HUILES ESSENTIELLES
Gérard GOMEZ
Plan de
l'étude :
1) Définitions des huiles essentielles
1-1) Définitions
réglementaires
1-2) Le point
de vue du chimiste
2) Origine des huiles essentielles
2-1) Localisation
2-3) Facteurs
influençant la composition
3) Les grandes familles de composés
3-1) Les
hydrocarbures terpéniques
a) Monoterpènes
3-2) Les
composés terpéniques oxygénés
a) Alcools
b) Aldéhydes
c) Cétones
e) Esters
b) Composés dérivés du phénylpropane
4) Composition de quelques huiles essentielles
4-1) Huile
essentielle de menthe
4-2) Huile
essentielle de thym
4-3) Huile
essentielle de lavande
5) Rôle des huiles essentielles dans la plante
6) Utilisation des huiles essentielles
1) Définitions des huiles essentielles :
1-1) Définitions
réglementaires :
Celle
adoptée par la pharmacopée européenne en mai 2008 précise :
"Produit
odorant, généralement de composition complexe, obtenu à partir d'une matière
première végétale botaniquement définie, soit par entraînement à la vapeur
d'eau, soit par distillation sèche, soit par un procédé mécanique approprié
sans chauffage. L'huile essentielle est le plus souvent séparée de la phase
aqueuse par un procédé physique n'entraînant pas de changement significatif de
sa composition."
Cette
définition recoupe la norme ISO9235 (Annexe 1).
1-2) Le point de
vue du chimiste :
Il
s'agit de mélanges plus ou moins complexes dans lesquels on trouve des
hydrocarbures terpéniques, mais aussi des alcools, des aldéhydes, des cétones,
des éthers-oxydes, des esters, des phénols …
Au vu
de cette composition on peut s'étonner de l'appellation huile, ce terme étant
généralement réservé, s'agissant de végétaux, à des triacylglycérides souvent
appelés triglycérides, c'est-à-dire des triesters d'acides gras et de glycérol.
C'est
vraisemblablement leur très faible solubilité dans l'eau et pour certains leur
consistance, caractères qui les rapprochent des huiles végétales, qui ont
contribué à l'utilisation de ce terme.
Quoiqu'il
en soit, l'expression pourrait être remplacée par "essences
végétales" et le qualificatif "essentielles" ne signifie en
aucune façon que ces substances sont primordiales, comme c'est le cas pour
certains acides aminés indispensables.
2) Origines des huiles essentielles :
2-1) Localisation
:
D'origine
végétale, ces huiles essentielles peuvent être localisées (et donc extraites)
dans différentes parties d'une plante suivant la nature de celle-ci ; par
exemple :
- Dans les feuilles pour le romarin,
l'eucalyptus, la sauge ….
- Dans l'écorce pour le cannelier …
- Dans le bois pour le cade
(genévrier).
- Dans les péricarpes des fruits
pour les oranges, les citrons ….
- Dans les graines pour l'aneth.
- Dans les fleurs pour le jasmin, la
camomille ….
- Dans les rhizomes pour le
gingembre, la valériane …..
Des cellules
spécialisées élaborent ces substances. Elles peuvent être réunies pour former
des poches ou des canaux sécréteurs, ces derniers sont distincts des vaisseaux
conducteurs de sève.
2-2) Techniques
d'extraction :
On
met la substance végétale (fleurs, feuilles, écorces…) dans de l'eau et l'on
fait bouillir cet ensemble. La vapeur d'eau "entraîne les essences"
du végétal qui sont peu solubles dans l'eau, sous forme de vapeur et ce mélange
(vapeur d'eau et essences vaporisées) est ensuite condensé dans un réfrigérant
à serpentin. Le mélange hétérogène est décanté (séparation par différence de
densité) et l'on obtient d'un côté les essences ou huiles essentielles et de
l'autre l'eau florale.
Les
techniques évoluant, on peut aujourd'hui améliorer l'extraction en chauffant
par un flux micro-ondes de puissance adaptée. L'énergie pénètre aussitôt plus
profondément au sein de la matière traitée. On réalise ainsi un entraînement à
la vapeur d'eau par l'eau du végétal lui-même. Il n'y a pas introduction de
substance étrangère. En outre, la durée de l'opération est notablement
raccourcie.
