LES LUBRIFIANTS
Gérard GOMEZ
Plan de l'étude
2) La lubrification Définition – Champ d'application
3) Généralités sur les lubrifiants
4) Composition des lubrifiants utilisés dans
l'industrie
4-1) huiles minérales
4-2) graisses minérales
4-3) huiles synthétiques
4-5) les lubrifiants aux silicones
4-7) des additifs
5-1) Les huiles végétales
5-2) Des lubrifiants dans le corps humain
De l'huile renversée sur le sol, rend celui-ci glissant ;
elle diminue les forces de frottement d'adhérence des semelles de chaussures.
Une voiture sur un sol gelé ou humide dérape. Autant de phénomènes qui nous
sont familiers et qui traduisent l'interaction de deux surfaces en contact.
On sait par expérience que la
facilité avec laquelle une surface glisse sur une autre dépend de la nature et
de l'état des surfaces en vis-à-vis :
- Nature des surfaces
Des semelles en caoutchouc
glissent moins sur un sol lisse que des semelles en cuir.
- Etat des surfaces en contact
Des semelles en caoutchouc sur
un sol sec glissent moins que ces mêmes semelles sur un sol mouillé.
Deux surfaces rugueuses sont
moins favorables au glissement que deux surfaces lisses.
Il existe un nombre qui évalue
la facilité avec laquelle une surface glisse sur une autre, c'est le coefficient de friction statique ; on le définit, pour un
solide posé sur un support plan horizontal, comme le rapport (µf)
entre la valeur de la force de frottement d'adhérence, c'est-à-dire la force
horizontale minimale nécessaire pour mettre le solide en mouvement (F) et la
valeur de la réaction normale du support (correspondant dans ce cas au poids de
l'objet) ; plus il est petit et plus le glissement est facile.
Par exemple, pour deux
surfaces d'aluminium polies propres et sèches glissant l'une sur l'autre le
coefficient de friction est de l'ordre de 1,2 ; pour ces mêmes surfaces
lubrifiées par de la graisse il devient environ 0,3.
2) La
lubrification : Définition – champ d'application
Elle facilite le glissement des parties frottantes d'un
ensemble en interposant un film onctueux entre ces parties.
La science qui s'occupe de ces
phénomènes (frottements, glissement, lubrification, usure) s'appelle la tribologie.
Le champ d'application est
très vaste ; on trouve des exemples de lubrification dans des domaines aussi
différents que le forage pétrolier, l'usinage de pièces métalliques, la
mécanique automobile, les usages domestiques (charnières, serrures…) mais
encore dans des domaines biologiques (larmes,
….).
De cette diversité
d'applications résulte une grande variété de lubrifiants qui ont été conçus
pour s'adapter au mieux à chaque situation.
3) Généralités sur
les lubrifiants :
Un lubrifiant doit pouvoir résister :
- aux températures auxquelles sont soumises les surfaces
entre lesquelles il est inséré ; la plupart des lubrifiants sont liquides (on
parle alors d'huiles) ou pâteux (on parle alors de graisses), mais ils peuvent
aussi être solides.
Les
lubrifiants solides sont généralement utilisés lorsque la température du milieu
est très élevée ou très basse ou dans le vide, des conditions qui excluent
alors l'utilisation de lubrifiants liquides qui pourraient bouillir ou se
solidifier en perdant leurs propriétés lubrifiantes ou des graisses qui
pourraient voir une séparation s'opérer entre leurs composants ou bien perdre
leurs propriétés lubrifiantes par solidification de leur composante liquide.
Les
graisses sont, elles, utilisées pour des températures moyennes et dans des
conditions pour lesquelles les liquides ne conviennent pas.
Les
lubrifiants liquides sont souvent utilisés dans des conditions de températures
ordinaires ou moyennement basses ; ils contribuent d'ailleurs en plus de leur
action lubrifiante à évacuer un peu de chaleur due aux frottements (analogue au
découpage des pierres par sciage qui se fait souvent sous arrosage d'eau,
surtout si la matière est très dense (marbre, granit)).
