QUELQUES MOLECULES "DE LA MER"

Gérard GOMEZ


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1) Généralités :

La recherche de molécules "pharmaceutiques" dans le milieu marin est assez récente et date des années 1950 environ. On en connaît quelques milliers actuellement, c'est quinze fois moins que le nombre de molécules issues du milieu terrestre. Quelques molécules présentes dans des organismes marins ont été réunies dans le tableau ci-dessous.

On y trouve :

            - Des substances que l'on utilise comme médicaments (aplidine, bryostatine, céphalosporines, dysidazirine, lamellarine D, macrolactine A, roscovitine, sceptrine, squalamine, trabectédine, vidarabine, précurseurs de la zidovudine).

            - Des molécules souvent secrétées par des algues ou du phytoplancton, qui s'accumulent dans les coquillages filtrant l'eau de mer (moules, huîtres, coquilles St Jacques.) ; la consommation de ces coquillages entraîne des intoxications alimentaires car ces molécules sont des toxines pour les organismes humains :

·         Toxines diarrhéiques (Acide okadaïque)

·         Toxines paralysantes (Saxitoxine)

·         Toxines amnésiantes.(Acide domoïque)

- Des colorants comme l'astaxanthine qui donne la couleur rose aux salmonidés, crabes, crevettes, homards, langoustes au moment de la cuisson, ou comme le 6,6'-Dibromoindigo, la pourpre du murex, ou encore la caulerpine, la fucoxanthine, la phycocyanobiline, la phycoérythrobiline, pigments de certaines algues.

- Des polysaccharides extraits de la paroi cellulaire des algues brunes (Alginates)

            - Une molécule plus simple, le diméthylsulfoniopropionate ou DMSP produit par les cellules de phytoplancton qui pourrait en limitant l’ensoleillement contribuer à une certaine régulation du climat global de la planète.

 

2) Quelques molécules :

 

Acide domoïque

Acide kaïnique

Acide okadaïque

Alginates

Altéramide A

Aplidine

Astaxanthine

Brévétoxine

6,6'-Dibromoindigo

Bryostatine

Caulerpine

Céphalosporine C

DMSP

Dysidazirine

Fucoxanthine

Girolline

Lamellarine D

Macrolactine A

Phycocyanobiline

Phycoérythrobiline

Roscovitine

Saxitoxine

Sceptrine

Spongothymidine

Spongo-uridine

Squalamine

Squalène

Trabectédine

Vidarabine

Zidovudine

 

 

 

            2-1) Quelques médicaments :

 

Acide kaïnique

C10H15 NO4

Aspect :

Cristaux (lorsque recristallisé dans l'éthanol aqueux).

Masse molaire :

213,231 g.mol-1

Fusion :

253°C (se décompose)

N° CAS :

487-79-6

Solubilité :

Soluble dans l'eau ; insoluble dans l'éthanol.

ACIDE KAINIQUE.gif

Analogue structural de l'acide glutamique isolé de l'algue rouge Digenea simplex. C'est un agoniste des récepteurs ionotropes du glutamate.

En pratique vétérinaire c'est aussi un antihelminthique actif sur les nématodes.

Aplidine®

ou

Déhydrodidemnine B

APLIDINE.gif

Cette molécule encore appelée Plitidepsine, isolée d'un tunicier (Aplidium albicans), organisme marin, est un depsipeptide* et montre une forte activité antitumorale sur différentes cellules cancéreuses (de type humain) croissant in vivo et in vitro.

 

* Un depsipeptide est un peptide dans lequel une ou plusieurs liaisons amides ont été remplacées par des liaisons esters.

Bryostatine 1

BRYOSTATINE.gif

Bryostatine 1


On a pu simplifier chimiquement la bryostatine en gardant ses propriétés antitumorales et nous donnons ci-dessous un analogue simplifié de génération 2 :

BRYOSTATINE2.gif

Des bactéries symbiotiques présentes sur les larves de bryozoaires produisent une molécule, la bryostatine qui préserve ces larves de la prédation des poissons.

