EXTRACTION ET RAFFINAGE DU SUCRE

Gérard GOMEZ *


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Plan de l'étude

1) Les origines du sucre

                1-1) Généralités

                1-2) Les plantes sucrières

                1-3) Quelques chiffres

2) Les traitements permettant d'obtenir le saccharose

                2-1) L'extraction

                2-2) Les purifications et la cristallisation

                2-3) La décoloration

Annexe 1

La chlorophylle

Annexe 2

Cellulose, hémicelluloses, lignine

Annexe 3

Glucose, galactose, lactose, maltose, amidon

Annexe 4

Les pectines

Annexe 5

Acides aconitique, oxalique, succinique, glycolique, malique, lactique, citrique

Annexe 6

Anthocyanes et tanins

Annexe 7

La bétaïne

Annexe 8

Sucre inverti

Annexe 9

Le raffinose

Annexe 10

Saponines

Annexe 11

La canne à sucre

Annexe 12

La chaux, l'eau de chaux, le lait de chaux

Annexe 13

Les amino-acides du vesou


1) Les origines du sucre :

            1-1) Généralités :

                        - Les glucides

Photosynthèse :
Les plantes vertes tirent l’énergie dont elles ont besoin pour vivre et se développer de la lumière du soleil et produisent des substances, à partir du dioxyde de carbone puisé dans l’air et à partir de l’eau captée par les racines, selon l’équation suivante :
ZUCKER1


La photosynthèse n'a lieu que dans les cellules qui contiennent de la chlorophylle (voir annexe 1), celle-ci jouant le rôle de catalyseur en transformant par des réactions complexes, l'énergie lumineuse en énergie potentielle sous forme d'électrons excités permettant certaines réactions chimiques. La chlorophylle est contenue dans les chloroplastes des cellules végétales.

Parce que la formule brute de la plupart des substances synthétisées, fait apparaître hydrogène et oxygène dans les mêmes proportions que dans l’eau K.Schmidt leur a donné en 1844 le nom d'hydrates de carbone. A cause de la saveur particulière de quelques unes on les a aussi appelées sucres ; on continue parfois à employer ce terme, mais on utilise aujourd'hui de préférence l'appellation glucides. La terminaison – ose permet de désigner certains d'entr'eux.

 

                        - Le saccharose :

Dans le vocabulaire scientifique, le sucre que nous utilisons couramment est appelé saccharose (du latin saccharum et du grec saccheron).On rencontre aussi parfois l’appellation « sucrose ».

Le saccharose s'est formé au cours de la photosynthèse. Il est très aisément soluble dans l’eau : 200g dans 100ml à 20°C (à 100°C : 400g dans 100ml) et, de ce fait, il circule facilement dans les plantes afin de leur fournir l’énergie qui leur est nécessaire. Toutefois, cette substance fixe de grandes quantités d’eau et influe de ce fait sur l’équilibre osmotique. La teneur en saccharose de la sève des plantes n’excède par conséquent guère plus de 15%.

Il est constitué de deux oses élémentaires à six carbones (hexoses), l' α-glucose et le β-fructose liés par liaison osidique :

SACCHAROSE

Le nom systématique de cette molécule est α-D-glucopyrannosyl-β-D-fructofurannose.

 

            1-2) Les plantes sucrières :

Les plantes qui permettent d'obtenir le sucre sont :

           

            - Dans les pays tempérés :

La betterave sucrière (Beta vulgaris var.saccharifera) qui comme l'épinard appartient à la famille des Amaranthacées (autrefois classée dans Chénopodiacées) ; c'est un légume-racine bisannuel qui synthétise le sucre par ses feuilles et qui le stocke dans sa racine.

C'est le chimiste et pharmacien Andreas Sigismund Marggraf (1709–1782) qui en examinant la teneur en sucres de diverses plantes locales découvrit en 1747 que la betterave fourragère produisait un sucre identique à celui de la canne à sucre.
Son élève, le physicien et chimiste Franz Karl Achard (1753-1821) mena dans son domaine près de Berlin des expériences en vue de sélectionner des betteraves particulièrement riches en sucre et parvint ainsi à convaincre le roi Friedrich Wilhelm III de Prusse de l’intérêt de produire du sucre à partir de ressources nationales. Avec le soutien du roi, la première usine de fabrication du sucre put ouvrir ses portes en Silésie dès 1802.