Parfois
on mélange des lubrifiants solides et
pâteux ; c'est par exemple le cas des graisses
graphitées ; on améliore la tenue à la chaleur du lubrifiant pâteux (la
graisse) en y incorporant un lubrifiant solide (le graphite).
- à l'environnement chimique (atmosphère oxydante par
exemple ou atmosphère acide…) et même, si possible, protéger les parties
métalliques de la corrosion.
- il ne doit pas garder d'éventuelles particules solides
résultant des frottements entre les parties glissantes ou bien d'impuretés
extérieures, sous peine de devenir abrasif et doit donc les laisser s'évacuer.
- il doit assurer parfois l'étanchéité (par exemple entre
piston, segments et cylindre dans un moteur à combustion interne) et dans certains
cas il ne doit pas souiller le milieu que les machines lubrifiées traitent
(domaine alimentaire par exemple)…
La viscosité est une grandeur importante pour une huile
utilisée comme lubrifiant ; c'est une grandeur physique caractérisant la
facilité plus ou moins grande qu'a un fluide pour s'écouler. Plus la viscosité
est grande moins le fluide s'écoule facilement. A température donnée un sirop
par exemple est plus visqueux qu'une eau. La viscosité varie avec la
température ; pour un liquide elle diminue quand la température augmente, c'est
le contraire pour un gaz.
La viscosité est en relation
avec l'épaisseur de la couche d'huile qui s'insère entre les pièces en
mouvement et donc avec l'efficacité de la lubrification. La viscosité ne doit
donc être ni trop importante ni trop faible et surtout varier le moins possible
avec la température.
Evaluation du pouvoir
lubrifiant des huiles :
Il existe plusieurs
classifications ou normes pour renseigner l'utilisateur sur la viscosité d'une
huile, principale caractéristique de celle-ci. Parmi elles la norme S.A.E
(Sigle de Society of Automotive Engineers) qui repère la viscosité d'une huile
pour moteur ou d'une huile pour boîte de vitesse par un code.
Sur un bidon d'huile pour
moteur on trouve par exemple l'indication 10W40 :
10W renseigne sur la viscosité
(ou grade de viscosité) en hiver (lettre W pour Winter, hiver en anglais). Plus
le nombre est petit et plus l'huile restera fluide par temps froid au démarrage
du véhicule.
40 : c'est le grade de
viscosité en été. Plus le nombre est élevé et plus l'huile conserve une bonne
viscosité à chaud.
4) Composition des
lubrifiants utilisés dans l'industrie :
Les lubrifiants utilisés dans l'industrie sont, pour la
très grande majorité, des lubrifiants à base de molécules organiques et ils
appartiennent à diverses familles chimiques : hydrocarbures, esters, sels
alcalins ou alcalino-terreux d'acides gras, polymères …. ; Les silicones sont
également souvent utilisés comme lubrifiants ; et on trouve aussi des substances
non organiques.
Il est rare qu'un lubrifiant
ne soit pas un mélange ; souvent il est composé d'une base (composé
majoritaire), la plupart du temps une huile dite minérale mais qui est formée
de molécules organiques, le terme "minéral" provenant du fait que ces
molécules sont extraites
du pétrole donc viennent du sous-sol comme la plupart des minéraux. On y ajoute
d'autres molécules ou substances constituant des additifs destinés à adapter le
lubrifiant au milieu dans lequel il va évoluer ainsi qu'il a été dit plus haut.
On
parle d'huiles minérales lorsque la base est extraite des pétroles.
On
parle d'huiles synthétiques lorsque les molécules qui composent la base ont été
obtenues par réaction chimique ou par traitement particulier des coupes
pétrolières.
On
parle d'huiles semi-synthétiques quand la base est un mélange d'huile minérale
et d'huile synthétique.
