LA LAINE ET LE COTON.
Gérard GOMEZ
et Jacques BARON
Plan de
l'étude
1) Généralités sur les textiles
2) La laine
2-1) Origine
2-2) Traitement
des laines après tonte
2-3) Nature
chimique de la laine
2-3-1) Structure morphologique
2-3-2) Composition chimique
2-3-3) Les différentes liaisons dans une fibre de laine
2-4) Conductivité
thermique, Hygrométrie, élasticité
2-4-1) Conductivité thermique
2-4-2) Hygrométrie
2-4-3) Elasticité – Résistance
2-5) Teinture
de la laine
3) Le coton
3-1) Généralités
3-2) Structure
d'une fibre de coton
3-3) Conductivité
thermique, Hygrométrie, élasticité
3-3-1) Conductivité thermique
3-3-2) Hygrométrie et absorption d'eau
3-3-3) Elasticité – Résistance- Froissement
3-4) Teinture
du coton
1) Généralités sur les textiles :
Selon
le dictionnaire Larousse, est dit textile (du latin textilis, tissé) ce
qui est constitué de, ou peut-être divisé en fibres propres à faire des
étoffes.
Un
textile est donc un matériau dont on peut faire des fils ou des fibres
susceptibles d'être tissés.
La
laine, le chanvre, le lin, le coton, la soie par exemple sont des textiles
naturels d'origine animale ou végétale ; la viscose, l'acétate de cellulose, ….
sont des textile d'origine artificielle (obtenus par traitement chimique d'une
substance naturelle) ; les fibres en polyesters, en polyamides, en acrylique
constituent des textiles synthétiques.
On
s'intéressera ici à deux textiles naturels, la laine et le coton.
2) La laine :
2-1) Origine
:
Le mot
français vient du latin lana
C'est
l'une des premières fibres, utilisée par l'homme il y a plus de 5000 ans ;
c'est un matériau d'origine animale.
- La laine commune ou ordinaire
provient du mouton dont on recueille la toison au printemps.
- La laine dite mérinos, prélevée
sur des moutons de la race du même nom (moutons d'origine espagnole), est très
appréciée par sa finesse. Elle vient en très grande partie d'Australie ou de
Nouvelle Zélande
D'autres
animaux fournissent aussi des fibres appelées laines généralement de qualité
supérieure à celle de la laine ordinaire :
- Le cachemire, l'une des plus
précieuses laines, provenant de chèvres de la province du Cachemire (nord du
Cachemire indien à l'extrême est du Tibet chinois).
- Le mohair provenant de chèvres de
la région d'Ankara (Turquie).
- L'angora, laine haut de gamme,
provenant de lapins albinos ou lapins angora, à poils longs dus à une mutation
génétique.
- L'alpaga, fibre de très haut de
gamme, provenant des poils d'un camélidé "cousin" du lama, l'alpaga
mais plus petit et élevé notamment au Pérou. C'est ce pays qui fournit près de
80% de cette laine dans le monde.
- Les poils de chameau, une fibre
généralement plus grossière que la laine ordinaire.
2-2) Traitement
des laines après tonte :
Plusieurs
opérations sont nécessaires avant d'obtenir la fibre prête à être tissée ; ce
que nous allons dire concerne surtout la laine commune.
- Le triage : on sépare la toison,
obtenue d'un seul tenant, en différentes fractions dépendant de l'emplacement
qu'elles occupaient sur l'animal ; la laine provenant des flancs et des épaules
est la meilleure ; celle provenant de l'arrière train, la moins bonne.
- Le trempage : on plonge la toison
dans l'eau pour enlever la terre et différents débris végétaux.
- Le dégraissage : on enlève
partiellement le suint qui est la graisse qui imprègne la toison des moutons
dans le poids de laquelle elle entre pour 25 à 60% selon les races (annexe 1) ; cette opération nécessite l'utilisation d'eau chaude
(environ 50°C) et de savons ou de tensio-actifs.
- Le rinçage : on la trempe
plusieurs fois dans de l'eau claire.
- Le séchage : s'effectue à l'air et
à l'ombre.
