GOMMES ET RESINES
NATURELLES
Gérard GOMEZ
avec la collaboration de
Jacques BARON
Plan de
l'étude :
1) Exsudats – résines –
gommes – huiles essentielles
1-1)
Généralités
1-2) Quelques caractéristiques physiques de ces
exsudats
1-2-1) A dominante
résine
1-2-2) A
dominante gomme
1-3) Résine térébenthine, résine mastic, résine dammar, résine
sandaraque, myrrhe, résine d'encens
1-3-1) La résine
térébenthine
1-3-2) la résine mastic
1-3-3)
La résine dammar
1-3-4)
La résine sandaraque
1-3-5)
La myrrhe
1-3-6)
La résine d'encens
1-4)
Résines fossiles
1-4-1)
L'ambre
1-4-2)
Le copal
1-5) Exsudats
balsamiques ou baumes
1-6) Gomme arabique,
gomme adragante, gomme karaya
1-6-1)
La gomme arabique
1-6-2)
La gomme adragante
1-6-3)
La gomme karaya
1-6-4)
La gomme ghatti
2) Extractions des
oléo- résines
2-1) Les cistes
2-2) Les
extractions
2-2-1)
Différentes fractions extraites
2-2-2)
Quelque molécules extraites du ciste labdanifère (Cistus
ladaniferus)
2-2-3)
Matière extractible de différents cistes
Annexe 1 La sève d'un végétal
Annexe 2 Extraction du labdanum de
différents cistes
Annexe 3 Le noyau labdane
1) Exsudats – résines –
gommes – huiles essentielles :
1-1)
Généralités :
L'exsudation de certaines espèces de plantes
est un phénomène naturel qui leur permet de soigner leurs blessures ou de se
prémunir contre certaines invasions d'insectes, de champignons voire de
micro-organismes ou contre la sécheresse.
La plupart des exsudats végétaux
appelés résines sont en fait des oléo-gommes-résines, c'est-à-dire formés de 3
fractions qui peuvent être séparées :
·
des huiles essentielles (fraction oléo)
qui sont des mono ou des sesquiterpènes accompagnés d'une partie de polymères
de monoterpènes. Les huiles essentielles sont souvent volatiles et s'évaporent
dès que l'exsudat est à l'air.
·
des polysaccharides (fraction gomme) :
ce sont des macromolécules osidiques ramifiées contenant souvent des acides
uroniques.
Ces deux parties constituant la fraction
non résineuse de l'exsudat.
·
une partie résineuse, non-volatile
formée d'acides diterpéniques ou triterpéniques mélangés avec certains alcools,
aldéhydes et esters.
Remarque : Parfois l'une des
fractions est soit absente soit présente en quantité très faible :
Si ce sont les huiles essentielles on
dit qu'il s'agit d'une gomme-résine.
Si ce sont les polysaccharides on dit
qu'il s'agit d'une oléo-résine.
Si c'est la résine on dit que c'est une
oléo-gomme.
1-2) Quelques caractéristiques physiques
de ces exsudats :
1-2-1) A dominante résine
:
A la sortie de l'écorce des
végétaux, ce sont des sucs visqueux ; après évaporation des essences et huiles
essentielles ces sucs s'épaississent et deviennent des résines ;
Elles sont donc solides ou
semi-fluides (cela dépend de la quantité d'huiles essentielles qui les
accompagnent). Solides elles sont plus ou moins transparentes, friables, à
cassure vitreuse, inflammables, généralement solubles dans l'éthanol et
insolubles dans l'eau.
1-2-2) A dominante gomme
:
Ce sont des substances
mucilagineuses (polysaccharides) présentant plus d'affinité pour l'eau que les
résines ; au contact de l'eau certaines se dissolvent partiellement mais toutes
augmentent de volume (elles gonflent) et prennent une consistance visqueuse
comparable à la gélatine.
Les gommes seraient dues à
la transformation de polysaccharides des parois des cellules, certains disent
de l'amidon.
