CARBURANTS ET
BIOCARBURANTS
RUDIMENTS
Plan de l'étude
1-1)
Leur composition
1-2) Performances des carburants
1-2-1)
Indice d'octane
1-2-2) Indice de cétane
2-1)
Le GPLc
2-2)
Le GNC et le GNL
3-1)
Deux filières
3-2)
La filière "sucres"
3-3)
La filière "huiles végétales"
6) Repérage des
carburants dans les stations service
Annexe 1 Le
plomb tétraéthyle
Annexe 2 MTBE
et ETBE
Annexe 3
Transestérification
Annexe 4
Composition de quelques huiles comestibles
1) Carburants classiques
1-1)
Leur composition :
Les essences sont
des mélanges complexes d'hydrocarbures saturés ou non, linéaires, ramifiés,
cycliques et aromatiques dont les températures d'ébullition se situent entre 40°C
et 180°C environ, comportant de 6 à 10 atomes de carbone. Leur composition
exacte dépend de l'origine du pétrole brut dont ils dérivent et des conditions
de raffinage de celui-ci.
On peut donner pour fixer les idées,
une composition moyenne
:
-
30 à 45% d'alcènes
-
30 à 45% d'hydrocarbures aromatiques
-
20 à 30% d'alcanes
-
5% de cycloalcanes
Les gazoles destinés aux véhicules diesel correspondent à des hydrocarbures de
même type mais comportant de 13 à 17 atomes de carbone et dont les points d'ébullition
se situent entre 230 et 305°C environ.
(voir aussi "Les pétroles").
1-2) Performances
des carburants :
1-2-1) Indice d'octane :
Depuis 1920 on
caractérise la qualité d'une essence par son comportement au moment de la
combustion comparé à celui de deux alcanes : l'heptane,
peu résistant à l'auto-inflammation (c'est-à-dire
à l'inflammation spontanée par compression) et le 2,2,4-triméthylpentane (isooctane)
très résistant à l'auto-inflammation.
On attribue à
l'heptane le nombre (dit indice d'octane) 0 et à l'isooctane un indice d'octane
de 100.
Pour attribuer
un indice d'octane à une essence, on augmente progressivement la compression de
cette essence jusqu'à ce que l'auto-inflammation se produise dans la chambre de
combustion d'un moteur (Les ingénieurs appellent à tort cette
auto-inflammation, le cliquetis) ; on recherche ensuite le mélange
heptane-isooctane qui se comporte de la même manière. La composition (en
isooctane et en %) de ce mélange correspond à l'indice de l'essence.
Suivant les
conditions opératoires (vitesse de rotation du moteur, température du mélange
air-carburant) on distingue deux types d'indice d'octane : l'indice RON (Research
Octane Number) ou MON (Motor Octane Number), le deuxième étant
inférieur au premier d'environ dix points. En Europe une essence doit avoir un
indice RON minimal de 95 et MON de 85.
Il faut augmenter les indices d'octane des essences
sortant des raffineries car celles-ci ont des indices médiocres. Pour cela
on y incorpore des additifs. Autrefois on y ajoutait du plomb tétraéthyle Pb(C2H5)4
(voir annexe 1) produit aujourd'hui interdit car il se répand dans l'atmosphère
qu'il pollue. Les composés de substitution (qui font que l'essence actuelle est
dite "sans plomb" ) sont le MTBE
(méthyltertiobutyléther) et l'ETBE
(Ethyltertiobutyléther) (voir
annexe 2).
1-2-2) Indice de cétane :
Indice
déterminé en laboratoire, qui mesure l'aptitude d'un gazole à l'auto
inflammation dans un moteur diesel par compression : on injecte le carburant
sous haute pression dans l'air comprimé et l'inflammation naît spontanément
après un temps très court, de l'ordre de 1 milliseconde. Plus l'indice est
élevé, plus le délai d'inflammation du carburant est court. L’échelle des indices
de cétane varie de 0 à 100.
On attribue
l’indice 0 à l’a-méthylnaphtalène
et l’indice 100
à l’hexadécane (C16H34 )
encore appelé cétane. L’exigence européenne pour un gazole est l’indice 51,
mais on en trouve qui ont des indices supérieurs (55).
Il fait partie des carburants les plus
récents. C'est l'abréviation de gaz de pétrole liquéfié ;
il est utilisé comme carburant.
C'est un mélange d'hydrocarbures (butane et
propane notamment) sous forme liquide dont 40% environ résultent du raffinage
du pétrole et les 60% restants de l'extraction du gaz naturel. On peut trouver
aussi 0,5 % d'hydrocarbures légers comme le butadiène par exemple.
