LE CAFE
Plan de
l'étude
1) Généralités
2-1) La
récolte
2-2) Le café
vert
3) Les constituants des graines de café vert
3-1) Les
principaux constituants
3-2) Les
molécules des principaux constituants
3-2-1) Glucides et fibres
3-2-2) Substances azotées
3-2-3) Lipides
3-2-4) Les acides
3-2-5) Minéraux et vitamines
4-2-1) Influence de la nature des glucides sur la réaction de
Maillard
4-2-2) Influence de la nature des acides aminés sur la réaction
de Maillard
4-2-3) Quelques classes de composés issus de la réaction de
Maillard
4-3) Les
constituants des grains de café torréfiés
5) Le café boisson et le marc de café
5-1) Le café
boisson
5-2) Le marc
de café
7-1) Extraction
par solvants organiques
7-2) Extraction
par CO2 supercritique
7-3) Extraction
par l'eau
Annexe 1 Théobromine,
théophylline
Annexe 2 Mode
d'action de la vitamine E vis-à-vis de l'oxydation des lipides
Annexe 3 Acides
caféique, férulique et para-coumarique
Annexe 4 Extraction
par CO2 à l'état de fluide supercritique
C'est probablement
en Ethiopie où les caféiers sauvages poussent sur les hauts plateaux que le
café a été découvert.
Les
plantes de genre Coffea de la famille des Rubiacées sont des arbustes à
feuilles persistantes, à écorce gris pâle et dont les fruits sont des drupes à
pulpe sucrée, brillantes, rouges, jaunes ou pourpres renfermant chacune deux
noyaux ; chacun d'eux contient une graine. Les fleurs disposées en bouquets
sentent le jasmin.
La
durée de vie de ces arbustes varie de trente à cinquante ans.
|
|
-1-
Une branche de Coffea arabica -2- Fruits (drupes) -3- Graine de café verte (non torréfiée) -4- Graine de café torréfiée (grain de café) |
|
Parmi
les quelques 80 espèces d'arbres du genre Coffea existant dans le monde
deux seulement sont cultivées, le caféier arabica (Coffea arabica)
donnant le café le plus apprécié et le caféier robusta (Coffea canephora) nécessitant
moins d'entretien.
On les
trouve dans les régions situées de part et d'autre de l'équateur entre le 28ème
degré de latitude nord et le 30ème degré de latitude sud. Ils aiment
les climats modérés et ne se développent que si la température ne descend pas
au dessous de 10°C et n'excède pas 35°C.
Coffea arabica
aime
la moyenne altitude (entre 200 et 2000 mètres) et apprécie l'ombre et
l'humidité tandis que Coffea canephora pousse en basse altitude,
s'accommode mieux de la chaleur mais a besoin aussi d'humidité.
Les
principaux pays producteurs de café dans le monde sont (leur production en
millions de tonnes en 2018 est indiquée à côté) :
Brésil |
3,7 |
Vietnam |
1,8 |
Colombie |
0,85 |
Indonésie |
0,61 |
Ethiopie |
0,45 |
Honduras |
0,45 |
Inde |
0,31 |
Ouganda |
0,29 |
Pérou |
0,26 |
Le Brésil
produit surtout du café arabica (67% de sa production) qui, il faut le
signaler, n'est pas cultivé en altitude. Il en est de même (café arabica) en
Colombie et en Ethiopie.
Le
Vietnam et l'Indonésie produisent surtout du robusta.
On
obtient un peu plus de 2kg de fruits par arbre pour un caféier arabica. La
récolte a lieu en 2 ou 3 mois à une période dépendant de la situation
géographique des plantations.
Il
existe trois procédés de récolte des drupes ; la méthode utilisée, qui
conditionnera la qualité des graines et l'avenir des arbres, est importante :
- En secouant les arbres, on obtient
des fruits à divers degrés de maturité et sans aucun tri (fruits sains et abîmés)
ce qui n'assure pas une qualité reproductible pour des récoltes successives.
- En passant un peigne dans le
feuillage, strip-picking, ce qui arrache les drupes mais aussi
beaucoup de feuilles et l'écorce des arbres.
- En cueillant à la main les fruits
sains et rouges, c'est le picking ; cette méthode plus coûteuse car
nécessitant de la main-d'œuvre et du temps est réservée aux caféiers arabica
qui fournissent les cafés les plus fins.
Les
drupes recueillies (appelées "cerises") sont ensuite traitées sans
délai, par voie sèche ou par voie humide.
- par voie sèche
on
place les "cerises" au soleil, soit directement sur une aire en béton
ou sur des bâches ou sur des tissages suspendus ("lit africain") ;
les "cerises" disposées en couches fines sont régulièrement brassées
avec de grands râteaux et protégées de la pluie. Le séchage dure environ une
vingtaine de jours.
L'eau
contenue dans le fruit est réduite à 12% environ (contre 65% dans le fruit
frais). Tout ce qui entoure les graines de café (peau, pulpe et enveloppe des
graines appelée parche) a séché et constitue la coque. On estime que le séchage
est terminé quand on entend la graine bouger quand on agite la coque.
- par voie humide
on
enlève la majeure partie de la pulpe des drupes mécaniquement puis le reste par
fermentation (actions d'enzymes microbiennes) en les plaçant dans de grands
bacs d'eau et en les agitant régulièrement pendant environ 24 heures.
Les
graines seulement entourées de leur parche, sont ensuite séchées au soleil ou
dans des grands fours à air chaud ; on utilise parfois les deux méthodes
successivement.
Comme
précédemment l'eau est réduite dans la graine à 12%.
Cette
méthode est considérée comme la plus "noble" et est réservée aux
cafés les plus délicats (l'eau diminue l'amertume, l'astrigence et augmente
l'acidité ce qui fait dire à certains qu'il est plus fin).
Le café
dit "coque" car obtenu par voie sèche, donc dans une coque, est
ensuite débarrassé de celle-ci et on obtient le café vert nature.
Le café
obtenu par voie humide est débarrassé de la parche et on obtient le café vert
lavé.