Les gommes naturelles sont
généralement insolubles dans l'éthanol.
Les gommes-résines sont
d'autant plus molles qu'elles contiennent davantage de gommes (à cause de
l'humidité qui les ramollit).
1-3) Résine térébenthine,
résine mastic, résine dammar, résine sandaraque, la myrrhe, la résine d'encens
1-3-1) La résine térébenthine
:
On dit aussi baume
térébenthine ou plus simplement térébenthine.
La térébenthine (du latin terebinthina) est le
nom donné à certaines oléo-résines souples, semi-liquides extraites de
différents arbres :
Le térébinthe (térébenthine de Chio
(île grecque de la mer Egée)), qui est un arbre des régions méditerranéennes
(famille des térébinthacées, genre pistachier).
Le mélèze (térébenthine de Venise).
Le sapin (térébenthine d'Alsace).
Le pin maritime (térébenthine de
Bordeaux).
La
distillation des résines térébenthines fournit l'essence de térébenthine, un
liquide à odeur typique et un solide composé d'acides résiniques : la
colophane.
La
composition moyenne d'une résine térébenthine est environ 15% d'acide
abiétique, 55 à 60% d'autres acides résiniques et 20% d'essence.
- Acide abiétique :
- D'autres acides résiniques
:
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La
distillation des résines térébenthines, fournit l'essence de térébenthine, dont
les principaux constituants sont des terpènes à odeur caractéristique.
|
|
l'α-pinène ou térébenthène. |
ainsi
que l'α-terpinéol, |
La résine
est parfois utilisée en médecine comme baume expectorant ou comme antiseptique
urinaire ; l'essence sert de solvant pour les peintures à l'huile.
1-3-2)
la résine mastic :
C'est une oléo-résine qui suinte du
tronc et des branches principales du lentisque ou arbre à mastic (Pistacia
lentiscus) que l'on trouve dans les régions méditerranéennes et notamment
dans l'île grecque de Chio ou que l'on extrait par incision des tiges ou des
branches de plantes de la famille des Anacardiacées.
On y trouve essentiellement :
·
des huiles essentielles en petites
quantités (environ 2%) avec comme molécules majoritaires
|
|
de l'α-pinène |
du β-pinène |
accompagnées d'un polymère, le
cis-1,4-poly-β-myrcène
provenant d'un monoterpène le
β-myrcène
·
on y trouve aussi des triterpénoïdes
tels que
|
|
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l'acide moronique |
l'acide oléanonique |
Elle a été utilisée et l'est encore de
nos jours, mais très peu, pour fabriquer des chewing-gums ; on la retrouve
aussi dans certains dentifrices, parfums, liqueurs et aussi pour aromatiser les
pâtisseries.
Elle a été utilisée jadis par les
peintres d'art pour fabriquer un gel, le megilp, que l'on ajoutait aux
peintures à l'huile pour en accélérer le séchage.
Elle peut être considérée comme une
gomme-résine.
Il s'agit d'un exsudat des arbres de la
famille des Dipterocarpaceae dont Shorea et Hopea.
·
On y trouve très peu d'huiles
essentielles, sans monoterpène et avec des sesquiterpènes en faible quantité
α-gurjunène |
β-gurjunène |
β-gurjunène (autre formule
trouvée dans la littérature) |
accompagnées de polycadinène
·
une partie saccharidique
·
des triterpénoides comme
|
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|
l'acide oléanonique |
l'acide ursonique |
l'acide
dammarénolique |
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|
La résine dammar sert à fabriquer des
vernis de protection des peintures à l'huile que les peintres utilisent pour faire
leurs tableaux ; les peintres l'utilisent aussi pour obtenir des médiums maigres destinés à
modifier la consistance de la peinture.
1-3-4)
La résine sandaraque :
Deux définitions pour cette résine qui
a été utilisée du XIIème au XVème siècle comme vernis alcoolique (dissoute dans
de l'huile de lin et de l'alcool) puis de nouveau au XVIIème siècle et au
XVIIIème comme vernis maigre :
C'est de cette dernière
dont il va être question ici.