4-1) Huiles minérales :
Les pétroles sont des mélanges
complexes d'hydrocarbures qui se sont formés par fermentation de matières
organiques et décomposition de microorganismes marins enfouis il y a plusieurs
centaines de millions d'années et qui ont été soumis aux effets combinés de la
température, de la pression et à l'action de bactéries.
Leur
composition varie suivant leur provenance : ceux du Moyen- Orient, du Sahara,
de Pennsylvanie pour ne citer qu'eux, sont formés essentiellement d'alcanes,
ceux du Texas de cyclo-alcanes ; ceux du Caucase et d'Indonésie de
cyclo-alcanes et de carbures aromatiques.
Ils
subissent un premier traitement qui est une distillation fractionnée permettant
de recueillir des groupes de composés (groupes appelés "coupes
pétrolières") dont les points d'ébullition se situent dans un intervalle
donné.
Entre
300 et 400°C environ, on recueille une coupe qui contient les huiles minérales.
Cette fraction est un mélange de plusieurs centaines de molécules, alcanes
linéaires pour la plupart dont le nombre d'atomes de carbone se situe entre 18
et 25 (C18 à C 25).Il subit une distillation sous
pression réduite qui donne les huiles. Fait suite une extraction par solvant et
un déparaffinage (on enlève les paraffines linéaires qui peuvent être mises en
solution grâce à la méthyléthylcétone) puis un raffinage hydrogénant,
traitement destiné à enlever les doubles liaisons éventuelles.
La
composition de ces huiles ne peut être constante car leur composition varie en
fonction de la provenance des pétroles dont elles sont issues. En conséquence
leurs propriétés lubrifiantes sont aussi variables puisqu'elles dépendent de
leur composition.
On
utilise rarement ces huiles seules comme lubrifiant ; elles en constituent
souvent la base c'est-à-dire 80 à 85%.
4-2) Graisses minérales :
Les fractions pétrolières
recueillies entre 400 et 500°C contiennent des alcanes en majorité linéaires
allant de C26 à C38 qui ont une consistance pâteuse et
sont appelées vaseline. Substance blanche la vaseline est utilisée pour des
mécanismes de précision n'étant pas soumis à des variations importantes de
température (horlogerie, petit matériel électrique, moulinets de pêche…).
Accompagnant
ces graisses on trouve aussi dans la coupe pétrolière se situant entre 400 et
500°C certains hydrocarbures solides. L'ensemble de ces hydrocarbures est
appelé paraffine (ou parfois cire minérale). La paraffine est un solide blanc,
onctueux, qui fond facilement et qui facilite le glissement de pièces en bois
ou la pénétration de vis dans du bois. Par ailleurs les paraffines classées additif
alimentaire E905 constituent un agent d'enrobage (fruits, confiseries) ; elles
peuvent donc entrer dans la composition des lubrifiants traitant les machines
intervenant dans le domaine alimentaire.
4-3) Huiles synthétiques :
Leurs performances lubrifiantes sont
supérieures à celles des huiles minérales dans la mesure où :
- étant
synthétiques elles sont plus homogènes (on peut en contrôler la composition)
- on
peut intervenir sur la nature des molécules synthétisées et donc les adapter au
cas traité.
On peut
ainsi obtenir une meilleure tenue thermique, une plus grande résistance à l'oxydation,
un indice de viscosité adapté….Leur prix est plus élevé que celui des huiles
minérales.
Les
familles de produits qui vont être présentées correspondent aux principales
familles d'huiles de synthèse ; il ne s'agit pas d'une étude exhaustive.