Dans
les deux cas les graines passent dans des cribles qui les trient en fonction de
leur grosseur ; un deuxième tri a lieu par densité, dans l'eau : les graines
les plus mûres sont plus denses et restent au fond ; un troisième tri
(colorimétrique) permet d'éliminer certaines graines de couleur indésirable
(noire qui donnerait un goût amer et terreux à la boisson ou blanche qui
donnerait un goût plat, ligneux au café) et de ne garder que celles de couleur
vert bleu pour l'arabica lavé et plutôt brune pour le robusta obtenu par voie
sèche.
Le café
doit être placé dans des sacs de sisal ou des toiles de jute qui permettent à
l'air de passer, empêchent ainsi l'humidité de stagner et évitent le
développement des moisissures ; on l'entrepose vert plutôt que torréfié si on
veut préserver l'ensemble des arômes.
3)
Les constituants des graines de café vert
La
composition chimique des graines de café dépend, comme pour toute substance issue
de l'arboriculture ou même de l'agriculture en général, de beaucoup de facteurs
; l'espèce de caféier bien sûr, arabica et canephora ont en gros
les mêmes constituants mais en proportions différentes ; mais encore pour une
même espèce, le type de terre, l'humidité, la chaleur, l'altitude,
l'ensoleillement, le mode de production … vont avoir une influence sur cette
composition.
3-1) Les
principaux constituants
Le
tableau ci-dessous donne les valeurs limites, en pourcentage en masse (g pour
100g de matière sèche ; la teneur en eau des graines de café oscillant entre 5
et 12%) des principales familles de composés que l'on rencontre dans le café
vert pour Coffea arabica et Coffea canephora en sachant que ce
récapitulatif n'est pas exhaustif ; il existe en effet de très nombreuses
molécules dans une graine de café.
|
|
Arabica vert |
Canephora vert |
|
|
g/100g |
g/100g |
Glucides
et fibres |
|
|
|
|
Oses réducteurs |
0,1 |
0,4 |
|
Oligoholosides |
6,0 – 9,0 |
0,9 – 4,0 |
|
Polyholosides |
34 – 44 |
48 – 55 |
|
Lignine |
3,0 |
3,0 |
|
Pectine |
2,0 |
2,0 |
Total glucides |
|
45,1
– 58,1 |
54,3
– 64,4 |
|
|
|
|
Substances
azotées |
|
|
|
|
Protéines et peptides |
10 - 11 |
11 -15 |
|
Acides aminés libres |
0,5 |
0,8 – 1,0 |
|
Caféine |
0,9 – 1,3 |
1,5 – 2,5 |
|
Trigonelline |
0,6 – 2,0 |
0,6 – 0,7 |
Total substances azotées |
|
12,0
– 14,8 |
13,9
– 19,2 |
|
|
|
|
Lipides |
|
|
|
|
Triglycérides |
11 - 13 |
5 – 8 |
|
Divers dont diterpéniques |
0,4 – 0,9 |
0,15 – 0,6 |
Total lipides |
|
11,4
– 13,9 |
5,15
– 8,6 |
|
|
|
|
Acides |
|
|
|
|
Acides chlorogéniques |
4,1 – 7,9 |
6,1 – 11,3 |
|
Acides aliphatiques |
1,0 |
1,0 |
|
Acide quinique |
0,4 |
0,4 |
Total acides |
|
5,5
– 9,3 |
7,1
– 12,7 |
|
|
|
|
Minéraux
et vitamines |
|
3,0
– 4,2 |
4,4
– 4,5 |
3-2) Les
molécules des principaux constituants
Glucides |
- Oses
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Mannose |
Galactose |
Glucose |
Fructose |
Ribose |
Arabinose |
Xylose |
A part
le fructose, l'ensemble de ces oses sont des aldoses et ils sont réducteurs.
- Oligosides
* Le saccharose
C'est
un des sucres formés au cours de la photosynthèse. Il est très aisément soluble
dans l’eau : 200g dans 100ml à 20°C (à 100°C : 400g dans 100ml) et, de ce fait,
il circule facilement dans les plantes afin de leur fournir l’énergie qui leur est
nécessaire. Toutefois, cette substance fixe de grandes quantités d’eau et
influe sur l’équilibre osmotique. La teneur en saccharose de la sève des
plantes n’excède par conséquent guère plus de 15%.
Le
saccharose de structure
|
α-D-glucopyrannosyl-β-D-fructofurannose |
est
formé à partir de deux glucides simples, c’est un diholoside.
* Le
raffinose ou mélitose
est un
triholoside formé d'un enchaînement de D-galactose, de D-glucose et de
D-fructose.
Par
hydrolyse en présence de l'enzyme α-galactosidase il se scinde en
saccharose (enchaînement de glucose et de fructose) et en galactose.
* Le
stachyose
est un
tétraholoside formé d'un enchaînement de
deux unités D-galactopyranose, d'une unité D-glucopyranose et d'une unité
D-fructofuranose.
Il a un
pouvoir sucrant d'environ deux tiers de celui du saccharose.
Remarques :
La
présence en quantité plus importante des oses et des oligoholosides dans le
café arabica que dans le café robusta explique en grande partie la plus grande
douceur que l'on perçoit lorsqu'on déguste l'arabica.
Tous
ces oses et osides sont solubles dans l'eau.
- Polyholosides
*
Galactomannanes
Il s'agit de chaînes de β-D-mannose
(β-(1->4)-D-mannanes) substituées en C-6 par des résidus galactose avec
environ 1 mannose substitué sur 20.
Les galactomannanes sont
partiellement solubles dans l'eau.
*
Arabinogalactanes
Il s'agit de chaînes de
β-(1->3)-D-galactose substituées en C-6 par des résidus de galactose et
d'arabinose (arabinogalactanes de type II) ; il y a environ 4 arabinoses pour
10 galactoses.
Les arabinogalactanes sont totalement
solubles dans l'eau.
*
Cellulose
Différentes
chaînes linéaires placées côte à côte sont liées par de nombreuses liaisons
hydrogène ce qui donne à ce matériau une très grande rigidité.