- Le cardage : sert à démêler et à
aérer la laine brute, surtout pour les fibres courtes (laine commune ou laine
mérinos), en la faisant passer sur des tambours parsemés de pointes très fines
en acier, qui tournent à grande vitesse. Souvent on a imprégné au préalable la
laine d'une émulsion d'huile et d'eau qui va faciliter l'opération, c'est l'ensimage.
- Le peignage s'effectue surtout sur
les fibres longues (mohair, alpaga) pour obtenir des fibres lisses, alignées
parallèlement comme cela se fait pour des cheveux longs. On utilise pour cela des
peignes à dents assez longues et moyennement serrées.
|
- Le
filage est l'opération consistant à obtenir des fils à partir de la laine
cardée ou peignée. Autrefois on utilisait un fuseau ou un rouet qui en
faisant tourner et en étirant les fibres permettaient de les lier pour donner
des fils résistants. Dans les filatures industrielles le principe est le même
mais on utilise des machines automatisées. Les
fils peuvent ensuite être tissés pour former des étoffes. |
2-3) Nature
chimique de la laine :
La
laine est essentiellement formée de kératine dure, une protéine fibreuse (ou
scléroprotéine), élément de structure des phanères (poils, cheveux, plumes,
ongles, griffes, sabots, becs, cornes, écailles) chez les animaux.
Son
rôle est d'assurer une protection de l'animal vis-à-vis de son environnement
naturel ; elle résiste donc bien aux agents chimiques et enzymatiques. Elle
contribue aussi à sa régulation thermique.
2-3-1) Structure morphologique :
On peut
en simplifiant considérer qu'une fibre de laine est un cylindre de 20 microns
environ de diamètre et 4 à 6 cm de long, formé de 3 couches concentriques qui
sont, en allant de l'extérieur vers l'intérieur, la cuticule, le cortex, la
moëlle.
- La cuticule représente de 7
à 10% de la masse d'une fibre ; elle est constituée d'écailles, assemblées à la
façon des tuiles d'un toit, qui protègent entièrement la fibre. A noter que ces
écailles se recouvrent sur une longueur d'environ 1μm alors que dans les
cheveux et les poils qui ont une structure tout à fait comparable ce
chevauchement n'est qu'environ 0,5 μm.
La
cuticule est composée de plusieurs éléments ayant des rôles différents :
v
Une couche kératinisée, élément de
soutien
v
Une membrane majoritairement
constituée d'acides gras qui vont donner à la cuticule son caractère
hydrophobe.
C'est
la structure en écailles de la cuticule qui est responsable des bouloches de la
laine (les écailles s'accrochent les unes aux autres lorsqu'on frotte la
surface de la fibre). On peut diminuer ce phénomène en enduisant la fibre d'une
résine qui rend sa surface lisse.
- Le cortex constitue
l'essentiel de la fibre (87% environ) ; il est formé de cellules organisées de
la manière suivante :
v
l'élément de base est la kératine, une
protéine enroulée en hélice α.
v
Deux de ces hélices sont regroupées
pour former un protofilament lui-même enroulé en hélice.
v
Trois protofilaments s'agrègent pour
donner une protofibrille.
v
Trois protofibrilles se torsadent pour
donner une microfibrille. Autour de chaque microfibrille il y a un ciment riche
en cystéine (un acide aminé soufré) ; les microfibrilles elles-mêmes étant
pauvres en soufre.
v
600 à 700 microfibrilles se réunissent
pour former une macrofibrille.
v
Une cellule corticale contient 6 à 8
macrofibrilles.
- La moëlle qui n'existe que
dans les fibres épaisses est constituée de cellules sans noyau servant à
combler l'espace central vide éventuel de la fibre. Elle n'est pas la bienvenue
dans l'industrie lainière car elle renforce l'hétérogénéité de la fibre ce qui
rend sa teinture difficile.