Les betteraves sucrières actuellement utilisées en Europe sont issues de la blanche de Silésie résultant des sélections d'Achard.

Les 5 principaux pays producteurs de betteraves sucrières en 2017 sont les suivants (entre parenthèses la quantité arrondie produite en millions de tonnes) :

(Source fr.statista.com)

 

            - Dans les zones tropicales et subtropicales (entre le 35ème degré de latitude Nord et le 30ème degré de latitude Sud) :

La canne à sucre Saccharum officinarum (voir annexe 11)

C'est une plante  à rhizome formant des touffes de tiges vigoureuses en canne de couleur jaune à violet, appartenant à la famille des graminées (ou poacées).Les températures élevées (26°C à 34°C) favorisent sa croissance ; elle ne croît plus au dessous de 20°C. Elle nécessite aussi un sol bien aéré et riche, une bonne irrigation, un bon ensoleillement.

La période la plus favorable à la récolte est déterminée par l'indice de réfraction de la sève de la plante obtenue à partir des tiges.

Les 5 principaux pays producteurs de canne à sucre en 2017 sont les suivants (entre parenthèses la quantité arrondie produite en millions de tonnes) :

(Source fr.statista.com)

            1-3) Quelques chiffres :

Environ 25% du sucre produit dans le monde provient de la betterave et environ 75% de la canne à sucre.

Les 10 pays principaux producteurs de sucre et qui assurent à eux seuls plus de 60% de la production mondiale sont, pour ces dernières années, dans l'ordre :

Le Brésil, l'Inde, la Chine, la Thaïlande, les Etats-Unis, le Mexique, le Pakistan, la Russie, la France et l'Australie.

 

2) Les traitements permettant d'obtenir le saccharose :

           

            2-1) L'extraction :

           

- A partir de la betterave

 

Avant extraction du sucre, la composition globale de la racine de betterave est la suivante :

Eau

73-76,5%

Matière sèche

23,5-27%

Dont :

         Saccharose

14-21%

         Composés solubles

2,5%

         Composés insolubles

4,5-5%

(Source : "Sugar Technology, PW Van der Poel, H.Schiweck, T. Schwartz, Ed. Bartens 1998)

 

·     Les composés solubles (2,5%) se répartissent en

Ø  Substances organiques azotées (1,2%) :

                  Protéines (0,7%) – Bétaïne (0,2%) – Amino-acides (0,2%) – Amines et sels d'ammonium (0,1%)

Ø  Substances organiques non azotées (0,8%) :

                  Sucre inverti (0,2%) – Raffinose (0,07%) – Acides organiques (0,27%) – Pectines (0,1%) – Lipides (0,1%) – Saponine (0,01%) – Autres (dont composés phénoliques) (0,05%)

Ø  Substances minérales (0,5%) :

                  K2O (0,24%) – MgO (0,05%) – CaO (0,05%) – Na2O (0,04%) – Phosphates (0,07%) – Sulfates (0,02%) – Silicates ( 0,01%) – Chlorures ( 0,01%) – Sels d'aluminium et sel de fer III (0,01%).

·     Les composés insolubles (5%)  se répartissent en

                           Cellulose (1,2%) – Hémicellulose (1,1%) – Pectines – Protéines (0,1%) – Lignine (0,1%) – Saponines (0,05%) – Cendre (0,1%).

 

NB : On trouvera en annexe quelques précisions sur certaines de ces substances : la bétaïne (annexe 7), le sucre inverti (annexe 8), le raffinose (annexe 9), les saponines (annexe 10).

 

Extraction du sucre

 

SUCREBETTERAVe.jpg

Après la cueillette, les transformations doivent être rapides car une fois coupée la plante consomme 200 à 400g de sucre par tonne de betterave et par jour pour ses besoins propres.

Les racines après lavage pour enlever la terre et les graviers sont rapées en copeaux, ou coupées en rondelles ou en lanières de 1 à 2 mm d'épaisseur (appelées cossettes), puis aspergées d'eau à 70-80°C dans un cylindre (voir schéma) qui tourne autour de son axe ce qui permet d'extraire le jus sucré ; c'est par diffusion que le sucre passe des cellules des cossettes où il est en forte concentration vers l'eau chaude où la concentration est plus faible (nulle au début). La chaleur permet de modifier un peu les membranes des cellules pour les rendre perméables au sucre et faciliter l'opération.