Fibres |
-
Lignines
C'est
le troisième constituant de la paroi cellulaire (constituant de la paroi
secondaire des cellules des végétaux) ; c'est un polymère réticulé
(tridimensionnel) dont la structure complexe varie, en fonction de l'espèce, de
l'âge du végétal et des conditions climatiques.
On peut cependant dégager une structure de base commune dite "phénol
propane" :
-
pour les plantes annuelles |
|
-
pour les bois résineux |
|
-
pour les bois feuillus |
|
Les
lignines sont insolubles dans l'eau.
- Pectines
C'est
un ensemble complexe formé d'une ossature majoritaire résultant d'un
enchaînement d'acides α-D-galacturonique liés en 1-4 (unités
homogalacturonanes)
Certaines
des unités homogalacturonanes peuvent être méthylées et/ou acétylées :
Certaines
unités homogalacturonanes peuvent être substituées par des oses :
*
Rhamnogalacturonanes
L'ose
est alors le L(-)-rhamnose :
|
|
*
Xylogalacturonanes
L'ose
est alors le D(+)-xylose :
|
|
*Apiogalacturonanes
L'ose
est alors le D-apiose
|
|
- Amines
Présentes
dans de nombreuses plantes, on en trouve en faibles quantités, de l'ordre d'une
centaine de milligrammes par kilogramme de matière sèche, dans les graines de
café vert.
|
|
|
Putrescine (55% des amines environ) |
Spermidine (25% des amines environ) |
Spermine (20% des amines environ) |
- Acides aminés libres
On
trouve essentiellement
|
|
|
L'acide glutamique |
L'acide aspartique |
L'acide
γ-aminobutyrique ou GABA |
Acide α-aminé ; ce n'est pas un acide
aminé essentiel pour l'homme, mais l'apport par l'alimentation peut être
nécessaire si l'apport endogène est insuffisant. |
Acide α-aminé ; ce
n'est pas un acide aminé essentiel pour l'homme. C'est un métabolite du cycle
de l'urée. |
C'est
un important neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux central. |
-
Acides aminés constituant les peptides ou les protéines
Outre les trois déjà cités dans la
fraction libre, on trouve :
L'alanine, l'arginine, l'asparagine,
la cystéine, la glycine, l'histidine, la 3-méthylhistidine, l'isoleucine,
la leucine, la lysine, la méthionine, la phénylalanine,
la proline, la sérine, la thréonine, la tyrosine, la valine, le
tryptophane.
Les
acides aminés soulignés sont des acides α-aminés essentiels.
Des
enzymes participent pour une part infime à la présence de protéines dans le café
vert ; elles sont importantes dans les processus de modifications biochimiques
de celui-ci ; on trouve par exemple des protéases des lipases, des amylases,
des catalases, des polyphénoloxydases, des α et β-galactosidases, des
phosphatases acides ….
- Alcaloïdes
*Caféine
Connue
aussi sous le nom de 1,3,7-triméthylxanthine, cette molécule est un alcaloïde, excitant du système
nerveux central et stimulant du système cardio-vasculaire, présent aussi dans
le thé.
La caféine a été isolée des graines de café en 1820 pour la première fois, par Robiquet.
D'autres
alcaloïdes qui sont aussi des xanthines (théobromine, théophylline, ….Voir annexe 1) sont présents en quantités très faibles.
La
caféine est moyennement soluble dans l'eau à froid ; sa solubilité augmente
avec la température.
La caféine
est présente en moins grande quantité dans l'arabica que dans le robusta
(environ deux fois moins).
*Trigonelline
ou méthylbétaïne
C'est
un alcaloïde dérivé de l'acide nicotinique dont il est
un produit du métabolisme, par addition d'un groupement méthyle sur l'azote.
Il est
présent dans de nombreuses autres plantes (chanvre, avoine, fenugrec ….).
La
trigonelline est très soluble dans l'eau. La torréfaction va dégrader la
molécule conduisant à des composés renforçant les arômes.
Les
fractions lipidiques que l'on peut extraire à l'hexane, au Soxhlet, des grains
de café vert sont
- Les triglycérides
Ils constituent
environ 75 % de l'ensemble des lipides.
Ce sont
essentiellement des esters du glycérol et des acides linoléique, stéarique,
oléique mais aussi palmitique …
Trois
composés majoritaires (environ 60% de l'ensemble des triglycérides)
*distéarolinoléine
*stéarodilinoléine
*stéarooléolinoléine
- Esters diterpéniques
On
trouve aussi des esters d'acides gras avec les alcools diterpéniques suivants,
*le cafestol
*le kahwéol
Le
cafestol est le plus abondant.
Remarque :
On
trouve aussi le cafestol et le kahwéol libres
- Esters de stérols
On
trouve aussi des linoléates ou des palmitates de
* β-Sitostérol
Le plus
abondant des phytostérols (stérols
végétaux)
Sa structure ne diffère du cholestérol que par la présence d'un groupement éthyle
sur le carbone n°24 (numérotation des stéroïdes).
Les animaux supérieurs synthétisent le cholestérol, mais pas le
β-Sitostérol ce qui montre combien sont spécifiques les enzymes servant à
ces synthèses.
*Stigmastérol
Phytostérol
présent, en particulier, dans l'huile des graines de soja.
Sa molécule ne diffère de celle du β-Sitostérol, que par la présence d'une
double liaison en C(22)-C(23).
*Campestérol
C'est
aussi un phytostérol, très voisin des précédents et présent dans de nombreux
légumes et fruits.
*Cycloarténol
Phytostérol
produit à partir du squalène, à propriétés anti-inflammatoires.
L'acidité
est un caractère important d'un café ; de la même façon qu'on attache de l'importance
à son arôme, on est sensible à son acidité.
