LES MIELS
Gérard
GOMEZ
Plan de l'étude :
3-1) Les éléments majeurs
3-2) Les éléments mineurs
4) Caractéristiques physico-chimiques des miels
7) L'hydromel
8) La propolis
Annexe 1 Les
miellats
Annexe 2 Inversion
du saccharose
Annexe 3 La cire
d'abeille
Annexe 4
Composition du nectar
Annexe 5 Les
flavonoïdes
Annexe 6 Les
caroténoïdes
Annexe 7 La
réaction de Maillard
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Abeille
sur une fleur de chardon |
Abeille
sur une fleur de bleuet |
Ouverture
d'une ruche |
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Contrôle
de la qualité du couvain |
Désoperculation d'un cadre |
Extraction
du miel par centrifugation |
Photographies libres de droits
provenant du site apiculteur.ch (Miel suisse)
En France, le miel est
actuellement défini par le décret n°2003-587 du 30 juin 2003 qui transcrit en
droit français la directive européenne n°2001/110/CE du Conseil du 20 décembre
2001. Réglementairement, le miel est « la substance sucrée naturelle produite
par les abeilles de l'espèce Apis mellifera à partir
du nectar de plantes ou des sécrétions provenant de parties vivantes des
plantes ou des excrétions laissées sur celles-ci par des insectes suceurs,
qu'elles butinent, transforment, en les combinant avec des matières spécifiques
propres, déposent, déshydratent, entreposent et laissent mûrir dans les rayons
de la ruche. A l'exception du miel filtré, aucun pollen ou constituant propre
au miel ne doit être retiré, sauf si cela est inévitable lors de l'élimination
de matières organiques et inorganiques étrangères. »
Il est bien précisé
qu'il n'est question que de l'abeille Apis mellifera
mellifera, celle dite domestique en Europe ; les
abeilles butineuses recueillent le nectar (terme créé par Carl Von Liné
qui veut dire "breuvage des dieux" en latin classique), un liquide sucré,
visqueux, riche en glucides (voir annexe 4), sécrété par
des glandes nectarifères situées à la base des pièces florales des plantes. Le
nectar a une composition différente de la sève (voir annexe
4) de laquelle il provient car de nombreuses et complexes transformations
biochimiques sont intervenues dans les tissus nectarifères.
Les abeilles butinent
sur un rayon de 3 km autour de la ruche au moins 500 000 fleurs pour produire
1kg de miel.
Les "excrétions
laissées sur celles-ci (les plantes) par des insectes suceurs" qui
sont mentionnées dans la définition correspondent aux miellats ; un miellat est
un liquide épais et visqueux excrété par des insectes piqueurs-suceurs
(pucerons, cochenilles, psylles, cigales….) qui aspirent la sève des arbres
(voir annexe1) ;
ce liquide se dépose sur les feuilles et les branches et constitue la
nourriture de certaines abeilles, mais aussi de fourmis et même de papillons.
Les abeilles butineuses
stockent nectar et/ou miellat dans une petite poche appelée jabot et les
rapportent à la ruche. A l'entrée de celle-ci des magasinières les attendent et
recueillent ce que les butineuses ont apporté ; il y a deux à trois magasinières
par butineuse.
Les magasinières se
transmettent alors les unes aux autres ce mélange par trophallaxie
stomodéale (transfert de bouche à bouche) ; il
transite plusieurs fois de la bouche au jabot et inversement avant que
l'abeille ne le passe à une autre ouvrière ; ce faisant elles l'enrichissent en
enzymes.
Le saccharose
(α-D-glucopyranosyl-β-D-fructofuranose)
qu'il contient
et qui se trouve dans le
jabot, est hydrolysé sous l'effet de l'enzyme invertase
et séparé en fructose et glucose ; c'est l'inversion du saccharose (voir annexe 2).
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2 représentations du fructose |
2 représentations du glucose |
Il y a de ce fait
transformation du nectar et/ou miellat en miel.
Cette transformation
débute dès que la butineuse a placé le nectar ou le miellat dans le jabot et se
poursuit tout au long de son séjour dans la ruche. La durée moyenne de
maturation d'un miel est de 2 à 5 jours.
Le miel provenant d'une
abeille, environ 50 mm3, est déposé dans une alvéole ; il contient
principalement du saccharose, du glucose, du fructose et d'autres glucides et
en quantités plus minimes d'autres substances qui dépendent des fleurs dont
provient le nectar et qui donneront au miel son goût, sa couleur, son
originalité.