Cette molécule a des propriétés anticancéreuses (pancréas, reins, leucomes, mélanomes et lymphomes de type non-hodgkinien) qui sont actuellement à l'étude.

Céphalosporine C

cephalos

L’activité des céphalosporines et des pénicillines s’explique par la présence d’un cycle β-lactame qui est tendu (quatre carbones) et ne demande qu’à s’ouvrir ; il se révèle beaucoup plus réactif qu’un simple amide.

Les céphalosporines contrairement aux pénicillines résistent aux pénicillinases, enzymes secrétés par des bactéries, qui permettent l’hydrolyse du β-lactame avant que la molécule n’ait eu le temps de « s’accrocher » au transpeptidase et qu’elle n’ait eu donc le temps de le neutraliser. Rappelons que le transpeptidase est nécessaire à la biosynthèse de la membrane cellulaire des bactéries.

Les céphalosporines, sont une classe d'antibiotiques découverte en 1948 dans un champignon marin des côtes de Sardaigne (Cephalosporium acremonium).

Actuellement elles sont toutes obtenues par synthèse.

Les céphalosporines sont des β-lactames s’apparentant aux pénicillines. Elles sont actives vis-à-vis des germes résistant à celles-ci.

Dysidazirine

C19H33NO2

Masse molaire :

307,47082 g.mol-1

N° CAS :

113507-74-7

DYSIDAZIRINE

Dysidazirine

La réactivité de cette molécule s'explique par la tension du cycle azacyclopropène ; il y a une attaque nucléophile au niveau du carbone C3 et addition conjuguée au niveau du carbone C5.


La synthèse dans la nature se fait à partir de la D-sphingosine, une amine primaire à longue chaîne (C18) possédant deux fonctions alcool et une double liaison trans et qui existe, chez l'homme, dans les lipides du tissu cérébral et médullaire :

DSPHINGOSINE.gif

Il y a oxydation de la fonction alcool secondaire en C3 puis formation d'une imine par réaction intramoléculaire entre la cétone ainsi formée et la fonction amine, pour donner le cycle à trois atomes et enfin oxydation de la fonction alcool primaire sur le carbone C1 suivie d'une estérification de l'acide obtenu.


Remarque :

Cette molécule fait partie de la famille des azirines, molécules dérivées de la 2H-azirine (ou 1-azirine) hétérocycle (azacyclopropène) très tendu, très instable et donc très réactif :

AZIRINE.gif

C2H3N

Masse molaire :

41,0519 g.mol-1

Densité :

1,03

Ebullition :

16,3 °C

La dysidazirine est une molécule isolée en 1987 d'une éponge marine (Dysidea fragilis) collectée aux îles Fidji (Pacifique sud).

Elle possède des propriétés antibiotiques (inhibe le développement des bactéries Gram (-)). Elle se montre également toxique vis-à-vis de certaines cellules cancéreuses.

Un de ses isomères (Z au niveau de la double liaison C4-C5), a des propriétés antifongiques.

Girolline

C6H11ClN4O

Masse molaire :

190,631 g.mol-1

GIROLLINE.gif

Substance antitumorale extraite de l'éponge calédonienne Pseudaxinyssa cantharella n.sp. (Axinellidae) à allure de girolle ; c'est un inhibiteur de la synthèse des protéines.

Les essais qui ont été entrepris pour en faire un médicament ont été abandonnés (effets de la molécule sur le système nerveux central).

Lamellarine D

C28H21NO8

Masse molaire :

499,468 g.mol-1

N° CAS :

97614-65-8

 

 

LAMELLARINE.gif

Molécule antitumorale extraite des ascidies, organismes marins.

Elle tue les cellules cancéreuses par apoptose (très forte inhibition de la topoisomérase I ; cet enzyme nucléaire peut couper un brin de l'ADN ; il est nécessaire lors des étapes de réplication ; si on l'inhibe, la seule issue est la mort de la cellule).