- Les acides aliphatiques
Ceux
que l'on rencontre en quantités sensiblement égales dans les deux types de café
sont
* L'acide citrique (≈
1% de la matière sèche)
|
* L'acide malique (≈
0,5% de la matière sèche)
* On trouve aussi de
l'acide quinique
en
quantité légèrement plus importante dans l'arabica (≈ 0,5% de la matière
sèche) que dans le robusta (≈ 0,3% de la matière sèche).
- Les acides chlorogéniques
Les
acides chlorogéniques sont des composés phénoliques, esters des acides
caféique, férulique et para-hydroxycinnamique (ou p.coumarique) (voir annexe 3) avec les fonctions alcool de l'acide quinique en
3,4 et 5.
On
distingue les acides
* 3 ou 4 ou
5-caféylquiniques (3-ACQ, 4-ACQ, 5-ACQ)
Ils
sont prépondérants dans l'arabica et constituent 86% de l'ensemble des acides
chlorogéniques ; le plus abondant étant le 5-ACQ qui représente 61% des acides
caféylquiniques.
|
|
|
3-ACQ |
4-ACQ |
5-ACQ |
* 3,4 ou 3,5 ou
4,5-dicaféylquiniques (3,4-AdiCQ, 3,5-AdiCQ, 4,5-AdiCQ)
|
|
|
3,4-AdiCQ |
3,5-AdiCQ |
4,5-AdiCQ |
* 3 ou 4 ou
5-férulylquiniques (3AFQ, 4AFQ, 5-AFQ)
|
|
|
3AFQ |
4AFQ |
5-AFQ |
*3 ou 4 ou
5-parahydroxycinnamylquiniques (3-ACoQ, 4-ACoQ, 5-ACoQ)
|
|
|
3-ACoQ |
4-ACoQ |
5-ACoQ |
Etymologie : du grec ancien
χλωρός (khlôrós) "vert", γένος (genos)
"naissance".
Ce nom
est dû aux composés verts que certains de ces acides donnent par oxydation ; en
effet ils constituent des substrats pour les enzymes polyphénols oxydases
(PPO). Ceux-ci oxyderaient les
ortho-diphénols en ortho-quinones qui après polymérisation formeraient des
pigments colorés.
Dans les
végétaux, les acides chlorogéniques sont généralement des composés de défense
ou des précurseurs de la synthèse de la lignine. Leur présence augmente à la
suite d'une blessure des végétaux.
- Les éléments minéraux principaux
des cafés verts sont le potassium (K) environ 39%, le Magnésium (Mg), le Phosphore (P).
Mais
beaucoup d'autres sont présents en très petites quantités et parfois même à
l'état de traces : Sodium (Na), Calcium (Ca), Soufre (S), Zinc (Zn), Strontium
(Sr), Manganèse (Mn), Fer (Fe), Cuivre (Cu) …..
Ces
minéraux sont présents sous forme de composés solubles dans l'eau et donc
présents dans la boisson.
- La vitamine B3 est majoritaire
dans les cafés verts mais on trouve également les vitamines B5, B2, B6, B1, C
et E.
Toutes
ces vitamines sauf la vitamine E sont hydrosolubles et se retrouvent (à
l'exception de B1 et C qui sont dégradées lors de la torréfaction) dans la
boisson.
|
|
|
Vitamine B1 (ou thiamine) |
Vitamine B2 (ou riboflavine) |
Vitamine B3 (acide nicotinique) |
|
|
|
Vitamine B5 (ou acide pantothénique) |
Vitamine B6 (ou pyridoxine) |
Vitamine C (acide ascorbique) |
Les tocophérols
Ces
molécules présentes en petites quantités (quelques μg/g de matière sèche)
dans le café vert et dont le mélange constitue la vitamine E, sont des
agents réducteurs protégeant les lipides insérés dans les membranes cellulaires
en les empêchant de se détruire par oxydation ; elle stoppe le mécanisme de
propagation de la chaîne d'oxydation en réduisant les intermédiaires
radicalaires (voir annexe 2).
*α-tocophérol
*β-tocophérol
*γ-tocophérol
C'est une
opération capitale qui va consister à chauffer au gaz ou à l'éléctricité (le fioul
apporte parfois une odeur) les graines de café vert pour d'abord éliminer les
12% d'eau qu'elles contiennent puis permettre à diverses réactions chimiques
dites réactions de Maillard d'avoir lieu, ce qui conduira aux arômes si divers,
si subtils et agréables que l'on perçoit dans l'atelier d'un torréfacteur.
Notons que le café vert n'a pas d'arôme.
Plusieurs
méthodes de torréfaction parmi lesquelles :
- 1 - On porte à 200°C pendant 20
minutes c'est la torréfaction traditionnelle.
- 2 - On porte à 250°C pendant 10
minutes ; c'est la torréfaction industrielle.
- 3 - La torréfaction flash : on
porte à 850°C pendant 90 secondes.
Les graines
sont constamment brassées pour que la chaleur qu'elles reçoivent soit uniforme.
Dès la fin
du chauffage, il faut refroidir de façon efficace par brassage de l'air pour
éviter que les composés formés ne continuent à se transformer.
La
torréfaction est une opération de spécialiste car elle exige en cours
d'opération une analyse à la fois visuelle et olfactive des graines.
Des
processus industriels permettent une automatisation de l'opération mais le
résultat dépend beaucoup des graines de départ. Signalons qu'avant torréfaction
des mélanges de cafés verts sont souvent effectués, jusqu'à 7 provenances différentes
et ceci pour des raisons organoleptiques (les différents arômes résultant de
ces graines se complètent), économiques et de constance de la qualité du café
torréfié proposé au consommateur.
Pendant la
torréfaction on voit la graine de café se modifier car les parties volatiles
(eau et autres gaz formés) s'en vont. La graine augmente de volume, devient
poreuse, sa couleur change et passe au brun plus ou moins foncé suivant le
degré de torréfaction ; on parle alors de grain de café.
Les
réactions de Maillard et Strecker qui ont lieu conduisent à la formation des
pyrazines, alkylpyrazines, alkylpyridines, pyrroles, furannes, furanones,
pyranones, oxazoles ….(voir les formules en 4-2-3)
molécules contribuant aux différents arômes que l'on peut percevoir au fur et à
mesure de l'opération. La matière grasse contribue largement à dissoudre
certains de ces composés et donc à fixer ces arômes. Les couleurs successives des grains de café sont dues aux
mélanoïdines formées.