La teneur en eau est
encore importante ; des abeilles ventileuses agitent leurs ailes pour faire
s'évaporer l'eau en excès. Le miel est mûr quand il contient environ 17% d'eau.
Une pellicule de cire
(voir annexe 3) est alors déposée par l'abeille et
obture l'alvéole ; elle évite l'hydratation du miel et permet une meilleure
conservation.
Les abeilles
n'hibernent pas, elles hivernent ; elles ont une activité ralentie et s'aliment
en consommant le miel stocké dans la ruche.
On appelle plante
mellifère une plante qui produit du nectar voire du miellat.
Il en existe beaucoup
et dans plusieurs familles ; on peut citer
- Les genêts, les luzernes, les trèfles
…..parmi les Fabacées
- Les pommiers, poiriers, cerisiers, pruniers, amandiers,
abricotiers …(Rosacées)
- Le tournesol, les chardons, les pissenlits….
(Astéracées)
- Les lavandes, menthes, thyms, serpolets, romarins….
(Lamiacées)
- Le colza …. (Brassicacées)
- Les tilleuls (Tiliacées)
Ces différentes plantes
ne produisent pas toutes du nectar ou du miellat en quantités égales :
Ø Le poirier, l'amandier
ont un potentiel mellifère inférieur à 25kg à l'hectare.
Ø Le pissenlit, le colza,
la lavande, le romarin : de 100 à 200kg à l'hectare.
Ø Le thym, le tilleul :
plus de 500kg à l'hectare.
Remarque :
On appelle manne, un
miellat produit par des pucerons mais en quantité particulièrement abondante
(Chênes, épicéas, tilleuls..). Ce miellat a une
particularité, il cristallise rapidement, sans doute à cause de l'importante
quantité de mélézitose
qu'il contient.
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Alvéoles
pleines de miel |
Détail d'un cadre neuf |
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Les magasinières échangent le
nectar et l'enrichissent en enzymes |
La
langue coulissant dans la trompe, un outil précieux pour les magasinières |
On trouve pratiquement
les mêmes composés dans tous les miels, en quantité variable cependant en
fonction de leur provenance.
Composition moyenne des
miels européens (Lobreau-Callen et Clément,
2000)
3-1) Les éléments majeurs :
Ø Des glucides : de 75 à 80%
- fructose
38 % |
- glucose
31 % |
- maltose
environ 7,3 % α-maltose |
β-maltose |
- saccharose
1,3 % |
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On trouve aussi à
l'état de traces :
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-
kojibiose |
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- Erlose |
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Les normes alimentaires
internationales (Codex alimentarius 1981 révisé en
1987 et 2000) spécifient que la teneur en sucres réducteurs (glucose, fructose
pour les plus abondants) doit être au minimum de
* 60% en masse pour les miels de nectar
* 45% en masse pour les miels de miellat (ou de mélange
nectar-miellat)
Ø De l'eau 17% en moyenne à
maturité ; la teneur en eau, au-delà de 18%, fragilise le miel et sa
conservation car le développement des levures n'est plus inhibée.
3-2) Les
éléments mineurs :
Ø Des
acides organiques 0,1 à 0,5%
Acide
gluconique 0,1 à 0,4 % |
Acide formique (ou méthanoïque) 0,01 à
0,05% |
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On trouve
aussi à l'état de traces :
Acide citrique |
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Acide maléique (ou
(Z)- but-2-ènedioïque) |
Acide oxalique (ou éthanedioïque) |
Acide succinique (ou butanedioïque) |
Ils
proviennent de l'oxydation de certains glucides.
Ainsi le
glucose en présence d'eau et de dioxygène subit une oxydation enzymatique
(glucose oxydase) :
Ces
acides confèrent au miel une acidité non négligeable, le pH étant en moyenne
aux alentours de 4 ; cette acidité n'est pas perceptible au goût parce que
masquée par la saveur sucrée. Ils participent néanmoins à la saveur et à
l'arôme du produit.
Cette
acidité explique aussi en partie la résistance du miel aux micro-organismes.
Ø Des
protéines, des peptides, des acides aminés
(0,2 à 2%)
- Matières albuminoïdes.
- Matières azotées.
- La défensine-1,
un peptide antimicrobien.
