DES POLYSACCHARIDES
VEGETAUX NON EXSUDES
Gérard GOMEZ
avec la collaboration de
Jacques BARON
Plan
de l'étude
:
1) La cellulose
3) L'amidon
4) Le
glycogène
5) Inuline
6) Polysaccharides
extraits des algues
6-1) L'agarose
6-2) Les carraghénanes
6-3) Les alginates
7) Les pectines
8) "Gomme"
de guar, "gomme" de caroube, "gomme" tara
8-1) La "Gomme" de guar
8-3) La "Gomme" tara
9) "Gomme"
xanthane, le dextrane, le pullulane, le gellane, le curdlane
9-1) La "Gomme" xanthane
9-2) Le dextrane
9-3) Le pullulane
9-4) Le gellane
9-5) Le curdlane
10) Polysaccharides
du gui et des Drosera
10-1) La glu
10-2) Polysaccharides des Drosera
Annexe 1
"Inuline et insuline"
On a
l'habitude d'appeler gommes, des polysaccharides
exsudés par certains végétaux, en général des arbres ou des arbustes ; c'est le
cas par exemple de la gomme arabique.
Un
article leur a été consacré : Gommes et résines
naturelles.
On va
s'intéresser ici, à des polysaccharides qui existent dans de nombreux végétaux et
qui ne sont pas exsudés.
La
cellulose est une macromolécule homogène, non–ramifiée, formée d'environ 500 à
5000 unités monomères de glucose reliées les unes aux autres par des liaisons
β (1-> 4)-glycosidiques.
Le
motif de ce polymère est appelé cellobiose.
Les
différentes chaînes linéaires placées côte à côte sont liées par de nombreuses liaisons
hydrogène ce qui donne à ce matériau une très grande rigidité (elles
constituent des fibrilles) et qui explique qu'elle est la substance de soutien
(parois) des cellules jeunes des végétaux.
La
cellulose pratiquement pure est tirée du fruit du cotonnier ; il contient des
graines recouvertes d’un duvet formé de fibres de 2 à 7 cm de long ;
débarrassées des impuretés, ces fibres constituent le coton hydrophile.
La
cellulose s’obtient également à partir du bois
; le bois est essentiellement constitué de cellulose et de lignine; un
traitement à l’hydrogénosulfite de calcium détruit la lignine; il reste la pâte
de bois ; on en fait le papier, le carton, ....
Le glucose présent dans la cellulose ne peut cependant être utilisé en tant que
tel, ni par les plantes ni par les animaux ; la cellulose n'est en effet pas
attaquable par les sucs digestifs de l'homme. Seuls les ruminants peuvent
profiter de ce polysaccharide, car durant leur digestion des microorganismes
parviennent à diviser les macromolécules, qui deviennent alors assimilables.
D'un
point de vue chimique, elle est insoluble dans l'eau et la plupart des solvants
organiques et n'est solubilisée que par une solution ammoniacale d'hydroxyde de
cuivre(II) : la liqueur de Schweitzer. Son hydrolyse acide conduit au glucose.
C'est
une matière première de tout premier ordre dans l'industrie chimique.
2) Les
hémicelluloses (ou pentosanes) :
Le nom
habituellement utilisé est hémicellulose, mais il s'agit d'une appellation
curieuse car ces composés n'ont rien de commun avec la cellulose ; ce sont des
polymères hétérogènes plus courts (masse molaire inférieure) ou ramifiés formés
à partir de pentoses (oses à cinq atomes de carbone comme le xylose), ou
d'hexoses autres que le glucose (galactose par exemple) que l'on retrouve dans
les arbres. Quelle que soit l'espèce d’arbre on retrouve la même structure pour
la cellulose alors que les hémicelluloses ont des compositions et des
structures qui varient considérablement selon qu'elles proviennent de feuillus
ou de résineux. Les hémicelluloses de feuillus sont généralement plus riches en
pentoses, que celles des résineux qui habituellement contiennent davantage
d'hexoses.
