LES
THES
Gérard
Gomez
Plan de l'étude 1) Les origines – Les
principales zones de production – Un peu de botanique 1-1)
Les
débuts 1-2)
Les
pays producteurs et exportateurs 1-3)
Un
peu de botanique 2-1)
Thés
verts 2-2)
Thés
noirs 2-3)
Thés
semi-fermentés (Oolong) 2-4)
La
boisson 3) Les composés chimiques du
thé 3-1)
Des
polyphénols 3-1-1)
Les
flavonoïdes 3-1-2)
Les
acides-phénols 3-1-3)
Des tanins 3-2)
Les
alcaloïdes 3-3)
Les
acides aminés et les enzymes 3-3-1)
La théanine 3-3-2) Les autres acides aminés 3-3-3)
Les enzymes 3-4)
Les
glucides 3-5)
Les
minéraux 3-6)
Des
caroténoïdes 3-7)
Des
vitamines Annexe 1 Les flavonoïdes Annexe 2 Le noyau purine et la
xanthine |
|
1) Les origines – Les principales zones de production – Un
peu de botanique
Originaire
d'Asie, vraisemblablement de Chine, il y a environ 5000 ans, le thé est une des
premières boissons que l'homme a préparées à partir d'une plante qu'il a
cultivée.
Son
usage se répand, mais beaucoup plus tard, au Japon (VIIIème- IXème
siècles), puis en Europe (XVIème-XVIIème siècles :
Hollande, Angleterre, France), aux Amériques (XVIIème, XVIIIème
siècles), en Inde (XIXème-XXème siècles).
D'abord
réservée à l'aristocratie et à la bonne société, la boisson se démocratise
rapidement.
1-2) Les pays
producteurs et exportateurs
Les 4
principaux pays producteurs et exportateurs de thé sont :
- La Chine qui
représente environ 1/3 de la production mondiale ; tout type de thé mais
surtout
·
Thés noirs exemple le Yunnan de la
province du même nom
·
Thés verts
- L'Inde qui produit des
thés réputés, essentiellement des thés noirs
·
Darjeeling originaire de la région du
même nom dans le Bengale occidental
·
Assam originaire de la région du même
nom sur les flancs de l'Himalaya
·
Nilgiri, originaire du sud du pays
- Le Kenya ; cette
culture a été introduite au début du XXème siècle par les
Britanniques
·
Surtout des thés noirs
·
Mais aussi un peu de thés vert, jaune,
ou blanc.
- Le Sri Lanka (ex
Ceylan) ; c'est suite à l'infection des plantations de café par un parasite
destructeur (un
champignon phytopathogène : Hemileia vastatrix) que le café a
disparu de l'île et a été remplacé par le thé (1867).
·
Surtout des thés noirs cultivés dans
le sud du pays
·
Mais aussi un large panel de variétés
différentes.
Puis
viennent d'autres pays comme la Turquie (thés noirs), l'Indonésie (thés noirs
et verts), le Vietnam (thés verts) et le Japon qui produit essentiellement des
thés verts (de type Sencha) pour sa consommation intérieure.
1-3) Un peu de
botanique
La
classification botanique :
D'après
l'APG II (Angiosperm Phylogeny Group) et depuis 2003, on peut classer les
théiers de la façon suivante
Embranchement : Spermatophytes
Sous-embranchement : Angiospermes
Classe : Dicotylédones
Ordre : Ericales
Famille : Theaceae
Genre : Camellia
Espèce : Camellia sinensis (L.) O. Kuntze ; syn. Thea
sinensis L.
On
distingue deux variétés principales de Camellia sinensis :
- Camellia sinensis var. sinensis
ou théier de Chine, cultivé surtout en Chine et au Japon pour la production
de thé vert, la feuille est petite et de couleur vert sombre.
- Camellia sinensis var. assamica
ou théier d'Assam, cultivé essentiellement en Inde et au Sri Lanka mais aussi
en Indonésie et en Afrique pour la production de thé noir, à la feuille large,
claire et charnue.
Le
théier (Camellia sinensis), à l'état naturel est un arbre qui a un petit
tronc mais de nombreux rameaux de 5 à 10m de haut pouvant atteindre 15m.
Ses
fleurs dont la taille peut aller jusqu'à 3cm, sont odorantes ; elles possèdent
cinq pétales, leur agencement étant symétrique par rapport à l'axe de la fleur
et sont bisexuées.