- Des acides aminés : Ils
proviennent des nectars, des pollens mais aussi des sécrétions des abeilles.
Proline |
Tyrosine |
Leucine |
Histidine |
Alanine |
Glycine |
Méthionine |
Acide aspartique |
|
La teneur
en proline est importante pour vérifier qu'un miel est arrivé à maturité ;
c'est le cas si cette teneur est supérieure à 183 mg/kg.
Ø Des
enzymes
On
distingue des enzymes provenant de l'abeille (qui sont rajoutées au moment de
la trophallaxie) et des enzymes provenant du nectar :
- Enzymes provenant des glandes hypopharyngiennes (ou hypopharyngéales)
situées dans la tête de l'insecte :
·
α et β amylases qui transforment l'amylose que contient le nectar en
dextrines (chaînes d'amylose plus courtes), puis en maltose et enfin en
glucose.
·
Gluco-invertase (ou invertase) qui transforme le
saccharose en glucose et fructose :
·
Glucose-oxydase qui
transforme le glucose en acide gluconique :
- Enzymes
provenant du nectar
·
La catalase est une oxydo-réductase qui catalyse la dismutation du peroxyde d'hydrogène en eau et dioxygène
·
Des phosphatase acides
Elles
appartiennent à un groupe d'enzymes hydrolysant les esters phosphoriques à pH
acide.
Ø Des
vitamines
B1 |
B2 |
B3
ou PP |
B5 |
B6 |
B8
ou H |
B9 |
C |
|
Ø Des
minéraux
K, Ca, Na, Mg, Mn, Fe, Cu, Se, S, Cl, Zn et
Co, B,
Si, Cr, Ni, Au, Ag, Ba, P, Cs à l'état de traces.
Ø Des
esters, des aldéhydes, des cétones et des alcools
- Esters
Anthranilate de méthyle |
Ethanoate
de 3-méthylbutyle |
Ethanoate
de benzyle |
Une molécule
odorante présente dans de nombreuses fleurs (Ylang-ylang, jasmin,
bergamotiers, orangers, citronniers …) |
Une
phéromone d'alerte des abeilles ouvrières. |
Molécule
odorante ; elle constitue 20% de l'absolue de jasmin. |
- Aldéhydes et cétones
Ethanal |
Butanone |
Heptan-2-one |
Un
aldéhyde ; Une phéromone |
Une
cétone |
Une
cétone ; Une phéromone d'alarme chez l'abeille. |
- Alcools
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Méthanol |
Ethanol |
2-méthylpropan-1-ol |
2-phényléthanol Composé
à odeur de rose présent dans les essences de rose et de géranium. |
Ø Des
flavonoïdes (voir annexe 5)
- Flavones
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Lutéoline |
- Flavonols
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Quercétine |
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Kaempférol |
Isorhamnétine |
- Flavanol
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(+)-Catéchine |
- Flavanone
Ce sont
des dérivés dihydrogénés des flavones.
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Ø Des caroténoïdes
:
Ce groupe comprend les
carotènes et les xantophylles. Ils colorent en jaune,
orange, exceptionnellement en rouge, la carotte, les abricots, le maïs, la
citrouille, le safran, les œufs, la crème de lait, les crustacés cuits (rupture
avec une protéine), les feuilles en automne, la tomate, etc….
Ils sont masqués par la
chlorophylle dans les feuilles vertes (voir annexe 6).
Ø De
l'acétylcholine
Un neurotransmetteur du cerveau
Ø Du HMF ou 5-Hydroxyméthylfurfural
C'est un produit de décomposition du
fructose.
Sa teneur
dans le miel est un indice de dégradation du produit ; en effet sa
concentration augmente avec le temps de stockage ; elle augmente aussi avec la
chaleur et avec l'acidité du milieu.
Le miel
frais en contient moins de 15mg/kg. Le codex impose que le miel vendu ait un
taux de HMF inférieur à 40 mg/kg pour garantir qu'il n'a pas été chauffé durant
son traitement.
Ø Des
lipides
A l'état
de traces, soit sous forme d'esters d'acides gras et d'alcools gras soit sous
forme d'acides gras libres ; ils proviennent probablement de microparticules de
cire qui échappent à la filtration.