Elle est constituée
majoritairement de composés diterpéniques (20 carbones) ; des molécules
De type
abiétane |
De type
pimarane |
De type
labdane |
Le principal monomère
diterpénique est par exemple l'acide
sandaracopimarique (de type pimarane) :
On y trouve aussi de l'acide agathique (de type labdane (voir annexe
3)) :
Ainsi que des phénols comme
par exemple le totarol :
Ou des alcools comme le sandaracopimarinol
:
C'est une
oléo-gomme-résine brun-rougeâtre à 60% de gomme et 30% de résine qui suinte
naturellement du tronc de Commiphora myrrha (Burséracées).
Sa distillation conduit à une huile essentielle orangée appelée parfois
myrrhol.
De
nombreuses molécules composent la résine parmi lesquelles :
- Des hydrocarbures
sesquiterpéniques
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(+) - α - Elémène |
(-) - β - Elémène |
(-) - d - Elémène |
(-) - α - Copaène |
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β - Sélinène |
β – Bourbonène |
α - Cubebène |
- Des sesquiterpènes à noyau furanne
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Furanoeudesma-1,3-diène |
- Des alcools, des cétones
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β- Elémol |
Germacrone |
Curzérénone |
1-3-6) La résine d'encens :
Par incision
du tronc de Boswellia carterii (Burséracées)
l'arbre à encens ou oliban, des arbustes du nord-est de l'Afrique et de
l'Arabie (Nord de la Somalie, Soudan Ethiopie) des régions arides car ces
arbres ont besoin de chaleur et de sécheresse pour prospérer, on obtient une
oléo-gomme-résine à 75% de résine. La sécrétion de l'arbre se présente comme
une substance pâteuse qui se solidifie
lentement à l'air libre ; chaque arbre donne environ 1kg de résine par an.
Parmi les
nombreuses molécules identifiées, on trouve :
- dans la partie
résine :
·
Des hydrocarbures diterpéniques
|
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Cembrène |
Verticilla-4(20),7,11-triène |
·
Des triterpènes pentacycliques
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Acide β-boswellique |
Acide acétyl-α-boswellique |
Acide acétyl-β-boswellique |
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Acide 9,11-déhydro-α-boswellique |
Acide 9,11-
déhydro-β-boswellique |
Acide acétyl-9,11-déhydro-α-boswellique |
Acide acétyl-9,11-déhydro-β-boswellique |
|
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Acide acétyl-lupéolique |
Acide 11-céto-β-boswellique |
Acide 3-O-acétyl-11-céto-β-boswellique |
|
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α-Amyrine |
β-Amyrine |
β-Amyrénone |
- dans la partie
huiles essentielles :
·
Des hydrocarbures dont certains terpéniques et d'autres
aromatiques
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α-Pinène |
α-Phellandrène |
β - Myrcène |
β-Caryophyllène |
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d-cadinène |
allo-Aromadendrène |
β - Bourbonène |
β – Elémène |
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Sabinène |
Limonène |
p.Cymène |
·
Des alcools terpéniques, des esters :
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α-Terpinéol |
Bornéol |
t- Cadinol |
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Cinéol |
Viridiflorol |
Ethanoate d'octyle |
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Ethanoate de bornyle |
Ethanoate de néryle |
Ethanoate de géranyle |
- Dans la partie
gomme :
·
Des polysaccharides correspondants aux monomères
suivants :
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D-Galactose |
D-Arabinose |
D-Mannose |
Acide 4-méthyl-D-Glucuronique |
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D-Xylose |
Acide galacturonique |
L-Rhamnose |
1-4) Résines fossiles
1-4-1) L'ambre
L'ambre est
une oléorésine durcie provenant de la sève (voir annexe 1)
de divers types d'arbres parmi lesquels des conifères Ifs, Cyprès, Araucarias,
Pins (Pinus succinifera) qui ont été ensevelis pendant plusieurs
millions d'années ; certains de ces arbres constituaient de grandes forêts à
l'oligocène, à travers toute l'Europe. Les constituants de la sève soumis à
diverses conditions de température et de pression ont évolué chimiquement en
subissant des polymérisations.
