DES ANESTHESIQUES

Gérard Gomez


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Plan de l'étude

1) Anesthésiques généraux

                1-1) Des anesthésies par inhalation

                1-2) Des anesthésiques intraveineux

2) Anesthésiques locaux

                2-1) Les amides

                2-2) Les esters

3) Les agents adjuvants

                3-1) Les analgésiques

                3-2) Les anxiolytiques et les sédatifs

                3-3) Les relaxants musculaires

4) Les agents de réversion


Le mot anesthésie a été obtenu en combinant le "an-" privatif au reste du mot grec "aïsthêsis" (αίσθησις) évoquant la faculté de percevoir les sens.

L'anesthésie est un ensemble de techniques permettant de réaliser un acte chirurgical, médical ou obstétrical, en supprimant ou en atténuant la douleur.

Dans l'ensemble des anesthésiques utilisés on distinguera ceux que l'on utilise pour les anesthésies générales, des autres dont l'action est beaucoup plus localisée.

1) Anesthésiques généraux :

Une anesthésie générale est un acte médical visant à suspendre la conscience du patient et supprimer la douleur pendant un acte chirurgical ou une prise en charge en service de réanimation. On utilise en général à cet effet, une combinaison de médicaments, qui sont administrés par inhalation (gaz d’anesthésie) ou par voie intraveineuse.

Leur mode d'action n'est pas parfaitement connu mais on pense qu'ils affectent plusieurs régions du cerveau et du système nerveux central.

On distingue trois étapes dans une anesthésie générale :

                        - L'induction (endormissement), réalisée par voie veineuse ou par inhalation.

                        - L'entretien : grâce à des agents gazeux et/ou des agents administrés par voie intraveineuse, de façon intermittente ou continue.

                        - Le réveil : résultat de l'élimination totale ou partielle des agents anesthésiques administrés.

            1-1) Des anesthésies par inhalation :

Ce sont des composés chimiques inhalés sous forme de gaz ou de vapeurs.

Ils agissent en interférant avec les neurotransmetteurs du système nerveux central, perturbant ainsi les voies de signalisation qui régulent la conscience et la douleur.

Les premières anesthésies par inhalation, utilisant l’éther diéthylique ou le chloroforme, ont été décrites au milieu du XIXème siècle, 1846 pour l'éther et 1847 pour le chloroforme. L’éther s’est imposé au début du XXème siècle du fait de la toxicité du chloroforme, mais il a été lui-même remplacé à partir de 1956 par des gaz d’anesthésie fluorés en raison du risque élevé d’inflammation qu’il présente.

L’halothane et le méthoxyflurane puis l'enflurane, l’isoflurane, le desflurane et le sévoflurane ont été successivement développés et largement utilisés. Le desflurane et le sévoflurane sont les seuls gaz actuellement utilisés dans les pays développés en raison de leurs faibles effets secondaires et de leur grande efficacité.

Les gaz fluorés d’anesthésie sont introduits à une concentration donnée dans le mélange gazeux (dioxygène, diazote, éventuellement protoxyde d’azote N2O) inhalé par le patient.

 

Halothane

HALOTANE.gif

C2HBrClF3

Masse molaire :

197,381 g.mol-1

Fusion :

-118°C

Ebullition :

50,2°C ; 20°C (sous 243 mm de Hg)

Densité :

1,8563 (à 25°C)

N° CAS

151-67-7

Découvert en 1951, il a été utilisé dans les années 1960 comme anesthésique pour l'induction et l'entretien des anesthésies générales. A été abandonné à cause de sa toxicité cardiaque et hépatique. N'est plus guère utilisé qu'en médecine vétérinaire.

Liquide incolore, très volatil à odeur de solvant halogéné.

C2HBrClF3

Méthoxyflurane

METHOXYFLURANE.gif

 

C3H4Cl2F2O

Masse molaire :

164,966 g.mol-1

N° CAS

76-38-0

 

 

Synthétisé à la fin des années 1940, il est utilisé dès 1960 en clinique comme alternative à l'halotane.

