MATERIAUX
DE SUTURE ET COLLES CHIRURGICALES
Plan de l'étude
1) Généralités
2) Les Matériaux des fils de suture
2-1) Les
qualités des fils de suture
2-2) Les
principaux fils utilisés
2-2-1) Les fils résorbables
2-2-1-1)
Fils résorbables tressés
2-2-1-2)
Fils résorbables monofils
2-2-2)
Les fils non résorbables
2-2-2-1)
La soie naturelle
2-2-2-2)
Les polyamides
2-2-2-3)
Les polyesters
2-2-2-4)
Polyéthylène et polypropylène
2-2-2-5)
Poly(difluorure de vinylidène)
2-2-2-6)
Polytétrafluoroéthylène
3-1)
Les colles chimiques
3-2)
Les colles semi-chimiques
Annexe 1 Synthèse de l'acide glycolique – Formation du glycolide
Annexe 2 Une synthèse possible du carbonate de triméthylène
Annexe 3
Mécanisme de la réaction résorcinol-formol
1) Généralités
Faire une
suture en chirurgie c'est lier les deux lèvres d'une plaie pour les rapprocher.
Plusieurs
moyens sont utilisés parmi lesquels une couture, de la colle, des agrafes …
Remarque :
Le mot
suture a été emprunté au latin sutura, coudre. Par extension, dans le
langage courant, le même mot a servi pour les autres moyens utilisés ;
l'utilisation d'agrafes est parfois qualifiée de suture mécanique.
Le
traitement des plaies par couture est très ancien et les archéologues ont
découvert des textes mentionnant l'utilisation de cette technique en Egypte ;
c'est le cas du Papyrus découvert par Edwin Smith et daté du XVIIème siècle
avant J.C.
L'utilisation
d'agrafes est aussi très ancienne ; le principe remonte à plusieurs siècles
avant J.C. ; on en trouve des traces dans la médecine indienne, notamment le
procédé aux longues fourmis noires : " …L'aide tend la plaie,
l'opérateur la tête de l'insecte qu'il pince. Le spasme agrafe les crochets des
longues mandibules sur les bords de l'incision. Un coup d'ongle sépare la tête
du corselet et l'on retire le corps de la fourmi….." (Histoire des sciences
médicales – Tome XXXV – N° 1 – 2001 par Marcel GUIVARC'H)
Le
collage est une technique plus récente ….Vers 1960.
Deux
dates jalonnent les sutures par couture et marquent des progrès significatifs :
- 1935 Utilisation des principaux
fils de synthèse : Synthofil A produit par les laboratoires B.Braun
- 1970 Utilisation de fils
résorbables (Dexon, Vicryl)
Préalablement
les fils utilisés provenaient de boyaux d'animaux herbivores (Catgut).
2)
Les Matériaux des fils de suture
2-1) Les qualités
des fils de suture
Les
qualités principales d'un fil de suture sont :
- Sa biocompatibilité ; on définit
la biocompatibilité comme la capacité d'un matériau à remplir une fonction
spécifique avec une réponse appropriée de l'hôte ; un biomatériau étant un
matériau non vivant utilisé dans un dispositif médical, à des fins
thérapeutiques ou non, et appelé à interagir avec les systèmes biologiques.
- Sa résistance à la rupture qui
dépend du matériau utilisé mais aussi de son diamètre.
- Sa souplesse ; d'elle dépend la
maniabilité du fil et la bonne tenue des nœuds effectués.
- Son élasticité.
- Une surface lisse doit être la
moins coupante possible vis-à-vis des tissus ; elle contribue à une propriété
du fil qu'on appelle la glissance.
2-2) Les
principaux fils utilisés
On va
distinguer
- Les fils résorbables
- Les fils non résorbables
2-2-1) Les fils résorbables
Ces fils
vont être éliminés dans les tissus dans un laps de temps allant de 10 jours à 8
semaines ; la résorption du fil s'effectue par hydrolyse ou digestion
enzymatique.