Les composés
ne sont pas les mêmes suivant l'importance de la température atteinte et le
temps de torréfaction. La torréfaction flash par exemple ne permet pas aux
réactions de Maillard et Strecker de se produire et donc aux arômes de se
former. Elle est plutôt utilisée pour fabriquer les cafés solubles.
C'est une
réaction entre la fonction carbonyle
|
d'un ose et
la fonction amine (-NH2) d'une protéine ou d'un acide aminé, à
chaud.
Il se forme une imine, qui se réarrange (réarrangement d'Amadori) et conduit à
une cétone qui peut alors réagir elle aussi avec une autre fonction amine. Il
peut ainsi se produire une polymérisation qui aboutit à des produits bruns.
Réarrangement
d'Amadori:
La réaction de Maillard est favorisée à pH compris entre 4 et 7, gamme de pH de
la plupart des aliments et donne les produits bruns de la bière.
C'est ainsi
aussi que l'on obtient la teinte d'un brun plus ou moins foncé de la croûte du
pain, du café torréfié, du sucre de canne roux, de la viande grillée, …...
Cette réaction intéresse beaucoup l'industrie agro-alimentaire car elle
conditionne fortement le développement d'arômes et de textures croustillantes.
Signalons
que la réaction de Maillard peut présenter quelques inconvénients :
Elle rend inassimilable la lysine (acide aminé essentiel)
qui a subi cette transformation dans certains produits en conserves. Il se
trouve que cet acide aminé en particulier est plus spécialement mis en jeu dans
le phénomène.
Les produits qui se forment lors de la réaction de Maillard (MRP pour Maillard
Reaction Products, ou AGEs pour Advanced Glycation End-products ou PTG pour
Produits Terminaux de Glycation) dans les aliments à forte teneur en sucre et
en présence d'acides aminés sont très nombreux et n'ont pas tous été
identifiés. Pris dans leur ensemble les MRP sont néphrotoxiques
à fortes doses. Certains d'entre eux présentent des effets mutagènes et
d'autres à l'inverse ont un effet protecteur de la mutagénèse.
Parmi les nombreux composés identifiés on trouve les furannoses : hydroxyméthylfurfural, furanosine, furfuraldéhyde.
Les données toxicologiques ne permettent pas en 2019 l'établissement d'une DJT (dose
journalière tolérable) pour les MRP.
Le schéma
simplifié de la réaction de Maillard (adapté de Hodge, 1953) est le
suivant :
Le détail
des étapes numérotées de 1 à 10 est le suivant :
-1- Condensation de Maillard
:
Remarque :
Avec un
cétose on obtient :
-2- Réarrangement d'Amadori
– Réarrangement de Heyns:
En partant
d'un aldose et notamment par action d'un acide aminé la base de Schiff subit
rapidement un réarrangement d'Amadori et on aboutit à une cétosamine :
En partant
d'un cétose la base de Schiff subit un réarrangement de Heyns et on aboutit à
une aldosamine :
-3- Produits de
scission :
|
|
|
Pyruvaldéhyde
ou Méthylglyoxal |
Butan-2,3-one
ou Diacétyle |
Hydroxyacétone |
-4- Déshydratation
forte :
Elle est
favorisée en milieux acides.
La
polymérisation du 5-hydroxyméthylfurfural donne des produits bruns
(mélanoïdines) :
-5- Déshydratation modérée :
Elle se
produit en milieu neutre ou légèrement alcalin.
-6 et 7- Dégradations
de Strecker
-8,9,10- Scission,
condensation et polymérisation :
Ces
réactions finales donnent des produits volatils,odorants et colorés en brun par
des mélanoïdines.
Schéma de
synthèse de mélanoïdines à partir de réductones et de résidus d'arginine
(d'après Hofmann, 1988)
4-2-1) Influence de
la nature des glucides sur la réaction de Maillard :
Plus le
nombre d'atomes de carbones est petit plus le glucide est réactif ; les cétoses
sont plus réactives que les aldoses.
Ainsi le
D-xylose est plus réactif (>) que le L-arabinose > D-fructose >
D-galactose > D-mannose > D-glucose > maltose > lactose
>saccharose.
|
|
|
|
|
|
D(+)-Xylose |
L(+)-Arabinose |
D(-)-Fructose |
D(+)-Galactose |
D(+)-Mannose |
D(+)-Glucose |
Un glucide sous
forme hémiacétalique ne donne pas de réaction de brunissement. C'est le taux de
forme ouverte qui conditionne la réactivité :
% de forme
ouverte |
|||
pH 6,6 |
pH 7,0 |
pH 7,5 |
|
D-Glucose |
0,012 |
0,022 |
0,04 |
D-Mannose |
0,04 |
0,06 |
0,1 |
D-Ribose |
10 |
18,5 |
30 |
4-2-2) Influence de
la nature des acides aminés sur la réaction de Maillard :
La nature
des acides aminés influe aussi sur la réactivité :
Acides
aminés |
Réactivité
relative |
L-Glycocolle |
100 |
L-Alanine |
100 |
D,L-Ornithine |
400 |
L-Lysine |
480 |
(D'après
"Réactions de brunissement" Stéphane Bouquelet- Professeur -
Université des sciences et technologies de Lille – 20 avril 2016).