C'est
le cas de l'huile de cade.
Les
morceaux de troncs et de branches de cade (genévrier) sont entassés dans une
cuve, avec foyer extérieur. Il s'élève une vapeur qui conduite à l'extérieur,
se condense spontanément.
On
peut soumettre la peau des agrumes (zeste d'orange, de mandarine, de
pamplemousse…) à une pression à froid en les faisant passer entre des rouleaux
par exemple.
C'est
une technique utilisée pour certains arbres ; on incise avec une pointe, le
tronc et on enlève une étroite bande d'écorce de quelques centimètres de long,
pour recueillir une gomme-résine qui durcit en séchant. C'est ainsi par exemple
que l'on recueille l'oliban (encens) d'un arbre mâle (3m de haut à maturité) du
genre Boswellia qui vit en Somalie au Yémen et en Inde, de la famille des
térébinthacées.
Remarque :
Les
métabolites secondaires des plantes sont très répandus .
Outre
les huiles essentielles, on trouve des extraits naturels comprenant certains
parfums, des alcaloïdes, des colorants, …..
D’autres
procédés peuvent alors s’appliquer pour les obtenir :
-
Macération, fréquemment appelée aussi extraction au solvant
On
fait macérer à froid les végétaux dans de l'hexane ou de l'éther (éthoxyéthane)
puis on filtre et on concentre sous vide. On obtient les concrètes pour les
fleurs et les résinoïdes pour les gommes, les résines…
-
Extraction par le dioxyde de carbone supercritique
A
une température relativement basse (31°C) et sous pression (73,8 bars), le
dioxyde de carbone prend un état dit supercritique, intermédiaire entre l'état
gazeux et l'état liquide propice à l'extraction par dissolution de certaines
molécules (molécules apolaires) contenues dans les végétaux (Un fluide est dit
supercritique lorsqu'il est placé dans des conditions de température et de
pression au-delà de son point critique. Les fluides supercritiques ont une
viscosité proche de celle des gaz, une masse volumique proche de celle des
liquides et une diffusivité intermédiaire entre celle des liquides et des gaz.
En ce qui concerne le pouvoir solvant, la solubilité des différents composés
dans un mélange peut évoluer avec les conditions de température et de pression).
Il suffit ensuite d'abaisser la pression (détente) pour éliminer le dioxyde de
carbone qui passe à l'état gazeux. L'avantage de cette méthode est de pouvoir
extraire les molécules odorantes sans les dénaturer (la température est assez
basse et permet de garder toute les facettes olfactives) et d'éliminer le
solvant ensuite sans résidu. C'est une technique onéreuse et réservée aux
produits de haute valeur ajoutée (notamment dans l'industrie des arômes
alimentaires).
On
peut considérer que c'est une extraction au solvant avec un solvant vraiment
très spécial et dont la séparation est la plus intéressante qui soit.
- Enfleurage
C'est une technique qui peut être utilisée à
froid ou à chaud et qui convient pour les fleurs,
Ø A froid pour les fleurs
fragiles, celles dont l'odeur disparaît rapidement après la cueillette ; elle
consiste à faire absorber par un corps gras olfactivement neutre (aujourd'hui
de la vaseline, hier de l'huile végétale ou des graisses animales mélangées)
les molécules odorantes. Dans la pratique on enduit de vaseline des plaques de
verre et on dispose des fleurs sur la partie grasse pendant une durée variable
suivant la nature des fleurs (24h pour le jasmin par exemple), puis on les
remplace par de nouvelles fleurs jusqu'à saturation en parfum de la couche de
graisse.
Ø A chaud les opérations
sont identiques mais la graisse est chauffée au bain-marie.
2-3) Facteurs
influençant la composition :
L'abondance
relative des composants d'une huile
essentielle dépend d'un grand nombre de facteurs parmi lesquels :
- l'environnement de la plante lors
de sa croissance : sol, climat, maturité….Ainsi pour la lavande fine on peut
donner l'intervalle de composition (en % en masse) des deux principaux
constituants de l'huile essentielle en fonction du lieu où la plante a poussé :
*
Acétate de linalyle : entre 25 et 45%
*
Linalol : entre 25 et 38%,
mais
aussi,
- la fraîcheur du végétal au moment
de l'extraction qui conditionne la présence plus ou moins importante des
composés volatils.