Elle appartient à la famille des lamellarines, alcaloïdes pyrroliques hexacycliques, d'origine marine.

Macrolactine A

C24H34O5

Masse molaire :

402,524 g.mol-1

MACROLACTINE.gif

Molécule découverte en 1989 par le Professeur William Fenical (Scripps Research Institute de San Diego) et extraite la première fois d'un micro-organisme des fonds marins.

Cette molécule, la plus abondante des 14 extraites du micro-organisme est une macrolactone à 24 chaînons avec 3 systèmes diéniques conjugués dont 2 (Z,E) et 4 carbones asymétriques oxygénés.

C'est un antibiotique à large spectre s'avérant efficace notamment contre l'entérocoque résistant à la vancomycine (VRE) et le staphylocoque doré, résistant à la méthicilline (MRSA).On l'obtient à partir de Bacillus polyfermenticus KJS-2.

(R)-Roscovitine

 

C19H26N6O

Aspect :

Poudre blanche

Masse molaire :

354,45 g.mol-1

Fusion :

107°C

pKa :

4,4

Pouvoir rotatoire :

[α]D20 =+56,3°

Longueur d'onde d'absorption :

λmax = 210 et 292 nm

N° CAS :

186692-46-6

Solubilité :

Soluble dans le DMSO et le chloroforme.

ROSCOVITINE.gif

Cette molécule obtenue à partir d'œufs d'étoiles de mer est un inhibiteur puissant des kinases cycline-dépendantes (CDK).

L'activation de ces CDK est responsable de la transition entre les différentes phases du cycle cellulaire. Dans certaines tumeurs humaines on a observé des anomalies de l'expression et de la régulation des CDK.

Sceptrine

 

C22H24Br2N10O2, 2 HCl

Masse molaire :

693,22 g.mol-1

N° CAS :

79703-25-6

SCEPTRINE1.gif

Molécule récoltée sur des éponges du genre Agelas (exemple Agelas sceptrum).

C'est un alcaloïde qui montre une activité contre des germes responsables de maladies nosocomiales tels que Pseudomonas aeruginosa (bacille pyocyanique) ou Staphylococcus aureus (staphylocoque doré).

Squalamine

C34H65 N3O5S

Masse molaire :

627,969 g.mol-1

N° CAS :

148717-90-2

SQUALAMINE

Substance trouvée dans le foie d'un petit requin, l'aiguillat ou chien de mer (Squalus acanthias) et qui constitue un antibiotique à large spectre.

Cette molécule est également un puissant inhibiteur de la néo-angiogenèse (développement des vaisseaux, facteurs de croissance des cancers) ; on la teste donc dans plusieurs tumeurs (ovaire, poumon, cerveau …).

On remarquera que cette molécule n'est pas un dérivé du squalène.

Trabectédine

ou

Yondelis ®

C39H43N3O11S

Masse molaire :

761,84 g.mol-1

N° CAS :

114899-77-3

TRABECTEDINE

Molécule que l'on trouve dans un invertébré marin des Caraïbes (Ecteinascidia turbinata) d'où on l'a initialement extraite dans les années 1970. On l'obtient actuellement par synthèse.

Elle est utilisée comme médicament actif sur les sarcomes des tissus mous (liposarcomes et leiomyosarcomes).

Vidarabine

ou

β-D-9-Arabinofuranosyladénine

C10H15 N5O5

Aspect :

Aiguilles (lorsque recristallisé dans l'eau)

Masse molaire :

282,257 g.mol-1

Fusion :

257°C

N° CAS :

5536-17-4

 

 

VIDARABINE.gif

Vidarabine

Utilisée comme antiviral contre l'herpès.

Elle a été découverte en 1984 dans une gorgone.

Avant de savoir que cette molécule existait naturellement, des chimistes l'avaient synthétisée à partir du modèle d'une molécule isolée de l'éponge des Caraïbes (Cryptotethya crypta).