Remarque : Bien que
représentant moins que 5% de la masse totale de la fibre, il ne faut pas
oublier un composé important qui est le liant entre les cellules de la
cuticule, entre celles du cortex et entre les cellules de la cuticule et du
cortex ; c'est le complexe cellulaire membranaire (CMC)
2-3-2) Composition chimique :
On
trouve 17 à 18 acides aminés parmi les 20 naturels qui forment 170 protéines
différentes réparties non uniformément le long d'une fibre :
Alanine, Arginine, Acide aspartique, Acide glutamique,
Cystéine, Glutamine, Glycine, Histidine, Isoleucine, Leucine, Lysine, Méthionine, Phénylalanine, Proline, Sérine, Thréonine, Tyrosine, Valine.
On
examine les compositions des différentes parties de la fibre :
- La cuticule : on peut
distinguer 3 parties qui présentent des compositions chimiques différentes
* La face externe
appelée épicuticule est une fine membrane protéinique (environ 10% de la
cuticule) qui entoure chaque écaille de la cuticule et sur laquelle des acides
gras, notamment l'acide 18-méthyleicosanoïque
s'accrochent
par liaisons covalentes. Ces acides gras confèrent à la cuticule son caractère
hydrophobe.
* La partie
intermédiaire est appelée exocuticule et représente environ 60% de la cuticule.
On constate une forte concentration en cystéine, un
acide aminé contenant du soufre. Des ponts disulfures se forment entre les
molécules de cystéine, assurant un maintien de la structure et une grande
résistance aux traitements chimiques et enzymatiques. Une analyse plus fine de
l'exocuticule fait apparaître deux zones, celle en contact avec l'épicuticule
est plus riche en soufre que celle en contact avec l'endocuticule.
* L'endocuticule,
environ 30% de la cuticule ; elle est en contact avec l'exocuticule et est
moins résistante que celle-ci aux agressions chimiques et enzymatiques car
moins riche en cystéine donc en ponts entre les chaînes peptidiques.
(extrait de la thèse de doctorat
présentée par Frédérique Salpin le 14 mars 2008 université Pierre et Marie
Curie)
-
le cortex :
Une fibre de laine est naturellement
bouclée ; cette propriété mécanique est liée à la structure chimique du cortex
qui n'est pas uniforme. On peut considérer en reprenant le schéma morphologique
exposé plus haut, qu'en coupant le cylindre matérialisant la fibre par un plan
contenant l'axe de ce cylindre, on délimite deux hémicylindres, le paracortex
et l'orthocortex de composition chimique différente. La fibre étant vrillée, le
paracortex est à l'intérieur de la vrille et l'orthocortex à l'extérieur.
Le paracortex est plus riche en
glycine, tyrosine, et cystéine que l'orthocortex ; les ponts disulfures y sont
donc plus nombreux, la structure plus rigide.
Ces deux parties n'ayant pas la même
souplesse (à l'image d'un bilame), la fibre se vrille :
- Le complexe cellulaire
membranaire :
Il
s'agit d'un ciment formé d'un matériau
protéique très pauvre en ponts disulfures donc non kératineux entouré de
lipides associés à deux membranes cellulaires.
C'est
un liant intercellulaire.
2-3-3) Les différentes liaisons dans une fibre de laine :
Dans
tout édifice moléculaire les interactions, qu'elles soient inter ou
intramoléculaires, déterminent certaines de ses propriétés et en particulier
ses caractéristiques physiques et mécaniques.
Dans
une fibre de laine dont la morphologie révèle la complexité de sa structure il
existe des interactions que le schéma suivant résume (extrait de la thèse
de doctorat présentée par Frédérique Salpin le 14 mars 2008 université Pierre
et Marie Curie) :
- Les ponts disulfures se forment entre deux
groupements –SH de deux molécules de cystéine de la protéine ; ces groupements
peuvent appartenir à des molécules appartenant à une même chaîne ou à des
chaînes différentes. Le dimère ainsi formé par oxydation s'appelle cystine.
Cette liaison est forte et rigidifie la fibre par la création d'un réseau
tridimensionnel compact qui lui confère une grande stabilité (insolubilité dans
les solvants habituels et résistance aux principaux agents chimiques).
La
présence de ces nombreux ponts disulfures entre les chaînes de peptides qui
rendent sa structure complexe et qui jouent un rôle important dans les
propriétés mécaniques de la laine, différencie cette fibre d'une autre fibre
naturelle de nature protéinique, la soie.