 

Document émanant du site https://www.lesucre.com/mediatheque/la-diffusion-une-technique-en-osmose-avec-la-nature

A la fin de cette opération, les cossettes sont pressées puis récupérées ; ce sont alors des pulpes utilisées dans l'alimentation animale.

 

Le jus brut issu de la diffusion est noir-grisâtre opalescent.

Il contient :

Eau

Saccharose

K, Mg, Na, Ca, PO43-, SO42-, Cl-, SiO2, Fe, Al.

Matières organiques non azotées : Acide lactique, acide oxalique, acide citrique, acide malique, sucre inverti, colorants, caramels, composés polyphénoliques.

Matières organiques azotées dissoutes : Amides, amines, bétaïne, colorants, mélanoïdines.

Matières organiques azotées colloïdales : protéines, pectines

 

Ce jus est acide (pH environ 6) ; à ce pH l'inversion du saccharose a lieu mais reste très faible.

Il mousse à cause des saponines.

Sa couleur foncée est due :

v  A la formation de mélanines (brunissement enzymatique).

 Les composés phénoliques présents dans les vacuoles des cellules de la racine de betterave sont libérés lors du découpage en rondelles et entraînés dans le jus lors de la diffusion. Les polyphénoloxydases (PPO) enzymes situés au niveau des membranes et donc séparés des phénols dans la racine vont également être libérés dans le jus. L'oxydation des phénols a lieu et conduit à la formation des mélanines insolubles qui seront enlevées lors de traitement ultérieurs.

 

v  A la formation de mélanoïdines ; c'est un brunissement non enzymatique (Réaction de Maillard).

Les mélanoïdines se forment lors des réactions de Maillard entre les amines (acides aminés, protéines..) et les sucres réducteurs (glucose et autres aldoses) ; Ces réactions complexes ont lieu à température ambiante mais une élévation de température accélère le processus.

 

v  A la dégradation thermique du saccharose et des hexoses (caramel)

 

- A partir de la canne à sucre

 

Avant traitement  la composition globale de la canne à sucre est

 

Eau

72-77%

Fibres ligneuses

10-18%

Saccharose

12-16%

Impuretés

1-6%

(Source ACER Centre de recherche développement et de transfert technologique en acériculture – Alfa Arzate)

 

Les tiges auxquelles on a enlevé la partie supérieure portant les feuilles (qui n'a pas beaucoup de sucre), sont découpées en cylindres de 10 cm de longueur environ.

On soumet ces cylindres à plusieurs broyages dans des moulins tournant lentement (environ cinq tours par minute). On obtient un jus sucré appelé le "vesou", trouble et de couleur brune.

La partie fibreuse, ligneuse, des cannes après broyage est appelée "bagasse" ; elle contient de la cellulose, des hémicelluloses (pentosanes) de la lignine (voir annexe 2) et sert de combustible aux chaudières qui alimentent l'usine en vapeur.

 

Remarque : Composition du vesou

On peut donner la composition du jus sucré résultant du broyage des cannes à sucre :

Eau

80-85%

Saccharose

10-18%

Oses réducteurs

0,3-3 %

Composés organiques non sucrés

0,7-3%

Composés inorganiques

0,2-0,6%

(Source ACER Centre de recherche développement et de transfert technologique en acériculture – Alfa Arzate)

 

Ø  Des hémicelluloses (voir annexe 2)

Ø  Des pectines (voir annexe 4)

Ø  Des composés organiques azotés :

v  Une protéine : l'albumine

v  Des amino-acides : glycine, acide aspartique, asparagine, glutamine (voir annexe 13)

Ø  Des acides organiques :

Ce sont les acides aconitique, oxalique, succinique, glycolique et malique (voir annexe 5)

Ø  Des composés colorés :

Il s'agit de chlorophylle (voir annexe 1), d'anthocyanes (voir annexe 6), de tanins (voir annexe 6)

 

            2-2) Les purifications et la cristallisation

 

- A partir de la betterave

 

Il est nécessaire, avant de recueillir le saccharose à partir du jus sucré dans lequel il est dissous, de traiter ce jus pour enlever les substances indésirables. Le principe de ces purifications est le suivant :

Ø  Préchaulage :

On ajoute progressivement du lait de chaux jusqu'à introduire l'équivalent d'environ 2,5g de CaO par litre de jus sucré ; cela correspond à 20% de l'addition totale de chaux pour l'ensemble des traitements. Le pH final est d'environ 11,5. La température est aux alentours de 40 à 45°C (dans certains procédés on monte jusqu'à 70-75°C) ; le temps de contact est d'environ 15 minutes.