Les
feuilles sont persistantes, duveteuses quand elles sont jeunes et glabres
ensuite. Elles ont environ 5 à 14cm de longueur et 2 à 5cm de largeur.
Les
théiers cultivés (domestiques) le plus souvent obtenus par hybridation, sont
maintenus à environ 1,20m par des coupes régulières (environ tous les deux à
trois ans) et deviennent des arbres-nains permettant une récolte manuelle ; ces
coupes favorisent aussi la croissance des bourgeons.
Un
champ de thé correspond à une immensité verte, une vraie forêt miniature. La
plante vit une cinquantaine d'années.
Les
théiers poussent dans des régions au climat à la fois chaud (moyenne optimale
annuelle 18 à 20°C, pas au-delà de 30°C ni en deça de -5°C, et peu de variation
entre le jour et la nuit), ensoleillé (5h par jour en moyenne) et humide
(pluies, 200cm par an environ, réparties sur toute l'année). Certaines périodes
de sécheresse ne nuisent pas à la récolte, elles favorisent même la qualité des
thés obtenus. Dans les régions tropicales on peut cultiver des théiers entre le
niveau de la mer et 2500 m d'altitude ; l'altitude diminue le rendement mais
augmente souvent la qualité. On peut les cultiver en forte déclivité.
A basse
altitude la récolte du thé se fait jusqu'à 25 à 30 fois par an ; en altitude
environ 15 fois car il pousse moins vite.
A
l'extrémité supérieure de chaque branche d'un théier se forme un bourgeon qui
en se développant va s'allonger et prendre une forme cylindrique, puis se
dérouler pour devenir une feuille. Au stade de sa forme cylindrique
("pekoe" duvet en chinois car sa face inférieure est duveteuse), il
doit être cueilli ainsi que les quelques feuilles suivantes (au maximum 5) en
descendant le long des tiges. La meilleure qualité des thés est obtenue avec
seulement les bourgeons terminaux (autrefois pratiquée pour les hauts
personnages de la Chine impériale, cette cueillette a aujourd'hui disparu) ; la
qualité diminue avec le nombre de feuilles cueillies en plus (en général le
pekoe et deux feuilles)..
Les
thés noirs ou les thés verts proviennent de la même plante. Seuls les
traitements qu'ils subissent après la cueillette les différencient.
Aussitôt
après la cueillette les feuilles de thé sont chauffées suivant différentes
techniques pour inactiver certains enzymes (polyphénol oxydase en particulier).
- En Chine les feuilles
sont chauffées à sec (torréfiées) dans des récipients en fonte pendant quelques
minutes ; les feuilles subissent un pétrissage en boules ou en cônes, puis une
courte exposition au soleil, puis divers autres pétrissages puis une nouvelle
torréfaction, un étalement pour un refroidissement rapide ; les enzymes ont
pratiquement été neutralisés, mais une
légère fermentation a pu se produire et bien que très réduite elle donne au thé
un certain arôme.
- Au Japon elles sont
chauffées à la vapeur d'eau et maintenues à 90 – 95°C pendant 30 à 40 minutes
puis roulées et déroulées et enfin torréfiées ; La destruction des enzymes est
plus complète et le thé est moins parfumé.
Toutes
ces opérations sont aujourd'hui mécanisées mais il reste en Chine encore
quelques traitements manuels.
Les
opérations sont successivement, sur un thé fraîchement cueilli :
- Le flétrissage
On fait
passer la teneur en eau des feuilles d'environ 75% à environ 55% pour les
rendre moins rigides ; pour cela on fait circuler de l'air chaud (souffleries
ou ventilateurs) pendant une quinzaine d'heures.
- Le roulage
Une
opération qui dure environ une demi-heure au cours de laquelle les feuilles
subissent dans un bac un mouvement de rotation et une pression par
l'intermédiaire d'un couvercle. Au cours de cette opération le suc cellulaire
est expulsé, les enzymes libérées, une partie du tanin est oxydée et une partie
de la caféine libérée.
- L'oxydation ou
"fermentation"
Elle a
lieu à une température précise de 25 à 27°C, une humidité de 95 à 98%, une
ventilation et une hygiène bien surveillées, pendant 2 à 3 heures.