- Les liaisons isopeptidiques sont
aussi des liaisons covalentes donc fortes et se forment, par exemple, entre le
groupement carboxyle latéral de l'acide aspartique et le groupement amine
latéral de la lysine (formation d'un amide).
- Les liaisons ioniques également
fortes entre deux groupements ioniques voisins ; l'acide aspartique et la
lysine qui peuvent réagir nous venons de le voir en donnant une liaison
isopeptidique peuvent aussi suivant les conditions de pH donner une liaison
ionique.
- Des liaisons hydrogène, plus
faibles, par exemple entre l'hydrogène de la fonction alcool de la sérine ou de
la thréonine et l'oxygène d'un groupement –C=O de la glutamine.
- Des interactions hydrophobes entre
chaînes latérales hydrocarbonées donc non polaires.
2-4) Conductivité
thermique, Hygrométrie, élasticité :
Ses structures
chimique et morphologique donnent à la laine, différentes caractéristiques
physiques et mécaniques qui justifient ses utilisations et conditionnent son
comportement lors des traitements qu'elle subit.
2-4-1) Conductivité thermique
La
conductivité thermique est une grandeur physique qui traduit l'aptitude d'un
matériau à conduire la chaleur. Elle s'exprime en W.m-1.K-1
(Watt par mètre et par Kelvin ou par °C).
Plus le
chiffre qui exprime cette grandeur est faible et plus le matériau est un bon
isolant thermique.
La
laine a une conductivité thermique de 0,045 W.m-1.K-1 à
20°C ce qui est une valeur faible. On comprend alors pourquoi les vêtements en
laine "tiennent chaud en hiver" ; en effet la chaleur dégagée par le
corps n'est pas facilement évacuée et reste au contact de la peau.
Cela
explique aussi pourquoi on l'utilise parfois pour isoler certains bâtiments ;
elle est à peine moins performante que la laine de verre, la laine de roche ou
le liège qui ont une conductivité thermique d'environ 0,040 W.m-1.K-1
à 20°C.
C'est
sa structure qui explique cette propriété ; en effet sa morphologie fait qu'il
y a beaucoup d'air emprisonné (sa masse volumique est d'environ 20kg.m-3)
et l'air a d'excellentes propriétés isolantes (0,026 à W.m-1.K-1
à 20°C et une pression de 100kPa).
2-4-2) Hygrométrie
La
laine peut absorber une grande quantité d'humidité atmosphérique sans que
celle-ci soit perceptible au toucher, entre 16 et 18% de sa masse soit deux
fois plus que le coton (entre 8 et 9%).
A noter
que cette humidité absorbée diminue sensiblement son pouvoir isolant de la
chaleur car l'eau a une conductivité thermique d'environ 0,6 W.m-1.K-1
à 20°C.
2-4-3) Elasticité – Résistance :
L'élasticité
est la propriété qu'à une fibre de reprendre sa forme initiale après
compression ou étirement. Pour la laine, on peut la considérer comme bonne à la
compression, beaucoup moins à l'étirement.
On a
une idée de la résistance d'une fibre en mesurant l'allongement de rupture. Il
est pour la laine d'environ 20 à 30% de sa dimension primitive.
2-5) Teinture de
la laine :
|
La
laine prête à l'usage est, comme il a été dit, de nature protéinique. Remarque : La présence
d'une faible quantité d'acides gras au niveau de la cuticule aurait tendance
à lui donner un caractère un peu hydrophobe qui n'est pas favorable à la
teinture (qui se fait en phase aqueuse). Les principales méthodes de teinture
qui peuvent assurer la fixation des colorants sur les protéines font appel :
En
annexe figurent des exemples pour chacune de ces catégories (Annexe 5). |
|
La
laine ne peut se teindre à froid mais à température modérée (50°C) ou à
température plus élevée mais à condition d'y parvenir très progressivement sous
peine de feutrage.
C'est
pourquoi on ne peut pas utiliser des colorants développés qui mettent en jeu
des procédés à froid (diazotation, copulation).