Les ambres à
inclusions (animales ou végétales) sont datées du trias (- 230 millions
d'années) pour les plus anciens. Les plus fréquents (ambres cénozoïques) datent
de (-64 à -1 millions d'années).
On trouve
dans l'ambre :
- Du succinate
de méthyle
- Des monoterpènes
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Camphre |
Bornéol |
α-Fenchol |
Fenchone |
- Des diterpènes et en particulier
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L'ester méthylique de l'acide isopimarique |
L'acide déhydroabiétique |
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|
L'acide ozoïque |
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Le communol |
La structure
polymérique des ambres n'est pas simple à déterminer ; il a été établi que dans
l'ambre de la Baltique on trouve entre autres des chaînes d'acide communique et
des chaînes d'acide ozoïque :
|
|
Polymère de l'acide communique |
Polymère de l'acide ozoïque |
On trouve
également des polymères constitués de chaînes de communol réunies par des molécules
d'acide succinique ou des chaînes d'ozol réunies aussi par des molécules
d'acide succinique :
|
|
Acide
succinique réunissant deux chaînes de communol. |
Acide
succinique réunissant deux chaînes d'ozol. |
|
On classe
les ambres en fonction de la quantité de dérivés succiniques qu'ils
contiennent ; c'est l'acide succinique (ou ses dérivés) qui donne à l'ambre
une odeur balsamique lorsqu'on le ponce. L'ambre
est relativement peu dense ; il flotte dans l'eau de mer. C'est sur les
rivages des pays baltes et sur la mer Baltique que l'on retrouve les plus
importants dépôts marins. L'ambre
présente naturellement un phénomène de fluorescence ; lorsqu'il est excité
par des UV avec des longueurs d'onde variables (365 à 254 nm) en devenant
bleu vert ou même rouge. C'est une
substance plutôt tendre (2 à 3 sur l'échelle de Mohs qui compte 10 échelons)
; l'ambre le plus dur permet la fabrication de bijoux. |
1-4-2) Le copal
C'est une
oléo-résine provenant de divers arbres ou plantes comme par exemple Hymenaea
verrucosa (Madagascar, Tanzanie, Kenya).
Ces résines
ont plusieurs milliers d'années ; elles sont donc plus jeunes que les ambres et
n'ont pas évolué chimiquement autant que celles-ci.
De couleur
plus claire que l'ambre, c'est une substance très tendre (1 sur l'échelle de
Mohs), qui présente une fluorescence blanche.
On l'utilise
actuellement à la fabrication de vernis gras.
On trouve
dans le copal seulement des composés diterpéniques dont le plus important est
l'acide déhydroabiétique, mais aussi de l'acide ozoïque et de l'ozol :
|
|
|
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Acide déhydroabiétique |
Acide ozoïque |
Ozol |
Acide agathique |
Comme dans
l'ambre on trouve des chaînes polymères de l'acide ozoïque ainsi que des
chaînes d'ozol réunies par des molécules d'acide succinique :
|
|
Polymère de l'acide ozoïque |
Acide succinique réunissant deux chaînes d'ozol |
1-5) Exsudats
balsamiques ou baumes
Le
baume du Pérou exsudat d'un arbre d'Amérique centrale (Myroxylon balsamum)
ou le benjoin du Laos obtenu par incision de Styrax tonkinensis sont des
exemples de composés classés comme résines phénoliques car elles sont composées
majoritairement de dérivés benzoïques et cinnamiques et non de
terpénoïdes (bien que ces composés soient aussi présents).