Depuis 2017 on y introduit du biogaz qui
provient de la fermentation de déchets domestiques.
Le butane et le propane sont des gaz à la
pression atmosphérique habituelle ; pour les liquéfier il faut les comprimer,
le butane à 1,7 bar, le propane à 7,5 bars soit respectivement 0,17 Mégapascal
(Mpa) et 0,75 Mpa. Le mélange comprimé à 7,5 bars sera donc liquide.
Les deux principaux gaz constituant le GPLc
ont des masses volumique à l'état gazeux (15°C et 1013 mbar) de respectivement
2kg/m3 environ pour le propane et 2,5kg/m3 pour le
butane. La masse volumique de l'air étant dans ces conditions d'environ 1,2
kg/m3.
Lorsqu'ils sont détendus dans l'atmosphère,
les deux gaz qui le constituent, plus denses que l'air, s'accumulent au niveau
du sol. On comprend alors pourquoi les véhicules utilisant le GPLc comme
carburant ne peuvent pas stationner dans les parkings souterrains ; en cas de
fuite, ce mélange de gaz accumulé au niveau du sol risque d'exploser au contact
d'une étincelle ou d'une flamme.
Ce carburant, en perte de vitesse est surtout
utilisé pour les véhicules légers.
2-2)
Le GNC et le GNL
-
Le GNC :
Il s'agit de gaz naturel comprimé.
C'est du gaz naturel, essentiellement composé
de méthane (95%) stocké dans des réservoirs dont la pression atteint 200 bars à
température ambiante.
Sa masse volumique à pression et température
ordinaires est d'environ 0,7 kg/m3, inférieure à celle de l'air. En
cas de fuite, le gaz se répand dans l'atmosphère, le risque d'accumulation est
moindre et en aérant on peut le disperser.
Les véhicules qui utilisent ce carburant
peuvent stationner dans les parkings souterrains.
Le GNC est surtout utilisé pour le transport
maritime.
-
Le GNL :
Il s'agit de gaz naturel liquéfié.
On refroidit le gaz naturel à -161°C à la
pression ordinaire pour le liquéfier.
Le GNL est le carburant des camionnettes pour
transport des marchandises sur des moyennes distances et des véhicules légers
Remarques :
·
GNC et GNL font partie de la famille
des gaz naturels pour véhicules, les GNV.
·
Il existe la version renouvelable des
GNV que l'on désigne par BioGNV et qui utilise le biométhane obtenu à partir de
déchets organiques : agricoles, ménagers, industriels, ordures ménagères ou
issu de l'industrie agro-alimentaire, de la restauration collective ou encore
des boues des stations d'épuration.
3-1) Deux filières :
Les
biocarburants sont des carburants issus de matière végétale (appelée biomasse).
Les pétroles
dont sont issus les carburants classiques, font partie des énergies dites fossiles
(ils se sont formés au cours des ères géologiques par décomposition
d'organismes marins sous l'action de microorganismes anaérobies ).
Les
biocarburants, eux, font partie d'énergies renouvelables.
On distingue la
filière "sucres" qui conduit à l'éthanol (qualifié alors de
bioéthanol) ou à des dérivés (ETBE), et la filière "huiles végétales"
qui conduit à des esters méthyliques.
3-2) La filière "sucres" :
Deux procédés :
- On extrait de
la betterave à sucre ou de la canne à sucre, des jus sucrés que l'on fait
fermenter. La réaction de fermentation du glucose est :
C6H12O6
2 CH3-CH2-OH + 2 CO2
- On extrait
des matières amylacées (amidon...)
de céréales (froment, maïs). Ces matières sont hydrolysées en milieu acide pour
obtenir du glucose que l'on fait fermenter.
L'éthanol et l'ETBE
qui peut en dériver sont de bons carburants (Pouvoir calorifique élevé :
21700kJ/kg pour l'éthanol, 28900kJ/kg pour l'ETBE contre 35600kJ/kg pour
l'isooctane). On les mélange à l'essence (5% d'éthanol dans le biocarburant
commercialisé en France, 15% d'ETBE dans le biocarburant commercialisé dans le
reste de l'Europe). Jusqu'à 20% d'éthanol, les moteurs classiques fonctionnent
sans problème, au delà une adaptation de ces moteurs est nécessaire.