Cette étape permet de précipiter sélectivement les acides oxalique, citrique, malique, sous forme de sels de calcium insolubles, mais également les anions phosphate, sulfate. La basicité du milieu permet aussi de faire précipiter des hydroxydes de cations à 2 ou 3 charges positives (sels de fer, d'aluminium).

Le préchaulage entraîne la coagulation et la floculation des protéines, des saponines et des colorants polyphénoliques.

Ø  Chaulage massif :

Le jus est chauffé jusqu'à 85°C et on lui ajoute massivement du lait de chaux (l'équivalent de 10 à 12g de CaO par litre de jus sucré).

Cette opération assure la dégradation des amines, des amides qui sont transformés en sels de calcium insolubles ; elle entraîne également la dégradation des sucres réducteurs (glucose et fructose) qui conduit à des composés colorés, les PDAH (Produits de dégradation alcaline des hexoses).

Ø  Première carbonatation

On fait barboter dans le jus sucré et chaud après le chaulage massif, du dioxyde de carbone ; la température est de 85°C et le temps de barbotage environ 10 minutes. Il se produit la réaction :

CARBONATATION.gif

Cette opération a pour but de faire précipiter la chaux en excès dans le jus sous forme de cristaux de carbonate de calcium. Les colorants PDAH vont être adsorbés par ces cristaux naissants.

Ø  Décantation

Sous l'effet de la pesanteur, a lieu une première séparation entre le jus sucré et les précipités précédemment formés.

On obtient un jus clair.

Ø  Deuxième carbonatation

On envoie à nouveau du dioxyde de carbone ; la température est plus élevée 90°C environ et le temps 12 minutes.

On entraîne ainsi de la chaux que l'on transforme en carbonate de calcium.

Ø  Filtration

Cette fois il faut une filtration car les cristaux de CaCO3 sont plus petits et plus difficiles à séparer ; on opère sous pression.

On obtient un jus clair dont la concentration en saccharose varie entre 10 et 15%.

Ø  Echange d'ions

Les dernières traces d'ions calcium sont enlevées par passage du jus sur des résines échangeuses d'ions ; les ions Ca2+ sont remplacées par des ions Na+.

Par ébullition on concentre le jus purifié jusqu'à être près de la saturation.

On place le jus dans des autoclaves construits pour travailler sous vide et on diminue la pression pour amener le jus à ébullition ; celle-ci se produit à basse température ce qui évite la formation de caramel. On élimine ainsi l'eau jusqu'à être en sursaturation en saccharose. On envoie alors de fins cristaux de sucre dans cette solution ce qui provoque la précipitation du saccharose jusque là dissous.

La maîtrise de la taille des cristaux recherchés nécessite plusieurs autres opérations, malaxage, centrifugation….

Le sucre destiné à l’usage domestique se présente sous forme de petits cristaux, c’est pourquoi on parle de sucre cristallisé. De plus gros cristaux, obtenus par une lente cristallisation, sont connus sous le nom de sucre candi. Les cristaux de sucre appartiennent au système de cristallisation monoclinique. Le terme « candi » vient de l’arabe qandi (sucre cristallisé).

Remarque : Le reste de sirop forme la mélasse. Celle–ci est utilisée comme aliment pour le bétail, une partie peut également être transformée par fermentation en éthanol ; on l'utilise aussi parfois pour obtenir de la levure ou de l'acide citrique.

On place les cristaux encore humides dans des sécheurs à tambour et on envoie à contre-courant de l'air d'abord chaud (50°C) puis froid et sec.

Les cristaux secs sont ensuite tamisés et conservés en vrac dans des silos où de l'air est insufflé.

Puis vient le conditionnement ; soit le saccharose est ensaché en poudre, soit il subit une série d'étapes (tamisage, humidification, moulage en morceaux puis séchage) avant d'être conditionné dans des boîtes.

 

- A partir de la canne à sucre

 

Les procédés de purification et de cristallisation du sucre de canne à partir du vesou sont assez semblables à ceux décrits pour la betterave sucrière à partir du jus sucré brut.