On
trouve entre autres composés aromatiques :
|
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Benzoate de benzyle |
Benzoate de p-coumaryle |
Benzoate de coniféryle |
|
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Cinnamate de benzyle |
Cinnamate de cinnamyle |
Vanilline |
Quelques
composés triterpéniques également présents :
|
|
Acide sumaresinolique |
1-6) Gomme arabique,
gomme adragante, gomme karaya :
1-6-1) La
gomme arabique
C'est
un exsudat solidifié de la sève de l’Acacia senegal que l'on trouve au
Soudan, au Tchad, au Niger, au Sénégal, au Mali et en Mauritanie.
La
gomme arabique, poudre jaune clair ou légèrement ambrée, sans odeur, soluble
dans l’eau et très peu soluble dans l’éthanol est utilisée comme émulsifiant et
comme support d’arômes dans l’industrie agro-alimentaire sous le code E414 ;
c’est un polysaccharide dont la masse molaire est comprise entre 3.105
et 106 g.mol-1.
Les
principaux éléments le constituant sont :
|
|
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Le D-galactose |
Le
L-arabinose |
Le
L-rhamnose |
L'acide
D-glucuronique |
L'acide
arabique entre aussi dans sa composition :
En peinture d'art on l'utilise
essentiellement pour les gouaches et les aquarelles.
L'ensemble
eau + gomme arabique à concentration élevée servira de liant ; la gomme
arabique facilitera la dispersion des grains du pigment dans l'eau et
maintiendra ces pigments en suspension. Elle jouera le rôle de colle et fixera
ces pigments sur le support.
1-6-2) La gomme adragante
C'est un
exsudat obtenu à partir de la sève de plusieurs espèces de plantes, du genre Astragalus
que l'on trouve essentiellement en Iran, en Turquie, en Syrie.
Elle se
présente sous forme de rubans translucides blancs ou jaune pâle finement
striés.
C'est un
mélange de plusieurs polyosides :
·
35% environ de tragacanthine un
polyoside ramifié constitué d'unités arabino-galactanes c'est-à-dire des
chaînes de D-galactoses liés en β-1,4 et associées à des unités
arabinofuranoses.
·
65% environ de bassorine, un polymère
formé par des chaînes d'acides α-D-galacturonique liés en α-1,4,
substituées par des résidus galactose, xylose et fucose :
La
gomme adragante est l'additif alimentaire E 413 (émulsifiant, épaississant,
gélifiant). Elle est utilisée également en cosmétique comme émulsifiant des
crèmes. On s'en sert parfois pour imperméabiliser les textiles.
C'est
un liant utilisé aussi dans la fabrication des aquarelles.
1-6-3) La gomme karaya (ou sterculia)
Exsudat
durci à l'air, obtenu par incision du tronc ou des branches de Sterculia urens ou d'autres arbres de la
famille des Sterculiacées (Afrique de l'Ouest ou Inde).
Elle se
présente en petits "cailloux" irréguliers translucides et légèrement
roses ou bruns.
C'est
un polysaccharide acétylé de type glycanorhamnogalacturonane (donc composé
d'α-D-galactose, de α-L-rhamnose et d'acide D-glucuronique ou
D-galacturonique), de masse molaire située entre 5.106 et 8.106
g.mol-1,
|
|
Acide galacturonique |
Acide glucuronique |
Difficilement
soluble dans l'eau, elle est pratiquement insoluble dans l'éthanol.
Principales
propriétés : son pouvoir épaississant, sa forte viscosité et son pouvoir
émulsifiant.
C'est
un additif alimentaire codé E416.
1-6-4) La
gomme ghatti
C'est
un exsudat visqueux d'un arbre de taille petite ou moyenne des forêts de l'Inde
ou du Sri-Lanka, Anogeissus latifolia de la famille des Combretacées.
De
couleur jaune pâle cet exsudat est soluble dans l'eau en donnant un mucilage
très épais. C'est un bon substitut à la gomme arabique.
C'est
un polysaccharide contenant du D-mannose, du D-galactose, du L-arabinose, du D-
xylose, du rhamnose, et de l'acide glucuronique.
Autorisée
par l'industrie agro-alimentaire elle est répertoriée E419 et sert de
stabilisant ou d'émulsionnant.