Les
acides gras correspondants à ces lipides sont :
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Acide palmitique |
Acide butyrique |
Acide caprique |
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Acide caproïque |
Acide valérique |
Acide oléique |
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Acide linoléique |
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4) Caractéristiques physico-chimiques des miels
- La cristallisation des
miels :
Ils peuvent
être liquides et le rester longtemps (miel d'acacia) ou au contraire se figer
très rapidement (miel de colza).
L'importance
de la solubilité dans l'eau des glucides qui les constituent est le problème
central de ce phénomène ; en effet c'est la cristallisation de ces substances
qui est en jeu.
La
solubilité dans l'eau à 20°C des principaux glucides que l'on trouve dans un
miel est la suivante :
Fructose : 375
g/100 mL
Glucose : 70 g/100 ml
La quantité
maximale théorique de glucose que l'on peut dissoudre dans 17 mL d'eau (quantité moyenne d'eau que contiennent 100g de
miel) est d'environ 12g.
Le même
calcul fait avec le fructose donne environ 64g.
Si on se
souvient que 100g de miel contiennent à maturité environ 31g de glucose et 38g
de fructose, on s'aperçoit que l'on est en sursaturation en glucose
c'est-à-dire qu'il y a plus de glucose dissout que l'eau ne peut théoriquement
en contenir.
Cet état
est métastable, il tend à évoluer vers la cristallisation de l'excédent de
glucose, mais à une vitesse très lente. Si on introduit dans le miel liquide un
germe (petit cristal ou grain de pollen..) la vitesse
de la cristallisation augmentera et le miel aura tendance à se solidifier.
On
comprend qu'un miel aura d'autant plus tendance à cristalliser qu'il contiendra
plus de glucose.
Pour un
apiculteur, la cristallisation d'un miel peut être un handicap pour son
extraction et son conditionnement ; c'est pourquoi certains chauffent
légèrement le miel avant de le transvaser. Dans une ruche la température est
d'environ 36°C ; il faut éviter de le chauffer au-delà sous peine de détruire
notamment les enzymes qu'il contient.
La taille
des cristaux conditionne les qualités gustatives d'un miel ; plus ils sont gros
et plus le miel apparaît grumeleux, plus ils sont fins et plus il apparaît
onctueux. Certains apiculteurs malaxent les miels pour réduire la taille des
cristaux.
Remarque : un
autre facteur de cristallisation intempestive qui n'est pas sans poser de
problèmes aux apiculteurs est la présence de plus de 10 à 12% de mélézitose. Le miel cristallise rapidement et se transforme
en "miel-béton" très difficile à extraire.
- Viscosité
Elle
dépend de la teneur en eau et de la température ; plus le pourcentage en eau
est grand et la température élevée et moins il est visqueux.
La
plupart des miels sont des liquides newtoniens et l'ordre de grandeur de leur
viscosité dynamique à 20°C est μ = 6 Pa.s.
Remarque :
certains miels ont un type de cristallisation original qui se traduit par une
viscosité anormale, la thixotropie.
Ainsi le
miel de bruyère callune (sous-arbrisseau vivace de 30 cm de hauteur) a une
consistance gélatineuse, mais dès qu'il est agité il devient fluide et retrouve
sa consistance initiale au repos. Cette propriété serait due à une protéine
contenue dans le nectar.
Cette
propriété pose des problèmes lors de la récolte de ce miel ; on le pique avec
des aiguilles (picoteuse) pour le rendre liquide avant de le centrifuger.
|
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Une picoteuse en action |
Picoteuse verticale |
- La couleur
Elle va de
l'incolore (acacia) au brun très foncé (saule, sapin) en passant par l'ivoire
(lavande, tilleul), le jaune (tournesol, pissenlit) ou le brun (châtaigner,
bruyère).
Elle
dépend en particulier :
·
des pigments
que le miel contient (flavonoïdes, caroténoïdes),
·
mais aussi de
son état de cristallisation (quantité d'eau et de glucose).
La
présence d'acides aminés et d'oses rend possible la réaction de Maillard (voir annexe 7) et ce d'autant plus facilement que la température
est élevée, que le milieu contient peu d'eau et que le temps de contact est
important (âge du miel). Les produits résultant de cette réaction (les mélanoïdines) contribuent donc plus ou moins (en fonction
du chauffage) à rendre les miels plus foncés.
- La masse volumique
Elle est
en moyenne de 1,42 (entre 1,40 et 1,45).
- Le pH
La mesure
du pH se fait sur une solution aqueuse de miel à 10%.