On
distingue dans cette catégorie de fils, ceux qui sont tressés et ceux qui ne le
sont pas (monofils).
2-2-1-1) Fils résorbables tressés
A)
Le catgut
C'est
un fil réalisé en tressant des filaments obtenus à partir de l'intestin grêle
d'herbivores (en particulier moutons). Il se décompose en 10 à 15 jours sous
l'effet des enzymes de l'organisme traité.
Son
utilisation est mentionnée dans des écrits datant du IIème siècle après J.C. (Claudius
Galenus dit Galien médecin grec exerçant à Rome). Il a été très utilisé car
très résistant et résorbable. Son utilisation dans un contexte médical est
interdit depuis le 31 août 2001 (crise de la vache folle : encéphalopathie
spongiforme bovine).
B)
Polymère de l'acide glycolique (PGA) (Dexon ®)
L'acide
glycolique est le plus simple des acides α-hydroxylés (acides
α-alcools)
qui est
utilisé dans certains produits de cosmétique (peelings) car il pénètre
facilement dans la peau.
Sa
synthèse a lieu à partir de l'acide monochloracétique (voir annexe1).
Le
polymère correspondant est le PGA ou acide polyglycolique
Sa
synthèse s'effectue de plusieurs façons et notamment par ouverture de cycle à
partir du glycolide (voir annexe 1).
C'est
pourquoi le PGA est parfois désigné par polyglycolide.
La
réaction de polymérisation peut s'écrire :
Sa résorption
dans l'organisme se fait par hydrolyse en moyenne au bout de 42 jours ; on
obtient de l'acide glycolique qui entre dans un processus métabolique et finit
par être dégradé en CO2 et H2O.
Elle
est donc assez rapide ; ce fil est recommandé lorsqu'un rapprochement de courte
durée des bords de la plaie est nécessaire.
C)
Copolymères lactide-co-glycolide (PLGA)
On
modifie les propriétés du PGA en copolymérisant le glycolide (voir annexe 1) avec le lactide, anhydride de l'acide lactique
|
|
Acide lactique |
Lactide |
Copolymérisation
:
La
formule générale du Poly(lactide-co-glycolide) est
Remarque :
L'équation
de copolymérisation de même que la formule générale ci-dessus sont des données
globales qui ne préjugent pas de l'agencement des blocs provenant du glycolide
ou du lactide.
En
modifiant ainsi les propriétés physiques du PGA on permet au composé obtenu de
s'adapter aux exigences demandées en chirurgie.
Remarque :
Le PLGA
peut aussi résulter de la polycondensation d'acide lactique
et
d'acide glycolique
Par
estérifications successives, en proportions équimolaires et avec alternance
régulière on obtiendrait :
Parmi les copolymères servant à
faire des fils de sutures tressés et résorbables on trouve :
-
Le polyglactine 910 encore appelé Vicryl
C'est un copolymère composé de 90%
d'acide glycolique et 10% d'acide lactique.
Il sert en chirurgie : rapprochement
et soutien des tissus mous en général et/ou ligature, spécialement en chirurgie
générale, fermeture de peau, chirurgie gastro-intestinale, chirurgie
ophtalmologique, gynécologie, obstétrique, chirurgie orthopédique, urologie.
La résistance à la traction
disparaît 35 jours après l'implantation. Il est complètement résorbé après 56 à
70 jours par hydrolyse ; on obtient des morceaux de chaînes (oligomères)
conduisant aux acides lactique et glycolique qui entrent dans un processus
métabolique et finissent par être dégradés en CO2 et H2O.
-
Le lactomer 9-1 (Polysorb®)
C'est un copolymère composé de 95%
d'acide glycolique et 5% d'acide lactique.
Il est utilisé pour rapprocher les
tissus mous et/ou les ligatures ainsi qu'en chirurgie ophtalmologique mais ne
peut pas être utilisé sur les tissus cardio-vasculaires ou en neurologie.