Zidovudine

ou

AZT

ou

Rétrovir ®

ou
3'-azido-3'-désoxythymidine

C10H13 N5O4

Aspect :

Cristaux (lorsque recristallisé dans l'eau)

Masse molaire :

267,242 g.mol-1

Fusion :

121°C

N° CAS :

30516-87-1

AZT.gif

Zidovudine


SPONGOURDINE.gif

Spongo-uridine

ou

Spongouridine

ou

1-β-D-Ribofuranosyluracile

C9H12 N2O6

Aspect :

Aiguilles (lorsque recristallisé dans l'éthanol aqueux)

Masse molaire :

244,200 g.mol-1

Fusion :

165°C

N° CAS :

58-96-8

Solubilité :

Soluble dans l'eau, l'éthanol, la pyridine.


SPONGOTHYMIDINE.gif

Spongothymidine

C10H14 N2O6

Masse molaire :

258,22796 g.mol-1

N° CAS :

605-23-2

Premier antirétroviral utilisé pour traiter le VIH (SIDA).

A été ensuite utilisé dans le cadre de trithérapies en association avec d'autres molécules.

Il agit sur les rétrovirus en inhibant certaines enzymes virales (transcriptase inverse et ADN polymérase).

 

C'est une molécule qui, au début, a été obtenue en modifiant des molécules (spongo-uridine et spongothymidine) découvertes dans l'éponge des caraïbes, Tethya crypta, dans les années 1950 et qui furent les premiers médicaments d'origine marine.

           

2-2) Quelques toxines :

 

Acide domoïque

C15H21 NO6

Masse molaire :

311,3303 g.mol-1

Fusion :

228°C

Densité :

1,273

N° CAS :

14277-97-5

Solubilité :

Soluble dans l'eau ; légèrement soluble dans le méthanol

Risques :

R 20/21/22

S 36/37

lognocir.gifXn

Lorsqu'il est chauffé, il émet des vapeurs toxiques (NOx).

DOMOIQUE.gif

Molécule présente dans certaines algues (par exemple Chondria armata) et certaines diatomées.

C'est une phycotoxine provoquant des intoxications alimentaires, notamment lors de l'ingestion des fruits de mer qui en contiennent. Pour l'homme c'est une neurotoxine (dégénerescence cellulaire dans le cerveau par augmentation incontrôlée du flux calcique) causant des pertes de mémoire (on la qualifie de toxine amnésiante).

 

Acide okadaïque

C44H68O13

Masse molaire :

805,0029 g.mol-1

N° CAS :

78111-17-8

OKADAIQUE.gif

Acide okadaïque (AO)


DTX1.gif

Dinophysistoxine-1 (DTX1)


DTX2.gif

Dinophysistoxine-2 (DTX2)


DTX3.gif

Dinophysistoxine-3 (DTX3)

L'acide okadaïque (AO) est une toxine diarrhéique produite par certaines espèces de phytoplancton (Dinoflagellés du genre Dinophysis) ; concentrée dans certains coquillages qui filtrent l'eau de mer ( moules, huîtres, coquilles St Jacques….), cette toxine peut devenir la source d'intoxications alimentaires qui se traduisent par des diarrhées, nausées, vomissements et douleurs abdominales, peu de temps après la consommation de ces bivalves.

Cette molécule a été découverte dans une éponge (Halichondria okadai) d'où son  nom.

D'autres toxines analogues, DTX1, DTX2, DTX3 (voir formules jointes) sont classées dans le groupe dit des AO.

Altéramide A

ALTERAMIDE.gif

Un alcaloïde tétracyclique cytotoxique isolé d’une culture de la bactérie marine Alteromonas sp. associée à une éponge Halichondria okadai.

Brévétoxine B

C49H68O14

Masse molaire :

881,056 g.mol-1

BREVETOXINE

Neurotoxine produite par certains dinoflagellés ; elle modifie la propagation de l'influx nerveux.

D'un point de vue chimique c'est un polyéther cyclique.