Sous
l'effet des enzymes (polyphénol oxydase ou peroxydase), les polyphénols sont
transformés en théaflavines, théasinensines et théarubigines, qui donneront à
la boisson issue de ces feuilles par infusion l'astringence et la couleur.
Remarque : Le terme de
"fermentation" bien que très utilisé, n'est pas parfaitement
approprié car il n'intervient pas d'enzyme d'origine microbienne dans
l'oxydation des polyphénols du thé.
- La dessication
C'est
l'étape la plus délicate ; il faut arrêter la fermentation assez rapidement
pour éviter la formation de produits non désirés. Pour cela les feuilles sont
mises sur un tapis roulant et soumises à un courant d'air chaud et très sec
(environ 90°C). Il faut inactiver les enzymes sans rendre les feuilles
cassantes et sans enlever l'arôme.
- Le tamisage et
l'emballage
On trie
les feuilles sur tamis vibrants.
Elles
sont ensuite soit conditionnées dans des sachets ou mises en vrac dans des
emballages, en bois le plus souvent, doublés d'aluminium afin d'éviter au
maximum le contact avec l'humidité pendant le transport ou l'entreposage.
Ce sont
les thés dits Oolong ou bleu oolong ou wu long à mi-chemin entre thés verts et
thés noirs ; ils doivent leur nom à leur couleur bleue.
Ils
subissent des opérations complètement manuelles :
Court
flétrissage (au soleil pendant une heure environ), un roulage manuel jusqu'à ce
que leur couleur vire au rouge et qu'ils dégagent un léger parfum, une courte
"fermentation" puis plusieurs autres roulages et chauffages
successifs et un séchage final dans des paniers.
Ces
thés sont généralement faiblement dosés en caféine.
Elle se
prépare par infusion des feuilles de thé dans de l'eau.
L'eau
doit être douce, neutre, mais pas trop fade ; éviter l'eau adoucie.
L'eau
doit être entre 90 et 95°C pour les thés noirs et le temps d'environ 4 minutes
tandis que pour le thé vert et la plupart des autres la température doit être
entre 75 et 85°C et le temps de 1 à 4 minutes.
Remarque :
Des
études scientifiques ont montré que ces temps permettent d'extraire un maximum
de caféine qui est assez soluble dans l'eau et une quantité optimale de tanins
moins solubles (un excès de tanins donne à la boisson une âcreté désagréable).
3)
Les composés chimiques du thé
Le lieu
de culture et les traitements subis conditionnent, bien sûr, quantitativement
et qualitativement les substances que l'on trouve dans les feuilles de thé et
qu'on retrouve en grande partie dans la boisson.
On peut
cependant donner un ordre de grandeur des principaux composés communs à
l'ensemble des thés.
Par
ordre décroissant, en pourcentage de la matière sèche :
Polyphénols |
20 à
35% |
Glucides |
25% |
Acides
aminés, enzymes |
12 à
15% |
Matières
minérales |
4 à
7% |
Alcaloïdes |
2 à
4% |
Caroténoïdes |
0,5% |
Composés
terpéniques |
0,1% |
Des acides organiques, des vitamines, des
cires.
Ils
sont très nombreux (plusieurs milliers) ; ce sont des métabolites produits par la
plante ; certains sont des composés de défense contre des parasites, d'autres
au contraire attirent les insectes pollinisateurs.
Ce sont
eux qui donnent à la boisson son astringence ; en effet ils font précipiter les
glycoprotéines riches en proline de la salive, produisant une sensation âcre
dans la bouche (la proline jouant le rôle de facteur lubrifiant de la salive).
Ils se
forment par action de la lumière sur les acides aminés ; on comprend alors
pourquoi on les retrouve en plus grand nombre dans le bourgeon et les feuilles
terminales plus exposés aux rayons du soleil que les feuilles basses ; on
comprend aussi que leur teneur varie en fonction de la saison.
Les
plus nombreux, de loin sont les flavonoïdes (voir annexe 1)
et notamment les flavanols et les flavonols ; on trouve aussi des acides
phénols et des tanins.
Ils
sont plus abondants dans le thé vert que dans le thé noir.
Ils
représentent environ 1/4 de la matière sèche du thé vert ; ils sont
hydrosolubles et passent facilement dans la boisson lors de l'infusion.