Il disparaît dès 1974 dans cette indication à cause d'une grande toxicité rénale.

Il peut aussi agir en tant qu'analgésique à de faibles concentrations sub-anesthésiantes.

 

Enflurane

ENFLURANE.gif

 

C3H2ClF5O

Masse molaire :

184,492 g.mol-1

Ebullition :

56,5°C

Densité :

1,5121 (à 25°C)

N° CAS

13838-16-9

Ce gaz a été découvert en 1963 et utilisé pour l'entretien des anesthésies générales à partir de 1966.

Il a été abandonné dans les années 1980 à cause de sa trop grande toxicité.

Isoflurane (RS)

ISOFLURANE

 

C3H2ClF5O

Masse molaire :

184,492 g.mol-1

Ebullition :

48,5°C

Densité :

1,5

N° CAS

26675-46-7

Découvert en 1965 il a été utilisé pour l'entretien des anesthésies générales.

Myorelaxant et analgésique, il a été remplacé chez l'homme par le desflurane et le sévoflurane.

Utilisé actuellement en médecine vétérinaire.

Liquide incolore.

Desflurane

DESFLURANE

C3H2F6O

Masse molaire :

168,04 g.mol-1

Ebullition :

23,5°C

Densité :

1,5

N° CAS

57041-67-5

Il a été découvert dans les années 1970 ; c'est un agent anesthésique de la famille des éthers halogénés (entretien des anesthésies générales) utilisé cliniquement à partir des années 1990.

Sévoflurane

SEVOFLURANE

C4H3F7O

Masse molaire :

200,055 g.mol-1

Ebullition :

58,5°C

Densité :

1,517

N° CAS

28523-86-6

Comme le desflurane il a été découvert dans les années 1970 et utilisé cliniquement  à partir des années 1990 ; il appartient à la famille des éthers halogénés et sert à l'induction ou à l'entretien des anesthésies générales.

Liquide incolore.

 

 

Remarque : Le protoxyde d'azote signalé plus haut est un gaz anesthésique de formule N2O, utilisé depuis plus de 160 ans pour induire une anesthésie et maintenir les patients sous anesthésie pendant toute la durée d'une opération. Il est connu également sous le nom de gaz "hilarant". C'est un gaz incolore non-inflammable au goût légèrement sucré à odeur agréable.

 

            1-2) Des anesthésiques intraveineux :

En introduisant l'anesthésique directement dans la circulation sanguine l'action est plus intense et plus rapide que par les autres voies.

Ils agissent en modulant les récepteurs du GABA, un neurotransmetteur inhibiteur, réduisant ainsi l'activité neuronale dans le cerveau et entraînant une perte de connaissance.

Parmi les anesthésiques intraveineux qui ont été utilisés ou qui le sont encore, on trouve plusieurs familles dont nous allons pour chacune donner au moins un exemple :

            - Les barbituriques

 

Thiopental

THIOPENTAL.gif

C11H18N2O2 S

Masse molaire :

242,37 g.mol-1

Fusion :

159°C

N° CAS

76-75-5

Découvert par Adolf von Baeyer en 1864, il est aussitôt connu pour ses propriétés hypnotique et anticonvulsivante.

Il a été introduit dans les années 1930 comme anesthésique et depuis 1955 il est utilisé sous sa forme sodique (S- Na+ au lieu de SH) qui est soluble, pour induire et entretenir une anesthésie générale intraveineuse (Pentothal®).

Ce barbiturique a été parfois utilisé comme "sérum de vérité".

Molécule ayant servi pour les injections létales (condamnés à mort).

 

 

            - Les alkylphénols

 

Propofol

PROPOFOL.gif

C12H18O

Masse molaire :
178,270 g.mol-1
Fusion :

19°C

Ebullition :

256°C ou 136°C sous 30 mm de Hg

Densité :

0,955 (à 20°C)

Indice de réfraction :

1,5140 à 20°C

N° CAS :
2078-54-8

 

Anesthésique intraveineux de courte durée d’action (5 minutes) utilisé pour l’induction et l’entretien des anesthésies générales.