2) Extractions des
oléo- résines :
Nous
allons prendre un exemple concret celui de l'extraction du labdanum
des cistes.
2-1) Les cistes :
Ce sont
des arbrisseaux formant des buissons touffus à feuilles persistantes, du genre
Cistus et de la famille des Cistacées.
Ils
poussent dans les endroits chauds et ensoleillés. On les trouve notamment sur
le pourtour méditerranéen (Sud de la France, Espagne, Maroc, Algérie …) mais
aussi au Portugal.
On
trouve des cistes
- à fleurs blanches : Cistus
ladaniferus (Ciste labdanifère ou à gomme) – Cistus monspeliensis
(Ciste de Montpellier) – Cistus salvifolius (Ciste à feuilles de sauge)
|
|
Cistus monspeliensis (Ciste de
Montpellier) |
Cistus salvifolius (Ciste à feuilles
de sauge) |
(Photographies
A. Margarit)
- à fleurs violettes : Cistus
albidus (Ciste blanc ou cotonneux) – Cistus crispus (Ciste crépu) – Cistus
purpureus (Ciste pourpre) – Cistus creticus (Ciste de Crête)
|
Cistus albidus (Ciste blanc ou
cotonneux) |
Les
cistes sont des plantes pyrophiles, elles ont besoin de feu pour leur
reproduction. Lors d'un incendie la chaleur du feu ou des fumées dégagées
permet de lever la dormance de ses graines ; en effet l'imperméabilité à l'eau
d'un tégument interne de ces graines est un obstacle à la germination. Lors d'un
échauffement (50°C à 150°C) il y a craquellement de ce tégument et la dormance
est levée.
Durant
la chaleur de l'été, les poils glandulaires des feuilles et des tiges sécrètent
une oléo-résine collante, brune, le labdanum qui empêche l'arbrisseau de se
déshydrater.
Autrefois
on le récoltait en passant des peignes sur la toison des chèvres qui se
frottaient contre l'arbuste, au pâturage.
2-2) Les extractions :
Les
produits issus des cistes ont été autrefois utilisés à des fins médicinales ;
on leur attribuait des propriétés antiseptiques et anti-inflammatoires.
Aujourd'hui
ils sont exclusivement réservés à l'industrie des parfums.
Leur
odeur chaude ambrée, boisée, musquée, poivrée très forte et persistante se
retrouve dans certains parfums de Yves Saint Laurent ou d'Azzaro … comme note
de fond. L'odeur de tabac du résinoïde permet d'en faire, en parfumerie, un
fixateur qui remplace l'ambre gris.
2-2-1) Différentes
fractions extraites :
On les
obtient par entraînement à la
vapeur d'eau.
On immerge des rameaux feuillus dans de l'eau et on envoie dans ce bain, de la
vapeur d'eau sous légère pression.
La
vapeur d'eau "entraîne les essences" du végétal qui sont peu solubles
dans l'eau, sous forme de vapeur et ce mélange (vapeur d'eau et essences
vaporisées) est ensuite condensé dans un réfrigérant à serpentin. Le mélange
hétérogène est ensuite décanté (séparation par différence de densité) et l'on
obtient d'un côté les essences ou huiles essentielles et de l'autre l'eau florale.
Dans le
cas des cistes, les huiles essentielles constituent un liquide brun orangé de
densité voisine de 0,95. Le rendement est faible (environ 0,1%)
- Concrète
On
procède par extraction aux solvants. On fait macérer à froid les rameaux
feuillus dans de l'hexane ou de l'éther (éthoxyéthane), puis on filtre et on
concentre sous vide.
On
obtient un solide brun foncé à forte odeur ambrée avec des notes épicées. Le
rendement est de 5% environ.
- Absolue
On lave
la concrète à l'éthanol puis on filtre pour éliminer les cires et on concentre
sous vide.
On
obtient un liquide très visqueux à odeur comparable à celle de la concrète. Le
rendement par rapport à la concrète est d'environ 65%.