Les miels
de nectar sont très acides (pH compris entre 3,5 et 4,5) ; ceux de miellat le
sont moins (pH supérieur à 4,5).
L'acidité
est essentiellement due à l'acide gluconique.
- L'indice de réfraction
Il dépend
de la composition du miel et en particulier de sa teneur en eau, mais est
souvent compris entre 1,47 et 1,50.
- Le pouvoir rotatoire
Le
glucose en solution a un pouvoir rotatoire de +52° ; il est dextrogyre.
Le
fructose est lévogyre (-92°).
Les miels
de nectar sont tous lévogyres, alors que les miels de miellats sont
dextrogyres.
La mesure
du pouvoir rotatoire est donc un moyen de les distinguer.
- Valeur énergétique
100g de
miel apportent en moyenne 1360 kJ à l'organisme qui les consomment, dus aux
glucides qu'il contient.
Le
glucose directement assimilé par l'organisme apporte à celui-ci de l'énergie
disponible rapidement.
Le
fructose transformé par voie enzymatique, prolonge et renforce cette action.
Le
pouvoir sucrant du miel est supérieur à celui du saccharose ; cela est dû à la
présence du fructose.
5) Le miel
désinfectant
Il
possède des propriétés antibactériennes dues en particulier :
- à son acidité ; à pH voisin de 3
ou 4 les bactéries ne peuvent se multiplier.
- au peroxyde d'hydrogène qui se
forme lors de la transformation enzymatique (glucose oxydase) du glucose en
acide gluconique
- à la
présence de défensine-1 un peptide antimicrobien.
Voir
l'excellent document (Video) du CNRS :
https://videotheque.cnrs.fr/doc=143
C'est une
boisson fermentée fabriquée à partir d'eau et de miel connue depuis très
longtemps (au moins 5000 ans avant J-C) ; la transformation par des levures
endogènes ou exogènes de glucides contenus dans le miel conduit à de l'éthanol
; la fabrication de cette boisson, toujours consommée, s'apparente dans sa
forme à celle de la bière.
8) La propolis
C’est une
substance utilisée par les abeilles, mais qui ne correspond pas à du miel.
La
propolis est une substance résineuse récoltée par les abeilles sur les
bourgeons et l'écorce des arbres, principalement les conifères et certains
feuillus comme le peuplier. Les abeilles mélangent cette résine avec leurs
propres sécrétions salivaires et de la cire pour former une matière qui joue un
rôle clé dans la protection de la ruche :
La
composition de la propolis varie en fonction de l'environnement et des plantes
à disposition des abeilles, mais elle contient généralement :
- Des résines et des baumes
(50-60 %) provenant des plantes.
- De la cire (30 %), produite
par les abeilles.
- Des huiles essentielles
(5-10 %), qui contribuent à son odeur particulière.
- Du pollen (5 %).
- Des composés phénoliques et
flavonoïdes, connus pour leurs propriétés antioxydantes.
Depuis l'Antiquité, la propolis est utilisée en médecine traditionnelle pour
ses vertus thérapeutiques :
9) La gelée royale :
La gelée
royale est une substance naturelle produite par les jeunes abeilles ouvrières
nourricières (âgées de 5 à 15 jours), qui secrètent cette substance à partir de
leurs glandes hypopharyngiennes et mandibulaires. Elle est utilisée pour
nourrir toutes les larves d'abeilles pendant leurs trois premiers jours de vie.
Toutefois, les larves destinées à devenir reines sont nourries exclusivement
avec de la gelée royale pendant toute la durée de leur développement, ce qui
leur permet d'acquérir des caractéristiques particulières, comme une durée de
vie beaucoup plus longue (jusqu’à 5 ans), une taille plus grande, des ovaires
fonctionnels qui leur permettent de pondre des milliers d’œufs par jour.
Sa
composition chimique complexe lui confère ses nombreuses propriétés
biologiques :
-
Protéines (12 à 15 %)
Elles sont le principal
constituant de la gelée royale. La majorité de ces protéines appartiennent à
une famille appelée protéines majeures de la gelée royale (MRJP acronyme de Major
Royal Jelly Proteins) ; cette famille a 9
membres, de MRJP1 à MRJP9 parmi lesquelles MRJP1 est la plus abondante (environ
50%) et la mieux étudiée.
Ces protéines ont un rôle essentiel dans le développement des larves et
l’amélioration de la longévité de la reine.