Bilan CO2 dans l'atmosphère :
En terme de CO2
rejeté dans l'atmosphère on pourrait penser que le bilan de la filière
bioéthanol est nul. En effet, en théorie, la combustion du bioéthanol
produit une quantité de CO2 égale à celle qui a été nécessaire pour
le synthétiser par photosynthèse au moment de la croissance de la plante. En
fait les choses sont moins simples et on calcule (en comptabilisant la
production totale de CO2 lors de la culture, de la récolte, de la
transformation, du transport, de la distribution) qu'un biocarburant (de la
filière bioéthanol) utilisé à 10% dans l'essence ferait gagner 4% environ de CO2
par rapport à un carburant classique.
3-3) La filière "huiles végétales" :
Elle est
appelée à remplacer les carburants de type gazole. Les huiles végétales sont
des mélanges de triesters du glycérol et
d'acides gras (voir annexe
4 - voir aussi le document huiles et matières grasses).
On effectue une
transestérification (voir
annexe 3) de ces triesters pour les transformer en esters
méthyliques qui constituent un carburant utilisable dans les moteurs diesel
("biodiesel"), d'où le nom de Diester ® (de Diesel
ester). C'est l'huile de colza qui constitue la principale source de
carburants de la filière "huiles végétales" ; on désigne alors ces
carburants par le sigle EMC (esters méthyliques de colza).
Une autre source prometteuse d’huile
conduisant par transestérification à un carburant de type gazole est Jatropha curcas (famille des
euphorbiacées), plante qui accepte les climats arides pousse rapidement et dont
la graine (noix des barbades) contient entre 25 et 40% d’huile. On peut ainsi
obtenir deux tonnes de biodiesel par hectare et par an. Cette huile est
impropre à la consommation car elle peut contenir à l’état de traces de la
curcine ou curcasine, toxine proche de la ricine que la plante secrète en cas
de stress hydrique.
4) La filière bois :
D'autres
possibilités existent pour produire du bioéthanol avec moins d'impact sur
l'environnement. C'est par exemple la filière bois qui permet la transformation
de la cellulose de la biomasse (herbe,
bois écorce, tige, feuille...). Par hydrolyse enzymatique acide, la cellulose
est transformée en glucose qui donne de l'éthanol par fermentation.
5) La
filière micro-algues
:
Des recherches sont
menées au niveau des micro-algues pour développer des filières de production de
biomasse et de biocarburant.
Les micro-algues sont
des organismes photosynthétiques unicellulaires intéressants car en capturant
le dioxyde de carbone et grâce à la lumière elles croissent rapidement et
produisent des métabolites intéressants tels que polysaccharides, pigments et
lipides.
Leurs atouts par
rapport aux plantes supérieures est d'avoir un rendement supérieur (en
métabolites transformables en biocarburant), de ne pas être en compétition avec
la production alimentaire ; de plus elles sont très diverses et s'adaptent
facilement à plusieurs milieux.
Leurs constituants
polysaccharidiques permettraient la production de bioéthanol ou de biogaz et
leurs constituants lipidiques les bio-fuels ou biodiesels. On a calculé que la
production de carburants à partir de micro-algues pourrait représenter 20000 à
60000 litres d'huile par hectare, par an, contre 6000 litres d'huile de palme,
un des meilleurs rendements terrestres.
On donne parfois à
ces carburants le nom d'algo-carburants.
6) Repérage
des carburants dans les stations service
·
Les essences :
Suite à l'abandon du
plomb tétraéthyle, les essences ont été désignées par SP (sans plomb).
SP98 et SP95, 98 et 95 correspondent aux indices d'octane.
Mais on incorpore aujourd'hui
du bioéthanol aux essences.
Depuis le 12 octobre
2018, un nouvel étiquetage pour les carburants est utilisé dans les
stations-service européennes.
- On trouve les SP95 et SP98
respectivement sous les appellations
SP95- E5 et SP98-E5, la mention E5 signifiant que
l'essence contient jusqu'à 5% de bioéthanol mélangé à du sans-plomb 95 ou 98.
- L'essence E10 ou SP95-E10, est du
sans-plomb 95 enrichi avec 10% de bioéthanol. Ce carburant est destiné à
remplacer progressivement le SP95-E5 pour devenir le standard européen.
- L'essence E85, également appelée
superéthanol-E85, se compose de sans plomb 95 avec 65 à 85% de bioéthanol.
·
Le gas-oil :
Le gas-oil contient
désormais des biocomposants :
- Le diesel standard est désigné par
B7 cela veut dire qu'il contient entre 0 et 0,07 litre de biocomposant par
litre.
- De nouvelles normes européennes
autorisent aussi d'autres carburants dans les moteurs diesel : diesel B10, B20,
B30 (respectivement 0,10 0,20 0,30 litre de biocomposant par litre).