D'autre
part, on ne peut pas, en principe, mettre en jeu des colorants de cuve et des
colorants au soufre car les pH trop élevés altèrent la laine et, en outre, le
procédé se fait le plus souvent à chaud. Cependant en opérant dans des
conditions minimum de pH et de température, on peut teindre la laine avec
l'indigo.
Remarque :
Un
traitement de la laine que le teinturier réalise (il est indépendant de la
teinture proprement dite) est la protection des laines contre les mites. On
sait que les larves que les mites adultes déposent sur les laines se
nourrissent de la kératine de celles-ci. Ces larves ont en effet une enzyme
(une protéase) leur permettant de couper les chaînes de kératine.
Un des
biocides qui a été utilisé est le sulcofuron (mitin FF), un insecticide de la famille
des urées substituées qui inhibe la synthèse de l'enzyme.
3) Le coton :
3-1) Généralités
:
Le mot
coton vient de l'arabe "qtoun" via l'italien "cotone" ou le
castillan "algodon".
C'est
une fibre végétale provenant du cotonnier, un arbuste de la famille des
Malvacées et du genre Gossypium qui pousse dans les régions tropicales
ou subtropicales arides.
Pouvant
atteindre dix mètres de haut, mais souvent limité à 1,5 mètre pour faciliter la
récolte, cet arbuste a une floraison annuelle et une durée de vie d'environ dix
ans ; ses fleurs blanches ou jaunes à cinq pétales donnent des capsules qui
lorsqu'elles s'ouvrent libèrent des graines entourées d'une multitude de fibres
blanchâtres et soyeuses de 2 à 7 centimètres de long selon les variétés.
En
2010-2011 la production mondiale de coton s'est élevée à environ 25 millions de
tonnes dont 26% en Chine, 22% en Inde, 16% aux Etats-Unis …
Connu
en Egypte depuis 14000 ans et cultivé en Inde depuis plus de 3000 ans, le coton
a fortement marqué l'histoire des relations entre les Britannniques et les
Indiens ; c'est en grande partie à lui qu'est due la conquête de l'Inde par les
Britanniques.
3-2) Structure
d'une fibre de coton :
Une
fibre de coton se présente sous forme d'un ruban plutôt plat, torsadé, creux,
donc spiroïdal (sa section droite est en forme de haricot), de quelques
centimètres de long.
On peut
schématiser ainsi son organisation en donnant, pour simplifier, une
représentation cylindrique de cette fibre:
En
allant de l'extérieur vers l'intérieur,on distingue :
- Une cuticule
formant un film protecteur ; c'est un édifice complexe formé de cutine et de
cires.
* La
cutine est un assemblage d'hydroxyacides gras comme
·
l'acide 16-hydroxypalmitique
·
l'acide 9,16-dihydroxypalmitique
·
l'acide 10,16-dihydroxypalmitique
·
l'acide 18-hydroxyoléique
·
l'acide 9,10,18-trihydroxystéarique
·
l'acide 9,10-époxy-18-hydroxystéarique
Des
estérifications intermoléculaires conduisent à un maillage tridimensionnel
imperméable à l'eau et légèrement perméable aux gaz qui peut se fermer plus ou
moins suivant la sécheresse et limiter ainsi la transpiration en empêchant une
perte d'eau excessive.
* Les
cires forment un dépôt sur ou dans la cutine ; ce sont des cérides
c'est-à-dire des esters d'acides gras à longue chaîne comme par exemple l'acide
palmitique
avec des alcools gras à longue chaîne
comme l'alcool cétylique
Un exemple de céride étant le
palmitate de cétyle
Le rôle de ces cires totalement
imperméables à l'eau et aux gaz est aussi de limiter la transpiration de la
plante.
-
Une paroi primaire qui constitue la gaine de la fibre ; d'épaisseur
environ 0,1µm elle est formée de
cellulose, de cires, de lipides et de pectines.
* La cellulose est le polymère
le plus abondant sur terre ; présente dans la fibre de coton, elle est aussi le
principal constituant de la paroi cellulaire des plantes et du bois et
représente à peu près 50% de la biomasse.