-
Lipides (3 à 6 %)
Parmi les acides gras qui constituent les lipides de la gelée royale le plus
notable est l'acide 10-hydroxydéc-2-énoïque (10-HDA),
responsable de certaines de
ses propriétés biologiques (notamment les effets antibactériens,
anti-inflammatoires et immunostimulants) ; à l’état naturel cet acide n’a été
trouvé que dans la gelée royale
-
Glucides (10 à 16 %)
Les principaux glucides de la gelée royale sont des sucres simples : le
fructose et le glucose, qui sont les mêmes que ceux trouvés dans le miel. Ils
fournissent l'énergie nécessaire pour les larves et les abeilles nourricières.
-
Vitamines et minéraux (1 à 2
%)
La gelée royale est riche en vitamines du groupe B : B1 (thiamine), B2
(riboflavine), B3 (niacine), B5 (acide pantothénique), B6 (pyridoxine), B8
(biotine), et B9 (acide folique). Parmi ces vitamines, la vitamine B5 est
particulièrement abondante et essentielle au bon fonctionnement du métabolisme.
Elle contient également des minéraux comme le calcium, le magnésium, le zinc,
le fer, et le manganèse.
- Autres
composants
Antioxydants : La gelée royale contient des polyphénols et d'autres
composés antioxydants, qui aident à protéger les cellules contre les dommages
oxydatifs.
Acétylcholine : C’est un neurotransmetteur important qui joue un rôle
dans la communication des cellules nerveuses.
Enzymes et hormones : La gelée royale contient également une variété
d'enzymes et de substances hormonales qui participent à la régulation des
processus métaboliques et de croissance chez les larves.
Les miellats
On peut
lire dans le document de Philippe Marchenay Miels,
miellats, miellées. In: Journal d'agriculture
traditionnelle et de botanique appliquée, 35ᵉ année,1988. pp. 121-146
:
"Le puceron
est un animal qui croît et se multiplie à un rythme accéléré : il a donc besoin
de protéines. Or, la sève en est peu pourvue; c'est
pour parer à ce déficit en acides aminés que les pucerons en absorbent de
grandes quantités. Ils en rejettent ensuite la plus grande partie - riche en
sucres - par l'anus après en avoir extrait la partie protéique. Ils possèdent
pour cette fonction une sorte de filtre. Ce miellat, visqueux ou cristallisé,
est ensuite léché par les butineuses sur les feuilles. Sa composition diffère
de celle du nectar de fleurs; il contient par exemple
un sucre appelé mélézitose, découvert précisément
dans le miellat de mélèze."
Le mélézitose est un trioside
composé de deux unités glucose liées à une unité fructose :
On peut
aussi le représenter ainsi :
Inversion
du saccharose
Par
hydrolyse (acides dilués, catalyse par H+ ou biologiquement catalyse par une enzyme l'invertase)
il donne le D-Glucose et le D-Fructose sous la forme respectivement de glucopyrannose et de fructofurannose.
Le saccharose est dextrogyre (angle de rotation +66°) ; le glucose est
dextrogyre (+52°) et le fructose est lévogyre (–92°) et son pouvoir rotatoire
comme on le voit est supérieur en valeur absolue à celui du glucose. Lorsque
l'on hydrolyse du saccharose, il y a changement du signe du pouvoir rotatoire
de la solution qui devient (-20°), d'où le nom d'inversion du saccharose donné
à cette opération.
La cire d'abeille
La
cire d'abeille est produite, à partir des glandes cirières situées sur la face
ventrale de l'abdomen des ouvrières (la reine et les mâles n'en produisent
pas), sous forme de fines écailles transparentes blanches. Cette cire mélangée
à de la salive est ensuite malaxée par les mandibules, portée à une température
d'environ 35°C et sert à la construction de cellules (ou alvéoles) qui ont la
forme de prismes droits à base hexagonale de 5,4 mm de côté environ et 0,06 mm
d'épaisseur pour Apis mellifera, cette forme
parfaitement hexagonale des alvéoles n'étant pas le fait des abeilles ; elles
construisent des cylindres, et les lois physiques qui régissent le comportement
de cylindres groupés, formés d'une substance solide qui se ramollit à une
certaine température (viscosité, tension superficielle …) font le reste. C'est
dans ces cellules que sera déposé le miel, une autre couche de cire venant
ensuite obturer les alvéoles.