Il est souvent choisi en raison de sa courte durée d'action et de son effet amnésiant, qui fait que le patient n'a pas le souvenir de l'intervention.

Le produit prêt à l’emploi se présente sous forme d’une émulsion dans l’eau.

 

 

            - Les imidazoles

 

Etomidate (R)

ETOMIDATE

C14H16N2O2

Masse molaire :
244,289 g.mol-1

N° CAS :

33125-97-2

Le chlorhydrate d'étomidate est un anesthésique intraveineux de courte durée d'action ; utilisé pour l'induction des anesthésies générales.

 

            - Phénylcyclohexylamines

 

Kétamine (±)

ou

2-(2-chlorophényl)-2-(méthylamino)cyclohexanone

 

KETAMINE.gif

Kétamine (±)

C13H16ClNO

Aspect :

Cristaux (lorsque recristallisé dans le mélange éther-pentane).

Masse molaire :

237,725 g.mol-1

Fusion :

92,5°C

pKa = 7,5

N° CAS :

6740-88-1

 

Le chlorhydrate de kétamine est un anesthésique général d'action rapide, non barbiturique, utilisé dans les cliniques chirurgicales ou vétérinaires.

Seul l'isomère (S) a cette propriété.

Le stéréoisomère (R) est hallucinogène ce qui explique qu'il est classé comme stupéfiant (arrêté du 8 août 1997).


KETAMINES

Kétamine (S) : anesthésique


KETAMINER

Kétamine (R) : hallucinogène

 

 

2) Anesthésiques locaux

Les anesthésiques locaux bloquent temporairement la conduction des signaux nerveux dans une région spécifique du corps.

Ils bloquent les canaux sodiques voltage-dépendant présents sur les membranes des cellules nerveuses ; ce faisant ils empêchent l'entrée du sodium dans les cellules, empêchant ainsi la création et la propagation du signal de douleur au cerveau ; cela provoque une perte temporaire de sensation dans la zone traitée.

Les anesthésiques locaux sont généralement administrés par injection dans les tissus près de la zone où l'effet analgésique est souhaité, comme lors d'une chirurgie mineure ou d'une procédure médicale.

Ils appartiennent essentiellement à deux familles chimiques :

 

            2-1) Les amides

 

Lidocaine
ou
2-(diéthylamino)-N-(2,6-diméthylphényl)éthanamide.

 LIDOCAINE.gif

C14H22N2O
Masse molaire

 234,34 g.mol-1

pKa :

7,9

N° CAS

137-58-6

C'est la DCI (Dénomination Commune Internationale) de la Xylocaïne ®.
Anesthésique local très utilisé (Chirurgie dentaire...). Anti-arythmique (Xylocard ®..)

(R,S)-Bupivacaïne

BUPIVACAINE.gif

C18H28N2O
Masse molaire

 288,427 g.mol-1

pKa :

7,9

N° CAS

Le racémique

38396-39-3

Anesthésique local puissant réservé à un usage hospitalier (rachisanesthésies, péridurales).

(S)-Ropivacaïne

ROPIVACAINE.gif

C17H26N2O
Masse molaire

 274,401 g.mol-1

N° CAS

84057-95-4

Anesthésique local réservé à un usage hospitalier (Rachianesthésies, péridurales).

Il tend peu à peu à remplacer la bupivacaïne car il est moins toxique pour le cœur que cette dernière.

Articaïne

ARTICAINE.gif

Stéréoisomère (R)

C13H20N2O3S
Masse molaire

 284,375 g.mol-1

N° CAS

Pour le (R,S)

23964-58-1

Anesthésique local utilisé en odontologie, en concurrence avec la lidocaïne.