Exemples
d'hémicelluloses présentes dans le bois :
Les xylanes par exemple que l'on trouve en abondance dans le bois de bouleau (Betula
pendula et betula lenta) correspondent à des unités de xylopyrannose unies
entr'elles par des liaisons β-1->4-glycosidiques ; le schéma simplifié
ci-dessous montre ces enchaînements de xylose.
Dans
les xylanes il y a aussi des substituants latéraux d'acide glucuronique et
des fonctions alcool sont méthoxylées (-OH transformées en –OCH3) :
Les glucomannanes ou les galactomannanes existent en plus grande quantité dans
les résineux.
Du fait
des chaînes latérales les hémicelluloses ne peuvent former des fibrilles comme
la cellulose ; leur rôle étant de lier les fibrilles de cellulose entre elles
en contractant avec elles des liaisons hydrogène.
3)
L'amidon :
Principale
réserve glucidique dans le monde végétal. L'hydrolyse de l'amidon en milieu
acide dilué conduit au glucose ; intermédiairement il se forme des dextrines
solubles dans l'eau, puis du maltose
et enfin deux molécules de glucose
par molécule de maltose.
L'amidon natif se présente sous forme de grains de taille variable insolubles
dans l'eau froide. Dans l'eau chaude (70°C environ), l'amidon gonfle (empois)
et l'on peut séparer ses deux constituants principaux : l'amylose (ou amidon
linéaire) environ 20% peu soluble dans l'eau froide, et l'amylopectine 80% (ou
amidon ramifié).
Ce sont
deux polymères du glucose, l'amylose ayant une masse molaire de l'ordre de 500
000 g.mol-1et l'amylopectine de plusieurs millions de g.mol-1.
Dans l'amylopectine (ou iso-amylose) il y a un enchaînement 1-6 environ tous
les 25 unités glucose.
En présence d'une solution iodo-iodurée (lugol) l'empois d'amidon donne une
coloration bleue qui disparaît à chaud ; il s'agit de l'inclusion (clathrate)
des molécules d'iode dans l'hélice formée par l'amylose (l'iode est retenue par
des liaisons de Van der Waals) qui provoque une intense absorption de la
lumière, celle-ci disparaissant lorsque les molécules d'iode sont libérées à
chaud parce que l'hélice se détend.
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Remarque
: Deux sortes de pommes de terre, dont on a modifié le génome, ont été mises au
point ; elles ont toutes deux la particularité de produire de l'amylopectine
pure, qui est la partie de l'amidon qui intéresse les industriels (industrie
papetière, textile et agroalimentaire).
- BASF a fait intervenir une bactérie capable
d'insérer du matériel génétique au sein du génome (la pomme de terre porte le
nom d'Amflora)
- L'institut Fraunhofer
(Fraunhofer-Gesellschaft, organisme allemand dédié à la recherche en sciences
appliquées) a soumis une plante classique à un agent chimique provoquant des
mutations au sein du génome.
L'amidon a de très nombreuses applications.
Il est rarement utilisé natif ; le plus souvent il est transformé,
dépolymérisé, par des techniques physiques, chimiques (le plus souvent en
milieu aqueux) ou enzymatiques. Les principaux dérivés amylacés sont :
- dextrines, cyclodextrines, maltodextrines.
- des gluconates.
- l'érythorbate.
- le dibenzylidènesorbitol
- des polyols
- des sirops de glucose.
4)
Le glycogène :
Sa structure est semblable à celle de l'amylopectine mais les
enchaînements 1-6 sont plus fréquents, environ un toutes les 10 unités glucose.
Il est la réserve glucidique des champignons.
Remarque 1
: C'est aussi bien sûr la réserve glucidique des animaux.
Remarque 2
: C'est l'une des caractéristiques des champignons qui font qu'on ne peut les
définir comme des végétaux. Nous avons néanmoins décidé de faire figurer ce
polysaccharide dans ce chapitre consacré aux végétaux.
En présence de glycogène, le lugol (réactif
iodo-ioduré) qui est jaune, donne une coloration brun-acajou.
C'est un glucide de réserve présent dans les
racines de certaines plantes, chicorée, topinambour, bardane….
Il diffère de l'amidon par le fait qu'il est
soluble dans l'eau chaude (sans donner d'empois) et ne donne aucune coloration
avec l'iode.