- Les huiles d'hydrocraquage : ce ne sont pas des molécules obtenues réellement
par synthèse (on les qualifie quand même de synthétiques) mais par un craquage
des longues molécules en molécules plus courtes ; on traite les paraffines ou
les fuels lourds par l'hydrogène à haute température (250 à 400°C) et sous
forte pression (environ 100 bars) en présence d'un catalyseur. Les longues
molécules se fractionnent et donnent des molécules plus courtes ayant des
doubles liaisons qui se saturent en présence d'hydrogène. Elles ont un indice
de viscosité supérieur aux huiles minérales, un meilleur comportement au froid,
mais globalement elles nécessitent des additifs pour améliorer leurs autres
propriétés. Ce sont des huiles de qualité lubrifiante moyenne.
- Les polyalkylène glycols (ou PAG) : Ce sont des polymères produits par
réactions d'oxydes d'alkylènes (éthylène ou propylène) initiées par des
composés à H labile (alcools, eau, amines ….).Ils ont été développés pendant la
seconde guerre mondiale par Union Carbide Corporation et commercialisés en
1959.
Leur
formule générale est :
On peut
par exemple résumer ainsi la réaction de formation du PGME Polyalkylène Glycol
Mono butylEther :
Les lubrifiants
à base de PAG ont de bonnes propriétés lubrifiantes ; ils sont cependant
hygroscopiques et ont une faible miscibilité avec les huiles minérales.
- Les polyol
esters (POE) ou plutôt
néopentyl polyol esters : Ils sont obtenus en faisant réagir des acides gras
avec des polyols à structure néopentyle.
Cette
structure est choisie pour qu'il n'y ait aucun H en β de la fonction
ester, sur les carbones du polyol. En effet l'hydrogène en β est la
principale cause de la dégradation à température élevée des esters qui en
possèdent. Les POE ont donc ainsi une meilleure tenue à la chaleur.
Leur
formule générale est :
Un exemple
:
Les
huiles polyol esters sont miscibles avec les huiles minérales ; elles sont
cependant hygroscopiques.
La
polarité des lubrifiants à base d'esters leur confère des propriétés
intéressantes : réduction de leur volatilité, augmentation de leur fonction
lubrifiante (ils "s'accrochent" mieux aux métaux) et biodégradabilité
(les bactéries attaquent plus facilement la fonction ester).
- Les polyvinyléthers (PVE)
Leur
structure rappelle celle des polyalkylène glycols mais la structure éther ne se
trouve pas dans la chaîne principale.
Ils
sont hygroscopiques, mais contrairement aux polyol esters ils ne s'hydrolysent
pas pour former des acides organiques.
Ce sont
des huiles lubrifiantes utilisées aussi dans des circuits pour réfrigération.
- Les polyalphaoléfines
La
polymérisation par exemple du n-déc-1-ène suivie d'une hydrogénation puis d'une
distillation conduit à une huile dont l'utilisation peut se faire dans une
large gamme de températures. C'est un lubrifiant haut de gamme.
ou
4-4) Graisses
synthétiques :
Il
s'agit d'un produit formé par un lubrifiant liquide épaissi par une substance
organique ou minérale suivant les conditions de température auxquelles cette
graisse est destinée ; cet ensemble viscoplastique présente les propriétés
lubrifiantes d'une huile tout en ayant la consistance d'une graisse.
- L'huile est en général une huile
de synthèse.
- Les agents épaississants qui
représentent 10 à 15% du volume de la graisse peuvent être :
·
soit un (ou des) savon
"métallique" c'est-à-dire le sel de métal alcalin ou alcalino-terreux
(Li, Na, K, Ca ….) d'un acide
gras. Les chaînes organiques des acides gras forment un réseau qui
emprisonne l'huile par capillarité et l'empêche de couler. Ces graisses ne
peuvent servir au-delà de 150°C, zone de fusion des savons qui les composent.
·
au-delà on utilise des argiles ou des
gels de silice qui ne fondent pas et gardent leur efficacité à haute
température.