Ce
sont, par ordre décroissant d'abondance dans le thé vert (1, 2, 3, 4) :
|
|
-1-
Le
(-)-gallate d'épigallocatéchine (EGCG) |
-2-
Le
(-)-épigallocatéchine (EGC) |
|
|
-3-
Le
(-)-gallate d'épicatéchine (ECG) |
-4-
L'épicatéchine
(EC) |
Ce sont des composés facilement oxydables
; ils sont de puissants antioxydants et contribuent à la réduction des dérivés
lipidiques dans l'organisme.
Par oxydation, par exemple dans les
thés noirs lors des "fermentations" ils sont transformés en
polyphénols plus complexes :
-
Les théaflavines
Ce sont des benzotropolones ; leur
abondance dans les feuilles de thé noir est d'environ 2% de la matière sèche.
|
|
La
théaflavine |
La
3-gallate de théaflavine |
|
|
La
3'-gallate de théaflavine |
La
3,3'-gallate de théaflavine |
La formation des théaflavines débute
par une oxydation d'un cycle des flavan-3-ols qui aboutit à une orthoquinone.
Par exemple avec l'EGC :
puis l'orthoquinone formée réagit
sur l'EGC
Les théaflavines sont des substances
de couleur rouge orangé.
-
Les théasinensines
Ce sont des molécules incolores,
très minoritaires dans l'oxydation des flavan-3-ols. Leur abondance est de
l'ordre de 0,05% de la matière sèche des feuilles de thé noir.
|
|
Théasinensine
A |
Théasinensine
B |
Leur formation a lieu de la même
façon que les théaflavines à partir du dérivé orthoquinonique d'un flavan-3-ol
qui réagit sur ce flavan-3-ol.
Ainsi avec l'EGC :
-
Les théarubigines
Il semble qu'au bout d'un certain temps
les théaflavines et les théasinensines formées subissent une nouvelle oxydation
pour donner des théarubigines qui sont des polymères dont la structure est
assez mal connue.
Certains auteurs leur attribuent
cette représentation :
Ce sont des composés de couleur
orange tirant sur le marron.
Ce sont les composés les plus
abondants puisqu'ils représentent environ 20% de la matière sèche des feuilles
de thé noir.
Trois flavonols principaux ainsi que
leurs glycosides ont été isolés, en quantité sensiblement égale d'ailleurs dans
les feuilles de thé vert et dans celles de thé noir.
Ce sont :
Flavonols |
Un
glycoside |
|
|
Quercétine
|
Rutine
(glucose en -3- du flavanol et rhamnose fixé sur le glucose). |
|
|
Kaempférol |
|
|
|
Myricétine |
|
Les flavonols sont de bons
anti-oxydants.
La solubilité des glycosides est
supérieure à celle des flavonols correspondants.
On trouve en moyenne 4 à 5% d'acides
phénols dans les feuille de thé :
-
Des esters quiniques de l'acide caféique
L'acide caféique se forme
naturellement dans les végétaux par hydroxylation de l'acide 4-hydroxy (trans)
cinnamique
Par réaction avec l'acide quinique
on obtient
|
et |
|
-
L'acide gallique
Cet acide peut être obtenu par
dégradation des tanins
par des microorganismes.
Les tanins sont des combinaisons
complexes de glucose et d'acides polyphénoliques (dont l'acide gallique),
généralement hydrosolubles :
Exemple 1
1,4,6-tri-O-galloyl-β-D-glucose
Formé par la condensation de 3
molécules d'acide gallique avec du β-D-glucose :
Exemple 2
1,2,3,4,6-penta-O-digalloyl-β-D-glucose
Formé par la condensation de 5
molécules d'un dimère de l'acide gallique (l'acide digallique) avec du
β-D-glucose :
-
La caféine ou 1,3,7-triméthylxanthine ou 1,3,7-triméthylpurine-2,6-dione
(Voir annexe 2)
C'est un alcaloïde de la famille des
xanthines, excitant du système nerveux central et stimulant du système
cardio-vasculaire, présent dans le thé et le café.
La caféine a été découverte en 1819 par le chimiste allemand Friedlieb Runge,
décrite en 1820 par Pelletier et isolée des graines de café en 1821 pour la
première fois, par Robiquet.
Synthèse par Emil Fischer
en 1897.
Elle représente entre 2 et 4% de la
matière sèche des feuilles de thé.
-
La théobromine ou 3,7-diméthylxanthine ou
3,7-diméthyl-1-H-purine-2,6-dione.