 

Mépivacaïne (R,S)

MEPIVACAINE.gif

C15H22N2O
Masse molaire

 264,348 g.mol-1

pKa

7,6

N° CAS

96-88-8

Anesthésique local à durée d'action (1 à 3h) supérieure à celle de la lidocaïne. Il est commercialisé sous le nom de carbocaïne ou de scandonest.

La mépivacaïne inhibe les fonctions de tous les types de fibres nerveuses (sensitives, motrices, fibres nerveuses autonomes).

Prilocaïne

ou
N-(2-méthylphényl)-2-(propylamino)propanamide

 PRILOCAINE.gif

C13H20N2O
Masse molaire
220,310 g.mol-1
Aspect

Solide en aiguilles
Fusion
38°C
Ebullition 
160 (sous 1 mm de Hg)
Indice de réfraction :
1,5299 (à 20°C)
N° CAS :
721-50-6

Amino-amide de structure proche de celle de la lidocaïne avec laquelle il est parfois associé dans certains médicaments utilisés comme anesthésiques locaux.

 

 

 

 

            2-2) Les esters

 

Procaïne

ou

Novocaïne

ou

4-aminobenzoate de
2-(diéthylamino)éthyle.

 PROCAINE.gif
C13H20N2O2
Masse molaire

 236,310 g.mol-1

N° CAS

59-46-1

Anesthésique local, vasodilatateur utilisé en ORL ;
de type amino-ester.
Synthétisée en 1904 par le chimiste allemand A.Einhorn (1857-1917).
Son métabolisme conduit à l'acide p.aminobenzoïque (PABA) éliminé au niveau des reins dans l'urine.
A été détrôné depuis longtemps par des composés à durée d'action beaucoup plus longue (exemple la lidocaïne).Cette substance n'est pas considérée comme un produit dopant dans les milieux sportifs, mais son usage est réglementé.

 

 

Chloroprocaïne

CHLOROPROCAINE.gif

C13H19ClN2O2
Masse molaire

 270,755 g.mol-1

N° CAS

133-16-4

 

Anesthésique local peu utilisé ; sa structure est proche de celle de la procaïne.

Tétracaïne

TETRACAINE.gif

C15H24N2O2

Aspect :

Poudre cristalline blanche

Masse molaire :

264,3633 g.mol-1

Fusion :

147-150°C

pKa :

8,5

Sécurité :

R22 ; R40 ; R42/43

N°CAS :

94-24-6

Molécule présente dans certains anesthésiques locaux (pastilles et collutoires) pour soulager les maux de gorge peu intenses et sans fièvre (Solutricine®).

 

 

Benzocaïne
ou 4-aminobenzoate d'éthyle
BENZOCAINE.gif

C9H11O2N
Masse Molaire :
165,19 g.mol-1
Fusion :
88-90 °C
Solubilité : à 20 °C
- dans l'eau : 0,40 g.L-1
- dans l'éthanol : 200 g.L-1
- dans l'éther : 250 g.L-1
Sécurité:
S: 22-24/25

La benzocaïne est utilisée comme anesthésique local d’usage externe; elle est un composant actif des crèmes pour le traitement des coups de soleil.

 

 

 

Remarque :

Au fil des années, la recherche progresse dans le domaine de l'anesthésie. Des méthodes telles que l'anesthésie locorégionale ciblée, qui limite l'anesthésie à une région spécifique du corps, ont été développées pour minimiser les effets secondaires systémiques des anesthésiques. De plus, des efforts sont en cours pour mieux comprendre les mécanismes d'action des anesthésiques généraux et pour développer des agents plus spécifiques et plus sûrs.

 

3) Les agents adjuvants

Un agent adjuvant dans les anesthésies est une substance utilisée pour potentialiser l'effet des anesthésiques principaux. Ces agents peuvent améliorer l'analgésie, la relaxation musculaire et d'autres aspects du processus anesthésique, permettant ainsi de réduire les doses d'anesthésiques généraux nécessaires tout en maintenant un contrôle efficace de l'anesthésie.