C'est une macromolécule formée de
cycles enchaînés linéairement, c'est-à-dire environ 500 à 5000 unités monomères
de glucose reliées les unes aux autres par des liaisons
β-1,4-glycosidiques ; le motif est un motif de cellobiose :
En représentation de Haworth :
La flexuosité de chaque chaîne est
limitée par des liaisons hydrogène internes :
Les différentes chaînes placées côte
à côte sont liées par de nombreuses liaisons hydrogène ce qui donne à ce
matériau une très grande rigidité et qui explique qu'elle est la substance de
soutien (parois) des cellules jeunes des végétaux :
Outre la rigidité, ces nombreuses
liaisons hydrogène confèrent aux fibres de cellulose d'autres caractéristiques,
comme le fait qu'elles soient difficilement solubles car il est difficile de
rompre toutes ces liaisons, difficilement fusibles car la température
nécessaire à la rupture de toutes ces liaisons est supérieure à celle
nécessaire à la rupture du cycle glucopyranose c'est-à-dire à la décomposition
de la molécule.
La cellulose présente des régions
cristallines et des régions amorphes. Dans le coton, le taux de cristallinité
est d'environ 60% ; il est dû notamment aux nombreuses liaisons hydrogène dont
nous venons de parler. La structure cristalline est très complexe et on
distingue différentes organisations.
En traitant le coton par de la soude
concentrée à 300g/L pendant 40 à 50 secondes, opération appelée mercerisage ou mercerisation, en même temps
qu'on détruit la cuticule, on modifie les liaisons hydrogène et la
configuration change ce qui modifie son aspect (il devient plus brillant), le
rend plus résistant et fait qu'il accepte plus d'eau ce qui facilite la
pénétration des colorants lors des teintures.
Remarque : Le glucose présent dans la cellulose (glucose β)
ne peut être utilisé en tant que tel, ni par les plantes ni par les animaux.
Dans l’alimentation humaine, la cellulose est présente sous forme de fibres.
Seuls les herbivores peuvent en profiter car durant leur digestion des
microorganismes parviennent à diviser les macromolécules, qui deviennent alors
assimilables (annexe 3).
* Les pectines
C'est un ensemble complexe de
macromolécules.
Une chaîne principale constituée d'acide
galacturonique
et de galacturonate de méthyle
La proportion de ces deux monomères
est variable.
Quelques molécules de rhamnose
viennent s'intercaler dans cette
chaîne principale où des chaînes latérales constituées d'oses variés sont
fixées :
-
Une paroi secondaire environ 4 fois plus épaisse que la paroi primaire (0,4
µm) et formée de cellulose enroulée en spirale ( trois couches).
- Une membrane
plasmique correspond à la partie de la cellule qui synthétise la cellulose.
3-3) Conductivité
thermique, Hygrométrie, élasticité
3-3-1) Conductivité thermique :
Le
coton a un pouvoir isolant moyen ; on peut améliorer ses performances en le
grattant et en rendant sa surface pelucheuse ; ce faisant on augmente
considérablement la quantité d'air qu'il emmagasine et on parvient à une
conductivité thermique de l'ordre de 0,040 W.m-1.K-1 à
20°C, tout à fait comparable à celui de la laine, ce qui permet de l'utiliser
comme isolant thermique dans le bâtiment. L'étoffe résultant de ce traitement
(coton "gratté") porte le nom de pilou.
3-3-2) Hygrométrie et absorption d'eau :
Comme
la laine, le coton peut absorber l'humidité atmosphérique sans que celle-ci
soit perceptible au toucher, entre 8 et 9% soit deux fois moins que la laine.
A noter
que cette humidité absorbée diminue sensiblement son pouvoir isolant car l'eau
a une conductivité thermique d'environ 0,6 W.m-1.K-1 à
20°C.
Le
coton brut est hydrophobe et de couleur écrue ; par une opération nommée
débouillissage, on le "dégraisse" c'est-à-dire qu'on enlève la cutine
et les cires ainsi que les pectines et les protéines, ce qui a pour conséquence
de le rendre hydrophile (il peut alors retenir environ 25 fois son poids
d'eau), et blanc. Cette opération se fait par traitement à la soude ou au
carbonate de sodium simultanément avec des produits auxiliaires : tensio-actifs
non ioniques, agents complexants (EDTA,….), agents dispersants (polyacrylates,
phosphonates …) et des agents réducteurs comme sulfite et hydrosulfite de
sodium.