Il possède une excellente résistance
à la traction du noeud et un positionnement aisé du point à l'endroit souhaité.
Sa dégradation totale s'effectue en
56 à 70 jours par hydrolyse puis métabolisation des acides lactique et
glycolique obtenus.
2-2-1-2)
Fils résorbables monofils
A)
Le polydioxanone ou PDO
Un polymère synthétisé en 1984 pour
la première fois à partir de la dioxanone
Cette molécule est elle-même obtenue
à partir du diéthylène glycol.
Le diéthylène glycol est le dimère
de l'éthylène glycol
Le diéthylène glycol subit une
déshydrogénation oxydative en présence d'un catalyseur à base de cuivre
La polymérisation de la dioxanone
s'effectue par ouverture du cycle en présence de catalyseurs organométalliques
à base de Ti ou Zr ou Al ou Zn ou Sn ….
Ce polymère est extrudé en
monofilament lorsqu'on l'utilise comme fil de suture.
Ce fil perd 50% de sa résistance à
la rupture initiale au bout de 3 semaines et il est complètement absorbé dans
les 6 mois en étant métabolisé en CO2 et H2O.
On voit que ce temps long est
avantageux pour les cicatrisations lentes.
Il présente une surface très lisse
et est très bien toléré par l'organisme. Il est utilisé dans les applications
ophtalmiques notamment.
B)
Le Glycolide triméthylène carbonate ou GTMC
C'est un copolymère de glycolide
et de carbonate de triméthylène (voir annexe 2)
Copolymérisation
La formule générale du
poly(glycolide co carbonate de triméthylène) est
Remarque :
L'équation de copolymérisation de
même que la formule générale ci-dessus sont des données globales qui ne
préjugent pas de l'agencement des blocs provenant du glycolide ou du carbonate
de triméthylène.
Utilisé comme fil de suture,
commercialisé depuis le début des années 1980 sous le nom de Maxon®, ce
polymère de composition 67,5% de glycolide et 32,5% de triméthylène carbonate, possède
une résistance assez importante ; Il perd 60% de sa résistance au bout de 21
jours et se dégrade en 7 mois environ.
Sa dégradation se fait par hydrolyse
; il y a formation d'oligomères d'abord puis de l'acide glycolique et du CO2
; l'acide glycolique est ensuite métabolisé en eau et dioxyde de carbone.
C)
Poliglecaprone 25 ou Monocryl
C'est un copolymère de glycolide
(75%)
et d'e-caprolactone (25%), lactone qui correspond à l'acide
caproïque.
Copolymérisation
La formule générale du poliglecaprone
25 est
Remarque :
L'équation de copolymérisation de
même que la formule générale ci-dessus sont des données globales qui ne préjugent
pas de l'agencement des blocs provenant du glycolide ou de l'ε-caprone.
Le monofilament de ce copolymère est
utilisé pour la suture des muscles, de la peau et des tissus fragiles.
50 à 60% de sa résistance sont
conservés 7 jours après l'implantation ; 20 à 30% après 14 jours ; il ne
présente plus aucune résistance après 21 jours.
Sa résorption totale intervient
entre 90 et 120 jours après l'implantation.
Cette résorption intervient par
hydrolyse, d'abord en libérant des oligomères qui se réduisent peu à peu en
acide glycolique et en acide caproïque,acides qui sont ensuite métabolisés en
dioxyde de carbone et en eau.
D)
Glycomer 631
Copolymère du glycolide (60%)
du carbonate de triméthylène (26%)
et de la dioxanone (14%)
Copolymérisation
La formule générale du glycomer 631
est
Remarque :
L'équation de copolymérisation de même
que la formule générale ci-dessus sont des données globales qui ne préjugent
pas de l'agencement des blocs provenant du glycolide, du carbonate de
triméthylène et de la dioxanone.