On distingue les analgésiques destinés à soulager la douleur, les anxiolytiques et les sédatifs qui diminuent les troubles liés à l'anxiété et les relaxants musculaires.

            3-1) Les analgésiques

On citera deux opiacés et deux opioïdes, dérivés de la pipéridine

 

Morphine

MORPHINE.gif

C17H19NO3
Masse molaire :

285,338 g.mol-1
Fusion :

255 °C
Ebullition :

Sublimation à 190 °C
pKa= 8,21
Solubilité:
Insoluble dans eau, éther, acétone.
Un peu soluble dans l'éthanol.
Soluble dans le méthanol et la pyridine.

N° CAS :

57-27-2

Alcaloïde de l'opium, calmant de la douleur (analgésique).
Extrait de l'opium, lui même extrait du pavot, pour la première fois par F.W.A.Sertürner en 1805-1806.
Cette molécule agit sur le récepteur opioide µ pour calmer la douleur. Ce récepteur se situe dans la zone limbique du cerveau, celle des perceptions des émotions. Lorsque les molécules de morphine se lient à ce récepteur, elles interrompent la transmission de l’influx nerveux et font disparaître la perception de la douleur. Les endorphines et les enképhalines sont des substances endogènes (c’est- à- dire produites par notre corps) de structure analogue à celle de la morphine et qui peuvent se placer sur le récepteur morphinique entraînant les mêmes effets (disparition de la perception de la douleur).

 

 

 

 

 

Hydromorphone

ou

7,8-dihydromorphin-6-one

HYDROMORPHONE.gif

C17H19NO3

Aspect :

Cristaux (recristallisée dans l'éthanol).

Masse molaire :

285,338 g.mol-1

Fusion :

266,5°C

N° CAS :

466-99-9

Opiacé semi-synthétique, isomère de la morphine ; cette molécule diffère de celle de la morphine par la présence sur le carbone 6 d'une fonction cétone au lieu d'une fonction alcool et par l'absence de double liaison entre les carbones 7 et 8.

L'effet narcotique de cet opiacé est environ cinq à sept fois supérieur à celui de la morphine à poids égal. Il sert d'analgésique et c'est le plus puissant antitussif connu.

L'efficacité de l'hydrocodéine comme antitussif est due au fait que le foie transforme cette molécule en hydromorphine.

 

Ce médicament découvert et étudié en Allemagne entre 1924 et 1926 est commercialisé dans le monde sous les noms : Dilaudid®, Palladone®, Opidol®, Hydromorphane®…

 

 

Fentanyl

FENTANYL.gif

C22H28N2O

Masse molaire :

336,4705 g.mol-1

Fusion :

87,5°C

pKa

7,3

N° CAS :

437-38-7

Risques :

R 26/27/28, 42/43

S 36/37/39, 45

Opioïde synthétique, aux propriétés analgésiques. C'est un morphinomimétique se liant préférentiellement aux récepteurs µ, à potentiel analgésique très supérieur à celui de la morphine.

 

 

Sufentanil

SUFENTANIL.gif

C22H30N2O2S

Masse molaire :

386,551 g.mol-1

Fusion :

97°C

Solubilité :

76mg/L

N° CAS :

56030-54-7

Le sufentanil est un puissant analgésique opioïde liposoluble, synthétique, souvent utilisé en médecine pour le soulagement de la douleur intense, par exemple lors de chirurgies majeures ou de soins intensifs.

 

 

           

            3-2) Les anxiolytiques et les sédatifs

Les anxiolytiques réduisent l'anxiété et les symptômes associés tels que l'inquiétude et la nervosité.

Les sédatifs sont des médicaments qui induisent le calme, qui relaxent et conduisent à une certaine somnolence.

Certaines molécules ont des propriétés à la fois anxiolytiques et sédatives en fonction de leur dosage.