4-5) Les lubrifiants aux silicones :
On
appelle silicones des polysiloxanes c'est-à-dire des polymères ayant un grand
nombre de liaisons Si-O-Si. On les obtient par déshydratations
intermoléculaires du diméthylsilanediol (ou dihydroxydiméthylsilane), cette
molécule dérivant elle-même du dichlorodiméthylsilane. Le schéma de synthèse
des silicones peut se résumer par la suite de réactions ci-dessous :
Si l’on
veut isoler le diméthylsilanediol il faut opérer en milieu neutre et en forte
dilution.
La
dernière étape est une polymérisation par déshydratation en milieu acide ou
basique du diméthylsilanediol :
Ces
synthèses ne sont pas aisées à mener et les rendements de la deuxième et de la
quatrième étape sont assez faibles. Les polymères ainsi obtenus sont dits
linéaires.
Les
polymères linéaires sont liquides et ont une viscosité qui dépend de la
longueur des chaînes. Ils restent fluides à basses températures et sont très
stables à la chaleur.
Ils ont
une remarquable inertie chimique, la liaison Si-O leur conférant une excellente
résistance à l’oxydation et à l’hydrolyse.
Ils
sont également résistants aux radiations, aux agents atmosphériques, aux
moisissures et aux bactéries.
Ils
sont étonnamment stables thermiquement et utilisables de -50°C à +250°C sans
modification de leurs propriétés.
Les
silicones sont d’excellents isolants électriques, insensibles à la chaleur et à
l’humidité.
Ils ne
sont pas toxiques et trouvent des applications dans de nombreux domaines ; on
les utilise comme fluides hydrauliques et comme lubrifiants (huiles ou graisses)
y compris dans le domaine agro-alimentaire ; ils n'altèrent ni les caoutchoucs
ni les matières plastiques.
4-6) des lubrifiants
solides :
Le PTFE
ou polytétrafluoroéthylène est un polymère obtenu par polymérisation du
tétrafluoroéthène selon l'équation :
Le
matériau ainsi obtenu à une résistance chimique remarquable, peut supporter
200°C et est anti-adhérent
Il trouve des applications dans de très nombreux domaines : dans l’industrie chimique
(revêtement intérieur de cuves de réacteur, ….), dans les ustensiles de cuisine
(revêtement de poêles, ….) mais aussi en chirurgie (clips vasculaires,
orthopédie).
Le PTFE
possède un coefficient de friction très faible. Il est donc tout naturellement
utilisé en lubrification :
- Soit à l'état sec : une bombe
aérosol dépose un film qui adhère sur les parties glissantes en vis-à-vis
(utilisations ménagères, charnières des portes….)
- Soit il est ajouté à des cires,
des huiles ou des graisses dont il augmente considérablement le pouvoir
lubrifiant.
Le
graphite est un empilement de feuilles planes parallèles, constituées par un
enchaînementd'atomes de carbone placés aux sommets d'hexagones réguliers
adjacents (structure en alvéoles de nid d'abeilles). Une de ces feuilles
isolée, constitue le graphène.
graphite |
graphène |
Une
contrainte exercée sur cet empilement de feuillets de graphène reliés les uns
aux autres par des liaisons faibles (Van der Walls), conduit à un glissement de
ces feuillets les uns sur les autres (lorsqu'on appuie sur un crayon à mine de
graphite on laisse une trace sur une feuille de papier) ; c'est ce qui explique
les propriétés lubrifiantes de ce matériau.
Utilisé
en mécanique, pour améliorer la tenue des lubrifiants (huiles ou graisses) à la
chaleur ; lubrification des charnières de portes de véhicules mais aussi des
moteurs.
Solide
noir ayant même apparence et même toucher que le graphite.
Le
disulfure de molybdène MoS2 a une structure telle qu'un ion Mo4+est
au centre d'un prisme droit à base triangulaire dont les sommets sont occupés
par 6 ions sulfures S2-. Deux "rangées" d'ions Mo4+
entourés de leurs ligands sont maintenues en place grâce à des forces de Van
der Walls. Cette structure en feuillets confère à ce matériau un très faible
coefficient de friction car sous l'effet de contraintes ces empilements
glissent les uns sur les autres comme les plans de graphène dans le graphite.