- la technique d'extraction peut
aussi modifier certains constituants ; ainsi l'entraînement à la vapeur d'eau,
par exemple, peut provoquer une hydrolyse mais aussi des isomérisations, des
racémisations, des cyclisations dues à l'eau, à l'acidité du milieu, à la
température.
- l'exposition à la lumière après
extraction ; les UV peuvent en effet modifier certaines molécules et entraîner
leur isomérisation ; ainsi le trans-anéthole
présent dans l'huile essentielle
extraite du fenouil (Foeniculum vulgare) de l'anis vert (Pimpinella
anisum) ou de la badiane de Chine (ou anis étoilé)(Illicum verum)
et qui sert à fabriquer des boissons alcoolisées anisées, se transforme en
cis-anéthole
plus
toxique, lorsque ces boissons sont exposées à la lumière. A partir de 10% de
cis-anéthole, l'odeur et la saveur des boissons qui les contiennent deviennent
désagréables (goût de foin). Pour éviter cet inconvénient certaines de ces
boissons sont conditionnées en bouteilles teintées.
On
comprend dès lors l'intérêt d'extraire les huiles essentielles de végétaux
fraîchement cueillis et de les préserver après extraction, des UV, de l'oxygène
de l'air, de la chaleur. Malgré cela il est difficile compte-tenu des nombreux
facteurs qui influencent la composition d'une huile essentielle et que nous
venons de citer d'obtenir des compositions rigoureusement constantes malgré le
soin apporté à chaque stade de l'élaboration.
3) Les grandes familles de composés :
On
retrouve, dans les huiles essentielles, deux grandes séries de composés,
- les composés terpéniques :
hydrocarbures et leurs dérivés oxygénés.
- les composés aromatiques
·
Le p.cymène et des phénols qui en
dérivent
·
Des dérivés du phénylpropane.
3-1) Les
hydrocarbures terpéniques
a) Monoterpènes
: Ils ont comme formule moléculaire C10H16
-
Monoterpènes acycliques : ils ont 3 liaisons doubles
*
Myrcène
qu'on trouve par exemple dans le
laurier d'Apollon (Laurus nobilis), le laurier-benjoin (Lindera
benzoin), la verveine (Verbena officinalis), l'ylang-ylang (Cananga
odorata). C'est une molécule à odeur agréable.
* Ocimènes
|
|
|
Cis-β-ocimène |
Trans-β-ocimène |
α-Ocimène |
On les trouve dans le basilic (Ocimum
basilicum).
-
Monoterpènes monocycliques : ayant un cycle ils ne possèdent que 2 doubles
liaisons.
* Terpinènes
§
α-terpinène
présent dans les huiles essentielles
de cardamome (Elettaria cardamomum) de marjolaine (Origanum majorana)
de thym (Thymus vulgaris) ….
§
γ-terpinène
qu'on trouve dans les huiles
essentielles de coriandre (Coriandrum sativum) de citrons (Citrus
limon) de cumin (Cuminum cyminum)…
- Monoterpènes
bicycliques : ayant deux cycles ils ne possèdent qu'une double liaison.
*Pinènes
§ α-pinène et β-pinène
présents
dans l'essence de térébenthine issue
de la résine des pins ; l'α-pinène en est le principal constituant.
*Camphène
:
Composant
de l'huile essentielle de bergamote (Citrus bergamia), de citronnelle (Cymbopogon
citratus), de gingembre (Zingiber officinale).
b) Sesquiterpènes
: leur formule moléculaire est C15H24
-
Sesquiterpènes monocycliques : ayant un cycle ils ne possèdent que 3 doubles liaisons
:
*
Humulène
présent dans l'huile essentielle du
sapin baumier (Abies balsamea) ou dans celle du houblon (Humulus
lupulus).
-
Sesquiterpènes bicycliques : ayant deux cycles ils ne possèdent que 2 doubles
liaisons :
* Cadinènes
|
|
|
α-cadinène |
d-cadinène |
γ-cadinène |
présents dans de nombreux végétaux et
en particulier Juniperus oxycedrus d'où l'on tire l'huile de cade.