Il existe plusieurs familles

 

                        - Les benzodiazépines

 

Diazépam

DIAZEPAM.gif

C16H13N2OCl
Masse molaire :

284,74g.mol-1
Fusion :

125,5°C

N° CAS :

439-14-5

C'est à la fois un anxiolytique de la famille des benzodiazépines (psycholeptique utilisé dans le traitement de l'angoisse) mais il a aussi des propriétés sédatives et c'est même un relaxant musculaire.
C'est un médicament qui est commercialisé sous le nom de Valium ® par les laboratoires Hoffmann-Laroche.

 

 

Midazolam

 

MIDAZOLAM.gif

C16H13ClFN3
Masse molaire :

325,767 g.mol-1

N° CAS :

59467-70-8

Molécule à propriétés sédatives de la famille des benzodiazépines, souvent administrée par voie intraveineuse avant des procédures chirurgicales pour provoquer la sédation et la relaxation du patient.

La durée et le délai d'action sont courts

 

                        - Les imidazolines

On prendra comme exemples la clonidine et la dexmédétomidine.

 

Clonidine

CLONIDINE.gif

 

C9H9Cl2N3

Masse molaire :

230,094 g.mol-1

Fusion :

130°C

Solubilité

0,48 g/L

N° CAS :

4205-90-7

 

C'est un médicament contre l’hypertension.

Sous forme de chlorhydrate stimule les récepteurs adrénergiques α2 qui inhibent l’activité sympathique.

Efficace en prévention des bouffées de chaleur iatrogènes induites (hommes traités pour le cancer de la prostate).

Il est parfois utilisé en anesthésie comme adjuvant sédatif.

Il a la capacité de réduire la réponse du système nerveux sympathique, ce qui peut aider à stabiliser la pression artérielle pendant l'anesthésie. Il potentialise les effets analgésiques des opioïdes, ce qui permet de réduire la dose nécessaire de ces médicaments pour le contrôle de la douleur post-opératoire.

Dexmédétomidine

DEXMEDETOMIDINE.gif

C13H16N2

Masse molaire :

200,2795 g.mol-1

Aspect :

Poudre cristallisée blanche

Solubilité

Très soluble dans l'eau

N° CAS

113775-47-6

Médicament sédatif utilisé comme adjuvant en anesthésie. Il appartient à la classe des agonistes α2 adrénergiques, tout comme la clonidine et est utilisé pour produire une sédation et une analgésie pendant et après une intervention chirurgicale.

 

            3-3) Les relaxants musculaires

Un relaxant musculaire agit sur le système nerveux central, il appartient alors à la famille des relaxants musculaires centraux, ou directement sur les muscles, il appartient alors à la famille des relaxants musculaires périphériques, pour provoquer une relaxation musculaire.

Ce sont des curares ou des molécules ayant des propriétés curarisantes.

Plusieurs familles chimiques : les aminostéroïdes, les benzylisoquinoléines ….

                        - Les aminostéroïdes

Rocuronium (bromure de)

ROCURONIUM.gif

C32H53 BrN2O4

Masse molaire :

609,674 g.mol-1

N° CAS :

119302-91-9

Molécule synthétique appartenant à la famille des aminostéroïdes (pachycurares ou curares non-dépolarisants).

Relaxant musculaire périphérique (type curare) utilisé dans l'anesthésie lors de certaines chirurgies (abdominale notamment) ou en réanimation.

Il induit un relâchement musculaire complet car c'est un antagoniste de l'acétylcholine au niveau de la plaque motrice.

 

 

Pancuronium (dibromure de)

PANCURONIUM.gif

C35H60 Br2N2O4

Aspect :

Solide cristallisé.

Masse molaire :

732,670 g.mol-1

Fusion :

215°C

Solubilité :

Soluble dans le chloroforme

N° CAS :

15500-66-0

Molécule synthétique appartenant à la famille des aminostéroïdes (pachycurares ou curares non-dépolarisants).

Relaxant musculaire périphérique (type curare) utilisé dans l'anesthésie lors de certaines chirurgies (abdominale notamment).