Ce matériau en fil monobrin est
utilisé dans les sutures abdominales et les tissus mous.
La résorption totale dans
l'organisme intervient en environ 110 jours.
Cette résorption est due à une
hydrolyse, d'abord en libérant des oligomères qui se réduisent peu à peu en
acide glycolique et en dioxyde de carbone, l'acide glycolique est ensuite
métabolisé en dioxyde de carbone et en eau.
2-2-2)
Les fils non résorbables
2-2-2-1)
La soie naturelle
Composés de fils de soie naturelle
tressés, enduits de cire naturelle après tressage, ces fils de suture sont très
souples et ont une bonne tenue au nœud. Ils sont utilisés pour la suture ou la
ligature de tissus mous y compris en chirurgie dentaire et en neurochirurgie.
La soie est le produit filamenteux
des glandes séricigènes des araignées et des larves de divers insectes.
La soie brute (on dit grège) est
constituée d'environ 65% de fibroïne, un polypeptide relativement simple dont
la composition en acides aminés varie suivant la larve qui l'a produite.
A) La fibroïne de la soie du bombyx du
mûrier est une protéine fibreuse constituée de 17 aminoacides principaux ; elle
est très riche en glycine (38%), alanine (25%), sérine (13%) tyrosine (12%)
mais elle contient aussi de la phénylalanine et du tryptophane :
Glycine (abréviation : Gly) |
Alanine (abréviation : Ala) |
Sérine (abréviation : Ser) |
Tyrosine (abréviation : Tyr) |
Phénylalanine (abréviation Phe) |
Tryptophane (abréviation Trp) |
La structure de la fibroïne est
séquencée c'est-à-dire que sa macromolécule est elle-même formée d'éléments
macromoléculaires qui diffèrent entre eux par leur constitution. On y trouve de
nombreuses séquences Gly-Ala-Gly :
et de nombreuses séquences
Gly-Ser-Gly :
arrangées en feuillets plissés
antiparallèles dans lesquels les chaînes latérales de l'alanine (-CH3)
et de la sérine (-CH2OH), désignés par "R" dans la
représentation ci-dessous, se glissent dans des "creux" des feuillets
voisins. La périodicité de la fibroïne, c'est-à-dire la distance entre deux C=O
qui ont la même orientation est de 0,7nm ce qui est compatible avec une telle
structure.
|
La fibroïne est flexible car
l'empilement des feuillets n'est maintenu que par des interactions de Van der
Walls (liaisons de faible énergie) ; la soie est moyennement extensible car
lorsqu'on tire selon l'axe des chaînes constituant les feuillets, on tire sur
des liaisons covalentes (liaisons de forte énergie).
Ces zones "microcristallines"
(du fait de la très grande uniformité de structure) correspondant à des
aminoacides de faible masse molaire, donnent à la soie sa ténacité (aptitude à
résister à la déformation ou à la rupture sous un effort continu), sa charge de
rupture est d'environ 300N/mm2 comme l'acier doux, supérieure à
celle de l'aluminium (100N/mm2) ; elles alternent avec des zones
amorphes constituées de macromolécules de masse molaire plus élevée (formées
avec tyrosine, phénylalanine, tryptophane) réparties statistiquement, assurant
à la fibroïne sa résilience (aptitude à subir des efforts brusques ou des chocs
sans rupture).
La masse molaire moyenne de la
fibroïne se situe entre 350 et 415 kiloDaltons.
B)
La séricine et les autres constituants :
Dans la soie grège, directement
issue du cocon, la fibroïne est entourée d'un matériau appelé séricine que l'on
enlève (décreusage) lorsqu'on souhaite utiliser la soie dans l'industrie
textile.
La séricine (entre 20 et 25% du
filament de grège) est une protéine constituée par les mêmes aminoacides que
ceux de la fibroïne, en proportions différentes. Cette protéine globulaire est
de structure amorphe analogue à celle de la gélatine.
