artémisinine.

Réaction C : Il y a couplage covalent entre l'hème et le radical alkyle précédemment formé.

QUININE10.gif

Un transfert monoélectronique intramoléculaire réduit Fe(III) en Fe(II).

Le composé formé correspond à

 ARTEMISININE4.gif

Ces adduits ainsi formés empêchent la dimérisation de l'hème et la suite est la même que pour la quinine, le fer conserve ses propriétés rédox qui  entraînent le stress oxydant fatal au plasmodium.

 

            3-3) Les trioxaquines

Dans les années 2000, on a trouvé des parasites insensibles à l'artémisinine, et d'autres médicaments ont été explorés.

Parmi eux, les trioxaquines.

Ce sont de nouvelles molécules antipaludiques hybrides à activité duale.

Elle sont l'association de deux pharmacophores (voir annexe 3) antipaludiques de classe différente :

            - Un trioxane

TRIOXANE3.gif

            - Une aminoquinoléine

PRIMAQUINE.gif

par exemple ici, la primaquine.

Exemple de trioxaquine :

La trioxaquine PA1259

TRIOXAQUINEPA1259.gif

 

C27H36ClN3O3

Masse molaire

486,046 g.mol-1

Elle est active sur les stades larvaires et adultes de Schistosoma mansoni.

Remarque :

L'artémisinine molécule existant dans la nature est très voisine des trioxaquines ; elle possède le pharmacophore trioxane qui a servi à définir cette classe de molécules.

 

4) Quelques autres antipaludéens

 

AmodiaquineArtémétherArtésunateAtovaquoneChloroquineDihydroartémisinineFerroquineHalofantrine

HydroxychloroquineLuméfantrineMéfloquinePipéraquine - ProguanilPyriméthamineSulfadoxine.

 

Ils sont classés ci-dessous par ordre croissant de l'année de leur découverte ou de leur synthèse.

 

Chloroquine

CHLOROQUINE.gif

 

C18H26ClN3

Masse molaire :

319,872 g.mol-1

Fusion :

90°C

N° CAS :

54-05-7

La chloroquine a été découverte en 1934 par les scientifiques Hans Andersag et collaborateurs. C'est un médicament  utilisé pour prévenir et traiter le paludisme, ainsi que d'autres maladies comme le lupus et la polyarthrite rhumatoïde. Bien qu'elle soit dérivée de la quinine, la chloroquine est produite synthétiquement en laboratoire.

Sulfadoxine

SULFADOXINE

C12H14N4O4S

Masse molaire :

310,329 g.mol-1

N° CAS :

2447-57-6

C'est un antibiotique sulfamide. Comme tous les sulfamides, il empêche la synthèse de l'acide folique (vitamine B9), intermédiaire nécessaire à la synthèse des bases nucléiques et donc à la vie de certaines bactéries.

En association avec la pyriméthamine, il permet de traiter certains paludismes.

Cette molécule a été découverte en 1937 par le biochimiste allemand Gerhard Domagk qui préalablement (1931) avait découvert la sulfonamido-chrysoïdine (Prontosil®) ce qui lui valut le Prix Nobel de physiologie et de médecine en 1939.

Proguanil

PROGUANIL.gif

C11H16ClN5

Masse molaire :

253,731 g.mol-1

Fusion :

129°C

N° CAS :

500-92-5

Ce composé qui a été développé dans les années 1940, appartient à la famille des biguanides, des molécules dérivées de la guanidine :

GUANIDINE

Le biguanide correspond à deux molécules de guanidine ayant un atome d'azote en commun.

BIGUANIDE

Le proguanil est une prodrogue ; il est métabolisé dans le foie en sa forme active, le cycloguanil :

CYCLOGUANIL

Amodiaquine

AMODIAQUINE.gif

C20H22ClN3O

Masse molaire :

355,861 g.mol-1

N° CAS :

86-42-0

Amodiaquine

L'amodiaquine appartient à la classe des médicaments appelés amino-4-quinoléines.
La structure chimique de l'amodiaquine est caractérisée par un noyau de quinoléine, qui est lié à un groupe amino en position 4. Cette structure est essentielle pour son activité antipaludique.
Le mécanisme d'action de l'amodiaquine implique plusieurs processus. Il agit principalement en interférant avec le métabolisme de l'hème chez les parasites du paludisme. En perturbant la détoxification de l'hème, il entraîne une accumulation toxique de substances métaboliques à l'intérieur des parasites, ce qui conduit à leur mort.

Il a été synthétisé pour la première fois en 1948 par des chercheurs français.

Hydroxychloroquine

CHLOROQUINE2.gif

 

C18H26 ClN3O

Masse molaire :

335,872 g.mol-1

N° CAS :

118-42-3

Cette molécule est un médicament qui a été largement étudié et utilisé dans le traitement de diverses maladies, notamment le paludisme, la polyarthrite rhumatoïde et le lupus érythémateux.