Il induit un relâchement musculaire complet car c'est un antagoniste de l'acétylcholine au niveau de la plaque motrice.

A été utilisé lors d'injections létales (exécutions capitales).

 

 

 

Vécuronium (bromure de)

VECURONIUM.gif

C34H57 BrN2O4

Masse molaire :

637,727 g.mol-1

N° CAS :

50700-72-6

Molécule synthétiques appartenant à la famille des aminostéroïdes (pachycurares ou curares non-dépolarisants).

Relaxant musculaire périphérique (type curare) utilisé dans l'anesthésie lors de certaines chirurgies (abdominale notamment) ou en réanimation.

Il induit un relâchement musculaire complet car c'est un antagoniste de l'acétylcholine au niveau de la plaque motrice.

 

 

 

Pipécuronium (dibromure de)

PIPECURONIUM.gif

C35H62 Br2N4O4

Aspect :

Cristaux lorsque recristallisé dans un mélange acétone/dichlorométhane.

Masse molaire :

762,699 g.mol-1

Fusion :

263°C en se décomposant

Pouvoir rotatoire :

[α]D25 = 8,1° (solution molaire dans l'eau).

N° CAS :

52212-02-9

 

Molécule synthétique appartenant à la famille des aminostéroïdes (pachycurares ou curares non-dépolarisants).

C'est un relaxant musculaire périphérique  (type curare) qui induit un relâchement musculaire complet car c'est un antagoniste de l'acétylcholine au niveau de la plaque motrice.

Il est plus puissant que le rocuronium, le vécuronium ou le pancuronium, autres aminostéroïdes.

 

 

 

                        - Les benzylisoquinoléines

Mivacurium

MIVACURIUM.gif

C58H80 Cl2N2O14

Aspect :

Poudre

Masse molaire :

1099,56 g.mol-1

Solubilité :

Soluble dans le DMSO ; insoluble dans l'eau.

N° CAS :

106791-40-6

Molécule synthétique appartenant à la famille des benzylisoquinoléines.

C'est un curare non-dépolarisant utilisé comme myorelaxant périphérique en anesthésie générale et en réanimation ; il présente l'avantage par rapport aux substances de la même famille d'avoir une courte durée d'action.

C'est un antagoniste compétitif de l'acétylcholine au niveau de la plaque motrice.

 

 

Atracurium (bésylate)

ATRACURIUM

C65H82N2O18S2

Masse molaire :

1243,49 g.mol-1

Aspect :

Poudre blanc à blanc cassé

N° CAS :

64228-79-1

Molécule appartenant à la famille des benzylisoquinoléines.

C'est un curare non-dépolarisant utilisé comme myorelaxant périphérique en anesthésie générale et en réanimation.C'est un antagoniste compétitif de l'acétylcholine au niveau de la plaque motrice.

Tubocurarine

TUBOCURARINE3.gif

C37H42 Cl2N2O6

Aspect :

Poudre cristalline blanche ou blanc cassé sans odeur.

Masse molaire :

680 g.mol-1

Fusion :

270°C en se décomposant

Pouvoir rotatoire :

[α]D20 = 210 à 220° (solution 10g/L dans l'eau).

Solubilité :

Soluble dans une solution à 20 parties d'eau et 30 parties d'éthanol à 750g/L.

N° CAS :

6989-98-6

Molécule appartenant à la famille des benzylisoquinoléines.

C'est le curare naturel qui peut être extrait de Chondodendron tomentosum une liane de la famille des Menispermacées.

il a des propriétés paralysantes.

C'est un curare non-dépolarisant antagoniste spécifique des récepteurs nicotiniques qui n'est plus utilisé comme myorelaxant ou pour les anesthésies ; on lui préfère les curares synthétiques.