Outre la fibroïne et la séricine on
trouve de l'eau (environ 12%) et des traces de matières grasses, de matières
cireuses, de matières colorantes et de matières minérales.
2-2-2-2)
Les polyamides
Les fils de suture en polyamides sont
des monofils non résorbables, mais une hydrolyse progressive peut se produire
qui diminue leur résistance dans le temps.
Ils sont utilisés pour des
fermetures cutanées mais aussi en neurochirurgie en microchirurgie et en
ophtalmologie.
Les polyamides sont caractérisés par
la répétition du groupement peptidique -CO-NH- qui résulte de la condensation,
d’un acide carboxylique et d’une amine :
-COOH + H2N- -CO-NH- + H2O
L'acide adipique
HOOC-(CH2)4-COOH
et l' hexaméthylènediamine
H2N-(CH2)6-NH2
condensés à 270°C et 10 atm donnent
un polymère :
dont le motif (entre crochets dans
la formule ci-dessus) est :
- HN-(CH2)6-NH-CO-(CH2)4-CO-
Cette structure rappelle celle de la kératine des poils (laine) et celle de la fibroïne de la
soie..
Remarque : ce nylon est le polyamide 6-6 (amine à 6C et acide à 6C) ;
le mot " nylon " qui est une marque, remplace souvent polyamide.
B)
Nylon 6
On fabrique couramment un autre nylon,
le polyamide 6 dont le motif est -(CH2)5-CO-NH-
Le caprolactame est un lactame
(amide cyclique) à 7 atomes dans le cycle
Il peut se polymériser par ouverture
de cycle et conduit à un polymère le nylon 6
Très utilisé à la sortie de la
guerre comme fibre synthétique (Perlon ®) pour fabriquer notamment des
bas, le nylon 6 est aussi utilisé en chirurgie pour des fils de suture en
association avec le nylon 6-6 ou seul ; les domaines d'application étant les
mêmes que ceux du nylon 6-6.
2-2-2-3)
Les polyesters
A)
Polytéréphtalate d’éthylène glycol :
ou PET
C'est un polymère obtenu par
condensation de
- L' acide téréphtalique
- avec le glycol
conduisant au poly(téréphtalate
d'éthylène glycol)
C'est un matériau dur et rugueux qui
nécessite un traitement de surface au silicone ou au téflon pour pouvoir servir
de fil de suture en chirurgie ; ce sont des fils tressés qui sont utilisés.
B)
Polybutester :
C'est un copolymère de téréphtalate
de butane-1,4-diol (84%)
et de butane-1,4-diol éthérifié
(16%)
La formule générale du polybutester
:
La formule générale ci-dessus est
une donnée globale qui ne préjuge pas de l'agencement des blocs provenant du téréphtalate
et du butan-1,4-diol éthérifié.
Le monofil obtenu est très élastique
et souple contrairement au fil tressé du
polytéréphtalate d'éthylène glycol précédent. Il est utilisé pour les sutures
cutanées (chirurgie plastique) et en chirurgie vasculaire et ophtalmique.
2-2-2-4) Polyéthylène et polypropylène
Ces deux matériaux sont des
polymères obtenus par addition de molécules insaturées
l'éthène ou éthylène
H2C=CH2
et le propène ou propylène
CH3-CH=CH2
A)
Polyéthylène
Inertie chimique remarquable
(structure d’alcane) ; facilité de mise en forme.
En fait il existe deux variétés
principales :
- polyéthylène " basse
densité " ou PEbd, 0,92-0,94 g.cm-3, souple, à chaînes
ramifiées, dit "haute pression" (1000 atm, 200°C)
- polyéthylène " haute
densité "ou PEhd, 0,94-0,97 g.cm-3, dur, peu ramifié, dit
"basse pression"
Il en existe une troisième, le polyéthylène à masse molaire très élevée : HMPE
Dans ce cas,
les chaînes sont très longues (plusieurs millions de monomères) et non
ramifiées.