On le considère aussi comme un prébiotique c'est-à-dire un aliment stimulant le
développement de certaines bactéries de la flore intestinale.
C'est un enchaînement de motifs
β-fructofurannose le premier élément de cette chaîne étant lié à un
α-glucopyrannose.
6)
Polysaccharides extraits des algues :
L'agarose
comme les carraghénanes sont des polymères extraits des algues rouges du type Rhodophycae,
principalement du genre Chondrus (C. crispus), et du type Solieriacae,
principalement du genre Euchema (E. cottonii, E. spinosum) en
trois étapes :
- On les isole par pressage des algues en suspension dans l'eau,
- On les soumet à un traitement alcalin qui les solubilise dans l'eau.
- On les récupère en le faisant précipiter par l'éthanol ou le propan-2-ol.
6-1)
L'agarose :
La
structure de l'agarose est la suivante :
Alternance
de D-galactose et de 3,6-anhydro-L-galactopyranose liés par des liaisons
glycosidiques en α-(1->3) et β-(1->4).
C'est
un solide blanc jaune bien soluble dans l'eau chaude qui fond à 88°C.
L'agarose
est utilisé en microbiologie comme support de culture de microorganismes ; on
l'utilise aussi comme support d'électrophorèse.
L'agarose
a un pouvoir gélifiant comme les carraghénanes. Les gels qu'il forme sont dus
aux liaisons par pont hydrogène qu'il est susceptible de donner.
6-2)
Les carraghénanes
Ce sont
des copolymères linéaires de type alterné : D-galactose et de
3,6-anhydro-D-galactopyranose liés par des liaisons glycosidiques en
α-(1->3) et β-(1->4) ; ils sont plus ou moins substitués (15 à
40%) par des groupements sulfates et pyruvates.
On
définit 3 types de carraghénanes principaux : kappa, iota, lambda suivant la
proportion de (3,6) anhydrogalactose, et le taux de substitution sulfate qu'ils
contiennent :
Carraghénane
kappa
: 1 groupement sulfate |
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ou |
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Carraghénane
iota
: 2 groupements sulfate |
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ou |
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Carraghénane
lambda
: 3 groupements sulfate |
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ou |
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Utilisations :
Les carraghénanes sont utilisés pour améliorer la texture des aliments, comme
stabilisants d'émulsions ou de suspensions, comme gélifiants, dans les crèmes
glacées, les fromages fondus, les confitures, les crèmes pâtissières (additif E
407).
Les
gélifiants sont les carraghénanes kappa et iota. Les gels que forment ces
substances sont dus aux liaisons par pont hydrogène qu'elles sont susceptibles
de donner. Leur rigidité est liée à leur structure moléculaire et décroît quand
le nombre de groupes sulfate augmente. Ainsi les moins rigides sont les
carraghénanes iota suivis des carraghénanes kappa.
On les
utilise aussi en cosmétique : dentifrices, déodorants corporels (relargage des
composés parfumants), shampooings (stabilisants des émulsions eau-huile et
agents viscosants).
Les
alginates sont des polysaccharides extraits de la paroi cellulaire des algues
brunes, principalement Laminaria, Ascophyllum, Fucus.).
Ces espèces sont récoltées aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en France
(Bretagne), mais aussi au Japon, en Chine, et en Norvège.
Ces polymères existent dans les algues sous forme de sels de calcium insolubles
dans l'eau. Le schéma du traitement (pour l'extraction) est le suivant :
Nature chimique : Les alginates sont des copolymères linéaires
constitués de deux unités de base, l'acide α-L-guluronique,
G, et l'acide β-D-mannuronique,
M. Le rapport M/G dépend de l'algue de départ et conditionne les propriétés
physiques, chimiques et mécaniques du polymère.
Ces unités de base sont groupées en blocs (blocs GG correspondant à des
molécules d'acide guluronique liés en α-1->4, blocs MM correspondant à
des molécules d'acide mannuronique liés en β-1->4, blocs MG
correspondants à des enchaînements irréguliers ou à des enchaînement alternés
d'acide guluronique et mannuronique), chaque bloc ayant une longueur d'environ
15 à 20 unités (degré de polymérisation de chaque bloc).