Saxitoxine (dichlorhydrate)

ou

STX

C10H19 Cl2N7O4

Aspect :

Solide blanc hygroscopique.

Masse molaire :

372,209 g.mol-1

N° CAS :

35554-08-6

Solubilité :

Très soluble dans l'eau, l'éthanol, le méthanol.

SANITOXINE.gif

Saxitoxine


Quelques toxines paralysantes faisant partie des saxitoxines :

 

TOXINESPARALYSANTES.gif

 

R1

R2

R3

Noms

 

OH

H

OSO3-

GTX1

 

H

H

OSO3-

GTX2

 

H

OSO3-

H

GTX3

 

OH

OSO3-

H

GTX4

 

OH

H

H

NEO

 

GTX pour gonyautoxine (isolées sur des microalgues du type Gonyaulax ou Alexandrium)

NEO pour néosaxitoxine.

Une des puissantes cyanotoxines paralysantes produites par des dinoflagellés (Alexandrium tamarense, Gymnodium catenatum, Phyrodinium bahamense) mais aussi par des cyanobactéries.

           

2-3) Quelques colorants :

 

Astaxanthine
ou
3,3'-dihydroxy-4,4'-dioxo-β-carotène
C40H52O4
Masse molaire :
596,84 g.mol-1
Solubilité :
corps gras.

ASTAXANTHINE.gif

Caroténoïde.
Cette molécule existe naturellement chez les salmonidés, les crabes, les crevettes, les homards et les langoustes, en même temps que d'autres caroténoïdes (canthaxanthine...). A la cuisson, la protéine qui entoure l'astaxanthine la libère et cette molécule donne à ces poissons et à ces crustacés une couleur rose saumon.

Caulerpine

CAULERPINE.gif

Pigment jaune synthétisé par certaines algues du genre Caulerpa ( Caulerpa sertularioides, Caulerpa serrulata, Caulerpa biserrulata). C'est un régulateur de croissance chez les végétaux ; la caulerpine inhibe les phénomènes de multi-résistance aux xénobiotiques (pesticides par exemple) chez les végétaux.

6,6'-Dibromoindigo

C16H8Br2N2O2
Masse molaire :
420 g.mol-1
Densité :
1,932

Ebullition :

.486°C

N° CAS :

19201-53-7

DIBROMOINDIGO.gif

Certains gastéropodes marins (pourpres, murex (Bolinus brandaris)) fournissent le 6,6'-dibromoindigo dont les rouges étaient très prisés dans l'Antiquité. On les trouve sur les côtes, dans presque toutes les parties du monde.

Le colorant n'existe pas dans l'animal ; il y a un précurseur – comme pour les plantes à indigo – et l'union de deux molécules en présence d'oxygène engendre le colorant à la mort de l'animal.

Fucoxanthine
C42H58O6
Masse molaire:
658,905 g.mol-1
Fusion :
168 °C
Solubilité :
Ethanol, éther.

 

FUCOXANTHINE8

FUCOXANTHINE

Ce pigment caroténoïde est présent en proportion importante par rapport à la chlorophylle dans les algues brunes (phéophycées) ainsi que dans les diatomées (algues unicellulaires munies d'une frustule de silice). Il contribue à la photosynthèse en absorbant dans le bleu (voir courbe d'absorption ci-jointe).
Elle exerce un effet inhibiteur sur la progression de cellules tumorales et est utilisée dans la prévention de maladies cardiovasculaires ou cérébrovasculaires.

 

Phycocyanobiline

C33H38N4O6

Masse molaire :

586,678 g.mol-1

Ebullition :

892,1°C

Densité :

1,315

Indice de réfraction :

1,639

 

PHYCOCYANOBILINE3.gif

 

 

Cette molécule qui apporte la couleur bleue à certaines algues, est associée à une protéine formant le pigment appelé phycocyanine.