Ses effets excitant et stimulant
sont moins marqués que ceux de la caféine et de la théophylline.
Elle est présente dans le cacao et
donc dans le chocolat. La molécule est très voisine de celle de la caféine. On utilise la
théobromine dans les cas d'insuffisance respiratoire chronique.
Elle représente environ 0,15% de la
matière sèche des feuilles de thé.
-
La théophylline ou 1,3-diméthylxanthine ou
1,3-diméthyl-7H-purine-2,6-dione.
C'est un inhibiteur des
phosphodiestérases.
Cette molécule a des propriétés
diurétiques et bronchodilatatrices. Elle a été utilisée comme antiasthmatique
de fond.
Effet excitant et psychostimulant.
Elle représente environ 0,03% de la
matière sèche des feuilles de thé.
3-3) Les acides aminés et les enzymes
On a pu isoler 19 acides aminés des
feuilles et des bourgeons des théiers..
Parmi ceux-ci la théanine est la
plus importante tant en ce qui concerne la quantité (1 à 2% du poids des
feuilles sèches) que la qualité car elle est responsable avec les polyphénols
non oxydés de l'arôme du thé vert et est donc directement liée au prix de vente
de celui-ci.
C'est un acide aminé non protéinogène présent sous forme libre dans le thé
vert.
C'est la
molécule responsable du goût umami des thés verts japonais ; elle existe aussi
dans les thés noirs.
Remarque :
Les 5
saveurs de base sont : salé, sucré, amer, acide et umami.
Ce
dernier goût est par exemple celui du miso japonais.
Elle est biosynthétisée à partir de
l'acide glutamique et de l'éthylamine, grâce à un enzyme, le L-glutamate
éthylamine ligase (ou théanine synthétase) et grâce à l'ATP, au niveau des
racines du théier :
Remarque :
La
théanine n'est pas seulement présente dans les thés ; on en trouve également dans un champignon le Bolet
bai (Xerocomus
badius).
On
reconnaît à la théanine un effet relaxant sur l'organisme.
3-3-2)
Les autres acides aminés
|
|
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Acide
γ-aminobutyrique |
Acide
aspartique |
Sérine |
Asparagine |
Arginine |
Acide
glutamique |
|
|
|
|
|
|
Lysine |
Histidine |
Leucine |
Valine |
Glutamine |
Glycine |
|
|
|
|
|
|
Thréonine |
Alanine |
Tryptophane |
Isoleucine |
Phénylalanine |
Proline |
La théanine, l'acide glutamique,
l'acide aspartique et l'arginine sont les principaux acides aminés présents
dans les feuilles au printemps.
La polyphénol oxydase et la
peroxydase sont les deux principales enzymes de la feuille de thé.
En chauffant légèrement les feuilles
de thé après cueillette on inactive ces
enzymes et cela permet aux feuilles de rester vertes ; sans cela, en effet, les
polyphénols entrent en contact avec l'oxygène de l'air, lors de la destruction
des parois des cellules au cours de la cueillette, ainsi qu'avec les enzymes et
il se produit un brunissement des feuilles.
Ce sont surtout des polysaccharides
; ils représentent environ 25% de la masse des feuilles sèches :
-
Les celluloses
Les feuilles de thé en contiennent
en moyenne 6,5%.
La cellulose est une macromolécule
linéaire et non–ramifiée, formée d'environ 500 à 5000 unités monomères de
glucose reliées les unes aux autres par des liaisons β-1,4-glycosidiques ;
le motif est un motif de cellobiose :
Les différentes chaînes placées côte
à côte sont liées par de nombreuses liaisons hydrogène ce qui donne à ce
matériau une très grande rigidité et qui explique qu'elle est la substance de
soutien (parois) des cellules jeunes des végétaux.
Le glucose présent dans la cellulose
ne peut cependant être utilisé en tant que tel, ni par les plantes ni par les
animaux. Dans l’alimentation humaine, la cellulose est présente sous forme de
fibres. Seuls les ruminants peuvent profiter de la cellulose, car durant leur
digestion des microorganismes parviennent à diviser les macromolécules, qui
deviennent alors assimilables par l’organisme. D’un point de vue chimique on
peut, dans des conditions très particulières, parvenir à transformer du bois en
sucres fermentescibles, comme le fait par exemple la Suède, afin de produire du
bioéthanol utilisé ensuite comme carburant.
