LES PHENOLS


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Plan du cours :
1) Définition-Nomenclature :
2) Quelques exemples :
3) Propriétés chimiques :
        3-1) Dues à OH :
        3-2) Dues au noyau aromatique :
4) Préparations :
5) Résumé :


1) Définition-Nomenclature :
    Un phénol est une molécule aromatique, possédant un groupe hydroxyle OH fixé sur un carbone d'un cycle benzénique.
    Formule générale : Ar-OH
    Exemples :
Le phénol ou benzophénol Le 2,4,6-triméthylphénol
    Nomenclature : Lorsque plusieurs fonctions existent sur le cycle benzénique on utilise le suffixe phénol si la fonction est prioritaire, ou le préfixe hydroxy si elle ne l'est pas.
    Exemples:
 

 2-chlorophénol ou 2-chlorobenzophénol car OH est prioritaire par rapport à Cl.
  

acide 2-hydroxybenzoïque car OH n'est pas prioritaire par rapport à COOH.

 

Remarque: Si le groupe hydroxyle n'est pas fixé directement sur le carbone du cycle benzénique, ce n'est pas un phénol mais un alcool aromatique;

exemple:

alcool benzylique.
2) Quelques exemples de phénols :
 


Pyrocatéchol ou catéchol


Résorcinol


Hydroquinone


Pyrogallol (colorant du brou de noix)


 

Phloroglucinol


Fluorescéine


Eosine

Les phénols sont courants dans les essences végétales:


Vanillal (ou vanilline) 


Thymol


Eugénol (clou de girofle)


Iso-eugénol


Chavicol



Anol


Estragole


Anéthole



Safrole



Isosafrole


Pipéronal (ou héliotropine)


Resvératrol

Remarque: L'estragole, l'anéthole, le safrole, l'isosafrole et le pipéronal sont des dérivés de phénols (éthers-oxydes dérivant respectivement du chavicol, de l'anol, de l'eugénol, de l'iso-eugénol et du vanillal).

3)Propriétés chimiques :
        3-1) Propriétés dues au OH :
            a) caractère acide- formation de l'ion phénolate:
Le caractère acide est plus marqué que pour les alcools car l'ion phénoxy est stabilisé par résonance:


Le pKa du benzophénol est environ 10; son caractère acide est donc moins marqué que pour  l'acide éthanoïque par exemple (pKa 4,7), mais beaucoup plus marqué que pour l'éthanol de pKa environ égal à 18.
* Action des bases alcalines :

Il se forme du phénolate de sodium (on dit aussi phénate) par une réaction qui est presque totale.
*Action directe d'un métal:
Le sodium et le potassium, métaux alcalins, peuvent réagir sur les phénols pour donner également des phénolates de sodium ou de potassium avec dégagement de dihydrogène, comme sur les alcools.
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            b) Estérification -Acylation :

* Estérification :
Elle est difficile avec les acides carboxyliques (avec l'acide acétique on obtient par exemple 0,08 mole d'ester):

* Acylation :
Les anhydrides ou les chlorures d'acyle, par contre, réagissent facilement par une réaction totale.
L'acide salicylique par exemple conduit à l'aspirine (acide acétylsalicylique):


            c) Formation d'éthers ; réaction de Williamson :
La déshydratation intermoléculaire d'un phénol est possible en chauffant à 420°C en présence de thorine (ThO2). On aboutit à un éther oxyde symétrique:

Pour obtenir des éthers dissymétriques on utilise la réaction de Williamson .

    3-2) Propriétés dues au noyau aromatique :
            a) Propriétés habituelles :
Les substitutions électrophiles sur le noyau aromatique sont facilitées par rapport au benzène, du fait de la présence du groupe OH; elles ont lieu en ortho et para de ce groupe..
*Halogénation:
à froid en présence de dibrome la réaction est immédiate et conduit au tribromophénol. Avec le dichlore, on peut s'arrêter au monochlorophénol ou au dichlorophénol, mais on peut aussi aller jusqu'au dérivé trichloré.

*Alkylation :
Réaction de Friedel et Crafts qui nécessite BF3 au lieu de AlCl3 (Ce catalyseur ne pouvant être utilisé avec un phénol):

*Nitration:
à froid, avec de l'acide nitrique dilué, on obtient le mononitrophénol :

L'acide picrique qui est le 2,4,6-trinitrophénol s'obtient indirectement (Sulfonation préalable pour obtenir l'acide 2-hydroxybenzène-1,3,5-trisulfonique puis traitement par l'acide nitrique à chaud en présence de nitrate de sodium) ; c'est un acide fort (pKa = 0,38) grâce aux trois groupes NO2 attracteurs d'électrons, qui augmentent la mobilité du H du groupe OH :

*Sulfonation :
Avec l'acide sulfurique, à froid, il se forme l'isomère ortho ; à chaud il se forme de préférence le dérivé para.


*Action sur les sels de diazonium :
En milieu alcalin, l'ion phénoxy attaque les sels de diazonium, et l'on obtient un azoïque phénol colorant soluble en milieu basique.

Les additions se font sur les 6 carbones à la fois. L'hydrogénation conduit à des alcools secondaires cycliques:

        b) Quelques réactions particulières :
*Réaction de Reimer et Tiemann :
Formylation d'un phénol par action du trichlorométhane (chloroforme) en milieu basique :

* Réaction de Kolbe:
Il s'agit d'une réaction de carboxylation du benzophénol (son sel de sodium) sous l'action de CO2 à 125°C et sous pression (5bars):

*Réactions de condensation :
Les H en para du groupe hydroxyle, permettent des réactions de condensation; avec l'anhydride phtalique par exemple on obtient la phtaléine du phénol, utilisée comme indicateur coloré dans les réactions de dosage acido-basique.

A pH < 8 la phtaléine du phénol est incolore; en milieu franchement basique elle est rouge (prédominance de la forme quinonique):

*Réactions d'oxydation :
En milieu acide sulfurique, à froid, le permanganate de potassium oxyde le benzophénol en o. et p. diphénol qui sont eux-mêmes oxydés en o.et p.quinones. En présence d'un excès d'oxydant il y a ouverture du cycle.
paraquinone (la molécule du dessus étant l'orthoquinone).
4) Préparations :
    4-1) Par fusion alcaline :
            Pour le benzophénol, c' est une ancienne préparation dont le point de départ était le benzène; le chemin des réactions était le suivant:

        Pour les autres phénols cette préparation est toujours utilisée.
    4-2) A partir du cumène:

Remarque: Industriellement c'est le propène qui est utilisé à la place du 2-chloropropane, le catalyseur conduisant au carbocation électrophile étant un acide protonique (acide sulfurique par exemple).
    4-3) Désamination nitreuse d'une amine aromatique :
La suite de réactions est la suivante, diazotation d'une amine aromatique, puis hydrolyse à chaud du sel de diazonium obtenu:

    4-4) A partir des alkoxybenzènes :