Il est présent dans les cyanobactéries et les algues rouges (rhodophycées). Avec la chlorophylle il participe à la photosynthèse en absorbant l'orangé et même un peu le jaune (absorption maximale à 620 et 650 nm).

Phycoérythrobiline

C33H38N4O6

Masse molaire :

586,678 g.mol-1

Densité :

1,31

N° CAS :

18097-67-1

PHYCOERYTHROBILINE2.gif

Cette molécule qui apporte la couleur rouge à certaines algues est associée à une protéine formant le pigment appelé phycoérythrine.

Il est présent dans les algues rouges (rhodophycées) et les cyanobactéries. Avec la chlorophylle, il participe à la photosynthèse en absorbant dans le vert (absorption maximale à 520 nm).

 

Parmi les colorants issus d'organismes marins, nous pouvons citer l’encre de seiche (en grec ancien sepia) contenue dans une poche particulière aux céphalopodes, qui est composée de la mélanine le pigment foncé libéré par les mélanosomes (organites secrétés par des cellules de grande taille, les mélanocytes) et différents aminoacides, la taurine, l’hydroxyproline, l’acide aspartique, l’acide glutamique, l’alanine, la leucine, l’homarine, la glycine bétaïne. La synthèse de la mélanine ayant lieu à partir de la tyrosine via la dopa (grâce à la tyrosinase) et la dopaquinone, il n’est pas surprenant de trouver aussi tous ces composés dans l’encre de seiche. On trouve enfin également un peu de TMAO (oxyde de triméthylamine).

Cette encre très foncée lorsqu’elle sort de la poche de la seiche, pâlit avec le temps pour donner un brun clair. Elle est utilisée en dessin (dessin à la sépia) soit directement, soit légèrement diluée. On peut aussi laisser sécher le liquide sortant de la poche, pour récupérer le pigment solide que l’on doit dissoudre dans l’eau au moment de l’utilisation. Certains ajoutent un peu de gomme arabique à cette préparation.

 

            2-4) Diverses autres molécules :

 

Alginates – Acide alginique

Nature chimique : Les alginates sont des copolymères linéaires constitués de deux unités de base, l'acide α-L-guluronique G (annexe 1), et l'acide β-D-mannuronique M (annexe1). Le rapport M/G dépend de l'algue de départ et conditionne les propriétés physiques, chimiques et mécaniques du polymère.
Ces unités de base sont groupées en blocs (blocs GG correspondant à des molécules d'acide guluronique liés en a-1->4, blocs MM correspondant à des molécules d'acide mannuronique liés en b-1->4, blocs MG correspondants à des enchaînements irréguliers ou à des enchaînement alternés d'acide guluronique et mannuronique), chaque bloc ayant une longueur d'environ 15 à 20 unités (degré de polymérisation de chaque bloc).
Les cations compensateurs sont généralement les ions sodium ou calcium.
La gélification par les ions calcium est liée aux blocs d'acide a-L-guluronique.

BLOCS GG :

ALGINATES1
BLOCS MM :
MANNURONIQUE
BLOCS MG :
GULUMANNU

Ces polymères existent dans les algues sous forme de sels de calcium insolubles dans l'eau. Le schéma du traitement (pour l'extraction) est le suivant :

ALGINATE


Annexe 1

Acide α-L-Guluronique

GULURONIQUE

Acide β-D-mannuronique

ACIDEMANNURONIQUE

 

La plupart des algues appartiennent à l'un des trois groupes : Chlorophyceae (algues vertes), Rhodophyceae (algues rouges), Phaeophyceae (algues brunes).
Les alginates sont des polysaccharides extraits de la paroi cellulaire des algues brunes, principalement Laminaria, Ascophyllum, Fucus (on peut aussi obtenir les alginates par voie bactérienne).
Ces espèces sont récoltées aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en France (Bretagne), mais aussi au Japon, en Chine, et en Norvège.
Les alginates sont des épaississants et des gélifiants en milieux aqueux (additifs alimentaires) :
E401 : sel de sodium.
E400 : forme acide.
E402 : sel de potassium.
E403 : sel d'ammonium.
E404 : sel de calcium.
Les sels de calcium ont de nombreuses applications :
- Fabrication de billes permettant d'encapsuler levures et bactéries (applications en biotechnologie).
- Fabrication de fils pour pansements.
- Servent de support pour le relargage contrôlé des médicaments.
- Servent à faire des moulages dentaires.
Les alginates sont aussi utilisés dans les produits cosmétiques et dans les vernis pour automobiles.