Les cations compensateurs sont généralement les ions sodium ou calcium.
BLOCS
GG :
BLOCS MM :
BLOCS MG :
Remarque :
La
gélification par les ions calcium est liée aux blocs d'acide
α-L-guluronique.
En
effet, elle se fait par entassement des chaînes résultant d'une interaction,
dans les régions comportant une forte proportion d'acide guluronique, avec le
calcium. Cet entassement donne naissance à des structures dites "en boîtes
d'œufs" comme schématisé ci-dessous.
Les
alginates sont des épaississants ou des gélifiants en milieux aqueux selon leur
forme ionique (additifs alimentaires) :
E400 : forme acide.
E401 :
sel de sodium.
E402 : sel de potassium.
E403 : sel d'ammonium.
E404 : sel de calcium.
Les sels de calcium ont de nombreuses applications :
- Fabrication de billes permettant d'encapsuler levures et bactéries
(applications en biotechnologie).
- Fabrication de fils pour pansements.
- Servent de support pour le relargage contrôlé des médicaments.
- Servent à faire des moulages dentaires.
Les alginates sont aussi utilisés dans les produits cosmétiques et dans les
vernis pour automobiles.
Remarque :
Il
existe une formation possible d'alginates par voie bactérienne, pour des usages
spécifiques. Son développement est très limité. Elle met en jeu la bactérie Azobacter
vinelandii.
7)
Les pectines :
Elles
sont un des constituants de la paroi végétale, dont le rôle est d'être un
ciment intercellulaire. Elles constituent un réseau permettant d'absorber une
grande quantité d'eau
C'est un
ensemble complexe formé d'une ossature majoritaire résultant d'un enchaînement
d'acides α-D-galacturonique liés en 1-4 (unités homogalacturonanes)
Certaines
des unités homogalacturonanes peuvent être méthylées et/ou acétylées :
Certaines
unités homogalacturonanes peuvent être substituées par des oses :
- Rhamnogalacturonanes
L'ose est
alors le L(-)-rhamnose :
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- Xylogalacturonanes
L'ose
est alors le D(+)-xylose :
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- Apiogalacturonanes
L'ose
est alors le D-apiose
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On peut
donner un aperçu général de la structure d'une pectine par le schéma suivant :
Roger
PRAT, Michèle MOSINIAK, Jean-Claude ROLAND : La paroi primaire de la cellule
végétale ; les pectines.
Les
pectines sont solubles dans l'eau à froid si ses fonctions acides sont ionisées.
Les
pectines sont utilisées dans les industries cosmétique, pharmaceutique ainsi
que dans l'industrie alimentaire où elles servent (E 440) comme agent de
texture, gélifiant, stabilisant et épaississant (confitures par exemple).
Les
facteurs influant sur le mécanisme d'association des pectines et donc sur la
formation des gels sont, le degré de méthylation (% de méthylation de la chaîne
principale) le pH, la concentration en sucres et en acides, la présence de
chaînes latérales et le degré de polymérisation (longueur des chaînes
principales).
Quantité
de pectines (en % du poids frais) trouvée dans différents fruits et légumes
courants :
- Pomme (0,5 - 1,6%)
- Banane (0,7 - 1,2%)
- Carotte (0,2 – 0,5%)
- Pulpe de citron (2,5 – 4%)
- Pêche (0,1 – 0,9%)
- Fraise (0,6 – 0,7%)
- Tomate (0,2 – 0,6%)
8) "Gomme"
de guar, "gomme" de caroube, "gomme" tara :
Ne
résultant pas d'une exsudation ces substances polysaccharidiques n'ont pas le
droit au qualificatif de gomme. On a cependant respecté l'usage et gardé ce
terme en l'encadrant de guillemets.
Elle est extraite des graines d'une
légumineuse herbacée appelée guar (haricot Cyamopsis tetragonoloba de la
famille des fabacées), originaire du Pakistan.
C'est un galactomannane : une chaîne de
1,4-β-D-mannose et des ramifications galactose en 1 ->6 (2 mannoses
pour 1 galactose).