Les
forces intermoléculaires très nombreuses le long de ces grandes chaînes,
renforcent la cohésion de la matière.
La
résistance à la traction est bien supérieure à celle des autres polyéthylènes.
On parle de polyéthylène à haut module (il s'agit du module d'Young).
Les fils de suture sont réalisés avec
du polyéthylène haute densité ou du polyéthylène à masse molaire très élevée ;
dans ce dernier cas ce sont des fils multifilaments à grande flexibilité et
force importante.
B)
Polypropylène
Ressemble au polyéthylène haute
densité.
Les fils de suture à base de
polypropylène sont des monofilaments, particulièrement indiqués pour la
chirurgie fine ; ils ont une très bonne compatibilité tissulaire.
2-2-2-5)
Poly(difluorure
de vinylidène) ou
Poly(1,1-difluoroéthène) ou PVDF (PolyVinyliDene Fluoride)
(C2H2F2)n
Sa synthèse est radicalaire
Polymère thermoplastique du difluorure de vinylidène (VDF), qui possède
une structure semi-cristalline. C'est le plus cristallin des thermoplastiques.
En biotechnologie, on l'utilise pour faire des membranes de transfert
des protéines.
Il est donc aussi utilisé dans des
applications biomédicales pour faire des fils de suture.
Ce sont des fils souples et
présentant une bonne résistance.
Les domaines d'application : la
chirurgie cardiovasculaire, la chirurgie ophtalmique et le domaine
neurochirurgical.
2-2-2-6) Polytétrafluoroéthylène (PTFE ou
Téflon)
En chirurgie : Matériau hautement biocompatible, il est utilisé depuis
de nombreuses années pour la production d'implants vasculaires, valves
cardiaques notamment.
Pour les sutures il sert à fabriquer
un fil monofilament souple et doux permettant de faire des nœuds stables très
utilisé en parodontologie. C'est en fait du téflon expansé à 50% d'air
(Gore-tex®)
Souvent on double les sutures par
fil en utilisant des colles dites chirurgicales ; ces colles peuvent être aussi
utilisées seules dans le cas de plaies pas trop étendues.
Ces colles sont utilisées lorsqu'on
souhaite
-
une réparation solide et rapide des tissus.
-
une suture étanche
-
un renforcement de tissus déchirés ou fragiles
-
lorsqu'on souhaite le minimum de saignement.
Pour convenir à ces usages, ces
colles doivent
-
adhérer rapidement aux tissus
-
conserver leur pouvoir adhésif en présence d'eau
-
préserver la souplesse des tissus
-
N'être ni toxiques ni irritantes à court et long terme.
Parmi les colles existantes on peut
distinguer trois grandes catégories :
-
Les colles dites chimiques (notamment les cyanoacryliques)
-
Les colles dites semi-chimiques (GRF)
-
Les colles biologiques.
Nous prendrons comme représentantes
de cette catégorie les colles acryliques.
Elles sont à base de cyanoacrylate
dont la formule générale est
Plus R est long moins le pouvoir
adhésif est prononcé.
Utilisé sous forme liquide, le
matériau se polymérise en présence de traces d'humidité (un doublet d'électrons
de l'oxygène de l'eau joue le rôle de nucléophile).
……..
La formule générale du polymère peut
s'écrire
La prise est rapide (1 à 2 minutes).
Ces colles sont toxiques ; elles
provoquent l'inflammation des tissus et il faut donc éviter tout contact avec les
tissus vasculaires ou nerveux; cette inflammation est liée à la longueur des
chaînes alkyles ; Plus R est long et moindre sera l'inflammation.
Il faut donc trouver une longueur de
chaîne permettant une bonne adhérence en réduisant au maximum l'inflammation
des tissus.