 

            2-3) La décoloration

Le jus obtenu avant concentration et cristallisation est coloré ; lors des opérations qui ont été faites et qui ont précédemment été décrites il y a eu formation de composés colorés :

Mélanines, mélanoïdines, caramel et en plus, pour le jus résultant du sucre de canne, des anthocyanes, de la chlorophylle et des tanins.

Si l'on souhaite obtenir du sucre parfaitement blanc, il faut procéder à d'autres opérations.

Parmi les techniques qui ont été ou sont employées pour obtenir du jus incolore avant sa concentration on trouve :

            - La sulfitation

Il s'agit de l'addition de dioxyde de soufre, SO2, ou d'hydrogénosulfite de sodium, NaHSO3, dont le rôle est de réduire les matières colorantes organiques ce qui fait disparaître la couleur.

            - L'action du peroxyde d'hydrogène (l'eau oxygénée), H2O2, un oxydant dont le rôle est aussi de transformer les substances colorées du milieu mais en les oxydant cette fois ; il détruit ou modifie le groupe chromophore du colorant et transforme parfois les groupes auxochromes qui l'accompagnent.

Remarque : Ces deux techniques ne font pas disparaître les molécules à l'origine de la coloration, elles n'ont pour effet que de les transformer en composés incolores.

            - Le traitement au noir animal :

Cette technique qui a longtemps été utilisée et qui ne l'est plus de nos jours consistait à mettre en contact le jus coloré avec du carbone en poudre résultant de la calcination des os d'animaux à l'abri de l'air.

La poudre noire (15% de carbone environ) retient par adsorption les molécules colorées ce qui en débarrasse le milieu. Il est nécessaire de filtrer ensuite.


Annexe 1

La chlorophylle

Elle existe sous plusieurs formes, A,B,D dont les structures sont données ci-dessous :

 

CHLOROPHYLLE

A : X = CH=CH2     Y = CH3

B : X = CH=CH2     Y = CHO

D : X = CHO          Y = CH3


Annexe 2

Cellulose, hémicelluloses, lignine

  • Cellulose :

 

Il s'agit d'un polymère fait d'enchaînements de β-D-glucopyranose

BETADGLUCOPYRA.gif
CELLULOSE.gif


Les différentes chaînes linéaires placées côte à côte sont liées par de nombreuses liaisons hydrogène ce qui donne à ce matériau une très grande rigidité et qui explique qu'elle est la substance de soutien (parois) des cellules jeunes des végétaux.
La cellulose pratiquement pure est tirée du fruit du cotonnier; il contient des graines recouvertes d’un duvet formé de fibres de 2 à 7 cm de long; débarrassées des impuretés, ces fibres constituent le coton hydrophile.
La cellulose s’obtient également à partir du
bois; le bois est essentiellement constitué de cellulose et de lignine; un traitement à l’hydrogénosulfite de calcium détruit la lignine; il reste la pâte de bois; on en fait le papier, le carton, ....
Elle n'est pas attaquable par les sucs digestifs de l'homme. C'est une matière première de tout premier ordre dans l'industrie chimique.
Elle est insoluble dans l'eau et la plupart des solvants organiques et n'est solubilisée que par une solution ammoniacale d'hydroxyde de cuivre(II) : la liqueur de Schweitzer. Son hydrolyse acide conduit au glucose.

 

  • Hémicelluloses  ou pentosanes (ce nom est préférable car ces substances ont peu de points communs avec la cellulose).

 

            a) Composition :
Les hémicelluloses sont des polymères plus courts (masse molaire inférieure) ou ramifiés formés à partir de pentoses (oses à cinq atomes de carbone comme le xylose), ou d'hexoses autres que le glucose (galactose par exemple). Quelle que soit l'espèce d’arbre on retrouve la même structure pour la cellulose alors que les hémicelluloses ont des compositions et des structures qui varient considérablement selon qu'elles proviennent de feuillus ou de résineux. Les hémicelluloses de feuillus sont généralement plus riches en pentoses, que celles des résineux qui habituellement contiennent davantage d'hexoses.

            b) Exemples d'hémicelluloses présentes dans le bois :
Les xylanes par exemple que l'on trouve en abondance dans le bois de bouleau (Betula pendula et betula lenta) correspondent à des unités de xylopyrannose unies entr'elles par des liaisons b-1->4-glycosidiques ; le schéma simplifié ci-dessous montre ces enchaînements de xylose.
XYLANE

Dans les xylanes il y a aussi des substituants latéraux d'acide glucuronique et des fonctions alcool (-OH) sont méthoxylées (transformées en –OCH3) :
HEMIXYLANE
Les glucomannanes ou les galactomannanes existent en plus grande quantité dans les résineux.