3-2) Les
composés terpéniques oxygénés :
Ce sont
des composés oxygénés ayant la structure des terpènes et appartenant à
différentes familles chimiques :
a) Alcools
:
- Acycliques
:
c'est
le cas du géraniol par exemple :
présent dans les huiles essentielles
de roses (Rosa), de bergamote (Citrus bergamia), d'agrumes (Citrus
sp.), de lavande (Lavandula sp.), de jasmin (Jasminum officinale),
de géranium. C'est essentiellement le géraniol qui contribue à donner son odeur
à la rose.
C'est aussi le cas du linalol
à odeur douce, rappelant le muguet ;
on en trouve dans le thym, la lavande ….
-
Monocycliques : c'est le cas du menthol (lévomenthol) :
présent notamment dans l'huile
essentielle de la menthe poivrée (Mentha piperita)
-
Bicycliques : c'est le cas du bornéol :
|
|
(+) bornéol |
(-) bornéol |
Ces deux isomères sont présents en petites quantités dans les
essences de lavande, de serpolet (Thymus serpyllum), ….
b)
Aldéhydes :
Ils sont acycliques, pour la plupart, à l'exemple du citral :
a une odeur de citron ; on le trouve
dans les huiles essentielles de citron, de verveine de citronnelle….
a une odeur moins prononcée ; il se
trouve dans l'essence de néroli produite par les fleurs de bigaradier (le fruit
du bigaradier est l'orange amère).
c)
Cétones :
Elles peuvent être acycliques ; c'est
le cas de la tagétone :
que l'on trouve dans l'huile
essentielle de la tagète des décombres (Tagetes minuta), une plante de
la famille des Astéracées, originaire d'Amérique du sud mais présente dans le
monde entier. C'est une huile jaune pâle, utilisée en parfumerie (forte odeur
de citronnelle, de pamplemousse).
Mais la plupart sont cycliques avec
la fonction cétone sur le cycle.
Exemples :
présente dans la menthe ; c'est la
principale molécule responsable de son odeur.
possède une odeur anisée ; on la
trouve dans le carvi.
d)
Ethers-oxydes :
On peut par exemple citer
l'eucalyptol ou cinéol :
que
l'on trouve dans l'huile essentielle des eucalyptus, bien sûr, mais aussi dans
celle de la sauge, du romarin ou encore des lavandes (26% environ de l'huile
essentielle de la lavande aspic, Lavandula latifolia ou spica et 4%
environ de l'huile essentielle du lavandin, Lavandula hybrida).
L'usage
lui a donné un nom terminé par "ol". Ce n'est pas parce que c'est un
éther-oxyde intramoléculaire (époxyde). Dans les huiles essentielles, d'autres
éthers-oxydes, à structure classique, ont des noms traditionnels se terminant
par "ol" (voir annexe 2).
e) Esters
:
C'est
le cas de l'acétate de linalyle :
qu'on trouve dans :
Lavandula augustifolia ou lavande fine
(environ 36% de l'huile essentielle).
Lavandula hybrida ou lavandin (environ
31% de l'huile essentielle).
Citrus bergamia (Bergamotier).
3-3) Les
composés aromatiques
:
a) p.Cymène
et dérivés :
dans le cumin
- Le thymol
dans le
thym
- Le carvacrol
dans
l'origan et la sarriette.
b) Composés
dérivés du phénylpropane :
Ils
sont beaucoup moins fréquents que les terpènes ou leurs dérivés.
On peut
citer :
présent
en particulier dans :
Pimpinella anisum (famille des
apiacées) : anis vert (l'huile essentielle en contient 90% environ).
Foeniculum vulgare (famille des
apiacées) : fenouil
Illicium verum (famille des
magnoliacées) : Badianier ou Anis étoilé
Artemisia dracunculus (famille des
Composées) : Estragon
isomère
de l'anéthole et qui constitue 60 à 75% de l'huile essentielle de l'estragon
mais présent aussi dans le basilic, le fenouil, l'anis ou les feuilles de thé.
ou
l'acétyleugénol :
Phénols
présents dans les clous de girofle (le giroflier : Syzygium aromaticum , famille des myrtacées) ; ce sont des
constituants de certains désinfectants utilisés pour les soins dentaires, il
sont utilisés dans certains parfums et cosmétiques.