 

 

                       

                        - Un dérivé d'acétylcholine

Succinylcholine
(dichlorure de)

ou

Suxaméthonium
ou

Anectine ®

nom systématique:
Dichlorure de 2,2'-[(1,4-dioxo-1,4-butanediyl)
bis(oxy)]bis
[N,N,N,triméthyléthanaminium]

SUCCINYLCHOLINE.gif

C14H30N2O42+

Masse molaire :

290,399 g.mol-1

N° CAS :

306-40-1

Médicament de la famille des dérivés de l'acétylcholine, aux propriétés curarisantes, utilisé en anesthésie pour provoquer un relâchement musculaire (curare dépolarisant). C'est une poudre blanche sans odeur, légèrement amère et très soluble dans l'eau.

 

Remarque:Le curare est un mélange de substances extraites de lianes d'Amazonie et provoquant une paralysie des muscles. Il est utilisé par les Amérindiens qui en enduisent l'extrémité de leurs flèches .

 

4) Les agents de réversion

Un agent de réversion, également appelé antagoniste, est une substance utilisée en anesthésie pour inverser les effets des médicaments anesthésiques ou de relaxation musculaire administrés pendant une procédure chirurgicale. Ces agents de réversion aident à réveiller le patient plus rapidement en neutralisant les effets des médicaments anesthésiques, ce qui permet au patient de retrouver rapidement un état de conscience normal et un contrôle musculaire. Cela peut être particulièrement utile en cas de besoin d'urgence pour mettre fin à l'anesthésie ou pour faciliter une récupération plus rapide après une opération.

 

                        - Agent de réversion des opioïdes :

 

Naxolone

 

NAXOLONE

C19H21NO4

Masse molaire :

327,374 g.mol-1

N° CAS :

465-65-6

C'est un antagoniste des récepteurs de la morphine. C'est un antidote spécifique des opioïdes (utilisé pour contrer les surdoses). C'est un antidote temporaire car sa demi-vie est d'environ 1heure. Il déplace la morphine de ses sites récepteurs et arrête donc temporairement son action ; il se lie à ces récepteurs sans déclencher les effets typiques des opioïdes.

 

                        - Agent de réversion des benzodiazépines :

 

Flumazénil

 

FLUMAZENIL

C15H14FN3O3

Masse molaire :

303,2884 g.mol-1

N° CAS :

465-65-6

Médicament utilisé comme antidote spécifique aux benzodiazépines. C'est un antagoniste compétitif des récepteurs GABA, récepteurs des benzodiazépines. C'est une imidazo-benzodiazépine.

 

                        - Agent de réversion de curares non–dépolarisants

 

Néostigmine (bromure de)

NEOSTIGMINE.gif

C12H19 BrN2O2

Aspect :

Cristaux (lorsque recristallisé dans un mélange éthanol-éther)

Masse molaire :

303,195 g.mol-1

Fusion :

167°C (se décompose)

Solubilité :

Très soluble dans l'eau ; soluble dans l'éthanol.

N° CAS :

114-80-7

Cette molécule est un parasympathicomimétique ; en inhibant les cholinestérases, elle augmente et prolonge les effets de l'acétylcholine.

Elle s'oppose à l'effet des curares non dépolarisants tels que le rocuronium ou le vécuronium sur le bloc neuromusculaire.

Elle est utilisée dans les décurarisations postopératoires ainsi que dans les myasthénies.

 

 

 

Sugammadex (sel de sodium)

SUGAMMADEX.gif

C72H104 Na8O48S8

Masse molaire :

2178,006 g.mol-1

N° CAS :

343306-79-6

γ-cyclodextrine ayant une couronne externe hydrophile (grâce aux groupements –COO-) et un cœur lipophile.

C'est un antagoniste des effets myorelaxants de substances curarisantes non dépolarisantes telles que le rocuronium, le vécuronium.

Ces substances curarisantes sont utilisées lors d'anesthésies générales ; on peut faire cesser rapidement leur effet par injection intraveineuse de sugammadex. Celui-ci se fixe par liaison ionique forte à l'ammonium quaternaire de ces substances curarisantes et les empêchent de se lier au récepteur de l'acétylcholine de la plaque motrice ; c'est une véritable encapsulation.