Elle est insoluble dans l'eau et la
plupart des solvants organiques et n'est solubilisée que par une solution
ammoniacale d'hydroxyde de cuivre(II) : la liqueur de Schweitzer. Son hydrolyse
acide conduit au glucose.
-
Les hémicelluloses ou pentosanes
Les feuilles de thé en contiennent
en moyenne 11,5%
Les hémicelluloses sont des
polymères plus courts (masse molaire inférieure) ou ramifiés formés à partir de
pentoses (oses à cinq atomes de carbone comme le xylose), ou d'hexoses autres
que le glucose (galactose par exemple). Quelle que soit l'espèce d’arbre on
retrouve la même structure pour la cellulose alors que les hémicelluloses ont
des compositions et des structures qui varient considérablement selon qu'elles
proviennent de feuillus ou de résineux. Les hémicelluloses de feuillus sont
généralement plus riches en pentoses, que celles des résineux qui
habituellement contiennent davantage d'hexoses.
-
Les substances pectiques
C'est un ensemble complexe formé
d'une ossature majoritaire résultant d'un enchaînement d'acides
α-D-galacturonique liés en 1-4 (unités homogalacturonanes)
Certaines des unités
homogalacturonanes peuvent être méthylées et/ou acétylées :
Certaines unités homogalacturonanes
peuvent être substituées par des oses :
L'ose est alors le L(-)-rhamnose :
|
|
L'ose est alors le D(+)-xylose :
|
|
L'ose est alors le D-apiose
|
|
On peut donner un aperçu général de
la structure d'une pectine par le schéma suivant :
Roger PRAT, Michèle MOSINIAK,
Jean-Claude ROLAND : La paroi primaire de la cellule végétale ; les pectines.
Les pectines sont utilisées dans les
industries cosmétique, pharmaceutique ainsi que dans l'industrie alimentaire où
elles servent (E 440) comme agent de texture, gélifiants, stabilisants et
épaississants (confitures par exemple).
Les facteurs influant sur le
mécanisme d'association des pectines et donc sur la formation des gels sont, le
degré de méthylation (% de méthylation de la chaîne principale) le pH, la
concentration en sucres et en acides, la présence de chaînes latérales et le
degré de polymérisation (longueur des chaînes principales).
Ils représentent 4 à 7% du poids de
la feuille sèche.
On trouve
- Potassium K (environ 20 mg/g soit
9000 à 34000 ppm)
- Aluminium Al (environ 20 à 11000
ppm) ; il est en majorité complexé par les polyphénols.
- Fluor (sous forme de fluorures F-)
de 3 à 200 ppm.
On trouve aussi en quantités
moindres Calcium (Ca), Magnésium (Mg), Manganèse (Mn), Fer (Fe), Zinc (Zn),
Cuivre (Cu), Nickel (Ni).
3-6) Des caroténoïdes
En très faible quantité ils
participent néanmoins à l'arôme des thés noirs notamment :
Lycopène
(C40H56) |
|
γ-carotène(C40H56) |
|
Phytoène (C40H64) |
|
Cryptoxanthine (C40H56O) |
|
Violaxanthine (C40H56O4) |
|
Lutéine (C40H56O2) |
|
Zéaxanthine (C40H56O2) |
|
On trouve les vitamines C et
diverses vitamines B présentes en petites quantités :
Vitamine C On en trouve jusqu'à 500mg/kg dans
les feuilles fraîches. Plus abondante dans le thé vert que dans le noir car
elle est détruite lors de la "fermentation".C'est une vitamine
hydrosoluble qui Intervient dans de nombreux métabolismes. Elle renforce les défenses
naturelles de l'organisme. |
|
Vitamine B3 ou acide nicotinique C'est une
vitamine hydrosoluble. C'est un
cofacteur* d'oxydo-réduction (coenzyme) dans le métabolisme des glucides des
protéines et des lipides, réactions qui permettent à l'organisme de
s'approvisionner en énergie auprès de molécules "combustibles"
comme le glucose et les acides gras. |
|
Vitamine B2 ou riboflavine Les flavines sont des coenzymes qui transportent deux protons et deux
électrons. C’est par un mécanisme faisant intervenir hydrogène ou électron
qu’elles interviennent dans les oxydations cellulaires en se réduisant et se
réoxydant réversiblement. |
|
Vitamine B5 ou Acide pantothénique Cette
vitamine est omniprésente dans l'alimentation et ses carences sont
exceptionnelles (on peut observer une carence chez certains alcooliques ou