C'est un dérivé de la chloroquine.

Elle a été synthétisée pour la première fois dans les années 1950 et est devenue un traitement populaire en raison de ses effets anti-inflammatoires.

L'hydroxychloroquine interfère egalement avec les processus cellulaires des parasites responsables du paludisme.

Pyriméthamine

PYRIMETHAMINE.gif

C12H13ClN4

Masse molaire :

248,711 g.mol-1

Aspect :

Poudre cristalline blanche

Solubilité :

Insoluble dans l'eau

N° CAS :

58-14-0

Molécule découverte dans les années 1950 par des chercheurs de la société pharmaceutique britannique Wellcome Research Laboratories (aujourd'hui GlaxoSmithKline) en tant qu'agent antipaludique.

On a découvert par la suite qu'elle avait aussi des propriétés antiparasitaires.

La pyriméthamine agit en inhibant une enzyme, la dihydrofolate réductase (DHFR) essentielle à la synthèse des folates dans les parasites, ce qui perturbe leur métabolisme et entraîne leur mort.

On l'associe souvent à la sulfadoxine pour augmenter son efficacité.

Pipéraquine

PIPERAQUINE.gif

C29H32Cl2N6

Masse molaire :

535,52 g.mol-1

N° CAS :

4085-31-8

Elle a été synthétisée en France dans les années 1960.

Les résistances à la chloroquine ont redonné de l'intérêt à cette molécule.

La pipéraquine tue les parasites en perturbant la détoxification de l'hème de l'hôte. Elle empêche le parasite de dimériser l'hème en hémozoïne.

Halofantrine

HALOFANTRINE.gif

 

C26H30Cl2F3NO

Masse molaire :

500,43 g.mol-1

N° CAS :

69756-53-2

L'halofantrine est un médicament antipaludique appartenant à la classe des aryl aminoalcools (il possède un noyau phénanthrène). Il a été développé par la société Geigy, aujourd'hui Novartis.
     - Il a été synthétisé pour la première fois en 1967 par une équipe de chercheurs dirigée par Hans-Peter Schmid et Hans Gerold Schieffer à la société Geigy.
     - Il a été introduit sur le marché sous le nom commercial de "Halfan" dans les années 1980.
     - L'halofantrine agit en perturbant le métabolisme du parasite Plasmodium falciparum à plusieurs niveaux, notamment en interférant avec la synthèse de l'ADN et en perturbant la fonction mitochondriale.

     - Il est efficace, en particulier sur les souches de Plasmodium falciparum résistantes à la chloroquine.
     - Son mode d'action exact n'est pas complètement élucidé, mais il est connu pour inhiber la polymérisation de l'hémozoïne, ce qui entraîne une accumulation toxique d'hémoglobine dans les parasites.

Son action a été remise en cause dès 1993, suite à la découverte de sa toxicité cardiaque potentielle.

Méfloquine

MEFLOQUINE2.gif

 

C17H16F6N2O

Aspect :

Solide cristallisé (quand purifié dans le méthanol aqueux).

Masse molaire :

378,311 g.mol-1

Fusion :

178,2°C

N° CAS :

53230-10-7

Antipaludéen sanguin destiné à lutter contre les protozoaires responsables du paludisme (plasmodium) après la phase d'incubation (on les appelle alors schizontes et le médicament est dit schizonticide).

C'est une molécule synthétique contenant le noyau quinoléine, développée dans les années 1970 par des chercheurs de la société pharmaceutique suisse Hoffmann-La Roche.

Luméfantrine

LUMEFANTRINE.gif

C30H32Cl3NO

Masse molaire :

528,940 g.mol-1

N° CAS :

82186-77-4

 

     - La luméfantrine est un médicament antipaludique appartenant à la classe des aryl aminoalcools.
     - Elle est généralement administrée en combinaison avec l'artéméther, formant ainsi une thérapie combinée appelée arthéméther-luméfantrine (AL).
     - Cette combinaison est couramment utilisée pour traiter les infections palustres causées par le parasite Plasmodium falciparum.
     - La luméfantrine a été développée dans les années 1970 par les laboratoires chinois de pharmacologie et de chimie de l'Institut de médecine tropicale de Guilin.
     - À l'origine, elle était utilisée en monothérapie, mais son efficacité était limitée en raison de la résistance émergente du parasite.
     - Son utilisation en combinaison avec l'artéméther a été adoptée plus tard pour lutter contre cette résistance.
     - La luméfantrine agit en perturbant plusieurs processus vitaux du parasite Plasmodium falciparum.
      - En combinaison avec l'artéméther, elle offre une action synergique, augmentant ainsi son efficacité antipaludique.

Artéméther

ARTEMETHER.gif

C16H26O5

Masse molaire :

298,375 g.mol-1

N° CAS :

71963-77-4

C'est un méthoxyméthane semi-synthétique de l'artémisinine.

Cette molécule est plus liposoluble que l'artémisinine.