Les
rameaux feuillus sont immergés quelques heures dans de l'eau chaude carbonatée
afin d'éliminer les cires épicuticulaires et les composés lipidiques.
On
acidifie le milieu et on obtient une masse pâteuse, la résine brute qui est
essorée et séchée. On traite alors par l'éthanol puis on concentre sous vide.
On
obtient un solide pâteux brun foncé à odeur ambrée, boisée, balsamique très
persistante. On lui a donné le nom d'ambre végétal.
Remarque : Les traitements
mis en oeuvre pour obtenir ces différentes fractions peuvent influer sur les
odeurs ; en effet des réactions chimiques dues par exemple à l'utilisation de
solvants peuvent intervenir qui transforment certaines molécules ;
l'utilisation de l'éthanol peut conduire par réaction avec des fonctions acide
à des esters.
2-2-2) Quelque
molécules extraites du ciste labdanifère (Cistus
ladaniferus) :
Les
molécules présentes sont très nombreuses (environ 300 dans la résine de
labdanum dont 186 identifiées ; 154 sont neutres et 32 sont acides) et il
serait difficile d'en faire un état exhaustif ; on va donc citer les plus
importantes :
- Huiles essentielles
95% des
huiles essentielles sont constituées par les 186 composés identifiés dans la
résine de labdanum. Le tableau ci-dessous en répertorie quelques-unes ; on a placé
entre parenthèses le pourcentage extrait pour certaines d'entre elles ; cette
composition n'est qu'à titre indicatif car elle dépend de la provenance de
l'échantillon analysé et de la façon dont l'extraction a été menée.
·
Hydrocarbures :
|
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|
|
α-pinène (35%) |
Camphène (10%) |
Limonène (2,3%) |
|
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(+) Aromadendrène |
allo Aromadendrène (1,2%) |
1,5-cis-Aromadendr-9-ène |
·
Oxydes :
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Eucalyptol |
Oxyde de nérol |
Oxyde de sclaréol |
Oxyde de pinène |
|
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(-) cis Oxyde de rose |
(-) trans Oxyde de rose |
Ambrox ou Ambroxide |
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|
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Oxyde de linalol |
|
·
Aldéhydes :
|
|
|
Aldéhyde campholénique (0,8%) |
Cuminaldéhyde |
|
|
|
|
Tétradécanal ou myristaldéhyde |
Myrténal |
β-Cyclocitral |
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Décanal |
Undécanal |
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Cétones :
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2,2,6-Triméthylcyclohexanone (5,7%) |
Tagétone |
Acétophénone |
Trans non-3-èn-2-one |
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Camphre |
Carvone |
Pinocamphone |
Isopinocamphone |
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Pinocarvone |
6-acétoxy-11-nor-drim-7-èn-9-one
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β-Ionone |
2,6,6-Triméthylcyclohex-2-ènone |
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Alcools :
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Linalol |
Trans-pinocarvéol
(3,4%) |
Bornéol (1,0%) |
Terpinèn-4-ol
(1,8%) |
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Palustrol |
Lédol |
Viridiflorol |
Cubéban-11-ol |
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1,2-déhydroviridiflorol |
Copabornéol |
α-Ambrinol |
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Alcools diterpéniques :
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15-nor-labdan-8-ol |
Labd-8(17)-èn-15-ol |
Labd-7-èn-15-ol |
Labd-8-èn-15-ol |
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Phénols :
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Eugénol |
Carvacrol |
Déhydrocarvacrol |
Thymol |
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Acides :
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Acide α-campholénique |
Acide α-campholytique |
Acide dihydrocinnamique |
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Acide géranique |
Acide décanoïque |
Acide nonanoïque |
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Acide
labd-7-ènoïque |
Acide myrténique |
Acide labd-8 (17)-ènoique |
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Acide
palmitique |
Acide labd-8-ènoïque |
Acide octanoïque |
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Acide
myristique |
Acide laurique |
Acide undécanoïque |
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Esters :
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Ethanoate de bornyle
(3,7%) |
Ethanoate de
trans-pinocarvényle |
Ethanoate de myrtényle |
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Dihydrocinnamate d'éthyle |
Dihydrocinnamate de
méthyle |
Massoia lactone |
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Tubérolactone |
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Les hydrocarbures participent peu à l'odeur de l'huile essentielle
; ce sont les composés oxygénés et en particulier les diterpéniques qui donnent
à ces huiles leur note ambrée.