 

  • Les lignines :

 

                a) Composition :
C'est le troisième constituant de la paroi cellulaire (constituant de la paroi secondaire des cellules des végétaux) ; c'est un polymère réticulé (tridimensionnel) dont la structure complexe varie, comme pour les hémicelluloses, en fonction de l'espèce, de l'âge du végétal et des conditions climatiques.
On peut cependant dégager une structure de base commune dite "phénol propane" :

- pour les plantes annuelles :

LIGNINE2

- pour les bois résineux

LIGNINE1

- pour les bois feuillus

LIGNINE3

 

                b) Rôle :
La lignine agit comme un ciment entre les fibres du bois et comme élément rigidifiant à l'intérieur des fibres.
Les lignines de feuillus ayant plus de groupements méthoxy, présentent moins de liaisons intermoléculaires (liaisons hydrogène) et sont par conséquent plus facilement dissoutes.


Annexe 3

Glucose, galactose, lactose, maltose, amidon.

 

Glucose

GLUCOSE.gif

Galactose

GALACTOSE.gif

Lactose

LACTOSE

Maltose

MALTOSE

Amidon

AMIDON


Annexe 4

Les pectines

 

C'est un ensemble complexe formé d'une ossature majoritaire résultant d'un enchaînement d'acides α-D-galacturonique liés en 1-4 (unités homogalacturonanes)

PECTINE1.jpg

Certaines de ces unités homogalacturonanes peuvent être acétylées (par estérification de certains –OH) et/ou méthylées (par transformation de certains –COOH en esters méthyliques) :

PECTINES2.gif

Certaines unités homogalacturonanes peuvent être substituées par des oses :

                - Rhamnogalacturonanes

L'ose est alors le L(-)-rhamnose :

RHAMNOSE1.gif

RHAMNOSE2.gif

                - Xylogalacturonanes

L'ose est alors le D(+)-xylose :

XYLOSE2.gif

XYLOSE1.gif

                - Apiogalacturonanes

L'ose est alors le D-apiose

APIOSE.gif

APIOSE3.gif

On peut donner un aperçu général de la structure d'une pectine par le schéma suivant :

PECTINE3.jpg

Roger PRAT, Michèle MOSINIAK, Jean-Claude ROLAND : La paroi primaire de la cellule végétale ; les pectines.

 

Les pectines sont utilisées dans les industries cosmétique, pharmaceutique ainsi que dans l'industrie alimentaire où elles servent (E 440) comme agent de texture, gélifiants, stabilisants et épaississants (confitures par exemple).

Les facteurs influant sur le mécanisme d'association des pectines et donc sur la formation des gels sont, le degré de méthylation (% de méthylation de la chaîne principale) le pH, la concentration en sucres et en acides, la présence de chaînes latérales et le degré de polymérisation (longueur des chaînes principales).

Quantité de pectines (en % du poids frais) trouvée dans différents fruits et légumes courants :

                - Pomme (0,5 - 1,6%)

                - Banane (0,7 - 1,2%)

                - Carotte (0,2 – 0,5%)

                - Pulpe de citron (2,5 – 4%)

                - Pêche (0,1 – 0,9%)

                - Fraise (0,6 – 0,7%)

                - Tomate (0,2 – 0,6%)


Annexe 5

Acides aconitique, oxalique, succinique, glycolique, malique, lactique, citrique

 

Acide aconitique

Cet acide se forme par déshydratation de l'acide citrique catalysée par la fumarase. Il s'agit de l'une des réactions du cycle de l'acide citrique (cycle de Krebs).

 

ACONITIQUE

Isomère Z


ACONITIQUEE

Isomère E

Acide malique

ou

Acide hydroxysuccinique

L'acide malique est un additif présent dans certaines boissons (jus ou nectars de fruits): E296

MALIQUE

Acide oxalique

ou

Acide éthanedioïque

 

 

OXALIQUE

 

OXALIQUE

Acide lactique

Il peut être obtenu par la fermentation de l'amidon ou à partir des jus sucrés de la canne à sucre ou de la betterave sucrière, mais c'est dans le lait qu'il fut découvert en 1780.