Myristicine |
R1
= H |
R2
=H |
Apiole |
R1
= O-CH3 |
R2 = H |
Dillapiole |
R1
= H |
R2
= O-CH3 |
qu'on
trouve dans les huiles essentielles extraites des jacinthes sauvages(Hyacinthoides non-scripta) ou du cannelier (Cinnamomum verum ,famille des lauracées),
ou les
aldéhydes cinnamiques :
qu'on
trouve aussi dans les huiles essentielles du cannelier.
4) Composition de quelques huiles essentielles :
On
prendra à titre d'exemple les compositions d'huiles essentielles de menthe, de
thym, de lavandes …
4-1) Huile
essentielle de menthe :
On
donne ci-dessous la composition d'une menthe poivrée (Mentha x piperita).C'est
une plante herbacée de la famille des lamiacées connue et utilisée depuis très
longtemps (Egyptiens) ; on extrait l'huile essentielle de ses feuilles, le
menthol et la menthone sont les principaux responsables de sa forte odeur.
On a
classé les composants par familles, les composants les plus abondants sont
surlignés :
Monoterpène
monocyclique |
|
2,32% |
|
Monoterpène
bicyclique |
|
0,61% |
|
0,55% |
|
0,26% |
|
Sesquiterpène
bicyclique |
|
1,69% |
|
0,31% |
|
Alcool
monoterpénique monocyclique |
|
46,68% |
|
1,05% |
|
Cétone
monoterpénique monocyclique |
|
22,44% |
|
3,19% |
|
2,36% |
|
0,97% |
|
Ester
monoterpénique monocyclique |
|
6,97% |
|
Oxyde
terpénique |
|
2,02% |
|
1,44% |
|
Total |
92,86% |
On a
classé dans le tableau ci-dessous ces mêmes composants par ordre d'abondance décroissante
afin d'avoir un autre éclairage sur la composition :
Menthol |
46,68% |
Limonène |
2,32% |
Pipéritone |
0,97% |
Menthone |
22,44% |
Menthofurane |
2,02% |
β-Pinène |
0,61% |
Acétate de menthyle |
6,97% |
β-Caryophyllène |
1,69% |
α-Pinène |
0,55% |
Pulégone |
3,19% |
Eucalyptol |
1,44% |
β-Bourbonnène |
0,31% |
Iso-Menthone |
2,36% |
α-Terpinéol |
1,05% |
Sabinène |
0,26% |
Par
comparaison on donne la composition d'une menthe verte douce (Mentha spicata
var. viridis). C'est une plante herbacée de la famille des
lamiacées, très courante dans les jardins très consommée en infusion (feuilles)
en Orient.
Monoterpène
acyclique |
|
2,34% |
|
Monoterpène
monocyclique |
|
17,51% |
|
Sesquiterpène
bicyclique |
|
1,10% |
|
0,79% |
|
Alcool
monoterpénique monocyclique |
|
1,26% |
|
0,65% |
|
Cétone
monoterpénique monocyclique |
|
61% |
|
0,20% |
|
Ester
monoterpénique monocyclique |
|
1,04% |
|
Oxyde
terpénique |
|
1,67% |
|
Total |
87,56% |
Carvone |
61% |
Terpinen-4-ol |
1,26% |
trans-Carvéol |
0,65% |
Limonène |
17,51% |
β-Bourbonnène |
1,10% |
trans-dihydro-Carvone |
0,20% |
Myrcène |
2,34% |
acétate
de cis-Carvyle |
1,04% |
|
|
Eucalyptol |
1,67% |
β-Caryophyllène |
0,79% |
|
|
4-2) Huile
essentielle de thym :
Thymus vulgaris de la famille des
labiées (ou labiacées).
C'est
un sous-arbrisseau vivace de 10 à 20 cm de haut, à tiges ligneuses et
nombreuses petites feuilles, très commun dans la campagne des régions
méditerranéennes ; dans le sud de la France on le nomme "farigoule".
En été il donne des fleurs de couleur lilas. Son parfum délicat (dont la note
dominante est due au thymol) fait qu'on l'utilise en cuisine comme condiment.
En pharmacie il est prescrit comme diurétique, antiseptique et anthelminthique.