Le
disulfure de molybdène est utilisé dans les lubrifiants moteurs.
Remarque :
Lubrification
par nanoparticules :
"Les
nanoparticules sont moins nocives pour l'environnement en raison de leur
structure fermée. Les fullerènes inorganiques de bisulfure de molybdène
présentent des propriétés réductrices de frottements et anti-usure tout à fait
exceptionnelles et nettement supérieures à celles des molécules utilisées
classiquement…"
(Extrait
d'un article de l'institut des sciences de l'ingéniérie et des systèmes – CNRS
: http://www.cnrs.fr/insis/recherche/faits-marquants/2011/Nano-lubrifiants.htm)
Le talc
est un silicate de magnésium de formule Mg3Si4O10(OH)2
; c'est un solide à l'éclat blanc nacré au toucher gras qui se présente en
feuillets.
Il
possède une excellente tenue aux températures élevées (950°C) et une totale
résistance à l'oxydation.
Ses
applications comme lubrifiant sont nombreuses et un regain d'intérêt a lieu
actuellement notamment dans l'industrie aéronautique avec la production de
nanoparticules de talc synthétique.
Il est
aussi utilisé dans l'industrie pharmaceutique comme lubrifiant dans certains
médicaments et dans l'industrie des cosmétiques comme agent absorbant,
antiagglomérant ou agent de foisonnement (il réduit la densité apparente des
produits cosmétiques).
4-7) Des additifs :
Les
additifs ont un rôle clé dans l'efficacité de lubrification d'une huile ; en
effet, une huile de base n'est jamais parfaitement adaptée aux applications
industrielles multiples auxquelles elle est destinée.
Il
convient donc de lui ajouter des substances appelées additifs qui amélioreront
ses qualités, viscosité, résistance à l'oxydation, détergence, basicité,
propriétés anti-mousse ….On en compte souvent plus de dix et parfois vingt dans
un produit lubrifiant.
Ils
représentent entre 10 et 25% environ des huiles finies. Ce sont des substances
très différentes, très variées chimiquement. On en citera quelques-unes :
PMA ou
polyacrylate de méthyle, un solide caoutchouteux blanc à température ambiante :
OCP ou copolymères
d'oléfines obtenus à partir de deux monomères l'éthène (H2C=CH2)
et le propène CH3-CH=CH2) :
R et R'
étant des radicaux alkyles généralement courts.
Comme
phénol on peut citer le dibutyle tertiaire paracrésol (ou BHT),
qui a
des propriétés antioxydantes ; il réagit avec les radicaux peroxy R-C-O-O.
Comme
amine on peut citer la N-butyldiéthanolamine (BDEA),
qui est
un agent de basicité à faible pression de vapeur et donc à faible odeur.
Formule
générale d'un bis-alkénylsuccinimide :
5) D'autres
lubrifiants :
5-1) Les huiles végétales
(colza, lin …..) :
Pendant
longtemps les huiles végétales ont été utilisées comme lubrifiants, en
mécanique. C'était le cas par exemple pour l'huile de ricin, avant la seconde
guerre mondiale qui lubrifiait les moteurs à combustion interne.
Leur
viscosité varie beaucoup avec la température et elles rancissent assez
facilement (hydrolyse, oxydation …), deux inconvénients majeurs dans le domaine
de la lubrification.
Aujourd'hui
elles sont surtout utilisées comme lubrifiants chaque fois que l'huile est
perdue (non récupérable) par exemple, dans la construction, pour faciliter le
décoffrage des bétons, ou pour le travail des métaux (y compris inox, cuivre et
ses alliages).L'intérêt de ces huiles, dans ces cas, est qu'elles ne sont pas
nocives pour l'environnement et qu'elles sont biodégradables.