C'est un additif présent dans certaines boissons (jus ou nectar de fruits) : E270

LACTIQUE.gif

L'acide lactique se forme en très faible quantité dans les muscles au cours d'efforts physiques. Mais la libération d'une grande quantité d'acide lactique peut provoquer des crampes.

Acide succinique

ou

acide butanedioïque Additif alimentaire: E363: Acidifiant

L'acide succinique est un synthon (building block) à quatre carbones, servant de point de départ à de multiples synthèses.

 

 

 

 

SUCCINIQUE

Acide citrique

Acide présent dans le citron et de nombreux agrumes.

Il a été isolé du jus de citron par Carl Scheele.

Il est utilisé comme exhausteur de goût (additif E330).

Le cycle de l'acide citrique (également appelé cycle de Krebs) est une suite de réactions biochimiques jouant un rôle essentiel dans le métabolisme cellulaire. On trouve parmi ces réactions la déshydratation de l'acide citrique par l'enzyme fumarase conduisant à l'acide aconitique.

ACIDECITRIQUE.gif

 

 

 

ACCITRIQUE.gif

Acide glycolique

ou

Acide hydroxyéthanoïque

Acide α-hydroxylé (acide α-alcool).

Utilisé dans certains produits de cosmétique (peelings) car il pénètre facilement dans la peau.

Le polymère correspondant est le PGA.

GLYCOLIQUE

 

GLYCOLIQUE2.gif

 

 


Annexe 6

Anthocyanes et tanins

                Les anthocyanes sont des hétérosides oxygénés (un ou plusieurs oses ( glucose, galactose, rhamnose, arabinose) liés par leur fonction réductrice à une molécule non glucidique dite aglycone) dont la partie aglycone est appelée anthocyanidine. On peut aussi en ne les rattachant qu'à leur partie aglycone, les qualifier de flavonoïdes.
Les anthocyanes sont les matières colorantes des feuilles, des fleurs, des fruits et des racines de beaucoup de plantes terrestres (ce sont des pigments notamment présents dans les feuilles de vigne, la pellicule des raisins noirs, la pulpe des cépages teinturiers mais aussi dans les mûres, les prunes, les oeillets....).; en automne, les couleurs caractéristiques des feuilles des arbres sont dues aux anthocyanes et aux carotènes qui ne sont plus masqués par la chlorophylle.

Exemples :

Anthocyanes du vin

 

Avec :

- Cyanidine

R1 = OH et R2 = H

 

- Delphinidine

R1 = OH et R2 = OH

 

- Paeonidine

R1 = OCH3 et R2 = H

 

- Pétunidine

R1 =OCH3 et R2 =OH

 

- Malvidine

R1 =OCH3 et R2 =OCH3

ANTHOCYANES.gif

            Les tanins

D'une façon générale, les tanins sont constitués d'un mélange de glucosides, soit de l'acide gallique et de l'acide ellagique, soit du catéchol. Ce sont des oligomères caractérisés par leur capacité à donner des combinaisons stables avec les protéines, ce qui explique leur astringence (propriété d’une substance à resserrer les tissus). On les extrait essentiellement aujourd'hui des écorces de mimosas ou de pins.
Les tanins rendent les peaux imputrescibles d'où leur utilisation dans le traitement des cuirs. On les utilise aussi dans la fabrication des encres et des adhésifs.


Annexe 7

La bétaïne ou N,N,N-triméthylglycine

 

BETAINE.gif

Est un acide aminé, sous forme de zwittérion que l'on trouve en particulier dans les racines de betterave (Beta vulgaris).

C'est par perméthylation de la glycine que se forme la bétaïne ; L'oxydation de la choline conduit aussi à la bétaïne.

Remarque :

Plus généralement on donne le nom de bétaïnes aux composés du type

BETAINES.gif


Annexe 8

Sucre inverti

Si l’on ajoute un peu d’acide (H+) à une solution de saccharose, on constate que le signe de l’angle de rotation du plan de polarisation d’une lumière polarisée traversant la solution change (c'est la mutarotation) : la rotation qui était initialement de +66°, devient -20°. On appelle ce processus « inversion » (du latin inversio) : le saccharose s’hydrolyse en ses composés, le glucose (+52°) et le fructose (–92°). Le mélange est appelé « sucre inverti » ; les valeurs des angles de rotation sont additives. Une scission par une enzyme peut aussi s’opérer comme par exemple dans l’estomac des abeilles lors de la fabrication du miel. Une crème composée de sucre inverti fut commercialisée comme « miel artificiel » dans les années 1940.