L'huile essentielle est obtenue à partir de ses feuilles et des sommités
fleuries ; sa composition varie un peu en fonction de la nature du sol et de
son exposition au soleil. Le tableau ci-dessous donne le résultat de l'analyse chromatographique
(CPV) d'un échantillon, le classement étant fait par familles chimiques :
Alcène |
|
0,73% |
|
Monoterpène
monocyclique |
|
1,50% |
|
1,24% |
|
0,60% |
|
Monoterpène
bicyclique |
|
12,00% |
|
0,98% |
|
0,43% |
|
0,30% |
|
0,27% |
|
Sesquiterpène
monocyclique |
|
0,72% |
|
Sesquiterpène
bicyclique |
|
2,33% |
|
0,46% |
|
0,45% |
|
0,36% |
|
0,20% |
|
Alcool
monoterpénique acyclique |
|
2,70% |
|
Hydrocarbure
aromatique |
|
26,20% |
|
Ether
aromatique |
|
1,10% |
|
Phénol |
|
25,40% |
|
11,30% |
|
Quinone |
|
10,42% |
On a
classé les composants par ordre d'abondance décroissante :
p.cymène |
26,20% |
Limonène |
1,24% |
Trans-sabinène
hydraté |
0,43% |
Thymol |
25,40% |
Thymol
méthyl éther |
1,10% |
g-Cadinène |
0,36% |
α-pinène |
12,00% |
α-Thujène |
0,98% |
Camphène |
0,30% |
Carvacrol |
11,30% |
1-Tétradécène |
0,73% |
Sabinène |
0,27% |
10,42% |
β-Bisabolène |
0,72% |
d-Cadinène |
0,20% |
|
Linalol |
2,70% |
β-Phellandrène |
0,60% |
||
β-Caryophyllène |
2,33% |
g-Murolène |
0,46% |
Total |
99,69% |
α-Terpinène |
1,50% |
Valencène |
0,45% |
Composés
indéterminés |
0,31% |
Remarque : Thymus vulgaris
comme la plupart des espèces de thym et d'ailleurs aussi comme la plupart des
autres espèces d'autres genres de plantes, présente des variations chimiques de
ses métabolites secondaires en fonction de l'altitude, l'humidité,
l'ensoleillement, son biotope … De sorte qu'on peut distinguer des entités
chimiques prépondérantes dans ces métabolites qui définissent des
sous-ensembles chimiques au sein d'une même espèce appelés chémotypes (ou
chimiotypes).
La
composition donnée ci-dessus correspond au chémotype thymol, qui est le plus
répandu (tout type de sols et climats chauds et secs ou humides).
D'autres
chémotypes de Thymus vulgaris :
- Chémotype carvacrol dans les
climats très chauds et très secs.
- Chémotype géraniol en montagne
avec un climat rude.
- Chémotype linalol
- Chémotype α-terpinéol
- …….
4-3) Huile essentielle de
lavande :
Lavandula sp. de la famille des labiées (ou
labiacées).
C'est
un sous-arbrisseau vivace à petites feuilles linéaires persistantes. Il en
existe 28 espèces.
En été
il donne des fleurs disposées en épis et possédant de petites glandes à huile
aromatique. Son odeur caractéristique fait qu'on utilise ses fleurs séchées
pour parfumer le linge.
L'huile
essentielle extraite de ses fleurs est utilisée en parfumerie, mais aussi comme
antiseptique, sédatif, antalgique sur les piqûres d'insectes.
Le
tableau ci-dessous donne la composition obtenue par CPV de trois échantillons :
Lavandula augustifolia ou officinalis : c'est la lavande fine ; Lavandula hybrida : c'est le lavandin ; Lavandula latifolia ou spica : c'est la lavande aspic.
On a
classé les composants par ordre d'abondance décroissante dans la lavande fine.