Il semble que le cyanoacrylate
d'octyle est un bon compromis entre adhérence et moindre toxicité. En pratique,
le produit le plus utilisé est le cyanoacrylate de 2-octyle (Dermabond ®)
3-2) Les colles semi-chimiques
Nous prendrons comme exemple la
colle dite GRF (Gélatine – Résorcinol – Formol)
-
La gélatine s'obtient par hydrolyse partielle du collagène.
Le collagène est une protéine
fibrillaire structurale qui constitue 30 à 35% des protéines totales de notre
corps ; on en retrouve dans la peau, les cartilages, les tendons, les tissus
conjonctifs.
Il est formé à partir de 18 acides
aminés dont la glycine (33%), la proline et l'hydroxyproline (21%) et l'alanine
(10%).
La gélatine est le résultat de la
dénaturation de la structure tertiaire de la triple hélice du tropocollagène
-
Le résorcinol est un diphénol, le 1-3-dihydroxybenzène
-
Le formol est le plus simple des aldéhydes (formaldéhyde ou méthanal)
La colle GRF s'applique en deux
temps, d'abord la gélatine et le résorcinol, puis le formol. En effet la
gélatine et le résorcinol vont être les matières de base de la colle, la
gélatine constituant un prépolymère protéique et formant une matrice, le résorcinol
formant un polymère hydrophobe rendant insoluble la matrice et le formol
permettant d'une part la polymérisation du résorcinol et d'autre part la
réticulation de la gélatine.
Le mécanisme de cette réaction est
donné en annexe 3.
Ce sont les groupements aminés
libres dans la gélatine et notamment le groupement w-aminé de la lysine qui jouent un rôle dans les
réticulations intra et intermoléculaires des chaînes de la gélatine.
Nous prendrons comme exemple les
colles de fibrine.
Elles reproduisent ce qui se produit
dans l'organisme lors de la dernière phase de la coagulation du sang quand une
blessure intervient :
Le fibrinogène, une protéine
présente dans le plasma sanguin et fabriquée par le foie, se transforme en
fibrine sous l'action d'une enzyme, la thrombine, qui apparaît dans le sang au
moment de la coagulation et qui se forme à partir d'une protéine la
prothrombine. Cette fibrine est soluble ; l'intervention d'une enzyme de
coagulation, le facteur XIII, ramifie la fibrine et la rend insoluble.
En résumé on peut écrire
La fibrine ainsi formée adhère
physiquement et chimiquement aux tissus et présente un fort degré de
réticulation.
La composition qualitative d'une de
ces colles, le Tissucol ® est :
-
Du fibrinogène humain
-
De la thrombine humaine
-
Du facteur XIII humain
-
De la fibronectine humaine
-
De l'aprotinine bovine
-
Du plasminogène humain
Remarque :
La fibronectine est une glycoprotéine qui
facilite l'adhésion de la colle aux tissus en se fixant à la fibrine.
L'aprotinine est un polypeptide (58
acides aminés) qui agit comme antifibrinolytique
; elle permet d'éviter une dégradation prématurée du caillot formé ; elle est
isolée du poumon de bœuf et a pu être produite par génie génétique.
Le plasminogène est une protéine
plasmatique inactive participant à la fibrinolyse en se transformant en
plasmine sous l'effet d'activateurs. Elle intervient quand la cicatrisation est
avancée pour dissoudre le caillot.
Synthèse
de l'acide glycolique – Formation du glycolide
Synthèse
de l'acide glycolique :
Formation
du glycolide
Par
double déshydratation de deux molécules d'acide glycolique on obtient
l'anhydride glycolique ou glycolide.
Une synthèse possible du carbonate
de triméthylène
Remarque
Le mécanisme de cette réaction
comporte deux étapes :
Mécanisme de la réaction
résorcinol-formol (d'après Etude mécanistique et structurale des résines R/F
par Younes Moussaoui, Elimame Elaloui, Ridha Ben Salem Comptes rendus Chimie volume 15, issue
6 pages 493-498)