C'est l'additif alimentaire E412 ; facilement soluble
dans l'eau à froid, c'est un épaississant un stabilisant et un émulsifiant.
Elle
est extraite des graines du caroubier (Ceratonia siliqua), un arbuste
buissonnant de la famille des fabacées que l'on trouve dans les régions
méditerranéennes. On l'obtient sous forme d'une poudre blanche à jaune clair
soluble dans l'eau chaude ou froide.
C'est
un galactomannane : une chaîne de 1,4-β-D-mannose et des ramifications
galactose en 1 ->6 (4 mannoses pour 1 galactose).
Additif
alimentaire E 410 utilisé comme épaississant dans l'industrie agro-alimentaire
; la "gomme" de caroube est aussi utilisée dans l'industrie des
cosmétiques (elle adoucit la peau).
Remarque : Les graines de
caroube luisantes gardent un poids constant. Les joailliers les utilisaient
autrefois comme mesure de poids (carats).
Ce
polysaccharide est extrait des graines d'un arbre, Caesalpinia spinosa (famille
des fabacées), de 3 à 8m de haut, poussant jusqu'à 3000m d'altitude et bien
adapté à la sécheresse, en Amérique du sud ainsi qu'en Equateur et au
Vénézuela.
C'est
essentiellement un galactomannane, un polymère formé d'unités mannose
(1,4-β-D-mannopyranose) ramifié en 1->6 d'unités galactose (3 mannoses
pour 1 galactose) :
On
l'obtient sous forme d'une poudre blanche à jaune clair, soluble dans l'eau
tiède. Elle sert à modifier la consistance des aliments dans l'industrie
agroalimentaire (E 417) ; On l'utilise aussi dans l'industrie des cosmétiques.
9) La "gomme"
xanthane, les dextranes, le
pullulane, le gellane, le curdlane :
Ce sont
des polysaccharides dus à des fermentations (action d'enzymes microbiennes sur
des glucides : glucose, saccharose, amidon ….).
Pour
les obtenir en quantités industrielles il faut utiliser des fermenteurs et
optimiser les conditions de pH, de température, d'agitation et apporter les
substances nécessaires (glucose ….) pour obtenir un rendement maximal.
Les avantages
d'une production en fermenteur sont nombreux : caractéristiques des polymères
produits régulières (notamment leur structure chimique), masses molaires
élevées grâce à des conditions maîtrisées de récupération
Elle
est obtenue à partir d'une bactérie Xanthomonas campestris
Elle
est constituée :
·
d'une longue chaîne de
β-D-glucose
·
de chaînes latérales greffées tous les
deux glucoses
La
chaîne latérale comprend :
- du mannose (acétylé)
- de l'acide glucuronique
- du mannose (lié à une molécule
d'acide pyruvique)
C'est
une poudre blanche insipide et sans odeur soluble dans l'eau à froid et
insoluble dans l'éthanol.
Dans le
domaine alimentaire, cette "gomme" sert d'épaississant et de liant
pour les sauces chaudes ; c'est l'additif E415.
En
cosmétique, elle sert à réaliser des gels transparents hydratants.
Le
dextrane est également constitué de longues chaînes de glucose unies en 1,6 et
portant des ramifications en 1,3 (environ 5% de ramifications). Les masses
molaires des chaînes se situent entre 103 et 2.106
Daltons. Les solutions dans l'eau (ce polymère est rapidement soluble dans
l'eau) servent de succédané de plasma. Les produits de sulfatation (dextrane
sulfates) sont utilisés comme succédanés de l'héparine. On peut obtenir le
dextrane par fermentation de milieux contenant du saccharose par Leuconostoc mesenteroides B512F.
C'est une
production polysaccharidique extracellulaire de l'hypomycète Aureobasidium
pullulans (une levure), à partir de l'amidon.
Le
motif de répétition est le maltotriose (3 résidus glucopyrannose liés en
α-1,4). Les maltotrioses sont liés entre eux par des liaisons
glycosidiques en α-1,6.
C'est
un matériau soluble dans l'eau mais pas dans le méthanol, l'éthanol ou
l'acétone.