3-3-3) Elasticité – Résistance- Froissement :
La
fibre de coton possède une très faible élasticité, mais par contre une bonne
résistance à l'abrasion (la plupart des toiles de jean sont en coton).
On
incorpore parfois une fibre synthétique l'élasthanne (annexe
4) pour améliorer l'élasticité d'un tissu de coton.
Elle
est sujette au froissement ; on l'explique par la présence des nombreuses
liaisons hydrogène ; en présence d'eau (même à l'état de traces) l'organisation
des liaisons (notamment celles des zones amorphes de la cellulose qui sont des
zones peu organisées et dont la structure est facile à modifier) se modifie,
l'eau est fixée, ce qui entraîne un gonflement de la fibre ; l'évaporation de
l'eau accompagnée d'une pression contribue à une recomposition des liaisons
hydrogène donc à un nouvel agencement des fibres, c'est la formation des plis.
Cet enchaînement des choses explique aussi comment le trempage puis le
repassage du coton permettent d'enlever les faux-plis.
Pour
rendre le coton "infroissable", on substitue aux liaisons hydrogène
présentes dans la cellulose, à partir des groupements hydroxyles (-OH), des
liaisons covalentes beaucoup plus solides et qui ne seront pas modifiées par
l'eau. On utilise pour cela des acides carboxyliques (-COOH) qui estérifieront
les groupements hydroxyles. Pour ne pas perdre la réticulation, on utilise des
acides polycarboxyliques qui réagiront sur plusieurs hydroxyles à la fois ; par
exemple l'acide butane-1,1,4,4-tétracarboxyliques :
Le
gonflement de la fibre due aux groupements hydroxyle, en présence d'eau ne
pourra avoir lieu et le tissu ne se froissera pas.
3-4) Teinture
du coton :
Le
coton prêt à teindre (débouillissage) est formé essentiellement de cellulose ;
celle-ci est susceptible de fixer des colorants grâce à ses multiples
groupements –OH
De
nombreuses méthodes de teinture peuvent être envisagées. Elles font appel
·
Aux colorants substantifs
·
Aux colorants réactifs
·
Aux colorants développés
·
Aux colorants à mordant
·
Aux colorants de cuve
·
Aux colorants au soufre
En
annexe, figurent des exemples de chacune de ces catégories (Annexe
6).
On
remarquera l'absence des colorants acides, en général à base de groupements
réactifs –SO3H, l'estérification des fonctions alcools ne donnant
pas des résultats satisfaisants.
Les
colorants métallifères, souvent fixés grâce à des groupements –SO3H
également, sont absents, pour la même raison.
Annexe 1 Le suint
C'est
"la graisse de laine" qui provient de la sécrétion des glandes
sébacées des ovins.
Il n'y a pas
d'esters du glycérol comme dans la plupart des graisses animales ou végétales.
Les composés
qu'on y trouve sont pour la plupart des esters d'acides gras comme
avec des
alcools terpéniques et notamment
- le lanostérol, un triterpène tétracyclique
- l'agnostérol
- Le dihydroagnostérol
Mais on
trouve également des alcools aliphatiques :
- Alcool cérylique
- Alcool cétylique
La lanoline
extraite du suint de mouton possède de nombreuses fonctions bienfaisantes pour
la peau (adoucissant, émollient, maintien de l'hydratation, …) et elle forme
des émulsions très stables grâce à ses stérols.
Annexe
2 Les acides aminés présents dans la laine
(Ala) |
|
(Arg) |
|
(Asp) |
|
(Glu) |
|
(Cys) |
|
(Gln) |
|
(Gly) |
|
(His) |
|
(Ile) |
|
(Leu) |
|
(Lys) |
|
(Met) |
|
(Phe) |
|
(Pro) |
|
(Ser) |
|
(Thr) |
|
(Tyr) |
|
(Val) |
|
Lorsqu'on
examine une chaîne de cellulose formée, ainsi qu'il a été dit d'une succession
d'unités cellobiose
on distingue
:
- une
extrémité réductrice, c'est celle dont le carbone anomérique n'est pas lié à
une autre unité,
- une extrémité
non réductrice, c'est celle dont le carbone anomérique est engagé dans une
liaison glucidique.