4-2-3) Quelques
classes de composés issus de la
réaction de Maillard : (van Boekel, 2006)
Famille
chimique |
Molécules |
Arôme
associé |
Exemple
d'aliment |
Pyrazines |
|
cuit,
rôti, toasté, céréales cuites |
aliments
chauffés en général |
Alkylpyrazines |
|
noix, rôti
|
café |
Alkylpyridines |
|
vert,
amer, astringent, brûlé |
café,
orge, malte |
Acylpyridines |
|
cracker |
produits
céréaliers |
Pyrroles |
|
céréales |
céréales,
café |
Furannes,
furanones, pyranones |
|
sucré-doux,
brûlé, âcre, caramel |
aliments chauffés
en général |
Oxazoles |
|
vert,
noix, sucré-doux |
cacao,
café, viande |
Thiophènes |
|
viande |
viande
cuite |
4-3) Les
constituants des grains de café torréfiés
|
|
Arabica vert |
Arabica torréfié |
Canephora vert |
Canephora torréfié |
|
|
g/100g |
g/100g |
g/100g |
g/100g |
Glucides et fibres |
|
|
|
|
|
|
Oses
réducteurs |
0,1 |
0,3 |
0,4 |
0,3 |
|
Oligoholosides |
6,0 – 9,0 |
4,2 |
0,9 – 4,0 |
1,6 |
|
Polyholosides |
34 – 44 |
31-33 |
48 – 55 |
37 |
|
Lignine |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
|
Pectine |
2,0 |
2,0 |
2,0 |
2,0 |
Total
glucides |
|
45,1 – 58,1 |
40,5 -42,5 |
54,3 – 64,4 |
43,9 |
|
|
|
|
|
|
Substances azotées |
|
|
|
|
|
|
Protéines
et peptides |
10 - 11 |
7,5-10 |
11 -15 |
7,5-10 |
|
Acides
aminés libres |
0,5 |
- |
0,8 – 1,0 |
- |
|
Caféine |
0,9 – 1,3 |
1,1-1,3 |
1,5 – 2,5 |
2,4-2,5 |
|
Trigonelline |
0,6 – 2,0 |
0,2-1,2 |
0,6 – 0,7 |
0,3-0,7 |
Total
substances azotées |
|
12,0 – 14,8 |
8,8-12,5 |
13,9 – 19,2 |
10,2-13,2 |
|
|
|
|
|
|
Lipides |
|
|
|
|
|
|
Triglycérides |
11 - 13 |
13 |
5 – 8 |
8 |
|
Divers dont
diterpéniques |
0,4 – 0,9 |
0,7 |
0,15 – 0,6 |
0,25 |
Total
lipides |
|
11,4 – 13,9 |
13,7 |
5,15 – 8,6 |
8,25 |
|
|
|
|
|
|
Acides |
|
|
|
|
|
|
Acides
chlorogéniques |
4,1 – 7,9 |
1,9-2,5 |
6,1 – 11,3 |
3,3-3,8 |
|
Acides aliphatiques |
1,0 |
1,6 |
1,0 |
1,6 |
|
Acide
quinique |
0,4 |
0,8 |
0,4 |
1,0 |
Total
acides |
|
5,5 – 9,3 |
4,3-4,9 |
7,1 – 12,7 |
5,9-6,4 |
|
|
|
|
|
|
Minéraux et vitamines |
|
3,0 – 4,2 |
4,2 |
4,4 – 4,5 |
4,5 |
Mélanoïdines |
|
- |
25 |
- |
25 |
- Les glucides
Ils sont
dégradés par la torréfaction ; les oligoholosides donnent des oses (par exemple
le saccharose est inverti ; il donne le D-Glucose et le D-Fructose). Ces oses réagissent
avec les acides aminés pour donner des composés bruns par réaction de Maillard.
Les acides
aminés libres disparaissent totalement dans le grain de café torréfié ; ils ont
participé à la réaction de Maillard.
Les enzymes
disparaissent aussi totalement après torréfaction.
La caféine
n'est pratiquement pas affectée ; ce n'est pas le cas de la trigonelline qui se
décompose en acide nicotinique, en pyridine et en substances aromatiques qui
renforcent les arômes. La trigonelline contribue à l'amertume de la boisson.
Notons que
le rapport des quantités de trigonelline et d'acide nicotinique dans le café
torréfié peut constituer un indicateur de son degré de torréfaction.
|
|
|
Trigonelline |
Acide nicotinique (vitamine B3) |
Pyridine |
- Les lipides
Les
triglycérides ne sont pas modifiés. Ils permettent de dissoudre certaines molécules
participant aux arômes et diminuent ainsi la perte d'arôme par volatilité.
Les esters
de stérols ne sont pas modifiés non plus.
Des acides
gras libres apparaissent, provenant de l'hydrolyse d'une petite partie des
acides diterpéniques (en quantités plus importantes dans les grains de café
obtenus par voie humide que dans ceux obtenus par voie sèche). On retrouve dans
le café torréfié du cafestol et du kahwéol libres en quantités plus
importantes.
- Les acides
Par pyrolyse
des glucides il se forme de l'acide éthanoïque et de l'acide méthanoïque qui
viennent s'ajouter aux acides déjà mentionnés dans le café vert (citrique,
malique …) ; l'acidité est un facteur important contribuant aux propriétés
organoleptiques de la boisson que l'on obtiendra à partir du café torréfié.
Les acides
chlorogéniques qui sont des acides phénoliques sont détruits par torréfaction
et ceci d'autant plus que cette opération est plus poussée.
Des chiffres
: Perrone et al. ont mesuré que la quantité de 5-ACQ passait de 3358 mg par
100g de matière sèche à 1905 mg après 8 minutes à 170°C et à 119 mg après 15
minutes à 200°C.
Cela
entraîne l'augmentation de la quantité d'acide quinique aussi bien pour l'arabica
que pour le canephora.
Ces composés
phénoliques (acides chlorogéniques) confèrent acidité et astringence à la
boisson. Ils sont nécessaires au développement des arômes lors de la
torréfaction. En quantité trop faible ils conduisent à un café amer et corsé ;
en quantité trop importante ils donnent un café acide et trop astringent.
- Minéraux et vitamines
Les minéraux
ne sont pas affectés par l'opération.
Les
vitamines B1 et C sont dégradées par la torréfaction ; la vitamine
B3 (ou acide nicotinique) est en plus grande quantité ; toutes celles qui sont
hydrosolubles se retrouvent dans la boisson.