Ces
huiles sont des triesters du glycérol
et
d'acides gras ; les acides gras sont des acides
carboxyliques saturés ou insaturés, dont les plus importants contiennent de
12 à 22 atomes de carbone.
Les acides gras naturels ont des chaînes à nombre de carbones pair (une
exception notable pour l'acide isovalérianique ou acide phocénique que l'on
rencontre sous forme d'ester du glycérol dans les huiles de dauphin et de
marsouin), qui peuvent comporter jusqu'à 6 doubles liaisons en position
malonique (toujours espacées de 3 carbones =CH-CH2-CH=) et de
configuration cis (Z).
Ainsi
par exemple l'huile de ricin est formée à 90% de l'ester du glycérol avec
l'acide ricinoléique ( ou acide (Z)12-hydroxyoctadéc-9-ènoïque) :
5-2) Des lubrifiants dans
le corps humain :
le
corps humain produit pour son fonctionnement plusieurs substances lubrifiantes
; on en examinera deux :
Il y a
187 articulations synoviales (encore appelées diarthroses) dans le corps humain
(Contribution
de l'analyse du liquide synovial au dignostic des affections articulaires par
Sylvette Bas service de rhumatologie Hopital Universitaire de Genève) .
Les
surfaces articulaires sont réunies par une capsule fibreuse dense, dont la
partie interne est recouverte par la membrane synoviale qui sécrète le liquide
synovial dans la cavité articulaire.
Ce
liquide jaune clair limpide et fortement visqueux ressemblant à du blanc d'œuf,
contient :
-
L'acide hyaluronique qui en est le constituant majeur :
Il
s'agit d'un polymère obtenu par la répétition d'un motif disaccharidique,
l'acide hyalobiuronique,
lui-même constitué par l'union, par
liaison glycosidique β-1,3 de la N-acétyl-D-glucosamine
et de l'acide D-glucuronique
:
Les motifs disaccharidiques sont liés entre eux par liaison
glycosidique β-1,4 :
C'est
donc un polysaccharide de haute masse molaire (> à 10 000kDa), soluble dans
l'eau. On le trouve aussi dans l'humeur vitrée, les tissus conjonctifs.
- de
l'eau
- des
sels minéraux
- de
petites molécules organiques (glucose, acide urique, bilirubine)
- des
protéines, les mêmes que celles du plasma sanguin mais avec des concentrations
respectives différentes (moins d'albumine et plus d'immuno-globulines par
exemple ….)
Le rôle
de ce liquide est triple :
C'est
l'acide hyaluronique qui confère au liquide synovial son pouvoir lubrifiant.
- Les larmes :
Elles
sont formées d'un liquide biologique incolore, salé, sécrété au niveau des yeux
par des glandes lacrymales.
Un film
lacrymal est en permanence maintenu à la surface de l'œil et est renouvelé
toutes les cinq à dix secondes environ, à chaque clignement des paupières ce
qui correspond à environ 100 µL par heure. Son rôle premier est de protéger la
surface de l'œil (cornée et conjonctive) en la maintenant humide ; il a aussi
une action lubrifiante et réfractive (son indice de réfraction est pratiquement
celui de l'eau, 1,33) ; il permet d'entraîner poussières et corps étrangers qui
peuvent se déposer et possède des propriétés antiseptiques grâce aux protéines
antimicrobiennes qu'il contient. Ce film apporte aux cellules épithéliales de
la cornée, la quantité d'oxygène qui leur est nécessaire.
Composition
du film lacrymal
:
Son pH
moyen est compris entre 7,3 et 7,7 ; il est formé de trois couches superposées,
qui ont chacune une composition et un rôle différents, produites par des zones
spécifiques de l'oeil :
Le mucus a un rôle lubrifiant, il
permet l'étalement uniforme de la couche aqueuse sur la cornée.