Certaines
réactions de dégradation de cette chaîne commencent par l'extrémité réductrice.
Le
polymère élasthanne :
Exemples de
colorants pour teinture de la laine
Colorants
acides
C'est un
groupement –SO3H qui est le plus souvent mis en jeu. Il réagit sur
le groupement aminé –NH- de la structure
Acid Blue
258
Un colorant
anthraquinonique acide.
Colorants à
mordant
On évite
aujourd'hui de plus en plus le chrome Cr3+ à cause de sa toxicité.
On préfère
Al3+ de l'alun Al2(SO4)3, K2SO4,
6H2O.
L'alizarine
et d'autres molécules anthraquinoniques hydroxylées (purpurine, rubiadine, …)
se prêtent bien au mordançage.
Avec la purpurine
Colorants métallifères
On peut éviter l'opération de mordançage en incorporant le métal à la
molécule organique au préalable. Le colorant se fixera sur la fibre par l'une
des méthodes habituelles souvent en tant que colorant acide.
Exemple de colorant azoïque, complexe du chrome, et qui est un colorant
acide :
Colorants
réactifs
Dans le cas
de la laine, le groupe fonctionnel mis en jeu est le plus souvent –SO2-CH2-CH2-OSO3H.
La réaction
avec les groupes azotés de la laine en milieu alcalin peut être du type
Il en
résulte un grand nombre de liaisons covalentes très solides.
Un exemple
de ces colorants : le Remazolan ®, à chromophore azoïque
Exemples de
colorants pour teinture du coton
Colorants
substantifs
Schéma de
l'association rouge Congo – cellulose
Ainsi le rouge Congo se fixe très bien sur la cellulose parce que la
longueur de la molécule de ce bis-azoïque est bien adaptée à celle du motif
cellobiose. Les liaisons hydrogène sont très nombreuses et bien en place.
De longues structures moléculaires peuvent ainsi s'aligner en parallèle
avec les macromolécules de cellulose.
Direct brown 44
Colorants réactifs
Dans le cas du coton, le groupe réactif est le plus souvent une structure
triazine chlorée.
Par exemple
Il se forme des liaisons covalentes, très solides, avec la cellulose,
représentée ici par Cell-OH
Exemple de colorant réactif à chromophore azoïque, fixé en un point d'une molécule
de cellulose
Colorants
développés
Il s'agit
d'une diazotation qui se fait sur la fibre qui a fixé au préalable un phénol,
pratiquement toujours des β-naphtols.
Les arylamines
à diazoter sont aussi très nombreuses.
Exemple :
jaune soudan
Colorants à mordants
Mettons en évidence 2 groupes –OH voisins dans la cellulose
Soit M3+ le cation du mordant (Al3+ Cr3+,
….).
Les molécules colorantes doivent avoir 2 atomes voisins donneurs
d'électrons. Elles sont le plus souvent de nature anthraquinonique ou azoïque.
L'alizarine
Vue des atomes donneurs possibles dans le colorant azoïque Blue 2K
Colorants de cuve
Ils permettent de teindre avec des couleurs vives dans toutes les nuances.
La tenue de la teinture est remarquable ("grand teint")
Le réducteur le plus utilisé est le dithionite de sodium Na2S2O4.
Outre l'indigo qui est le plus connu, on peut citer des dérivés
d'anthraquinone et d'anthrone
Vat Orange 3
La forme soluble, par réduction, est due au passage de à .
Colorants au soufre
Ils se fixent sur fibre par un processus tout à fait comparable aux
colorants de cuve.
On peut citer le sulfur yellow 4
Mais beaucoup de colorants au soufre n'ont pas encore de formules bien
définies.
Exemple : Sulfur black 1 à base de 2,4-dinitrophénol.