- Mélanoïdines
Ces composés
complexes apparaissent lors de la torréfaction ; ils donnent la couleur foncée
aussi bien au grain de café torréfié qu'au café préparé avec ces grains ; ils
participent à l'amertume de la boisson.
5) Le
café boisson et le marc de café
5-1) Le café boisson
La
préparation du café comme boisson, peut se faire de différentes façons.
Elles
consistent toutes à extraire par l'eau chaude (au maximum 90°C-95°C) un grand
nombre de substances présentes dans les grains de café torréfié moulus.
La finesse
de la mouture est en général corrélée au temps de contact avec l'eau chaude
(exception faite pour la décoction) ; si ce temps est long on préférera la
mouture grossière (cafetières à filtre) et pour un temps court une mouture fine
(machine expresso : percolateurs).
Les
propriétés organoleptiques de la boisson obtenue sont d'autant meilleures que
l'eau est plus faiblement minéralisée.
- La lixiviation
On fait
passer lentement de l'eau chaude à travers du café réduit en poudre.
C'est la
méthode la plus couramment utilisée : cafetières électriques courantes
nécessitant un filtre. L'eau séjournant assez longtemps dans la poudre il ne
faut pas que le café soit finement moulu sous peine d'obtenir une boisson
amère.
- La percolation
Extraction
par passage de l'eau chaude à haute pression sur le café moulu assez finement.
La durée d'extraction est brève (inférieure à 30 secondes), la température de
l'eau se situe entre 90°C et 95°C, la pression entre 8 et 9 bars.
On obtient
l'expresso bien connu.
- La décoction
Le café
moulu très finement (comme du sucre glace) est trempé dans l'eau froide qui est
portée à ébullition pendant plusieurs minutes. Les principes actifs se
dissolvent. On répète l'opération une nouvelle fois.
C'est une
méthode très ancienne ; la boisson très amère obtenue est appelée café turc.
- L'infusion
Cette
méthode surtout utilisée pour les tisanes consiste à mettre de la poudre de
café dans de l'eau initialement bouillante et à laisser le tout refroidir
lentement.
Bien entendu
suivant la méthode utilisée on obtient une extraction plus ou moins importante
des différents éléments hydrosolubles qui existent dans les grains de café
torréfiés.
Dans un café
expresso par exemple on trouve
Energie |
Sucres |
Protéines |
Graisses |
Cholestérol |
Na |
K |
Ca |
Mg |
Fe |
Cu |
Zn |
Mn |
P |
2 |
0,0 |
0,1 |
0,2 |
0 |
14 |
115 |
2 |
80 |
0,13 |
0,050 |
0,05 |
0,050 |
7 |
Données relevées sur "Handbook of chemistry and physics" (CRC
Edition 2008-2009)
5-2) Le marc de
café
Après extraction
des substances solubles ou partiellement solubles dans l'eau, c'est-à-dire
après obtention du café boisson (une substance foncée) il reste un ensemble
solide appelé marc de café ; il correspond à environ 650 kg de marc de café par
tonne de grains de café vert. Dans le monde, en 2023, on estime à environ 5
millions de tonnes le marc de café généré.
Sa
composition correspond aux substances répertoriées dans la composition des
grains de café torréfiés à l'exception de celles qui se sont solubilisées dans
l'eau pour donner le café boisson.
Cette
composition dépend bien sûr de la nature des grains du café torréfié mais aussi
du type d'extraction utilisé ; en effet suivant la durée de l'extraction la
température de l'eau, la finesse de la mouture …. la quantité de substances
dissoutes dans l'eau ne sera pas la même et donc la composition du marc non
plus.
En moyenne,
les principales substances présentes dans un marc de café se retrouvent dans
les proportions suivantes :
- 45 à 50 % de polyholosides
- 10 à 15% de lipides
- 0,5 à 3% d'acides chlorogéniques
- Environ 0,5 % de caféine
L'utilisation
industrielle du marc de café se développe
- Dans le domaine de l'énergie
·
La méthanisation (processus de dégradation aérobie) permet
de produire du biogaz et de l'énergie.
·
Fabrication de granulés ou de bûches compressées pour
le chauffage.
·
Obtention d'huile brute à partir des oses et des
oligosides.
·
Obtention de bioéthanol par fermentation des oses et
oligosides après extraction
- En cosmétique
·
Les molécules bioactives antioxydantes (acides
chlorogéniques, acide quinique, acide hydroxycinnamique, acide coumarique,
acide férulique) sont incorporées dans les produits de soins de la peau
anti-âge et antioxydants.
-
Dans I'industrie alimentaire
·
Ingrédients naturels
(suppléments nutritionnels) vendus pour leur potentiel antioxydant.
·
Caféine
-
Dans l'industrie des biopolymères
·
fabrication de matériaux biodégradables : PHA
(polyhydroxyalcanoates) ou PHB (polyhydroxybutyrates) par voie
enzymatique à partir des lipides et des oses et polyholosides présents dans le
marc de café.
6) Le café soluble (D'après le
guide du café)
On trouve
dans le commerce des granulés ou des poudres de café solubles dans l'eau. Pour
obtenir ces granulés on procède comme suit :
-1- Extraction
On fait passer
de l'eau chaude sur du café torréfié moulu.
Pour cela on
place des cellules contenant du café moulu frais, en série, et de l'eau chaude
sous pression (≈ 180°C) les traverse successivement ; dans les premières
cellules l'extraction est grossière et seuls les composés les plus stables à la
chaleur se dissolvent ; au fur et à mesure l'eau refroidit (≈ 100°C) et
dans les cellules d'aval, des composés plus vulnérables à la chaleur sont
extraits.
-2- Evaporation
On
centrifuge ce que l'on a précédemment obtenu pour enlever les particules
solides insolubles dans l'eau. Puis on évapore l'eau sous pression réduite et à
température basse jusqu'à obtenir une solution à 50%.
Deux
techniques ensuite pour obtenir le café solide soluble :
-3a- Séchage
("atomisation")
Un jet d'air
chaud entraîne la liqueur obtenue à l'étape -2- en fines gouttelettes ; ces
gouttes sèchent et le solide qui était en solution descend sous forme de
grains. On agglomère ces grains grâce à de la vapeur pour en faire des granulés
que l'on sèche et que l'on tamise.