certaines femmes enceintes). Une
carence en vitamine B5 entraîne asthénie, insomnie, crampes dans les jambes,
fatigue et état dépressif, infections respiratoires… |
|
Vitamine B8 ou Vitamine H ou Coenzyme R ou Biotine C'est une vitamine hydrosoluble. Les carences sont rares car la vitamine B8 est présente dans beaucoup
d'aliments. Elle se manifeste selon le degré par des ongles cassants, une
alopécie modérée, une peau sèche et écaillée ; fatigue, perte d'appétit,
somnolence, diminution du tonus musculaire… La biotine a une grande affinité pour une glycoprotéine, l'avidine
(présente dans le blanc d'oeuf cru), sur laquelle elle se fixe en formant un
complexe résistant à toutes les dégradations enzymatiques dans le tube
digestif. Une trop grande quantité d'avidine peut donc entraîner une carence
en biotine celle ci étant soustraite à l'absorption intestinale. |
|
3-8) Des composés terpéniques
Ils représentent environ 1% de la
masse des feuilles sèches de thé, c'est-à-dire qu'ils existent en quantités
infimes.
Ils participent néanmoins au goût et
à l'arôme des boissons.
Pour la plupart ces substances
dérivent d'autres substances apparues au cours des traitements des thés.
Ce sont surtout des alcools des
phénols et des aldéhydes monoterpéniques :
|
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Linalol |
Géraniol |
Eugénol |
|
|
|
Jasmonal |
Lévo-menthol |
Thymol |
Les
flavonoïdes
On
dit d'un très grand nombre de substances naturelles qu'elles sont des
flavonoïdes ; ce sont toutes des composés appartenant à la famille des
polyphénols ; elles constituent les pigments de la plupart des végétaux et
interviennent dans la coloration des feuilles, des fleurs, des fruits.
A l'état naturel on trouve très souvent les flavonoïdes sous forme
d'hétérosides, une ou plusieurs de leurs fonctions phénols sont alors
glycosylées (les oses étant le glucose, le galactose, le rhamnose ou
l'arabinose). La partie autre que l'ose est appelée aglycone.
Le nom de flavonoïdes vient du fait que ces molécules ont toutes une structure
semblable à celle de la molécule de flavone (ou 2-phénylchromone) :
Les flavonoïdes sont divisés en plusieurs classes qui se différencient par le
degré de saturation de l'hétérocycle de l'aglycone, son oxydation et sa
conformation spatiale :
- les flavonols
- les anthocyanidines (ou anthocyanidols)
- les flavanols
Les anthocyanidines peuvent être obtenues soit à partir des flavonols (par
réduction) ou par oxydation des flavanols :
Les flavonoïdes sont solubles dans l'eau chaude.
1) Les flavonols
Ce sont des pigments jaunes présents notamment dans la pellicule des raisins et
dans les feuilles de vigne.
Leur forme aglycone est très stable et dans l'hétéroside, l'ose est fixé sur
l'oxygène du OH placé en position 3 :
2) Les anthocyanidines (ou
anthocyanidols):
Ils constituent la partie aglycone des anthocyanes.
Les anthocyanidines ont pour structure de base l'ion flavylium :
Ils ont une structure commune polyhydroxylée :
3) Les flavan-3-ols:
Ils ont également une structure commune polyhydroxylée :
On remarque deux centres chiraux dans
cette structure, en C2 et C3.
La catéchine correspond à 2 liaisons trans en C2 et C3
et l'épicatéchine à 2 liaisons cis.
Il y a donc 4 stéréoisomères :
- La (+)-catéchine et la (-)-catéchine
- La (+)-épicatéchine et la (-)-épicatéchine
Le noyau purine et la xanthine
-
Noyau purine
La numérotation de ce noyau ne
correspond pas à la numération systématique.
On distingue plusieurs isomères
(tautomères) :
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5-H-purine |
7-H-purine |
9-H-purine |
Le noyau purine ainsi représenté
n'existe pas dans la nature ; on trouve par contre de nombreux dérivés dont la
xanthine qui correspond à un dérivé hydroxylé.
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Xanthine
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Xanthine |
Xanthine
(forme oxo) |