- Concrète et
absolue :
Outre la fraction volatile dans laquelle on retrouve de nombreux
composés déjà cités dans l'huile essentielle :
Aromadendrène, allo-aromadendrène, lédène, bornéol, trans
pinocarvéol, palustrol, lédol, cubéban-11-ol, copabornéol, pinocamphone et
iso-pinocamphone ….
mais aussi des composés plus lourds (diterpènes C20) en
quantité plus importante :
labd-7-èn-15-ol, labd-8-èn-15-ol, labd-8(17)-èn-15-ol, acide
labd-8-ènoïque …
ainsi que des acides aromatiques
et en particulier :
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Acide anisique |
Acide trans-cinnamique |
Acide benzoïque |
….
et des acides gras :
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Acide palmitique (C16) |
Acide stéarique (C18) |
Acide eicosanoïque (C20) |
….
Remarque : dans l'absolue, le lavage
de la concrète à l'éthanol fait qu'une partie des acides sont estérifiés.
- Résinoïde
labdanum :
C'est un ensemble très complexe.
Les molécules présentes dans l'huile essentielle, la concrète et
l'absolue se retrouvent pour la plupart
dans le résinoïde ; mais sont présents aussi un grand nombre de
diterpènes à structure labdane (voir annexe 3) tels
que :
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Acide labdanolique |
15-acétoxy-labdan-8-ol |
15-acétoxy-labd-8,9-ène |
….
Certaines données
sur les cistes produites ci-dessus proviennent du site www.albertvieille.com
2-2-3)
Matière extractible de différents cistes :
Une étude ancienne (1933), très intéressante, faite par un
pharmacien de Béziers (voir annexe 2) nous
permet d'avoir un ordre de grandeur de la quantité de matière extractible dans
les sommités feuillées de différents cistes que l'on trouve couramment dans le
midi de la France.
Le mode opératoire suivi a été le suivant :
- Sommités
feuillées recueillies 2 jours après la cueillette.
- Macération
durant deux jours dans le solvant qui allait servir à l'extraction.
- Extraction au
Soxhlet.
- Distillation du
solvant pour le chasser.
- Le résidu concentré
obtenu est évaporé à sec dans une capsule tarée.
- On pèse la
capsule.
Le tableau ci-dessous résume les résultats obtenus ; on peut ainsi
voir que l'éthanol semble le meilleur solvant d'extraction et Cistus ladaniferus le ciste le plus riche
en résine.
Pour
100 g de matière (dessication naturelle) |
Ethanol On a
recueilli |
Ethoxyéthane On a
recueilli |
Benzène On a
recueilli |
Cistus
ladaniferus |
50 g de
matière |
14,78 g de matière |
12,30 g de
matière |
Cistus
laurifolius |
Très
peu |
8,77 g |
9,89 g |
Cistus
monspeliensis |
40 g |
6,98 g |
8,23 g |
Cistus albidus |
Très
peu |
4,40 g |
4,00 g |
Cistus salvifolius |
35 g |
2,96 g |
3,70 g |
Cistus crispus |
26,90 g |
4,40 g |
3,54 g |
Annexe 1 La sève
d'un végétal
On distingue :
- La sève brute
constituée d'eau et de sels minéraux qui circule des racines
vers les organes donnant lieu à la photosynthèse.
- La sève élaborée qui contient de l'eau et des substances
nutritives principalement des glucides formés lors de la photosynthèse et qui
va des feuilles vers les organes de la plante.
Annexe 2 Extraction du labdanum de
différents cistes
Documents fournis par M. André
Margarit que je remercie vivement.