 

Diméthylsulfoniopropionate

ou

DMSP

C5H10O2S

Masse molaire :

134,1967 g.mol-1

N° CAS :

7314-30-9

Les cellules phytoplanctoniques présentes dans l’eau des mers et des océans produisent naturellement du DMSP pour assurer leur homéostasie (stabilisation de leurs différentes constantes physiologiques).

Dans certaines régions des océans se produisent régulièrement des phénomènes d’upwelling : les eaux profondes riches en substances nutritives (nutriments) sont brassées et ces substances remontent dans les zones superficielles euphotiques (la lumière est encore présente) où le phytoplancton peut réaliser sa photosynthèse. Dans ces zones il se produit une augmentation importante (nombre et biomasse) du phytoplancton (bloom) ce qui entraîne selon le processus de cause à effet (le zooplancton étant prédateur du phytoplancton) une augmentation importante de la biomasse zooplanctonique. Par voie de conséquence les poissons prédateurs du zooplancton sont présents en masse également dans ces zones.

Les cellules de phytoplancton lorsqu’elles sont consommées par le zooplancton, sont détruites et libèrent du DMSP transformé (par clivage enzymatique) en DMS (et acide acrylique) qui est libéré dans la basse atmosphère. Dans ces zones, certains oiseaux sont attirés par l’odeur du DMS, car ils « savent » qu’elle est associée à la présence en nombre de poissons et viennent y chasser. C’est notamment le cas des procellariformes.

De même, sous forte luminosité (UV) l’ADN des cellules de phytoplancton est détruite, les cellules meurent et il y a libération de DMSP.

Le DMSP ainsi produit est transformé en DMS, puis en différents composés soufrés (dioxyde de soufre, DMSO, acide sulfurique…). Certains de ceux-ci, libérés dans l’atmosphère constituent des points de cristallisation de l’humidité et ainsi la formation de nuages s’accélère. La luminosité baisse, moins de cellules de phytoplancton sont détruites…

Le DMSP produit par les cellules de phytoplancton pourrait donc en limitant l’ensoleillement contribuer à une certaine régulation du climat global de la planète.

DMSP.gif

DMSP


DMS.gif

 

Sulfure de diméthyle

ou

DMS

ou

méthylthiométhane

 

Substance à odeur forte prenant naissance lors de la cuisson du chou, des betteraves, des asperges.


Diméthylsulfoxyde ou DMSO

DMSSS1.gif

Obtenu par oxydation du sulfure de diméthyle

DMSSS2.gif

Par oxydation par l'eau oxygénée il donne la diméthylsulfone

DMSSS3.gif

Solvant non protique, très polaire, souvent utilisé en chimie organique dans les réactions de substitution nucléophile (SN).

Squalène

C30H50

Aspect :

Huile

Masse molaire :

410,718 g.mol-1

Fusion :

-4,8°C

Ebullition :

421,3°C ; 280°C (sous 17 mm de Hg)

Densité :

0,8584 (20°C)

Indice de réfraction :

1,4990 (à 20°C)

N° CAS :

111-02-4

Solubilité :

Soluble dans l'éther et l'acétone ; légèrement soluble dans l'éthanol ; insoluble dans l'eau.

SQUALENE

Précurseur métabolique des stérols. C'est un triterpène (ou prénoïde) contenant donc 6 unités isoprène.
Son nom vient de ce qu'on en trouve dans le foie de requin.
J.W.Cornforth le synthétise la première fois à partir de l'acide mévalonique.