-3b- Lyophilisation
La liqueur
obtenue au -2- est congelée (-45°C). On la fragmente en petits granulés et les
cristaux de glace qui renferment les composés solides qui étaient en solution
dans la liqueur sont directement transformés en vapeur d'eau par sublimation
sous vide très poussé (L'eau passe directement de l'état solide (glace) à
l'état de vapeur sans passer par l'état liquide).
Il reste
alors des granulés de café soluble.
Ce procédé
est plus coûteux en énergie que la séchage par l'air chaud et est réservé à des
cafés plus nobles.
Une tasse de
café apporte entre 80 et 150 mg de caféine à celui qui la boit ; l'imprécision
(du simple à presque le double) vient de ce que le volume de la tasse n'est pas
précisé mais aussi un peu du type de café (arabica ou robusta).
La caféine
ainsi que la théobromine et la théophylline (mais qui sont présents en quantité
moins importante) aident, si consommés modérément, à combattre la fatigue et la
somnolence.
Leur action
pharmacologique correspond à un antagonisme avec les récepteurs d'un
neuromodulateur, l'adénosine :
Ils bloquent
le récepteur A2A de celle-ci.
Prise en quantité
plus importante, la caféine un excitant, donc, du système nerveux central peut
entraîner des insomnies chez certaines personnes.
Pour pouvoir
boire plusieurs tasses de café sans craindre ces effets secondaires, certains
privilégient le café décaféiné.
Il est
obtenu à partir du café vert dont on extrait la caféine, à l'aide d'un solvant
organique ou bien avec de l'eau, ou encore avec du CO2 liquide à
l'état supercritique ; le fabricant n'est pas tenu de mentionner la méthode
qu'il a utilisée.
Pour avoir
droit à l'appellation "décaféiné" les cafés en grains ou moulus
doivent avoir une teneur en caféine inférieure à 0,1% ; pour les extraits ou
les cafés solubles la teneur doit être inférieure à 0,3%.
7-1) Extraction
par solvants organiques
Cette méthode
mise au point au début des années 1900 utilisait le benzène
ou le
trichloroéthylène, un solvant chloré.
Mais ces
solvants sont toxiques et cancérigènes et on leur a préféré le dichlorométhane
(ou chlorure de méthylène) qui est pourtant potentiellement cancérigène
ou l'éthanoate
d'éthyle
Le principe
de la méthode :
- On traite les graines de café vert
par un jet de vapeur qui les fait gonfler.
- Le solvant organique envoyé sur ces
graines rendues perméables, dissout la caféine qui sort par les pores.
- On envoie à nouveau de la vapeur
pour débarrasser les graines de la majeure partie du solvant (mais pas
l'intégralité).
- On sèche les graines jusqu'à
environ 12% d'humidité.
- On torréfie.
("Le
café : les effets bénéfiques et néfastes pour la santé" Pol Nicolas Guy
Haler – Sciences pharmaceutiques 2013 hal 01732489)
7-2) Extraction
par CO2 supercritique (Voir annexe 4)
De plus en
plus et maintenant presqu'exclusivement, on utilise cette extraction pour
éviter le solvant résiduel mentionné dans la précédente méthode.
Le dioxyde
de carbone est envoyé sous pression (≈ 72,9 bars) au travers des graines
de café, à température supérieure à 31,1°C (≈304,25 K). Dans ces
conditions CO2 est dans un état supercritique c'est-à-dire
intermédiaire entre un gaz, ce qui lui permet de rentrer dans les graines de
café et un liquide qui dissout la caféine.
CO2
passe sous un jet d'eau qui dissout la caféine ; on peut la récupérer par
adsorption sur charbon actif, par distillation ou recristallisation.
On place les
graines de café vert dans une solution ayant les mêmes composants que le café
vert traité sauf la caféine (solution isotonique). Seule la caféine se dissout
et est donc extraite de la graine.
On sèche et
on torréfie.
Cette
méthode est plus coûteuse que les deux précédentes et plus délicate à mettre en
œuvre. Elle n'a pratiquement plus cours aujourd'hui.
La caféine
récupérée est utilisée industriellement dans plusieurs domaines :
- Boissons énergisantes et
compléments alimentaires.
- Cosmétique.
- Médicaments.
Théobromine,
théophylline
|
|
Théobromine
(ou 3,7-diméthylxanthine) |
Théophylline
(ou 1,3-diméthylxanthine) |
Mode
d'action de la vitamine E vis-à-vis de l'oxydation des lipides et régénération
par la vitamine C.
Acides caféique, férulique et para-coumarique
|
|
|
Acide caféique |
Acide férulique |
Acide para-coumarique |
Extraction
par CO2 à l'état de fluide supercritique
À l’état de
fluide supercritique, le CO2 est très utilisé pour isoler et extraire
des composés fragiles (principes actifs) d’un mélange ou pour éliminer une
contamination au cœur ou en surface d’un matériau
solide. Les
faibles températures mises en œuvre (40 à 60 °C) permettent de conserver
l’intégrité chimique des molécules thermolabiles. Le procédé a de nombreuses
applications en cosmétique, parfumerie,
chimie
fine, agro-alimentaire. Il consiste à faire circuler du CO2
supercritique, sous pression et température contrôlées, à travers une matière
divisée, puis à opérer une décompression pour récupérer l’extrait ou le
contaminant.
À la
dépressurisation, le CO2 est libéré sous forme gazeuse
(ré-exploitable) et le composé recherché sous forme liquide ou solide (d’après
http://www.portail-fluides-supercritiques.com).
Le procédé
d’extraction par CO2 supercritique est notamment très utilisé pour
la décaféination du café.
Il permet
ainsi d’obtenir à faible coût d’importantes quantités de caféine qui est
ensuite utilisée dans certains sodas ou dans des composés pharmaceutiques
(psychostimulants, antimigraineux).