C'est un précurseur pharmacologique (prodrogue) de la dihydroartémisinine.

L'artéméther a été découvert en 1971 par des scientifiques chinois.

Dihydroartémisinine

ou

DHA

DIHYDROARTEMISININE3.gif

C15H24O5

Masse molaire :

284,3481 g.mol-1

N° CAS :

71939-50-9

C'est un endoperoxyde, dérivé semi-synthétique de l'artémisinine.

La dihydroartémisinine est considérée comme plus stable et possède une meilleure biodisponibilité que l'artémisinine.

Peut être associée à la pipéraquine.

Elle a été découverte en 1973 par des scientifiques chinois.

Artésunate

ARTESUNATE

C19H28O8

Masse molaire :

384,421 g.mol-1

N° CAS :

88495-63-0

L'artésunate est un médicament largement utilisé pour le traitement du paludisme,

C'est un peroxyde de type sesquiterpénique dérivé semi-synthétique, hydrosoluble, du groupe de l'artémisinine.
L'artésunate agit en perturbant la détoxification de l'hème de l'hôte. Il empêche le parasite de dimériser l'hème en hémozoïne. Il provoque une accumulation toxique de l'hème, ce qui entraîne des dommages cellulaires et la mort des parasites.

Il est souvent associé à l'amodiaquine ce qui augmente son efficacité.

Il a été découvert en 1977 par des scientifiques chinois.

Atovaquone

ATOVAQUONE.gif

C22H19ClO3

Masse molaire :

366,837 g.mol-1

Solubilité :

Insoluble dans l'eau

N° CAS :

95233-18-4

L'atovaquone est un médicament antipaludique et anti-protozoaire développé dans les années 1980. Il appartient à une classe de médicaments appelés hydroxynaphtoquinones. Utilisé principalement pour traiter et prévenir le paludisme, l'atovaquone a également montré son efficacité dans le traitement d'autres infections à protozoaires.

L'atovaquone est utilisé souvent en association avec le proguanil ou le proguanil-chloroquine. Il est particulièrement efficace contre les souches de Plasmodium résistantes à d'autres médicaments antipaludiques.

Il inhibe la reproduction du parasite responsable de la maladie.

Ferroquine

FERROQUINE.gif

C23H24ClFeN3

Aspect :

Solide jaune cristallisé

Masse molaire :

433,755 g.mol-1

Fusion :

193 à 195°C

Antipaludique, nouveau dérivé de la chloroquine, conçu en 1994 à l'Université de Lille 1 (Professeur Jacques Brocard).

Il s'agit de l'incorporation d'un motif ferrocénique dans le squelette de la chloroquine.

Il a passé avec succès les phases I et II de développement clinique chez Sanofi-Aventis.

 


Annexe 1

La malaria.

C'est la dénomination du paludisme dans les pays anglo-saxon.

Le mot "malaria" signifie littéralement "mauvais air". Il fait référence à la croyance ancienne selon laquelle le paludisme était causé par la respiration de l'air vicié des marécages où se reproduisaient les moustiques vecteurs de la maladie. Cette théorie a été largement répandue pendant des siècles avant que la véritable cause de la maladie - les parasites du genre Plasmodium transmis par les piqûres de moustiques - ne soit découverte.

Le mot paludisme vient du latin "Palus" (marais).


Annexe 2

Hémoglobine –hème

Les globules rouges ou érythrocytes donnent au sang sa couleur caractéristique. Le colorant rouge est l’hémoglobine, en abrégé Hb.

La partie incolore protéinique de l’hémoglobine est la globine (lat. globulus, sphère).

La globine comporte 4 chaînes d'acides aminés, 2 chaînes a et de 2 chaînes b. Chaque chaîne est constituée d'une hélice qui adopte une conformation spatiale lui donnant une forme globuleuse.

Le groupe prosthétique (gr. prosthetos, lié, ajouté ) est nommé hème, il s’agit d’un complexe (lat. complexus, entouré, embrassé) fer-porphyrine ; le fer est au centre, entouré en carré par les 4 atomes d’azote de la porphyrine (gr. porphura, pourpre) .

Chaque chaîne α et β de la globine possède son propre hème.

Une molécule d'histidine, un acide aminé de la chaîne, occupe une position axiale par rapport à l'hème et est liée au fer(II)  par sa partie imidazole.

L'autre position axiale est d'abord occupée par une molécule d'eau ; elle est dans les poumons remplacée par une molécule d’oxygène liée au fer et a une autre molécule d'histidine.

 

 

 

IMIDAZOLE


Imidazole


 

HISTIDINE.gif

 

 


Histidine


HEME.gif

QUININE13.gif

 Hème

Hémoglobine chargée en oxygène


Annexe 3

Les pharmacophores.

C'est l'ensemble des groupes fonctionnels et leur structure spatiale nécessaires à une molécule pour qu'elle ait des propriétés thérapeutiques données.