C'est
à partir du miel et des sucres que l'abeille synthétise la cire et non à partir
du pollen.
La
cire d'abeille est un solide initialement blanc mais qui se colore
progressivement en brun sous l'effet des pigments de plusieurs substances dont
le pollen ; cette cire fond vers 65°C et sa densité est 0,96 ; elle est
insoluble dans l'eau, soluble dans l'éthanol à chaud, le chloroforme et le
benzène.
La
cire d'abeille est composée* :
- d'environ 71% d'esters dont
44% de monoesters (d'acide gras et d'alcool gras),
12% d'hydroxyesters, 14% de di et triesters et 1%
d'esters de stérols.
- d'environ 15% d'hydrocarbures
linéaires à longue chaîne,
- d'environ 13% d'acides libres
- d'environ 1% d'alcools libres
*
source "Manuel des corps gras", technique et documentation Paris
1992, pages 297 et 306.
Pratiquement
un quart de la cire d'abeille est du palmitate de myricyle
C15H31-COO-C30H61 et on trouve
également une quantité de l'ordre de 12% de cérotate
de myricyle C25H51-COO-C30H61.
Son
indice d'acidité se situe entre 15 et 23 ; son indice d'iode entre 6 et 12 ; son
indice de saponification entre 85 et 105 et son indice d'ester entre 70 et 82.
Elle
est utilisée en cosmétique où son pouvoir filmogène est mis à profit dans les
rouges à lèvres et les sticks déodorants, son pouvoir texturant dans les gloss
et son pouvoir durcisseur dans les savons.
La
cire d'abeille est aussi utilisée dans l'industrie pharmaceutique ; elle sert
aussi à confectionner des bougies ; dans l'industrie alimentaire elle sert
d'agent d'enrobage et c'est un additif alimentaire classé sous le code E 901
(agent de texture et de glaçage). Les encaustiques dits
"naturels" en contiennent mélangée souvent à de la cire de carnauba.
Composition du nectar
Le nectar
est la matière première du miel ; il est sécrété par les nectaires des plantes,
directement par les cellules épithéliales.
La
composition des nectars varie suivant les fleurs sur une même plante, les
plantes dans la même espèce et suivant les espèces.
Les
composants suivants sont pratiquement toujours présents :
- eau : dépend beaucoup du
climat et de l'environnement de la plante (entre 40 et 70%).
- glucides (10 à 60%) : glucose,
fructose, saccharose ; quelques oligosaccharides : maltose, raffinose, mélobiose, stachyose ; quelques
polysaccharides : amylose,…
- acides aminés et protéines :
acides aminés libres et des enzymes (oxydases, tyrosinases)
- lipides, mucilages, acides
organiques, phosphates, vitamines, ions minéraux.
Remarque :
Le stachyose est un tétraoside qui
doit son nom à sa présence chez les stachys (Epiaires)
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Cette
molécule au goût de noisette se trouve dans le crosne un petit légume racine
originaire de Chine septentrionale qui a été cultivé au Japon et a été
importé en Europe à la fin du XIXème siècle. Notre
tube digestif digère mal le stachyose ; ce sont les
bactéries de notre intestin qui font le travail mais en produisant des gaz
désagréables sources de flatulences. |
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Remarque : La sève d'un végétal
On distingue :
- La sève brute constituée d'eau et
de sels minéraux qui circule des racines vers les organes donnant lieu à la
photosynthèse.
- La sève
élaborée qui contient essentiellement de l'eau et des glucides formés lors de
la photosynthèse et qui va des feuilles vers les organes de la plante.
La sève
élaborée contient donc outre de l'eau, essentiellement du saccharose présent en
abondance dans le phloème.
Les flavonoïdes
On dit d'un
très grand nombre de substances naturelles qu'elles sont des flavonoïdes ; ce
sont toutes des composés appartenant à la famille des polyphénols ; elles
constituent les pigments de la plupart des végétaux et interviennent dans la
coloration des feuilles, des fleurs, des fruits.
A l'état naturel on trouve très souvent les flavonoïdes sous forme
d'hétérosides, une ou plusieurs de leurs fonctions phénols sont alors
glycosylées (les oses étant le glucose, le galactose, le rhamnose ou
l'arabinose). La partie autre que l'ose est appelée aglycone.