Le
pullulane est de plus en plus l'objet d'applications commerciales et
industrielles.
Les usages pharmaceutiques:
- Capsules solubles dans l'eau
- Enrobage de médicaments
- Nanoparticules libératrices de molécules bioactives.
Les usages alimentaires:
- Emballages
- Contenants
- Enrobage de produits alimentaires (à laver avant consommation)
- Aliments diététiques
- Epaississants pour confitures et sauces E 1204.
Applications industrielles:
- Colles et adhésifs
- Couches pour bébés (parce que biodégradable).
C'est
un polymère avec un motif tétra-oside : D-glucose, acide D-glucuronique,
D-glucose et L-Rhamnose.
On le
fabrique avec la bactérie Sphingomonas elodea agissant sur un ose.
Le
produit obtenu est neutralisé (fonction acide de l'acide glucuronique). On
obtient une substance blanche.
Le
gellane est utilisé par l'industrie alimentaire surtout comme gélifiant et
épaississant.
Polyholoside
linéaire d'unités glucose produit par fermentation d'Agrobacterium biovar 1 ou Agrobacterium
radiobacter.
C'est
une poudre blanche, inodore, peu soluble dans l'eau et la majorité des solvants
organiques ; le curdlane se dissout dans des solutions d'hydroxyde de sodium.
Ce
produit a la propriété de former un gel élastique par chauffage de sa solution
aqueuse.
Il est
utilisé comme agent gélifiant, épaississant E 424.
L'enchaînement
des motifs se fait par liaisons glycosidiques β-1,3 ; c'est donc un
β-1,3-glucane.
10) Polysaccharides
du gui et des Drosera :
C'est
une matière visqueuse et collante qui existe notamment dans les baies de gui.
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"Baies" de gui Photo David Busti ENS Lyon |
Le gui,
viscum album, est un sous-arbrisseau épiphyte (il vit fixé sur les
plantes) de la famille des loranthacées qui se fixe sur plusieurs espèces
d'arbres feuillus ou résineux : chênes, ormes, pommiers, pins, sapins, saules
pleureurs, peupliers …. C'est un hémiparasite, c'est-à-dire qu'il soutire à son
hôte eau et sels minéraux. Il possède de la chlorophylle et peut donc faire sa
photosynthèse.
Le
fruit des pieds femelles de gui est une baie blanchâtre et translucide ; il
apparaît en automne et tient tout l'hiver s'il n'est pas mangé par des oiseaux
(essentiellement grive draine et fauvette à tête noire) ; la pulpe de ce fruit
est constituée d'un mucilage : la viscine.
La
viscine est principalement composée de xylanes très ramifiés (voir hémicelluloses), mais on trouve également des arabinanes très
ramifiés (les arabinanes ont un squelette de L-arabinofuranoses liés en
α-1,5, portant des chaînes latérales branchées en α-1,3 et parfois en
α-1,2), des rhamnogalacturonanes et des xylogalacturonanes (voir pectines) et des fragments de galactomannanes (voir gomme tara)
10-2) Polysaccharides
des Drosera :
Les Drosera
sont des plantes qui ont la particularité d'être carnivores (une plante
carnivore, attire, capture et digère sa proie).
Elles
possèdent en surface des poils recouverts de gouttes d'un mucilage collant et
transparent qui ressemblent à des gouttes d'eau. La proie se pose, s'englue,
absorbe du mucilage et elle se noie.
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Drosera capensis |
Le
mucilage qui recouvre les poils est une exsudation ; on devrait en toute
rigueur appeler cette substance une gomme. Cependant on ne le fait pas, en
considérant que les exsudats que l'on désigne par gommes servent à la plante pour
se protéger, mais sont aussi récupérées par l'homme qui les utilise à d'autres
fins, ce qui n'est pas le cas ici.
Les
substances polysaccharidiques de Drosera capensis ont un poids
moléculaire élevé. Elles sont fortement acides et très hydratées ; elles sont
constituées de xylose, de mannose, de galactose, d'acide glucuronique, des
esters sulfates ainsi que du Ca, du Mg, du K, du Na. ("Cellules
productrices de mucilage chez les plantes carnivores" Colette Vintéjoux et
Almas Shoar-Ghafari (2000)).