Lavande
fine |
Lavandin |
Lavande
aspic |
|
Nom
latin |
Lavandula augustifolia |
Lavandula hybrida |
Lavandula latifolia |
Densité
(20°C) Pouvoir
rotatoire (20°C) Indice
de réfraction nD20 |
0,8794 -9° 1,4618 |
0,8887 -4,90° 1,4621 |
0,9091 +3,40° 1,4662 |
Composition
(%) : |
35,90 25,20 7,20 5,00 4,00 3,50 3,30 0,90 0,70 0,60 0,60 0,40 0,35 0,25 0,18 0,18 0,18 0,16 0,16 0,16 0,09 0,09 0,08 0,04 |
30,76 31,57 0,73 2,28 1,10 3,10 0,29 <0,05 0,55 2,34 0,43 4,30 0,44 0,63 0,22 0,30 6,45 0,08 0,36 0,79 0,37 0,14 0,37 0,14 |
2,3 27,3 - 1,55 0,30 0,65 - - 0,25 2,50 - 25,50 0,6 1,8 1,0 - 18,5 - - 0,30 0,80 - 1,95 0,60 |
Les
composants les plus abondants de chacun des trois échantillons ont été
surlignés. On s'aperçoit que le linalol est présent en grande quantité dans les
trois types de lavande. C'est le constituant principal ; ceci est renforcé par
le fait que sous forme d'ester (acétate de linalyle) il apparaît aussi en
grande quantité dans deux des trois échantillons : la lavande fine et le
lavandin.
Le
classement ci-dessous recense les composants par famille chimique pour la
lavande fine :
Monoterpène
acyclique |
|
cis-β-Ocimène |
7,20% |
trans-β-Ocimène |
3,30% |
Myrcène |
0,35 |
Monoterpène
monocyclique |
|
Limonène |
0,16% |
Monoterpène
bicyclique |
|
α-Pinène |
0,25% |
Camphène |
0,09% |
β-Pinène |
0,08% |
Sabinène |
0,04% |
Sesquiterpène
bicyclique |
|
β-Caryophyllène |
5,00% |
Alcool
monoterpénique acyclique |
|
Linalol |
25,20% |
Lavandulol |
0,70% |
Nérol |
0,18% |
Géraniol |
0,16% |
Alcool
monoterpénique monocyclique |
|
Terpinen-4-ol |
3,5% |
α-Terpinéol |
0,18% |
Alcool
monoterpénique bicyclique |
|
Bornéol |
0,60% |
Cétone
monoterpénique bicyclique |
|
Camphre |
0,18% |
Ester
monoterpénique acyclique |
|
Acétate de linalyle |
35,90% |
Acétate
de lavandulyle |
4,00% |
Acétate
de néryle |
0,60% |
Acétate
de géranyle |
0,16% |
Oxyde
terpénique |
|
Cinéol-1,8 |
0,40% |
Cétone |
|
Octan-3-one |
0,90% |
Hydrocarbure
aromatique |
|
p.cymène |
0,09% |
Cette
composition varie, comme cela a été dit pour le thym, en fonction des sols et du
climat. On peut cependant donner les intervalles entre lesquels ces
compositions varient pour les principaux constituants :
Caractéristiques |
Compositions
en masse (en %) |
||||
Constituant |
Température
d'ébullition |
Lavande
fine |
Lavandin |
Lavande
aspic |
|
220°C |
25-45 |
28-38 |
Traces-3 |
||
198°C |
25-38 |
24-35 |
25-50 |
||
176,4°C |
Traces-1 |
4-7 |
20-35 |
||
207,4°C |
Traces-0,5 |
6-8 |
8-20 |
||
177°C |
4-10 |
0,5-1,5 |
-0 |
||
177°C |
1,5-6 |
Traces-1 |
-0 |
||
5) Rôle des huiles essentielles dans la plante :
L'intervention
de ces substances, qui sont en marge du métabolisme fondamental de la plante,
n'est pas très bien connu.
On pense à
un rôle défensif, au pouvoir attracteur facilitant la pollinisation et à la
communication des plantes entre elles.
6) Utilisation des huiles essentielles :
Elles sont
omniprésentes dans notre vie quotidienne et on les trouve en cuisine
(aromates), en parfumerie pour leur senteur, dans les produits cosmétiques, en
parapharmacie et même en pharmacie.
On leur
prête beaucoup de vertus sans souvent que cela soit scientifiquement prouvé :
- Décongestionnant des voies
respiratoires (Eucalyptus).
- Apaise, détend, combat le stress
et l'anxiété (Lavande fine).
- Renforce "la résistance"
de l'organisme (Origan).