Du sucre inverti est commercialisé sous le nom de « trimoline ».

En sirop ce mélange a le pouvoir d'absorber l'humidité et de résister à la dessiccation en restant mou et lisse. Sa douceur relative est plus importante que celle du saccharose.


Annexe 9

Le raffinose

RAFFINOSE.gif

C'est un triholoside formé d'un enchaînement de D-galactose, de D-glucose et de D fructose et qui existe dans les haricots, choux, choux de Bruxelles, brocolis, asperges, graines de soja, mais il constitue aussi l'exsudat de certaines espèces d'eucalyptus.

Par hydrolyse en présence de l'enzyme α-galactosidase il se scinde en saccharose (enchaînement de glucose et de fructose) et en galactose.

C'est le raffinose qui provoque les flatulences chez l'homme lorsqu'il consomme ces légumes car l' α-galactosidase n'existe pas dans l'organisme humain et le raffinose non digéré fermente alors dans le gros intestin (sous l'effet de bactéries qui possèdent elles l' enzyme α-galactosidase) produisant CO2 et méthane notamment.

Il n'y a pas mutarotation pour le raffinose car tous les carbones anomériques sont engagés dans une liaison osidique.


Annexe 10

Saponines

C'est le nom générique d'hétérosides répandus dans le règne végétal, en particulier dans la saponaire (Saponaria officinalis ou herbe à foulon de la famille des caryophyllacées) ; Ce sont des corps ayant une partie de la molécule hydrophile (partie « ose ») et une partie lipophile (partie aglycone) ce qui leur donne des propriétés tensio-actives ; ils sont solubles dans l'eau, qu'ils rendent moussante et capable d'émulsionner les huiles et les résines. Les saponines entrent dans la composition de lessives, shampooings...Elles sont présentes dans le lierre (Hedera helix), l’écorce de santal rouge (Adenanthera pavonina)…..
Sapogénine est le nom générique des aglycones résultant de l'hydrolyse des saponines et dont le squelette dérive des stérols.

Exemple de saponine :

l'hédérine

HEDERINE.gif


Annexe 11

La canne à sucre

C'est une plante originaire de Papouasie-Nouvelle Guinée ; Elle appartient au genre Saccharum.

Il existe 3 espèces sucrées :

                - Saccharum officinarum (la canne noble)

                - Saccharum sinense

                - Saccharum barberi

et 3 espèces non sucrées :

                - Saccharum robustum

                - Saccharum spontaneum

                - Saccharum edule

Les variétés modernes sont des hybrides entre la canne noble et les autres espèces.


Annexe 12

La chaux :

L'hydroxyde de calcium Ca(OH)2 ou chaux éteinte est un solide blanc obtenu par action de l'eau sur l'oxyde de calcium CaO :

CAOH2.gif

L'oxyde de calcium (chaux vive) a lui-même été obtenu par chauffage du carbonate de calcium CaCO3 à plus de 800°C

CAO.gif

Eau de chaux :

L'hydroxyde de calcium est peu soluble dans l'eau, environ 1,25g par litre d'eau à 20°C et sa solubilité diminue quand la température augmente.

L'eau de chaux est obtenue par dissolution juste avant saturation de l'hydroxyde de calcium dans l'eau ; Son pH est de 12,4.

Lait de chaux :

C'est une solution saturée d'hydroxyde de calcium avec un excès solide en suspension.


Annexe 13

Les amino-acides du vesou

Glycine.gif

ASPARTIQUE.gif

ASPARAGINE.gif

Glutamine.gif

Glycine

Acide aspartique

Asparagine

Glutamine


* Quelques phrases de cet article ont été empruntées à l'article "Le sucre" (W.Werner), publié sur l'abécédaire, avec l'autorisation de l'auteur.


A lire aussi sur l'abécédaire :

- "Le sucre"                                           W.Werner

- "Miel de roseau"                                 W.Werner

- "Intolérances aux glucides"              W.Werner