Le nom de flavonoïdes vient du fait que ces molécules ont toutes une
structure semblable à celle de la molécule de flavone (ou 2-phénylchromone) :
Les
flavonoïdes sont divisés en plusieurs classes qui se différencient par le degré
de saturation de l'hétérocycle de l'aglycone, son oxydation et sa conformation
spatiale :
Il existe des flavones, des flavonols, des flavanones, des flavanols.
Les anthocyanidols (ou anthocyanidines) font partie des
flavonoïdes ; leur squelette fondamental est le cation flavylium.
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Flavone |
Flavonol |
Flavanone |
Flavanol |
Flavylium |
Les caroténoïdes
- Les carotènes :
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Un carotène très répandu : le β-carotène ; il possède 40
carbones et deux cycles identiques :
Il est le précurseur de la vitamine A :
·
Il existe un α-carotène :
Le cycle de gauche est légèrement différent ; sa double liaison n’est pas
placée au même endroit.
·
Enfin on peut ajouter le lycopène, toujours en C 40 mais dépourvu de
cycle :
Les carotènes sont rouges. La tomate renferme plus spécialement du
lycopène.
- Les xanthophylles
(du grec xanthon = jaune et phullon = feuille)
Ce sont des pigments jaunes, dérivés oxygénés des carotènes :
·
Zéaxanthine (zéa
: pour maïs)
Cette molécule ressemble à celle du β-carotène ; un groupe hydroxyle
(-OH) remplace un hydrogène dans chacun des deux cycles.
·
Lutéine du latin luteum = jaune (nom)
Cette molécule est présente dans de nombreux légumes à feuilles vertes
(brocolis, chou vert, épinards, petits pois, endives crues....)
mais aussi dans les algues vertes et rouges, le maïs, le jaune d'oeuf, le jus d'orange ; elle n’est pas synthétisée par
l'organisme. Son action antioxydante et son rôle de filtre de la lumière bleue,
semblent protéger des UV, certaines molécules sensibles des cellules végétales .
Dans l'organisme humain elle semble avoir
un rôle retardateur du vieillissement oculaire. On en retrouve ainsi que la zéaxanthine au niveau de la macula;
elle est surtout localisée dans les cellules périphériques de celle-ci.
C'est un pigment orangé.
Cette molécule ressemble à celle de l’α-carotène ; un groupe hydroxyle
(-OH) remplace un hydrogène dans chacun des deux cycles.
·
La crocétine :
Cette molécule en C20 existe dans la fleur de safran (Crocus sativus L.).
Annexe 7
La réaction de Maillard
C'est une réaction entre la fonction carbonyle () d'un ose et la fonction amine (-NH2)
d'une protéine, à chaud et en milieu anhydre.
Il se forme une imine, qui se réarrange
(réarrangement d'Amadori) et conduit à une cétone qui
peut alors réagir elle aussi avec une autre fonction amine. Il peut ainsi se
produire une polymérisation qui aboutit à des produits bruns (mélanoïdines).
C'est ainsi que l'on obtient le brunissement de
la bière, boisson préparée à partir de grains d'orge en germination (malt) dont
on transforme l'amidon en maltose (sucre fermentescible) par action de l'eau
chaude ; ce maltose réagit en partie avec des protéines solubles par réaction
de Maillard puis réarrangement d'Amadori et donne les
produits bruns de la bière.
C'est ainsi aussi que l'on explique la couleur
brune du sucre que l'on obtient à partir de la canne à sucre ou de la betterave
sucrière.
Réarrangement d'Amadori:
La réaction de Maillard rend inassimilable la lysine (acide
aminé essentiel) qui a subi cette transformation dans certains produits
conservés ; on se doute alors de l'importance de cette réaction dans
l'industrie alimentaire.
Les produits qui se forment lors de la réaction de Maillard
(MRP pour Maillard Reaction Products) dans les aliments à forte teneur en sucre et en
présence d'acides aminés sont très nombreux et n'ont pas tous été identifiés.
Pris dans leur ensemble les MRP sont néphrotoxiques à fortes doses. Certains
d'entre eux présentent des effets mutagènes et d'autres à l'inverse ont un
effet protecteur de la mutagénèse.
Parmi les composés identifiés on trouve les furannoses : hydroxyméthylfurfural, furanosine,
furfuraldéhyde.
Les données toxicologiques ne permettaient pas en 2002
l'établissement d'une DJT (dose journalière tolérable) pour les MRP.