- Combat les céphalées (Menthe
poivrée)
- Contre les maux de dents
(Girofle).
- Aide à la digestion (Citron).
- Contre les inflammations de la
bouche, de la gorge (Basilic).
- Antiseptique, antifongique (Thym).
………………..
La liste
n'est bien sûr pas exhaustive.
7) La biosynthèse des terpènes :
On vient de
voir l'importance des terpènes dans les huiles essentielles ; il semble dès
lors naturel de s'intéresser à leur biosynthèse :
Elle
commence, comme celle des acides gras, à
partir de l’acide éthanoïque et du coenzyme A qui est un thiol (CoASH) :
Puis un
composé à chaîne ramifiée se forme ; en effet l’acétoacétylcoenzyme A donne une
addition aldolique avec la fonction cétone de l’acétylcoenzyme A, pour donner
un dérivé de l’acide glutarique
:
Par réduction on passe ensuite à l’acide mévalonique :
La formation de l’unité isoprène se fait d’abord par phosphorylation des 2
groupes alcool de l’acide mévalonique (grâce à l’ATP) puis il y a élimination
d’eau avec formation d’une double liaison C=C, puis décarboxylation (-CO2),
l’ensemble conduisant au 3-méthylbut-3-ènylpyrophosphate :
Il y a
ensuite isomérisation du composé obtenu grâce à un enzyme ayant un groupement
S-H (E-SH)
Puis il y a formation d’un carbocation :
Ce
carbocation agit sur une autre molécule de 3-méthylbut-3-ènylpyrophosphate et
l’on obtient du géranylpyrophosphate après élimination d’un ion H+ :
Le composé
obtenu est trans, mais lors de l’élimination de H+ la double liaison
créée peut être de configuration cis, il s’agit alors du nérylpyrophosphate :
On peut
écrire ces deux molécules un peu différemment :
Une autre
réaction de ce type peut avoir lieu entre le géranylpyrophosphate et le
3-méthylbut-3-ènylpyrophosphate pour conduire au farnésylpyrophosphate :
On arrive
ainsi à deux monoterpènes, le géraniol et le nérol et à un diterpène, le
farnésol.
Annexe 1 Norme ISO 9235
Produit
obtenu à partir d'une matière première naturelle d'origine végétale, soit par
entraînement à la vapeur d'eau, soit par des procédés mécaniques à partir de
l'épicarpe de fruits de citrus (agrumes), soit par distillation sèche, après
séparation de l'éventuelle phase aqueuse par des procédés physiques.
Annexe 2 Tableau des formules des molécules citées dans cet article
Acétate de cis-carvyle - Acétate de géranyle - Acétate de lavandulyle - Acétate de linalyle – Acétate
de menthyle – Acétate de néryle - Acétyleugénol – Alcools
cinnamiques – Aldéhydes cinnamiques - Anéthole – Apiole - β-Bisabolène - Bornéol -
β-Bourbonnène – α-
Cadinène - d- Cadinène - γ- Cadinène - Camphène –
Camphre - Carvacrol - trans-Carvéol – Carvones – trans-dihydrocarvone - β-Caryophyllène - Cinéol
– p.Cymène - (E)-Citral – (Z)-Citral – Dillapiole - Estragol - Eucalyptol – Eugénol – Géranial - Géraniol - Humulène – Lavandulol - Limonène – Linalol – Menthofurane - (lévo)Menthol – (+)Menthone – (-)Menthone – γ-Murolène
- Myrcène – Myristicine - Néral - Nérol - α-Ocimène
- cis-β-Ocimène – trans-β-Ocimène
– Octan-3-one - β-Phellandrène
- α-Pinène – β-Pinène
– Pipéritone - Pulégone - Sabinène – trans-Sabinène hydraté
- Tagétone - α-Terpinène
– γ-Terpinène – α-Terpinéol
– Terpinèn-4-ol – Tétradéc-1-ène
– α-Thujène – Thymol – Thymol méthyl éther - Thymoquinone
- Valencène –
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Anéthole (trans) |
|
|
|
|
|
d-Cadinène |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
(E)-Citral (ou Géranial) |
(Z)-Citral (ou Néral) |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
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|
|
|
|
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|
|
Néral (ou (Z)-Citral |
|
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|
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|