Les biocomposants
utilisés sont déterminés par les directives européennes. Ils sont d'origines
diverses comme par exemple les huiles extraites de graines ou de noix qui ont
subi une transformation chimique appelée
transestérification (voir
annexe 3). Mais cela peut-être aussi des huiles de friture
usagées (UCO pour used cooking oil) ou des graisses animales, non adaptées à un
usage animal ou humain (Tallow oil).
Le tableau suivant
permet de résumer ce que nous venons de dire concernant les étiquetages des
carburants que l'on trouve dans les stations service :
Le plomb tétraéthyle
Le plomb tétraéthyle est obtenu par
réaction du chlorure d'éthyle et de plomb sous forme d'un alliage de sodium et
de plomb :
MTBE et ETBE
-
Le MTBE ou méthyl ter-butyl éther de formule
est un liquide incolore, volatil (Ebullition à
55°C) et inflammable, soluble dans l'eau
(40g/L à 20°C), à odeur caractéristique (semblable à celle des terpènes) et qui
peut s'obtenir par action du méthanol sur l'isobutylène, réaction catalysée par
des acides :
Additionné aux essences il augmente
leur indice d'octane et les aident à brûler plus complètement par l'oxygène
qu'il apporte à ces combustibles.
Le MTBE résultant de deux dérivés
issus des pétroles (le méthanol dérive du méthane constituant le gaz naturel et
l'isobutylène est issu d'une coupe du vapocraquage directement ou par
isomérisation du butane contenu dans cette coupe) est donc issu des
combustibles fossiles.
Il a été utilisé pour la première
fois dans les années 1970 aux USA.
Sa solubilité dans l'eau et sa
faible biodégradabilité en font un polluant des nappes aquifères.
Ce composé est aussi utilisé en
synthèse organique et présente un avantage sur la plupart des autres éthers, il
a moins tendance tendance à former des
peroxydes organiques explosifs.
Il a également des utilisations
médicales (élimination des calculs biliaires) et pharmaceutiques.
-
L'ETBE ou éthyl ter-butyl éther
Le caractère polluant des nappes
aquifères du MTBE a fait qu'on a cherché un composé voisin présentant moins
d'inconvénients, l'ETBE, de formule
C'est un liquide incolore, volatil
(Ebullition à 72,6°C) mais moins que le MTBE
et inflammable, moins soluble dans l'eau (10g/L à 20°C)que le MTBE et
qui peut s'obtenir par action de l'éthanol sur l'isobutylène, réaction
catalysée par des acides
Les gouvernements européens le
préconisent à partir des années 1990 en remplacement du MTBE.
C'est également un polluant des
nappes aquifères mais à un degré moindre que le MTBE.
Annexe 3
Transestérification (ou alcoolyse)
Il s'agit de la réaction d'un ester
sur un alcool pour donner un autre ester
C'est une réaction réversible,
catalysée par un acide ou une base. Pour rendre la réaction complète, on met un
gros excès de l'alcool R2-OH qui sert souvent de solvant.
Appliquée à des huiles végétales qui
sont des triesters d'acides gras et de glycérol, elle conduit à du glycérol et
des esters méthyliques (Esters méthyliques d'huiles végétales EMHV) ou
éthyliques (Esters éthyliques d'huiles végétales EEHV) des acides gras qui
entrent dans la composition de ces huiles :
Ce mélange d'esters méthyliques (ou
éthyliques si l'alcool qui entre en jeu est l'éthanol) constitue un carburant
qui peut être utilisé seul (il porte alors le nom de biodiesel ou biogazole et
est désigné par B100) ou mélangé avec du gazole, et suivant le pourcentage de
ce biocarburant dans le mélange on désignera celui-ci par B30, B20, B10, B7 (le
nombre qui suit la lettre B correspond à ce pourcentage).
Composition
de quelques huiles comestibles : (exprimée en
% d'acides gras)
|
Acides gras saturés |
Acides gras mono-insaturés dont |
Série |
Série |
Tournesol |
12 |
23 |
65 |
- |
Maïs |
13 |
30 |
57 |
- |
Soja |
15 |
25 |
53 |
7 |
Colza |
8 |
62 |
21 |
9 |
Arachide |
20 |
50 |
30 |
- |
Olive |
15 |
73 |
12 |
- |
Noix |
10 |
18 |
60 |
12 |
Lorsque l'on traite 100kg de graines
de colza on obtient par pression : 41L d'huile brute et 62kg de tourteau,
environ.
Il faut 5 à 6 kg d'olives pour obtenir 1L d'huile.