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Xylose |
Mannose |
Galactose |
Acide glucuronique |
Annexe 1 (d'après Inuline et Insuline de Wolfgang Werner)
L’aunée (Inula helenium)
appartient à la famille des composées et est originaire d’Asie Centrale, elle
est largement répandue en Europe. Son rhizome fut utilisé dès l’Antiquité en
cuisine pour son goût amer, selon le cuisinier romain Apicius (1ier
siècle après. J.-C.) et décrite comme plante médicinale par Dioscoride (1ier
siècle après J.-C.) et Pline l’Ancien (23-79 après J.-C.). La racine
d’Aunée (Helenii radix) entre dans la
composition de sirops contre la toux à cause de ses propriétés sécrétolytiques
(expectorantes). Le goût amer est dû à des sesquiterpènelactones.
Le pharmacien berlinois Rose a examiné chimiquement la plante en 1804 et a
donné le nom d’inuline à une substance qu’il y a trouvée, dérivant ce nom du
nom latin Inula de la plante.
L'inuline est une substance de réserve de la plante, également appelée amidon
d’aunée. L’inuline est un oligomère du fructose avec une molécule de glucose en
fin de chaîne. Selon la longueur de la chaîne (jusqu’á 100) elle est plus ou
moins soluble dans l’eau. L’amidon des céréales ou des pommes de terre présente
des chaînes de glucose plus longues et est insoluble dans l’eau.
Depuis, le choix des plantes qui peuvent fournir de l’inuline a augmenté :
l’inuline est obtenue aujourd’hui industriellement à partir des racines de
chicorée. On trouve de l’inuline également dans les salsifis, dans les racines
de pissenlit, il y en a aussi dans les pelures d’oignon. Il faut mentionner
surtout les rhizomes de topinambour (Helenium
tuberosus) qu’on trouve dans des magasins "bio". Au 16ème
siècle des émigrants français au Canada ont pu survivre à la famine grâce à ces
rhizomes. Ils connaissaient cette plante par les indigènes qui la cultivaient.
Mais elle est plutôt originaire du Sud des Etats-Unis. Ce tubercule de goût
sucré fut envoyé en 1610 en France et au Vatican. Le jardinier du Vatican nomma
la plante girasole (ital. tournesol) articiocco d’où sont venus les noms
anglais girasol et Jerusalem artichoke.
Le topinambour devint au 17e siècle une denrée et une plante
fourragère appréciées. Depuis le milieu du 18e siècle il fut
remplacé par la pomme de terre au rendement plus élevé et plus facile à
stocker.
L’inuline peut remplacer l’amidon pour les diabétiques, parce qu’elle n’est
pas résorbée par l’homme et que, l’homme ne disposant pas d’inulinase dans
l’intestin grêle, elle n’influence pas la glycémie. Elle passe comme aliment fibreux
dans le gros intestin où elle est transfomée par des microorganismes en acide
lactique et gaz carbonique. Le milieu acide dans l’intestin inhibe les
bactéries nocives. Le gaz formé peut gêner les gens sensibles en causant des
flatulences
Les rhizomes de topinambour étaient importants pour la préparation du
fructose.
L’ échauffement du jus de topinambour qui contient également un peu
d’inulinase entraîne l’hydrolyse de l’inuline. Par concentration, on obtient un
sirop de fructose à 90% qui sert à sucrer pour des diabétiques. Le pouvoir
édulcorant du fructose vaut 1,5 à 2 fois celui du sucrose (sucre de betterave
ou de canne).
L’inuline ne peut pas être soumise directement à la fermentation alcoolique.
Elle doit être au préalable hydrolysée. Cela vaut également pour la trempe de
topinambour dont l’hydrolyse peut être influencée par la température et le pH
avant la fermentation alcoolique. Dans le commerce, il existe des préparations
à base d’enzymes et de levures pour faciliter cette transformation avant la
fermentation alcoolique. Par distillation ensuite, on obtient l’eau de vie de
topinambour. La culture du topinambour, ainsi que la production de son eau de
vie, est particulièrement développée en Bade.